Helena, une amie de ma mère, m’avait proposé de m’emmener avec elle pour un voyage d’affaires de quelques jours à Moscou. J’avais envie de voyager, et c’était la première fois que je quittais la France. La belle Helena me paraissait plus qu’attirante en dépit de son passé trouble. Ou plutôt, à cause précisément de son passé trouble, elle me fascinait au point que je ne pensais qu’à elle. Veuve quadragénaire, elle menait une existence libre – certaines mauvaises langues disaient : frivole – en compagnie de nombreux amants qui étaient tous jeunes et beaux. Son mari, un milliardaire russe qui avait fait fortune dans le commerce d’armements, était décédé dans des circonstances suspectes : un accident de voiture causé par une étonnante défaillance de freins, jamais élucidé ; la police avait fini par abandonner l’enquête, faute d’éléments concluants.
Helena vivait dans le midi de la France, dans un immense château isolé au milieu de la garrigue qu’elle avait acheté avec l’argent de son héritage, le faisant aménager à son goût, avec des œuvres d’art qui lui permettaient de ressembler à un musée. Mis à part ses coûteuses acquisitions, son existence était la plupart du temps oisive, entourée de beaux éphèbes à peine sortis du cocon familial, qu’elle choisissait pour leur corps graciles et musclés en même temps, toujours puceaux, toujours innocents, du moins avant de les rencontrer. Au sujet des sévices qu’elle faisait subir à ses amants, les pires bruits couraient à son égard ; je les considérais comme des ragots sans fondement. Selon les moments, son regard prenait tour à tour la douceur d’une biche, la froideur d’un serpent et la cruauté d’une chatte. En un mot, elle était troublante, et j’étais troublé pour l’avoir rencontrée au cours d’un repas familial où ma mère l’avait invitée. A table, elle était assise juste en face de moi, et semblait me dévorait avec autant d’appétit que son gigot d’agneau. Elle me bousculait dans l’innocence juvénile de mes 18 ans.
– Méfie-toi d’elle, m’a prévenu ma mère assise à côté de moi, en chuchotant à mon oreille. C’est une mangeuse d’hommes, et tu as tout-à-fait le style qu’elle préfère.
Mais Helena me parlait de peinture russe, de sculpture, de musique romantique, et j’étais captivé par sa voix aux accents de son pays natal. L’étendue de sa culture qui me sidérait. Elle était rousse comme un incendie de la taïga, comme ses lèvres qui promettaient d’éblouissants baisers. Elle tissait sa longue chevelure en nattes, comme une petite fille. Lorsque nous nous sommes quittés ce jour-là, elle m’a embrassé sur les joues très près des lèvres, d’une manière équivoque.
Je ne regardais déjà plus ma cousine Annie, celle que j’avais supplié l’année précédente de me donner son pucelage, jusqu’à me déshabiller complètement devant elle, me mettre à genoux et lui bécoter les orteils en pleurant : elle avait refusé la pénétration, mais avait consenti, devant mon insistance et aussi parce que je lui avais offert des fleurs, à ce que nous nous masturbions ensemble, nus, face à face, sans nous toucher. Je me souviens l’avoir impressionnée en éjaculant cinq copieuses salves. Sa grande sœur Mélanie était là aussi : elle montait la garde, pour que nous ne soyons pas dérangés. Puis elle s’est déshabillée aussi et les deux filles ont fait l’amour sous mes yeux, et nous nous sommes faits surprendre par ma mère qui, loin de nous gronder, a éclaté de rire, avant de nous encourager à poursuivre nos jeux coquins.
Non, je ne regardais plus Annie qui était pourtant disposée, cette année-là, à m’ouvrir enfin les cuisses que j’avais tant désirées. Elle voulait une partie à trois avec sa sœur. Mélanie et elle ont dû se consoler ensemble… je ne les ai d’ailleurs plus vues après le dessert, et leurs blandices ne m’intéressaient plus. Annie était jalouse. Elle m’en a beaucoup voulu. Mais il m’était impossible de résister à l’appel d’Helena, qui était une femme mature d’une très grande classe.
Le lendemain, ma mère m’a avoué qu’Helena et elle, du temps où l’une et l’autre étaient mariées, avaient eu des relations sexuelles ensemble et que la sensualité débridée de cette femme l’avait rendue folle. J’ignorais que ma mère était bisexuelle. Mais c’était juste une aventure de quelques jours.
Helena et moi nous étions donnés rendez-vous à l’aéroport, en fin d’après-midi. Ma mère m’y avait emmené en voiture, en me demandant de lui promettre de rester prudent avec cette dangereuse créature, je l’ai embrassée en l’assurant que je ferais attention. Je serrais dans ma main mon passeport flambant neuf, ma valise dans l’autre, et en avant pour l’aventure !
Voyage de nuit en classe affaire. Menu de roi à dix mille mètres d’altitude, service impeccable. J’ai adoré chaque minute ce vol ; pas question de dormir ! De temps en temps, Helena effleurait ma cuisse à travers mon pantalon, mais très brièvement, comme par inadvertance. Elle me voyait bander derrière ma braguette, et m’a formellement interdit de me masturber dans les toilettes. C’était dur pour moi qui pratiquait l’onanisme au moins deux ou trois fois par jour, mais j’ai obéi. À l’arrivée, sur un coup de tête, je lui ai offert une rose rouge que vendait un marchand ambulant. Elle n’avait guère de parfums, cette fleur coupée depuis trop longtemps.
Nous sommes arrivés sur notre point de chute à l’aube. L’hiver moscovite recouvrait les trottoirs de tapis blancs. Le chauffeur du taxi qui nous a emmenés vers notre palace, près de la place Rouge, parlait un français parfait, par égard pour moi qui ne connaissais pas un seul mot de russe, et me nommait les principales curiosités touristiques sur nous croisions en chemin.
Toute la journée, j’ai erré dans la ville aux mille et trois clochers que décrivait, au même âge que moi, Blaise Cendrars un siècle plus tôt, engoncé dans mon grand manteau noir vite recouvert d’une neige collante. Tout était merveilleux, différent, dépaysant. Les prostituées me tentaient, mais j’ai résisté en pensant à la belle Helena qui avait promis de me retrouver dans la chambre d’hôtel, le soir venu.
Quand je suis rentré, à la tombée de la nuit, elle était déjà là, assise dans un fauteuil, face au grand miroir, et rajustait son maquillage.
– Approche, a-t-elle dit. J’ai mal au dos, après cette journée épuisante à marchander des tableaux. Les marchands d’art sont décidément des rapaces. Voudrais-tu me masser les épaules, mon chéri ?
C’était la première fois que quelqu’un m’appelait « mon chéri », comme une vieille épouse parle à son mari après vingt ans de fidélité. Le haut de son corsage était déboutonné, ce qui m’a permis d’oindre la base de son cou, autour des vertèbres cervicales, avec une huile d’argan parfumée dont elle venait de faire l’acquisition. J’étais maladroit, et elle a dû me reprendre plusieurs fois avant que je trouve le geste adéquat. Puis elle a complètement retiré le vêtement qui recouvrait son buste et m’a demandé de lui masser le dos, le long de la colonne vertébrale.
Toujours assise, elle se penchait en avant afin de se rendre accessible à mes mains inexpérimentées. J’ai eu besoin de dégrafer son soutien-gorge, et éprouvé quelques difficultés pour cela ; il y avait deux crochets à défaire, et je n’avais pas l’habitude de ces subtilités vestimentaires typiquement féminines. J’ai frotté sa peau du bout des doigts, le long des vertèbres, en griffant légèrement. Elle s’est mise à ronronner comme une chatte heureuse, s’est cambrée, et je me suis demandé si elle n’allait pas jouir de cette manière, sans que je touche à son sexe. Je voyais ses seins à travers le miroir. Elle se les caressait elle-même, et m’a demandé :
– Tu les aimes ? Je les ai fait refaire l’année dernière chez le docteur Schmurtz, un artiste du bistouri. Ils étaient trop gros : je trouvais cela vulgaire !
– Ils sont parfaits, ai-je dit en les pelotant à mon tour, et en pinçant les tétons et en comprenant mal son besoin de se faire charcuter pour ce motif, dans la mesure où je n’avais absolument rien contre les seins de grande taille, à l’instar de ceux de ma mère.
– Attention, tu me fais mal ! Fais doucement, je te prie. Je suis une dame, pas un partenaire de lutte.
Je l’ai lâchée, tout déconfit de ma maladresse.
– Mais tu peux quand même me caresser, tu sais. Et toi ? Montre-moi ton corps, j’ai envie de le découvrir.
J’ai retiré mon pull et ma chemise, afin de me montrer torse nu. Elle a retourné son fauteuil qui pouvait pivoter sans qu’elle eût besoin sans se lever, et a considéré mon torse en bout de ses ongles longs, vernis d’écarlate, jusqu’à me griffer de longs sillons rosés des tétons au nombril. Elle semblait apprécier l’épilation que je m’étais octroyée chez l’esthéticienne que maman m’avait conseillée, juste avant de partir, ainsi que ma fine musculature d’éphèbe à peine sorti de mes jeux d’enfant pour découvrir ceux, autrement plus excitants, que propose la gent féminine.
– Je te fais mal, m’a-t-elle demandé ?
– Non.
– Tu es un beau garçon, tu sais.
– Merci.
Elle a collé son nez contre l’entrejambe de mon pantalon, pour s’imprégner de mes odeurs mâles.
– Je n’ai pas pris de douche depuis vingt-quatre heures…
– Tu es parfait comme cela. Je vais te consommer dans ton jus. Oh, comme tu bandes !
Elle tâtait mon sexe à travers le tissu encore clos, puis a croisé mon regard avant de défaire la bouche de ma ceinture, puis d’abaisser la braguette, comme pour me demander la permission d’accéder à mon intimité. Helena, une mangeuse d’homme ? Je n’imaginais pas une telle délicatesse, et croyais qu’elle allait se jeter sur moi comme une fauvesse afin de me tuer à force de sexe frénétique – ce qui m’aurait très bien convenu, d’ailleurs.
J’ai fini moi-même de retirer mon pantalon et mes chaussettes, qui me paraissaient ridicules. Puis elle a abaissé mon slip avec ses deux mains. Mon pénis bandé puis a presque sauté à la figure. Elle l’a pris dans ses mains, délicatement, pour en apprécier le rosé du gland humide.
Une femme de chambre a toqué à la porte pour apporter du champagne. Elle a dit quelque chose en langue russe à Helena, qui lui a répondu sur un ton assez sec, puis elle est repartie en me souriant, alors que j’était gêné d’être nu face à elle, en tentant de masquer mon sexe levé avec mes mains jointes. Dans la conversation, j’ai seulement saisi que le prénom de cette jeune personne en tenue de soubrette était « Dévotchka ».
Helena a débouché la bouteille de champagne, puis a rempli elle-même des flutes en cristal. J’admirais la vue sur la ville depuis la fenêtre du huitième étage. Elle m’a nommé les monuments visibles. Puis, nous avons trinqué. Comme je n’avais pas l’habitude de boire de l’alcool, j’avais déjà la tête qui tournait après un seul verre.
– À la Russie éternelle, a-t-elle déclaré !
– J’imaginais un toast plus… personnel ! Moi, je me fous de mon pays, parce que je me sens un citoyen du monde. Mais va pour la Russie !
– Tu n’as jamais pénétré une femme, n’est-ce-pas ?
– Non, jamais.
– Ni par derrière, ni par devant ?
– Ni même une fellation. Vous êtes la première.
– Pour une initiation, tu aurais peut-être préféré une fille de ton âge ? Comme tes cousines… Annie et Mélanie, c’est ça ? J’ai cru comprendre qu’elles avaient très envie de toi, et que tu t’es refusé à elle… pour moi ! Surtout Annie. Très mignonne, cette jeune fille. Je l’aurais bien mise dans mon lit. Ou bien… peut-être voudrais-tu expérimenter le sexe avec la jeune employée qui est venue nous apporter du champagne tout-à-l ’heure.
– Dévotchka ? C’est possible, ici, de baiser le personnel ?
– C’est bien son prénom. Pour un français, tu as l’oreille fine. Bien-sûr, tout est possible avec de l’argent. Ici, absolument tous tes fantasmes peuvent trouver réalisation : il te suffit de me demander.
