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Un samedi de canicule

Un samedi de canicule



J’entre dans la rue de Béthune. Ma solitude et la chaleur de l’été m’ont poussé dehors. L’envie plus ou moins consciente de voir des peaux, blanches ou bronzées, unies ou pleines de taches de rousseur, mais découvertes par les jupes courtes et les décolletés. La température estivale, à la limite de la canicule, semble avoir levé les inhibitions d’une grande partie des femmes que je croise. Tous les vêtements sont plus courts, plus moulants, parfois un peu transparents. Peu m’importe l’âge ou la morphologie, je me délecte d’observer discrètement les corps. Je pourrais passer l’après-midi entière à regarder, et laisser l’excitation monter doucement.

Sur ma droite, une jeune brune en baskets, seule avec ses écouteurs. Elle porte un haut fuchsia flottant et un legging noir. Aucune transparence je crois, mais le legging est tellement moulant que je ne peux détacher mon regard des légers plis qui se créent au creux des fesses, à intervalles réguliers tandis qu’elle marche. Ces petits plis dévoilent, presque aussi bien que si elle se déshabillait, un string. Un string noir avec un triangle en haut qui s’enfonce entre ses fesses rebondies. Oui, le triangle est noir, en fait je vois mieux maintenant, son legging est légèrement transparent. Je plisse les yeux sur ses fesses pour essayer de distinguer la couleur de sa peau. J’ai honte de le faire mais c’est tellement excitant. Elle n’en saura rien et si elle se retourne je regarderai ailleurs pour ne pas la gêner.

A-t-elle fait exprès de choisir un modèle un peu transparent ? Peut-être qu’elle ne s’est rendu compte de rien dans le magasin, il faisait sans doute plus sombre qu’ici. Ou alors elle l’a vu, et elle s’est sentie émoustillée à l’idée de provoquer le trouble. Elle tourne à droite et entre dans une galerie marchande, je vais la perdre de vue. J’aimerais prendre une photo mentale, garder un souvenir indélébile de cet instant. Je continue mon chemin.

Je navigue de jupes en shorts au milieu des passants nombreux quand soudain je suis dépassé par un couple. Le mec est jeune et marche un peu en avant de sa copine. Il est habillé type jean et baskets. Elle marche sur des talons haut de façon un peu maladroite pour suivre le rythme de son copain. Elle porte une robe brillante et dorée très décolletée, et surtout aucun soutien-gorge. Sur le côté, les bretelles de la robe sont trop étroites pour m’empêcher de voir le bas arrondi de son sein gauche. Il rebondit à chacun de ses pas, c’est incroyablement impudique. Je bloque complètement, jette frénétiquement des coups d’œil sur ma droite pour tenter d’apercevoir un téton mais le tissu colle trop bien à son corps. Elle est jeune et blonde, et semble un peu mal à l’aise. Son copain aussi, comme s’il n’assumait pas totalement la scène. A mon avis c’est lui qui lui a demandé de s’habiller comme ça. Je m’arrache les yeux sur son cul que ses talons poussent en arrière. Les volants de la robe bougent à chaque pas. Je n’arrive pas à dire si elle a une culotte. J’aime imaginer que non. Je trouve le mec assez quelconque, mais avec un petit regard de voyou arrogant. C’est quoi le truc, il suffit d’être comme ça pour se retrouver avec une poupée dans ce genre-là ? La scène est tellement érotique que je suis sûr qu’ils seront en train de baiser d’ici moins d’une heure. Et d’ailleurs ils vont où ? Retrouver des « amis » ?

Je les laisse s’éloigner devant moi en contenant ma frustration. Pourquoi est-ce qu’une fois dans ma vie je ne pourrais pas me retrouver avec une fille comme ça ? Soulever sa jupe sans égards, coller directement ma main sur sa chatte alors qu’elle feindrait une surprise mollement indignée… Sa réalité est certainement loin de mon fantasme. Son regard m’a plutôt semblé celui d’une innocente qui va vers ses bourreaux sans en avoir conscience. Elle doit se dire que son copain l’aime, donc s’il a envie de baiser comme ça, c’est le jeu, et puis ça va sans doute lui plaire. Et après avoir subi sa dureté et son indifférence, elle va regretter. N’importe quoi. Je divague en regardant cet ange doré s’éloigner. Je n’en sais rien. Peut-être que le mec est gentil avec elle, qu’ils baisent comme des fous mais en se respectant, et que je suis juste jaloux du sexe brut entre eux que j’imagine. Ils tournent à gauche au loin. Je pourrais les suivre, voir s’ils entrent dans une maison, voir qui leur ouvre et si cette personne a un regard concupiscent. Mais j’ai un peu peur de trouver ça glauque au final et je n’accélère pas pour le savoir.

Des jambes bronzées, longues, courtes. Des fesses étroites, d’autres très larges. Je suis moins attentif, je suis encore sous le choc de l’ange doré. Je ne me souviens pas avoir vu de vision aussi excitante depuis très longtemps. Mon sexe fourmille d’envie de se dresser. Je pourrais rentrer dès maintenant… Ma chasse aux visions excitantes ne pourra plus être meilleure de toute façon. Et en même temps je ne peux m’y résoudre. J’ai chaud, j’ai envie de plus.

J’ai tourné à gauche sans m’en rendre compte. Sur ma droite mon regard est attiré par la devanture d’un magasin de lingerie. Il est petit et c’est un magasin de chaine, pas vraiment un endroit discret ni respirant la sensualité. Mais je suis comme aimanté. Je m’invente une copine que je n’ai pas, un projet de lui offrir de la lingerie et je me dirige vers l’entrée. A l’intérieur quelques femmes jeunes et moins, et un seul homme qui fait ses emplettes avec un naturel qui me paraît incompréhensible. Mêmes non portés, les sous-vêtements m’ont toujours semblé des objets tellement érotiques que je suis incapable d’être calme et naturel dans un endroit comme celui-ci. Mais ce gars y arrive très bien, on dirait qu’il est en train d’acheter ses légumes, il regarde avec une moue insatisfaite, touche un soutien-gorge comme pour en apprécier la matière mais sans aucune émotion visible.

Je n’ose pas regarder les femmes qui évoluent dans le magasin, j’ai l’impression que si je croisais les yeux de l’une d’entre elle, elle saurait instantanément dans quel état d’excitation je suis, elle saurait que je suis célibataire depuis six mois et que je suis là juste pour m’enivrer les yeux, que j’ai croisé un ange doré sans soutif il y a seulement quelques minutes. Et quoi ? Une alarme va retentir et la police surgir et m’emmener au poste pour délit d’excitation ? Il faut que je me calme. Je prends un air concentré, et parcoure du regard les nuisettes sur ma droite. J’ose un regard plus général sur le magasin. Dans un coin il y a des cabines d’essayage que je n’avais même pas remarquées, alors qu’elles sont ne sont qu’à trois enjambées tellement le magasin est petit. L’intimité des cabines est plus ou moins assurée par des rideaux qu’il doit être bien difficile de coller aux bords. Une vendeuse parle avec une cliente devant les rideaux, d’autres femmes parlent entre elles dans le magasin. Le lieu est bruyant, trop lumineux, et mon excitation commence à retomber quand j’ai soudain la sensation que quelqu’un me regarde depuis l’autre coin du magasin.

En effet, une femme d’une trentaine d’année, vêtue d’une robe droite et bleue m’observe. Elle tient dans sa main un soutien-gorge noir sur son cintre qu’elle a dû prendre dans les rayonnages devant elle. Elle m’a vu regarder vers les cabines, et je dois rougir d’une honte naissante. Elle est à trois mètres de moi. Mais je ne sens pas de jugement dans son regard. Elle aussi rougit légèrement et détourne le regard pour se replonger dans les modèles devant elle. Elle a de jolis yeux qui semblent cernés de fatigue. Des cheveux châtains mi longs, tirés en arrière avec une barrette au sommet du crâne. Elle a des formes, un peu de ventre, rien à voir avec l’ange doré, mais je la trouve très belle. Elle regarde toujours fixement devant elle, elle doit voir que je l’observe toujours. Je détourne le regard pour faire semblant d’observer à nouveau les nuisettes et diminuer la tension que je ressens. Mon cœur bat à toute vitesse. J’ai envie d’oser quelque chose, mais je n’ai aucune idée de quoi. Elle fouille dans les modèles devant elle. Est-ce qu’elle cherche vraiment ou est-ce qu’elle attend que je l’aborde ? Qu’est-ce que je pourrais bien lui dire ? Je regarde les modèles qu’elle parcoure, cherchant désespérément l’inspiration. Et sans même m’en rendre compte, je me suis lancé :« A mon avis, ce violet vous irait mieux. »Je me suis approché, et ai pointé un modèle que je trouve joli, assez sage malgré une bordure en dentelle, et d’un beau violet lumineux. Elle me jette un coup d’œil, semble très surprise, ne dit rien, regarde le modèle que je lui ai montré. Qu’est-ce qui m’a pris ? Elle doit se demander ce que lui veut ce pervers, elle va appeler une vendeuse… Non, elle n’appelle personne et tend une main hésitante vers les modèles violets. Elle fait défiler les premiers pour att****r un modèle à la taille de ses seins assez généreux. Elle me regarde l’air encore plus gêné et dit d’une voix très faible :« Merci. »Je suis à la fois incroyablement soulagé qu’elle ne se soit pas sentie importunée par mon audace, et complètement troublé par sa gêne et le début de sourire qu’elle m’a adressé. Elle a toujours les deux modèles dans la main, elle att**** son sac qu’elle avait laissé au sol, et se dirige vers les cabines sans me regarder. Je la regarde s’éloigner en ayant l’impression d’être dans un film. Qu’est-ce que je fais ? Je reste ? Je pars avec ce souvenir précieux de mon audace que d’autres trouveraient complètement ridicule mais que je ne me souviens pas avoir jamais eu ? Je reste bloqué sur place comme un con, incapable de bouger. La vendeuse qui parle près des cabines me regarde brièvement en haussant les sourcils, mais cela ne suffit pas à me faire sortir de ma torpeur. Je vais rester, je ne peux pas partir lâchement maintenant. Je me tourne vers un présentoir au milieu du magasin pour pouvoir continuer à regarder régulièrement en direction des cabines. J’effleure machinalement des culottes oranges à portée de ma main. Je ne sais pas si mon rôle de petit ami en train de chercher un cadeau peut avoir une quelconque crédibilité pour n’importe quelle personne un peu observatrice, vu la tête bouleversée que je dois avoir, mais je m’y raccroche de toutes mes forces. Et le rideau fermé de la cabine de gauche m’en donne toute l’énergie suffisante.

Non pas orange, voyons… Ce vert quasiment fluo ? Non ça me semble vulgaire… ou alors ce jaune… c’est peut-être un peu voyant aussi mais j’aime bien le jaune… Avec ce petit jeu, J’arrive à peine à maîtriser mon rythme cardiaque. Je lève les yeux à nouveau. Le rideau de la cabine de gauche est entrouvert, un morceau de visage en dépasse. Elle me regarde. Elle m’interroge du regard. Je n’arrive pas à le croire. Je reste bloqué une seconde interminable puis me précipite. Quand j’arrive juste devant la cabine, elle me regarde encore puis se recule, en laissant le rideau entrouvert. Je m’avance, tiens le rideau de la main droite et glisse mon visage par l’ouverture.

Elle est en sous-vêtements. Le soutien-gorge violet et une culotte blanche très classique. Elle respire fort, je vois sa poitrine se soulever largement et rapidement, mettant en valeurs ses seins de belle taille. Elle a posé sa robe sur son sac derrière elle, elle se tient les bras le long du corps, et elle me regarde intensément. J’essaye de déchiffrer son regard, j’ai l’impression qu’elle est gênée et en même temps qu’elle m’implore de quelque chose. J’ai l’impression… qu’elle est aussi excitée que moi. Je parcours à nouveau son corps des yeux, ses seins ronds, une taille resserrée, son petit ventre, ses hanches arrondies mais un peu évasées sur le bas. Ses longues jambes et ses sandales. Sa culotte blanche, et les poils de son pubis que je devine en dessous. Je la fixe et dis d’une voix tremblante :« C’est très beau. Ce serait peut-être encore mieux avec l’ensemble. »Elle a entrouvert la bouche pendant que je lui parlais. Je fixe ses lèvres charnues qui me semblent brillantes. Ses joues rosies brillent aussi. Elle me répond, toujours d’une voix à peine audible :« D’accord. »Cette fois je ne reste pas bloqué comme un abruti.« Je… je te prends quelle taille ? »
« M. »Je me recule et prends soin de bien refermer le rideau. Je retourne vers les sous-vêtements violets, repère tout de suite les culottes assorties. XS, S, voilà une M. Peut-être que quelqu’un me regarde dans ce magasin, mais je ne vois plus rien ni personne à part les sous-vêtements violets et les cabines d’essayage. Je reviens en un éclair à la cabine de mon inconnue, écarte juste un peu le rideau et m’avance avec la culotte. Elle s’en saisit aussitôt et avance un bras vers le rideau. Je comprends le message, me recule et le referme précautionneusement. Les secondes passent, j’ai l’impression qu’une minute passe, qu’elle met plus de temps à mettre cette culotte qu’elle n’en a mis à se déshabiller la première fois. Peut-être qu’elle va changer d’avis, prendre peur, et qu’elle se sera rhabillée. Le rideau s’entrouvre à nouveau et je m’avance.

Elle ne s’est pas rhabillée. Elle a enfilé la culotte et offre encore une fois son corps à mon regard. La culotte n’est pas transparente, mais elle a cette fois écarté légèrement les jambes et je distingue parfaitement la forme de son sexe. Elle me fixe toujours sans rien dire, elle semble à peine plus sûre d’elle que la première fois, respire toujours aussi rapidement. Je réussis à articuler :« C’est… c’est magnifique. »Cette fois elle sourit. D’un sourire timide mais franc qui me fait fondre instantanément. Je lui souris aussi. Nous ne bougeons pas, elle s’est juste un peu redressée, comme fière de me montrer son corps. Encore une fois je suis presque surpris d’entendre le son de ma propre voix :« Est-ce que tu veux bien te tourner ? »Elle ouvre à nouveau la bouche et cette fois je suis sûr que c’est sous l’effet de l’excitation. Elle se retourne rapidement. J’observe ses fesses rebondies qui dépassent un peu de la culotte. Sa peau est légèrement bronzée et semble douce, J’ai envie de la toucher. Elle se cambre légèrement. Le mouvement était presque imperceptible mais il m’était clairement destiné. Je réalise que je bande comme jamais cela ne m’étais arrivé en dehors d’une chambre. Elle se retourne et me regarde à nouveau, toujours souriante. J’ai envie de saisir une de ses mains, puis ses hanches, puis… Je n’avais pas noté, elle a une alliance à sa main droite. Ma surprise a dû se voir sur mon visage, elle l’a perçue, elle sourit toujours mais la gêne semble revenue. Elle me dit à nouveau :« Merci. »Je comprends qu’elle attend de moi que je la laisse. Je ferme à nouveau le rideau avec une sensation de perte immense. Je m’éloigne un peu de la cabine et attends. Ce n’est pas possible, ça ne peut pas se terminer comme ça. Ok, elle est mariée, mais moi je m’en fous. Elle a l’air fatiguée, ils traversent une mauvaise passe, elle a besoin de se changer les idées… J’essaye de me convaincre de mon scénario mais sans trop y croire. Elle va repartir, oublier ce moment puis rester raisonnable. Je pourrais au moins lui offrir l’ensemble, peut-être que le geste la toucherait… Ou alors elle va sortir, me demander de venir avec elle dans un hôtel et là on va… Elle sort, elle a remis sa robe bleue, elle s’approche de moi, me regarde avec un air embarrassé et me dit :« Je dois y aller. »Elle a appuyé sur le mot « dois » et c’était comme si elle me demandait d’en rester là, de ne pas la suivre.  J’essaye de sourire.« D’accord. »Elle va vers les caisses à l’entrée, je reste planté sans trouver la force de lui proposer de lui offrir l’ensemble. L’ensemble violet qu’elle a posé sur la caisse justement. Elle va l’acheter et cette pensée m’émeut au plus haut point. Je m’approche un peu. Elle me jette un coup d’œil et sourit à nouveau mais le moment me semble interminable et embarrassant. Elle jette aussi des coups d’œil vers l’entrée, comme si elle s’attendait à voir arriver quelqu’un. Tout sauf croiser son mari. Je veux bien la voir partir, mais seule avec un petit sac qui contiendra l’ensemble violet. Elle a fini de payer, s’avance vers l’entrée sans me regarder, je la suis, me tient derrière elle. Au dernier moment elle se retourne et me regarde instantanément dans les yeux, comme si elle savait que je l’avais suivie. A nouveau elle me dit :« Merci. »Elle a retrouvé son sourire assuré et un court instant il suffit à mon bonheur. Je lui rends. Je ne la connais pas, je l’ai vue pour la première fois moins de dix minutes auparavant mais j’ai l’impression d’être amoureux. Elle sort. Je reste un instant interdit, j’aperçois une vendeuse à la caisse sur ma droite qui me regarde intriguée. Je finis par sortir et la cherche du regard sur ma droite. Elle avance rapidement dans la rue avec ses sacs, ne se retourne pas. Non décidément je ne veux pas voir son mari, je prends à gauche.

… à suivre… 

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