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B o d’y and soul

B o d’y and soul



Mon mari est jaloux. J’essaye tant bien que mal de lui refuser des raisons de l’être. Souvent par dépit et pour le moquer je lui balance qu’il n’aurait tenu qu’à lui de choisir une nana moins roulée que moi. Je l’avais subjugué de la sorte. Il avait craqué sur mes longues jambes, mon cul et mes talons aiguille. Il devait bien se douter qu’il ferait des jaloux en faisant ainsi ma conquête. On ne possède pas impunément un trésor. C’est un souci de tous les jours que la garde autour de lui. Je lui dit qu’il était hors de question que je renonçasse à mon style. J’étais pour ainsi dire née comme cela.

Il est vrai que depuis le plus tendre âge j’ai toujours recherché ce miroir tendu qu’est l’admiration des hommes. Je fonds comme glace au feu de leur convoitise. Il n’est point de doute ni d’équivoque lorsque nos regards se croisent. Je sais qu’au tréfonds je suis une garce. Il ne me déplaît pas qu’un homme me perçoit sous ce jour. J’augmente l’ire des autres femmes ce qui ajoute à mon plaisir. Le terme récurrent de pute revient dans la conversation de mes rivales. Certains jours cependant je suis blessée d’une telle réputation. Je me dis que dépassant la trentaine je devrais me ranger.

Un temps et après avoir eu le premier gosse, je cru que le moment de la sagesse était venu. On eût dit un fumeur prenant alors de bonnes résolutions. Pourtant je me battis bientôt contre les quelques kilos échus de la grossesse et je recherchais immanquablement le regard des hommes afin sans doute que ceux-ci me rassurassent sur mon sex-appeal imperdu. Je fus vite rassurée. Je me souviens qu’un ex après que l’eus sucé dans sa bagnole, me dit : « T’es encore plus salope. J’adore tes formes plus arrondies. T’es bandante au possible ». Ces compliments m’allèrent droit au cœur.

En tout cela j’avais perdu mon boulot de secrétaire de direction. Celui-ci relevait du CDD. J’étais maîtresse du patron. Ma grossesse éventa tout mon charme et une autre garce fut élue à ma place. Comment remonter sur un cheval après en avoir chu ? Les deux premières années accaparée par le môme et donnant un coup de main au beau-frère sur les marchés, je parvenais à faire entrer quelques en notre foyer et à me désennuyer. Ce temps de loisir voire d’oisiveté me ramenât vite au vice. Je me souviens notamment que j’attirais immanquablement les compliments sur le marché.

Mon beau-frère ne me cachât pas qu’il devait m’avoir à l’œil et devait écarter les importuns. Avec un tel chaperon j’affectais d’être sage ou du moins de développer nombre de ruses pour sourire à des hommes voire à accepter en catimini avec eux de prendre un café. Je n’y voyais guère à mal au début. Pour la plupart ceux-ci n’étaient guère des Apollons. Plutôt des prolos et dans la cinquantaine et que la vie avait usé prématurément. Je les trouvais émouvant en même temps que leur physique buriné recelait pour moi le charme d’une certaine virilité. En tout cas la jolie garce les faisait rêver.

Je ne sais pourquoi mais je crus devoir bien faire en marquant de la complaisance au père Armand. Je conçus que ce petit bonhomme au cheveu blanc et qui ressemblait pour une part à mon défunt papa ne pouvait déraisonnablement me faire de mal. Il me draguait gentiment avec des façons surannés qui changeaient avec celles des autres. Point de vulgarité et un vocabulaire plus riche. Il me considérait un peu comme à sa fille laquelle affirmait-il me ressemblait. Il me devinait des accès de mélancolie. Ma vie, mon mari, mon gosse ne me rendait pas heureuse. Aussi me confiais-je.

Le curieux était que le beau-frère à l’égal de moi ne se méfiait pas du père Armand. Celui-ci par ailleurs lui avait assuré qu’il me protégerait de la canaille dragueuse. J’étais en de bonnes mains. En mes confidences je lui concédais que cela me pesait à force de n’être considéré que comme objet sexuel. J’avais un cerveau, un QI. Je ne me limitais pas qu’à mon cul. Du reste les années venant je ne pourrais plus tabler sur un physique avantageux. J’escomptais investir davantage en ma personnalité laquelle demandait qu’à s’épanouir. Le sieur Armand m’encourageant en cette direction.

A cet égard il me proposa de développer ma culture et me soumit une liste de livres. Ils n étaient pas ardus. Nombre étaient des romans dont des classiques que j’avais honni au cours de ma scolarité. Je protestais que je ne serais pas au niveau. Qu’ils me resteraient abscons comme naguère. Il me dit qu’il me tiendrait la main et que j’y accéderais avec lui sans difficulté à leur richesse humaine. Il me fourgua de force en un grand rire trois livres de poche aux pages jaunies. Il me dit que je devrais lui rendre compte de mes lectures et que nous en parlerions autour d’un bon café. Cela devint un rite.

