Aussitôt rentrée chez elle Yasmina s’empressa de se débarrasser de ses affaires pour se précipiter dans la cuisine et commencer ses préparatifs. Il lui faudrait bien une bonne heure pour tout préparer et les invités allaient arriver à ce moment-là, ça va être juste mais c’est jouable, il faudrait juste qu’elle retrouve cette recette dont elle s’était servie la dernière fois. Yasmina commença par fouiller, puis retourner et vider entièrement son sac à main, avant de courir vers son manteau pour faire de même. Las, rien ! Elle avait dû laisser tomber son téléphone quelque part mais n’arrivait pas à se souvenir où, et Mohamed qui n’est pas là pour lui prêter son téléphone et s’appeler elle-même au cas où quelqu’un d’honnête aurait trouvé l’appareil.
– Putain mais c’est pas possible ça!, s’écria-t-elle d’un coup avant de se calmer et de se morigéner elle-même sur son langage.
Depuis qu’elle avait décidé de porter le voile et d’être plus assidue dans sa pratique elle était plus attentive à son langage, non pas qu’elle eut été particulièrement vulgaire avant cela, mais elle posait le postulat, ce qui n’engage qu’elle, que la manière dont on parle symbolise la manière dont on vit et qu’il faut donc s’éloigner de la vulgarité et de la grossièreté. Mais parfois il fallait que ça sorte, et là la perte de son portable et la pression pour la cuisine, alors qu’elle comptait passer son début de soirée à ratt****r les épisodes de sa série du moment sur Netflix, en faisant chauffer des pâtes, c’était vraiment la goutte d’eau qui défonçait le vase. Et plus le temps de sortir pour faire le chemin inverse et retrouver l’endroit où elle l’avait perdu, s’il y était encore ce qui l’étonnerait beaucoup vu qu’il coûtait le prix d’un SMIC et de quelques grecs de plus.
Après avoir tourné sur place pendant quelques minutes et envoyé voler à coups de pied côté un coussin qui avait le malheur de s’être égaré sur le plancher, elle décida, contre mauvaise fortune bon cœur, de retourner à ses fourneaux pour cuisiner. Elle prit avec son PC et l’ouvrit sur le plan de travail pour se connecter au site et avoir la recette sous les yeux. Dans moins d’un quart d’heure ses invités arriveraient et elle savait d’avance que la nourriture ne serait pas prête. En soi rien de dramatique, ils attendraient quelques minutes, d’autant qu’ils seraient à coup sûr tellement absorbés par le match qu’ils ne sentiraient même pas la faim, mais elle mettait un point d’honneur à toujours accueillir parfaitement ses hôtes et à se comporter en parfaite femme d’intérieur (même si cette expression lui donnait envie de mettre des coups de tête, balayette, quand elle entendait quelqu’un la prononcer).
Quand une dizaine de minutes plus tard la porte s’ouvrit elle ne l’entendit pas. