Chap 1 – Education
Le véhicule s’immobilisa sur le marquage au sol face au panonceau marqué « visiteur ». Une clé de contact qu’on tournait, un moteur qui s’arrêtait. Dans l’habitacle, une jeune fille au regard ailleurs attendait que sa marâtre de mère l’invite à sortir. Une mère le plus souvent absente, peu enclin à l’affection. Une mère superficielle qui consommait les amants comme d’autres, le chocolat : par gourmandise, jamais la même marque. Une mère égocentrique dont l’émotion se graduait selon ce qui la touchait ou l’affectait en termes d’image. Une mère enfin, marié à un homme trop préoccupé par son business et qui savait comment le manipuler en se présenter à son meilleur avantage. C’était une femme longiligne qui usait sur lui des mêmes charmes que sur les hommes qui occupaient son lit. Un visage gracieux, un sourire innocent, de longs cheveux soyeux, un corps qui ne souffrait pas des années faisaient son succès et il suffisait qu’elle joue des cils pour que son mari céda à tous ses caprices.
Lui courait l’Europe d’hôtels en hôtels, à l’affut d’opportunités commerciales. Toujours sur la brèche, le téléphone pratiquement implanté au bout des doigts, il coordonnait sa réussite financière à sa réussite sociale. Il pensait sincèrement être un bon mari et un bon père dès lors que sa famille de manqua de rien. Il se demandait parfois comment sa femme occupait son temps, réglant ici et là des dépenses pour le moins bizarres, cadeaux multiples d’une femme passionnée à ses amants de passage. Il feignait de n’en rien croire ou peut être était-il encore aveuglé par l’amour inespéré que lui vouait cette femme qui avait traversé sa vie. Sa taille plutôt moyenne, son embonpoint prononcé, lui, flatté de s’afficher avec une créature de rêve et qui en mesurait l’effet dans le regard qu’il pensait jaloux, des autres hommes. Betty était arrivée par accident, un soir pas comme un autre où celle qui partageait sa vie avait cédé à ses avances. Elle avait grandi dans une forme d’indifférence globale où l’argent remplaçait l’affection. La jeune fille eut une enfance compliquée, cumulant les établissements scolaires et les excès de toute sorte.
– Nous y voici, dit la marâtre d’un ton détaché. J’espère que cette fois tu te tiendras à carreau. Récupère ta valise, on y va !
L’institution Sainte Marguerite était un établissement scolaire privé pour jeune fille uniquement, administré par des sœurs de la congrégation Gabrielle. Un vieil immeuble de pierre au porche gigantesque trônait en fond de jardin. Les pelouses et les massifs entretenus donnaient l’impression d’un cottage anglais. Sur les marches du perron, une jeune novice attendait la mère et la fille, les mains repliées devant son bassin. Elle se fendit d’un très large sourire en les apercevant et vint spontanément à leur rencontre. Elle les salua chaleureusement et les guida dans l’imposante bâtisse.
– Vous avez rendez vous avec Sœur Hortense, notre censeur, fit-elle.
– Je sais ! siffla la mère.
Cette réponse inattendue fit lever un sourcil à la jeune femme qui tourna son regard vers Betty. Elle se ravisa et reprit sa route vers le bureau du rez-de-chaussée. Arrivée devant une porte aux vitres opaques, elle tendit l’oreille puis frappa de son index replié.
– Oui ! fit une voix sèche, claquant comme un coup de fouet.
– Sœur Amélie, répondit la novice.
– Et bien qu’attendez-vous ! reprit le cerbère.
Amélie ouvrit la porte et s’effaça non sans annoncer les nouvelles venues. La marâtre entra et Betty tenta de la suivre mais la même voix glaciale reprit :
– Vous ! dans le couloir ! attendez sur le banc et ne bougez pas !
La mère de Betty et sœur Hortense s’isolèrent dans le bureau. Betty resta debout à côté d’Amélie, dans le silence pesant de ce hall sans âge. De temps à autre un ton de voix plus aigue résonnait dans le bureau, laissant présager que la conversation allait bon train. Les secondes s’égrenaient donnant au temps une dimension spatiale sans pareil.
Enfin la porte s’ouvrit. La mère de Betty la regarda sans un sourire, l’embrassa mécaniquement sur le front et lui glissa à l’oreille « que je n’entende pas parler de toi, tu m’as comprise !… ». Sœur Hortense apparut sur le seuil, dévisagea la jeune femme de la tête au pied puis regarda sœur Amélie…
– Qu’elle perçoit son trousseau sur l’heure et vous la conduirez au dortoir. Allez !
Sœur Amélie baissa la tête en signe d’acquiescement, s’effaça de côté en tendant le bras pour indiquer à Betty la direction à prendre. Les deux jeunes femmes suivirent un long couloir jusqu’au seuil d’une lourde porte de bois qui donnait sur le sous sol. « L’intendance… », chuchota-t-elle.
Le magasin sentait la lessive et l’amidon et présentait sur quantité d’étagères, le nécessaire au couchage et l’habillement. Amélie observa Betty avec insistance puis se dirigea vers un présentoir de vêtements de toutes tailles. En quelques minutes, elle avait confectionné un baluchon avec l’ensemble du trousseau.
– Il y a longtemps que tu es dans les ordres ? osa demander Betty.
Amélie se figea, la regarda et éclata spontanément de rire.
– Moi ? une religieuse ? s’esclaffait-elle. Non, non ! je suis étudiante ! Je t’explique, reprit-elle. L’évêché dans sa grande mansuétude, participe financièrement aux études de jeunes filles de « bonne famille ». En contrepartie, nous donnons du temps à l’entretien et à l’administration d’établissements privé, des fois que naissent des vocations…ha ! ha ! ha ! La tenue…c’est pour s’inscrire dans le folklore du lieu. Tu vois, la couleur de ma tenue est marron clair et non bleu foncé comme les sœurs…
– Mais pourquoi on t’appelle « sœur » Amélie ?
– Je te l’ai dit, pour rester dans les usages.
– Comment ça se passe ici ? persista Betty.
– Comment veux tu que ca se passe…répondit Amélie en haussant les épaules. La maison est tenue par mère Sévère…
– Mère Sévère ! la coupa Betty.
– Oui, oui, mère Sévère et ce n’est pas une blague. Une peau de vache dont tu apprendras à te méfier, genre vieille fille qui a une revanche à prendre sur la vie.
– Combien y-a-t-il de religieuses ? questionna à nouveau la jeune fille.
– Houla ! répondit Amélie. Très peu en fait mais toutes aux postes clés… Allez arrête ton interrogatoire et vient avec moi, on monte au dernier, je vais te montrer ta cellule.
– Ma cellule ! fit Betty stupéfaite.
– Oui ma chérie, ta cellule, c’est comme ça que s’appelle ton petit espace d’intimité que tu partageras avec 25 autres pensionnaires. Tu as de la chance, tu es dans les premières arrivées, tu pourras t’installer pratiquement où tu veux.
Les deux jeunes femmes gravirent les marches en silence sans croiser âmes qui vivent. A mesure de leur ascension, l’environnement changeait, moins sujet à en imposer. L’escalier de marbre faisait maintenant place à un large escalier de bois patiné par le temps et les souliers de nombreuses pensionnaires. Cet escalier donnait sur un perron qui offrait l’accès à deux portes de bois opposée l’une à l’autre. Amélie indiqua la porte de droite.
Le dortoir sous les combles alignait deux rangées de 15 lits suffisamment séparés pour supporter un baldaquin dont le voile assurait un minimum d’intimité à l’espace de repos, couvrant à la fois la literie, la table de nuit et un vestiaire minimaliste. Amélie prit congé laissant la jeune fille errer d’un emplacement à l’autre, repérant ici et là quelques lits déjà fait et témoignant de la présence de quelques pensionnaires. Sans conviction, Betty posa sa valise et son baluchon sur l’un des lits proches de la porte d’accès. Elle ouvrit le trousseau et commença à en déballer le contenu. Elle sortit ainsi deux uniformes, jupes bleues plissées et chemisiers blanc, chaussettes, chaussures, trousse de couture et autres impedimenta lorsqu’elle exhuma du sac un porte-jarretelles gris foncé et deux paquets contenant des bas du même gris. Elle ouvrit grands les yeux et les posa, interloquée, sur la pile de linge…
– Ca surprend, hein ! fit une voix derrière elle.
Trop perdue dans ses pensées, Betty n’avait pas entendu les pas de la jeune femme sur le plancher usé du dortoir. Elle se retourna spontanément et tomba nez à nez avec une jeune fille rousse aux cheveux tirés en arrière, un visage laiteux et quelques tâches de rousseur qui marquaient ses joues. Elle avait déjà revêtue la tenue de la maison et son opulente poitrine tendait le tissu du chemisier, écartant légèrement les boutons à chaque respiration.
– Camille ! fit-elle en tendant la main
– Heu … Betty…répondit la nouvelle pensionnaire.
– Bienvenue au paradis ! plaisanta Camille. Je suis la redoublante du groupe, la mauvaise graine de la maison, celle qu’on cache mais dont le papa participe activement à l’entretien de la bâtisse…alors j’ai droit à une certaine clémence ! ajouta-t-elle en rigolant. Et toi aussi tu es punie ?
– Oh oui ! soupira Betty qui trouvait tout à coup son interlocutrice sympathique. Une histoire de mauvais résultats et des parents …
– Absents ! la coupa Camille. Je connais ça mais je m’en suis arrangée. En fait, ça me sert plutôt bien. Maman est une salope et papa, un con ! alors je joue sur les deux tableaux… et toi ?
– Pareil, chuchota Betty.
– Tu ne voudrais pas t’installer à côté de moi ? fit soudain la rouquine. Je ne sais pas pourquoi mais je sens qu’on pourrait bien s’entendre toutes les deux. Tu sais, la rentrée ici, c’est un peu spécial. La délation c’est la marque de fabrique de la maison.
– Tu es où ? interrogea Betty.
– Au fond ! bien au fond ! bien cachée et loin de toutes ces lavettes qui vont lécher à tour de bras. La quasi-totalité des pensionnaires sont des fifilles à papa bien élevées et propres sur elles !
Betty ne put retenir un sourire. Décidément cette Camille lui plaisait et son internat lui semblait soudain moins pesant. Elle récupéra son trousseau tandis que Camille tirait déjà sa valise. Elle la précédait et Betty remarqua le mouvement déhanché du bassin de la rouquine, amplifié par les mouvements de la jupe plissée. Elle hasarda son regard sur les jambes musclées de la jeune femme et remonta jusqu’au bassin. Camille était une très jolie femme et l’uniforme un peu cintré qu’elle portait, mettait en relief des formes généreuses.
En quelques minutes, la nouvelle pensionnaire était installée, paquetage rangé, lit fait, à la grande joie de Camille qui trouvait une camarade de chambrée à son goût. Betty s’affairait sur sa valise dont elle sortait les effets. Elle commençait à ranger ses ustensiles de soins lorsque la rouquine remarqua un tube de crème épilatoire.
– Range le bien ! dit-elle, mais ne t’en sert pas !
– Pourquoi ? questionna Betty.
– Pourquoi ? répondit en écho la jeune femme…pourquoi ? Tu vas vite comprendre le style de la maison ma pauvre. Tu trouveras dans ta trousse de toilette un rasoir et de la mousse à raser. Le mardi et le jeudi, c’est le grand déballage sous la houlette de sœur Hortense. Rasage en profondeur, peau lisse ! et attention au contrôle. Je te garantis qu’elle ne rigole pas. Si tu n’es pas rasée de prés, tu as droit à un séjour disciplinaire dans le bureau de mère Sévère…
– C’est du grand n’importe quoi ! objecta Betty. De quel droit ? Elles se prennent pour qui les bonnes sœurs ? Qu’elles essaient tient pour voir !
– Ca ne sert à rien de t’énerver, fit Camille en prenant les mains de sa nouvelle camarade et en les pressant légèrement comme pour ralentir le flux sanguin qui commençait à empourprer ses joues.
Le contact fut électrique. Betty se calma rapidement et se demanda un bref instant ce qu’était en train de faire la rouquine qu’elle fixait du regard. Elle ne sentait plus que le contact des doigts et le mouvement des pouces sur le dessus de ses mains, geste apaisant qui lui faisait retomber la pression.
Il y eu un court silence puis Camille relâcha sa prise.
– Sans rire, reprit-elle. Fais attention, les punitions corporelles, c’est pas une blague.
– Et bien je partirai, crâna Betty.
– Tu crois ça ? Tes parents ont signé une décharge. Je suppose que tu n’étais pas présente lors de l’entretien d’accueil ?
– Non, j’étais avec Amélie…
– Elle est bien sympa Amélie ! renchérit la jeune femme rousse. Sérieusement, elles ont un pouvoir de tutelle que tu n’imagines pas. Si tu te sauves, la prévôté te retrouvera et te ramènera et gare à tes fesses.
– Mes fesses ?
– Oui, leur dada, c’est la fessée, surtout à la cane de bambou. J’en ai fait les frais et je t’assure que c’est extrêmement douloureux. Valérie était un peu comme toi l’an dernier. Elle refusait de se plier au règlement de la maison. Elle est devenue leur tête de turc et tous les motifs étaient bons pour la punir. A la fin du trimestre, elle a été consignée pour les fêtes de Noël mais elle a fait une tentative de suicide et ses parents l’ont sortie de là pour la mettre dans un autre établissement privé.
– C’est un bagne…souffla Betty.
– Oui, ma chère. J’aimais beaucoup Valérie et j’ai été très affectée par son départ. Tu lui ressemble beaucoup et j’ai le pressentiment qu’on deviendra de bonnes amies. On ne sera pas trop de deux tu sais…
La cloche sonna ou plutôt résonna dans le dortoir. Sœur Béatrice, la religieuse chargée de la discipline en secouait vigoureusement la chasse qui percutait la robe de bronze. Les pensionnaires se levèrent rapidement et se mirent en rang au pied de leur lit, le couchage retiré du matelas.
La religieuse passait d’alcôve en alcôve, jetant un rapide coup d’œil sur la literie. A la fin de la rangée de lits, elle se retourna et inspecta l’autre bordée puis se campa au milieu du dortoir. Elle avait un visage d’ange mais une corpulence de catcheur et tenait ses bras croisés sous sa poitrine, mains et avant bras cachés dans le tissu des manches.
– Mesdemoiselles, fit-elle avec aplomb, Je suis votre responsable discipline et comportement. L’institution Gabrielle vous fait une fleur en vous acceptant dans ses murs et en prenant en compte votre éducation, en conséquence, vous aurez à cœur de briller par votre discrétion et votre retenue et ferez tout pour vous faire oublier.
– Pardon ma sœur, fit une voix dans la rangée de jeunes femmes alignées. Mais il me semble que nos parents paient pour cette scolarité et qu’en conséquence, vous êtes à notre service et pas le contraire comme vous le laisser entendre…
La religieuse se glissa à sa hauteur, la regarda droit dans les yeux et lui administra une violente gifle sur le visage. La jeune femme recula d’effroi.
– Ici, mademoiselle, on ne parle pas sans y avoir été invitée ! Est ce clair ? vociféra-t-elle.
– Oui, oui, fit la jeune femme en se tenant la joue.
Sœur Marguerite s’étouffa. Elle saisit la pensionnaire par les cheveux et la tira jusqu’au bord du lit puis la poussa en avant de telle sorte qu’elle fut obligée de s’appuyer sur ses mains pour ne pas tomber. Elle saisit sa robe de chambre et la remonta d’un coup sec dévoilant de jolies fesses blanches bien arrondies. Une première claque retentit dans le dortoir, puis une seconde puis une autre encore et encore. La dizaine consommée, toutes les pensionnaires avaient les yeux fixés sur le visage de la religieuse et sur les fesses de l’infortunée. La stupeur puis l’incompréhension éclairait leur regard. Sœur Marguerite fit face stoïquement à l’ensemble des jeunes femmes et promit d’autres mésaventures à toutes celles qui enfreindraient sa conception de l’autorité.
– Vous apprendrez Mesdemoiselles, qu’ici vous levez la main pour demander la permission de parler et que lorsque je vous pose une question, je ne veux entendre que « oui, ma sœur », est ce bien clair pour tout le monde ?
Celles qui croisaient son regard opinaient du chef, les autres fixaient les lattes du plancher. La religieuse disparut en vociférant un « vous avez 20 minutes pour vos ablutions ! ». Un chuchotement se fit entendre et la quasi-totalité des pensionnaires se hâtèrent vers la salle d’eau. Betty et Camille s’approchèrent de la jeune femme recroquevillée sur son lit, honteuse, les fesses toujours dénudées et teintées de rose.
– Comment t’appelles-tu ? demanda Camille.
– Véronique, fit la jeune femme.
– Voici Betty, une amie, dit la rouquine en la saisissant par les épaules. Ma pauvre, tu devrais te passer de l’eau froide sur les fesses, ça te calmera…N’ai pas honte, tu n’es que la première ! Marguerite est une peau de vache et une sacrée vicelarde. Son truc c’est de mater le cul des nouvelles. Et tu as eu de la chance…tu aurais pu être convoquée dans son bureau et là…tu aurais pris cher ! Surtout si la mère sup s’y était mise aussi. Allez maintenant bouge toi ! direction la salle d’eau ! ne te remet pas en danger et si tu le souhaites, reste avec nous. On a besoin des unes des autres.
La salle de bain était à l’image de l’établissement, terne, austère. Le long des murs couraient de grands éviers de pierre surmontés d’un unique robinet d’eau froide. Les pensionnaires se répartirent les emplacements, certaines tombant leur robe de nuit, d’autres par pudeur, se lavant en glissant la main gantée sous le vêtement. Camille ôta sa robe de chambre, exhibant à l’envie sa poitrine ferme et généreuse, son ventre légèrement rond, des fesses rebondies et de longues jambes gracieuses et musclées. Betty l’imita, dévoilant son intimité aux jeunes femmes, présentant une poitrine aux courbes superbes aux tétons proéminents, durcis par la fraicheur de la pièce. Véronique hésitait encore et commença par relever sa robe de nuit, mais constatant l’impudeur de ses deux nouvelles amies, elle prit le parti d’en rire et ôta le vêtement. Comme toutes les pensionnaires, elle s’était pliée à l’exercice, arborant un pubis lisse. Ses seins en forme de poire présentaient des tétons similaires à ceux de Betty. Les jeunes filles s’en aperçurent et piquèrent un fard.
– Courage les filles ! dit Camille. Le mercredi, vous aurez droit à un bain…20 minutes chacune dans les sous sol de la maison. Un vrai hammam.
– Pressons nous mesdemoiselles ! cria sœur Marguerite. Le petit déjeuner sera servie dans 20 minutes, il n’y aura pas de 2e service et les retardataires devront m’en répondre !
– Elle est pire que l’an dernier…commenta Camille en chuchotant. C’est une vacharde.
– Je saurai m’en souvenir ! fit Véronique d’un ton tranchant.
– Ne fais pas l’idiote ! ajouta Camille en lui prenant la main. Tu t’en es bien sortie. En principe, ca se termine chez sœur Hortense ou chez la mère sup. Tu as une idée de l’éducation anglaise ?…non, bien sur ! Les deux sorcières te tiennent penchée sur le dossier d’un vieux fauteuil de cuir, la chef te déculotte et te tanne les fesses à coups de canne de bambou. L’an dernier, ma meilleure amie en a fait les frais. Elle m’a racontée qu’elles jubilaient toutes pendant qu’elles la corrigeaient. Il aura fallu qu’elle menace de se suicider pour que ses parents la transfèrent dans un autre établissement en Suisse.
– Tu n’es pas sérieuse ? interrogea Betty.
– Si, mon cœur ! enchérit Camille, allez les filles ! on se dépêche avant de devenir les boucs émissaires de ces dames. Si elles t’ont dans le nez en début d’année, elles ne te lâcheront plus !…
Les deux premiers mois passèrent à se protéger des velléités des religieuses, à esquiver les enseignantes qui ne manquaient pas de dénoncer ce qu’elles appelaient des comportements déviants dès lors qu’un chuchotement était perceptible. Dans le dortoir, les regroupements par affinité faisaient apparaître quelques rivalités entre les pensionnaires. Camille, Betty et Véronique avaient noués de véritables liens d’amitié et avaient été rejointes par Stéphanie…
La salle de bain se trouvait au sous sol, une longue et large pièce aux murs blancs et au plafond vouté de grandes arcades maintenues par des piliers. Sur un sol carrelé de tomettes, deux rangées de baignoires se faisaient face. Des bassins de bois tapissés de draps blancs, remplis d’eau chaude au trois quart de leur contenance. Les filles disposaient d’un banc pour deux pour y déposer leur nécessaire. Betty l’avait partagé avec Stéphanie, se trouvant côte à côte pour se déshabiller, pour se laver et profiter des quelques minutes de répit qu’il restait pour se délasser. Les jeunes femmes s’étaient appréciées d’un regard parcourant leur nudité et étrangement, ni l’une, ni l’autre ne ressentaient de gène. Stéphanie était assez fière de sa poitrine, de ses gros seins laiteux et fermes qu’elle prenait plaisir à masser en les lavant. Betty l’avait regardée faire, un sourire aux lèvres qui n’échappa pas à sa voisine de bain. La conversation s’était engagée naturellement et à l’issue de leurs ablutions, une forme de connivence était apparue entre les deux filles.
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