– Vous êtes une femme de grande classe. Je n’aurais pas pu rêver mieux que vous, ai-je répondu en tripotant ses seins que je trouvais d’une douceur infinie.
– Alors, finis de me déshabiller, mon jeune puceau français. Tu te débrouilleras avec la lingerie.
Sous la jupe, dont la suppression ne m’a pas posé de problème, se trouvaient des bas maintenus par des jarretelles, qui ont été beaucoup plus compliqués à retirer. Mais j’ai pris mon temps et j’y suis parvenu. Puis je me suis mis à genoux, devant elle, toujours assise dans son fauteuil. La culotte était taillée dans un tissu si fin et si léger que je ne pensais pas que cela pouvait exister. J’ai commencé à bécoter le sexe au travers. Elle me regardait faire sans un mot. L’hôtel était très bien insonorisé. Dans le silence, j’entendais sa respiration se mêler à la mienne. J’ai fait glisser son ultime vêtement jusqu’aux genoux, elle a soulevé un instant son bassin pour m’aider, et un flot d’incroyables parfums m’est aussitôt parvenu, bien plus relevés que les fragrances juvéniles de mes cousines. Le sexe était parfaitement glabre, lisse et refermé, comme celui d’une statue de pierre dans un jardin public.
Bizarrement, au lieu d’y coller mes lèvres, j’y ai apposé une oreille : je croyais que j’allais entendre le bruit de l’océan. Mais il ne me venait que des bruits de digestion, bien peu romantiques. Elle a eu un léger rire, très tendre, comme une maman qui rit de la candeur de son enfant. Alors j’ai compris comment m’y prendre. J’ai sucé d’abord les grandes lèvres, puis les nymphes, très courtes (coupées chirurgicalement ?), et le bout de ma langue a exploré l’entrée du vagin avant de remonter, par des allers-retours réguliers, vers le centre du plaisir féminin, pendant que les mains agrippaient les fesses comme si j’avais peur qu’elle s’enfuie.
Lorsque mon muscle buccal a touché le clitoris extrait de son fourreau, j’ai senti Helena se tendre. Avec précautions pour ne pas le toucher avec mes incisives, je l’ai roulé d’un mouvement circulaire. Elle a soupiré d’aise. Je n’imaginais pas qu’il fût si facile de faire jouir une femme. Ses gémissements étaient discrets, mais expressifs, et les mouvements de ses cuisses exprimaient une impatience, puis un relâchement.
À ce moment-là, j’étais à mille lieues de penser qu’elle simulait l’orgasme afin que je me croie le roi des amants. Tête baissée, je me suis jeté dans son piège.
Elle s’est ensuite mise à genoux dans son fauteuil et m’a demandé de la sodomiser. Mon phallus est entré si facilement dans le petit trou offert que je croyais vivre un rêve érotique. Elle poussait de petits cris de souris pendant que je la pilonnais de toute la vigueur dont j’étais capable, et j’ai éjaculé à l’intérieur de la gaine rectale. La saillie n’avait pas duré cinq minutes.
Helena s’est ensuite levée pour se pendre à mon cou, les jambes serrées autour de mes fesses, comme un koala sur son arbre.
– Tu es content, m’a-t-elle demandé ?
– Oui…
Mais mon air triste disait le contraire.
– Omne a****l triste post coitum, a-t-elle répondu.
– Quoi ?
– Ce n’est pas du russe, mais du latin. Cela veut dire que tous les hommes sont tristes après avoir fait l’amour. Ne t’inquiète pas, c’est normal. Dors, mon chéri. Tu n’as pas dormi depuis trente-six heures.
J’étais effectivement très fatigué, et je me suis endormi comme une masse, nu dans les draps de satin. En sombrant dans cet étrange sommeil, j’ai entendu la voix d’Helena susurrer à mon oreille : maintenant, tu m’appartiens, joli garçon !
Au réveil, une sacrée surprise m’attendait… la chambre était vide, et mes poignets et mes chevilles étaient solidement attachés sur les montants du lit par des liens de tissus !
Suite au prochain numéro, bande de petites coquines et de petits coquins de lecteurs ! D’ici là, n’hésitez pas à me laisser un commentaire.
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