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Charme discret d une bourgeoise

Charme discret d une bourgeoise



J’étais prof de tennis dans une petite ville de province. J’étais arrivé
là-bas par hasard. Une histoire d’amour qui tourna mal. Mon amie un jour
décida de me planter. Il est vrai j’avais eu à la fois des comportements
de lâche et d’infidèle. Le temps où je la suppliais de revenir ne fut
pas à mon honneur. Le plus sage eût été de quitter la région et de
mettre entre mon ignominie et moi une certaine distance. Peut-être la
trentaine me parut le terme de ma jeunesse et le début de mon
enlisement. Je pris racine ici du jour au lendemain.

Quoiqu’il en soit je demeurais dans cet appartement où nous avions vécu.
Peut-être espérais-je qu’elle revienne. Au club de tennis j’avais ma
troupe d’amis. J’y trouvais des filles et des femmes complaisantes.
J’avais ma petite cour au bar du centre. Je dégénérais petit à petit en
un vieux con. La couleur de ma peau était devenue une sorte d’atout.
Beau gosse on me surnommait Yannick Noah. J’étais un furieux de la fête.
Peu à peu je convertis même mes ennemis. Gloire locale je ne concevais
pas de fuir mon nouveau royaume. Je crus ce temps-là être heureux.

Tout aurait pu demeurer longtemps ainsi. Cependant je ne vis pas venir
le destin qui arrive sur ses ailes de colombe. Celui-ci était la femme
du maire que je croisais souvent la saluant de loin. Une belle femme
brune, quinqua avancée. Elle avait été la beauté de l’arrondissement et
avait fait tourner les têtes. La légende lui prêtait d’avoir subjugué un
jour un ministre voire un présidentiable. A voir son air chaste et
réservé j’avais du mal à croire qu’elle put être ce volcan. Intimidé
sans doute je ne la saluais donc que de loin. Mon monde était trop
éloigné du sien.

Il se trouva qu’elle s’était mise en tête de dégourdir son petit fils,
un bambin de dix ans. Le môme était peu doué et s’ennuyait à mes cours.
Je parvins plus tard à convaincre la grand-mère de lui trouver un autre
sport ou une autre occupation. En attendant et à l’occasion de quelques
leçons j’eus l’opportunité de mieux connaître la dame, épouse du maire.
La glace fut rompue le premier jour. Elle me révéla qu’elle avait connu
mon ancienne amie. Goguenarde elle m’avoua que celle-ci m’avait rendu un
grand service en me rendant ma liberté.

Je fus étonné de son propos leste et impertinent. Malicieuse elle ajouta
que mon ex amie lui avait confié le détail de son histoire et de mes
turpitudes. Je ne pensais pas que madame la maire put s’abaisser à mieux
connaître une histoire de fesses d’une de ses administrées. Je
découvrais cette femme sous son jour singulier. Je concevais mieux
qu’elle ait pu être un volcan. De même je pus repérer en son regard
cette petite lueur qui vous traduit que vous n’indifférez pas à cette
femme. Elle n’était pas la première femme d’age mûr qui craqua pour mes
muscles durs suant sous le soleil.

Je vis comme un jeu de vouloir la séduire. J’avais attrapé quelques
femmes de notables déjà. Ne pouvais-je prétendre à un rang plus suprême
? De toute façon elle avait du être entretenu de ma réputation de bon
coup. Les garces même entre elles aiment à se vanter de leurs bonnes
fortunes. Je n’avais point de gants à prendre avec elle. Je rêvais
bientôt de mettre dans mon lit cette femme remarquable. Cela devint
comme une obsession. Elle avait compris mon message et pour cela me fit
lambiner. Son petit sourire marquait comme du mépris pour le dragueur
que j’étais.

Je dus attendre que madame consentit au moment de sa chute. Tel le réel
chasseur je savais m’armer de patience et m’asseoir sur un sot
amour-propre. Je n’aspirais qu’à entrer dans la place et à la posséder
un instant fut-ce au péril de la vie. Les mantes religieuses assurent de
la sorte leur carnage de mâles. J’eus moins à souffrir de dégâts. Au
contraire le moment fut magnifique et intense. Elle me paya de ma peine
ce jour-là. Mon instinct ne m’avait pas égaré. Ce genre de brune aux
rondeurs épanouies ne déçoit jamais. La sensualité est toujours au
rendez-vous.

Durant deux heures à l’hôtel ce fut un combat de tous les instants. L’un
ne voulant céder à l’autre. Il n’y eût pas de perdant ni de vainqueur.
Nous nous retrouvâmes fourbus mais heureux enlacés tels deux amants. Je
ne m’attendais pas d’être ému autant par une femme. Cela faisait si
longtemps. Elle-même en parut ébranlée. Il était indubitable que nous
recommencerions. A la recherche d’un trésor on veut creuser plus
profond. Nous étions comme deux fous à la recherche de cet or. Il nous
importait que ce fut fou ou une chimère. Nous étions prêts à aller
ensemble en Enfer.

Je n’avais pas compté que cette personne si digne et réservée put être
dans l’intime un volcan et une garce. Le contraste était saisissant et
pour dire excitant. J’ai encore à découvrir dans le sexe me disais-je.
Je découvrais que cette femme cultivait le vice et la perversité. Sans
doute avait-elle eu nombre d’amants dont d’autres et moi n’avions jamais
eu idée. Quel génie de la dissimulation en cela. Elle ne voulut jamais
entrer dans le détail de sa personnalité. Elle m’opposait un mur
mutique. Je voulais lui faire admettre que cette fureur de sexe
répondait peut-être à une certaine blessure.

Elle me rétorquait avec un sourire de sphinx : je ne t’ai pas convoqué
pour ratiociner mais pour me baiser. Elle avait raison. Que nous
importait le misérable petit tas de secrets que nous trimbalions. Elle
avait toujours eu tact de ne me parler d’avenir. Elle vivait dans
l’instant. Elle n’avait cure de mes autres maîtresses et desseins pour
demain. Elle revendiquait seule ma bite et les talents de celle-ci.
Chaque jour était défi. Il fallait pousser plus loin nos jouissances et
imagination. Je m’y dépensais sans compter. Je n’étais pas loin certain
jour d’y laisser la santé.

Au bout du compte j’en devins drogué. Je dédaignais mes autres amies. Je
lui en fis un jour la confidence comme par dépit. Je faisais cet aveu
afin d’obtenir qu’elle fit de même en me révélant quelques-unes de ses
autres pratiques voire de mes rivaux. En fait la jalousie me gagnait à
mesure. J’en savais le danger car elle m’en avait prévenu. Elle avait
rendu fou d’autres hommes et ceux-ci avaient menacé de troubler la
quiétude de son couple. Elle se voulait garder justement des désordres
de la passion. J’avais du mal à me ranger à de telles raisons.

Peut-être perçut-elle le danger de cela. Peut-être sur la fin me
contraint-elle à cette nouvelle fantaisie d’associer un ou plusieurs
tiers à nos jeux. Elle me voulait écœurer et détruire le sentiment
naissant que j’eus pu éprouver pour elle. Ce fut une époque malheureuse
que ces derniers mois. Je supportais moyennement de devoir regarder
quand un autre la baisait. J’appréciais davantage de la sauter lorsque
l’autre était spectateur car à ce titre je la foutais avec plus de rage.
C’était accablant quand l’orgie la jetait sous les coups de plusieurs
mâles ensemble.

J’étais peu loin de la sidération de la voir l’objet d’une lutte et d’un
déferlement de concupiscence. Son regard était méconnaissable. On eût
dit une morte empalée de toutes parts. Durant un temps interminable ses
orifices subissaient des assauts successifs. Yeux exorbités, seule la
bouche témoignait de son plaisir voire de sa jouissance. Elle était
manifestement en état un second. Presqu’en extase. J’étais loin de son
espace et de sa dimension. Il lui importait peu de qui la baisait en ces
moments-là. Il y eût alors des amants bien sordides.

Elle exigeait après une brève mise en scène que je l’offris au premier
venu. Que celui-ci lui fut incongru et répugnant ajoutait à
l’excitation. Que je fus témoin et spectateur était condition de cela.
Elle lisait manifestent le dépit et la colère dans mes yeux. Il ne me
restait plus qu’à jeter l’éponge et à ne plus vouloir cautionner une
telle mascarade. La folie et le malheur me guettaient. Elle me prévint
un jour sentencieusement que ses liaisons n’excédaient jamais trois
mois. Elle me signifiait ainsi mon éviction. Je compris qu’elle me
serait gré d’être élégant et de ne pas résister.

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