Qui eût cru qu’on aurait pu un jour me convertir à Anna Karénine et au Rouge et le noir. En un certain temps j’avais copieusement détesté et Tolstoï et Stendhal. Seulement il s’agissait d’histoire d’amour. L’ami Armand comptait bien me prendre par ce biais. Passé les premières pages laborieuses je fus vite pris par l’intrigue. J’avais du mal au début avec les noms et prénoms russes mais enfin le charme s’exerça. Je m’identifiais irrépressiblement aux héros. Leurs joies et malheurs étaient miens. J’aurais voulu qu’il réussissent et que tout en finit pas mal mais la vie est cruelle.

Je détestais le personnage de Mme Bovary car peut-être celle-ci me renvoyait à ma pitoyable vie. L’éducation sentimentale l’autre roman de Flaubert me touchât davantage. Je devins à ce point une goinfre de littérature. M Armand me fit découvrir cette vie autre et secrète. Je lui en conçus une indéfectible reconnaissance. J’accouchais à moi-même. Je renaissais. Je gagnais sur moi en estime. Je n’étais tant la garce, l’idiote que je croyais. Il m’assurât qu’il m’avait toujours su un important potentiel. Je ne sais comment il en vint à se confier et à me parler de sa relative solitude.

Les livres et les souvenirs du passé dont ceux de son épouse défunte ne lui suffisaient pas. Ces enfants vivaient à l’étranger. Ils n’échangeaient avec eux que de loin. Il se sentait vieux à présent. Tout cela m’émut. Je protestais. Lui aussi pouvait encore trouver satisfaction à cette vie. Je vis ses yeux mouiller. J’entrevis que la vaste culture de cet homme ne le consolait pas. Mon beau-frère me confirma que cela avait été un homme brillant. Qu’il avait été riche. On l’avait trahi et ruiné et il se trouvait maintenant là à vivoter sur les marchés. J’en voulus savoir davantage de lui et de son destin.

Il me dit avec un sourire triste que tout cela ne méritait pas un roman. Il ne m’en contât pas moins des bribes de son existence. Cela achevât de me l’attacher. Finalement nous avions tous deux des vies malheureuses. Une solidarité s’instaurait entre nous. Puis sil y eût ce fameux incident. Je vous l’ai dit je n’étais pas devenue pour autant une sainte. Mon bonhomme me baisait bien mais je ne répugnais pas des fois à quelques extras. Je cédais impunément à la tentation. Tout cela à l’insu du beau-frère. Ainsi Karim un beau gosse maghrébin me limait en vitesse à l’arrière de son camion.

D’autres fois je suçais idem en son camion un autre ami, Paulo. Un quadra auvergnat qui avait le don de me fait rire et de réjouir mon humeur. L’un l’autre me considéraient tel une bonne amie et n’eurent jamais des mots de mépris qui pussent me faire entendre qu’il me considérait comme une salope. Bref en toute innocence prodiguais-je autour de moi ce genre de plaisirs. J’avais demandé à ses amants de fortune de n’en jamais parlé devant le père Armand cependant ils crurent devoir se vanter auprès d’autres de leurs bonnes fortunes. Bref un jour au bistrot l’ami Armand fut informé.

On me rapporta qu’un pochtron lui dit à peu près : « T’as l’air bien avec la petite. Elle te suce elle aussi dans ton camion ? » Ledit Armand sans se démonter ne laissa rien paraître et fit parler l’ivrogne pour savoir qui usaient de mes prodigalités. Il m’épia et me surprit un jour au sortir du camion de Paulo. J’avais encore un peu de foutre dedans ma bouche. A la mine de mon ami Armand je sus qu’il savait. J’étais rouge et confuse. Il tint à me rassurer. Il ne me cafarderait pas et néanmoins il était déçu que je fis ma garce tel la Emma Bovary. Je méritais mieux que cela.

J’eus peur qu’il m’enlevât son amitié. J’essayais d’inventer un conte du genre que Paulo m’avait rendu un grand service et que j’avais du lui concéder un peu de ma vertu. J’insistais et précisais que cela n’était pas allé au-delà d’une petite gâterie. Armand manifestement ulcéré me confirmât que je n’avais point à me justifier devant lui. J’étais libre et pouvais disposer comme bon me semblait de mon corps. Il n’avait aucun droit sur moi et ne me jugeait pas. Soudain prise de sanglots je protestais que je ne voulais pour rien au monde perdre son amitié. Il m’avait changé en mieux.

Nous conservâmes notre rite au café en affectant de parler entre autres littérature mais le cœur n’y était plus. Entre temps je signifiais à mes amants que nous devions stopper nos fantaisies. Je tins à en informer Armand. Je ne lui parlais cependant que de Paulo taisant Karim et les autres. Je vis que cette information le contentait. Je rentrais dans le droit chemin. Il avait la preuve qu’il avait sur moi une influence bénéfique. Un jour par plaisanterie il me dit : « Si d’aventure tes fesses te persécutent tant, tâche du moins de choisir mieux ton amant. » Bref je méritais mieux que l’inepte Paulo.

J’étais niaise et ne vis rien à redire à ses paroles et actions. Tout autre eût deviné son intérêt voire sa convoitise pour moi. Un jour par SMS il m’avisât qu’il voulait partager son café avec moi chez lui. Je brûlais d’y aller depuis longtemps et d’y découvrir mieux son univers. Je n’avais jamais osé lui confesser mon envie. J’y vis le signe qu’il voulait raccommoder et fortifier notre amitié. Je ne sais pourquoi en ce début d’ après-midi je vins à m’apprêter tel une garce comme si j’allais rejoindre mon amant. Sous un manteau j’étais en minijupe juchée sur mes talons et maquillée tel une pute.

Armand ne parut pas trop étonné de ma vêture. Nous fîmes le tour du propriétaire. Un luxueux pavillon. Je fis la connaissance du chien et des deux chats qui lui tenaient toujours compagnie. En ce contexte je découvrais cependant un autre homme. Il était plus riant. Ses gestes plus souples et félins. Il semblait affecter d’une étonnante jeunesse. Son ton était décidé et son regard plus dur et brillant. Un instant me demandais-je si c’était le même homme. Nous dégustâmes un bon café avec un cake délicieux. Je ne sais pourquoi il m’enjoinstà partager avec lui de peu de son Cognac.

L’avait-il fait exprès ? Quoiqu’il en soit la tête me tournât bientôt. Je sais par ailleurs les ravages que cela fait dans ma libido. Je suis plus vulnérable que jamais. A ma souvenance nombre de détails aujourd’hui m’échappèrent. Je me rappelle que nous consultions ses albums photos. Il était sur le divan fort rapproché de moi. La conversation roulait sur l’ambiguïté des sentiments entre les hommes et les femmes. Il dit à un moment sentencieusement. « Je ne crois pas à l’amitié homme-femme. » J’étais déçue car cela contrevenait à la pureté et noblesse de notre relation. Je protestais.

Pour me faire taire ou à titre de démonstration il apposa alors sa main sur une de mes cuisses. Je souris prenant cela comme une blague. Il commença à me caresser me fixant durement au travers des yeux. Puis je vis sa main se hasarder résolument sous la minijupe parvenant sans à la culotte. Machinalement et parce que j’étais sous le coup encore du Cognac j’écartais alors les cuisses lui livrant impunément ma chatte. Il se jetât alors sur moi et m’embrassât. Je crus devoir avec autant de fougue lui rendre ses baisers. N’usait-il pas de moi comme les autres. Rien d’offusquant à cet égard.

Tout se précipitât alors. Tout au fait d’un rôle de putain je fus bientôt agenouillée devant lui à le sucer. La partition m’était familière. Je déroulais. Nous fûmes bientôt quasi nus. J’étais époustouflé que ce petit homme aux gestes lents et si cérémonieux naguère put en instant se transformer en un satyre précis et vigoureux. Il me sautât avec dextérité tel on enlève une forteresse. Quel bon amant. Il ne négligeât rien en un temps record. Je fus notamment sodomisée tout au final. Ces derniers temps j’avais peu concédé de mon petit trou à un homme. J’étais comblée. C’était le bienvenu.

Ce cochon usât, abusât de moi. Il était inépuisable et il dut prendre sur lui de ne pas poursuivre. Il faisait partie de ces sexagénaires infatigables au lit. Il quittât un instant la pièce me laissant toute nue sur le divan avec mes vêtements épars. Je me remettais peu à peu de cette tornade. La tête me tournait encore. L’idée me traversât qu’Armand lui-même avait été victime de son perfide nectar. En effet revenu à lui-même vêtu et manifestement confus il m’avouât qu’il ne savait ce qui lui avait pris. Les trois verres de Cognac l’avait comme rendu fou. Boire ne lui réussissait pas.

Je lui dis avec entière sincérité que je le comprenais. Qu’il n’y avait pas à mal. Qu’il était un homme et qu’indûment je l’avais excité avec ma minijupe. J’avais trop l’habitude de susciter pareille réaction chez les hommes. Bref la chair est faible et nos chers romans nous enseignent cela. Il sourit à ma dernière remarque et convint que j’avais bien retenu la leçon et savais retirer de chaque fait de l’existence un enseignement philosophique maintenant. Ce compliment qui parut sincère m’allât droit au cœur. Aussi le laissais-je à nouveau m’embrasser et me caresser. Tout cela lui était du.

Finalement nous finîmes au lit à l’heure suivante. Il fut confirmé que ce docte amant était un chaud lapin. Depuis longtemps on ne m’avait autant bourré le cul et la chatte. Point en reste il put s’aviser que je savais sucer aussi. Que ma réputation là-bas au marché n’était point surfaite. Ce cochon au bout du compte me révélât qu’il m’avait toujours désiré. Je tombais des nues. Manifestement mon professeur chéri n’avait jamais été désintéressé. Je pouvais lui en vouloir mais décidément faisant la part des choses je trouvais normal qu’il y eut échange entre mon corps et son esprit.

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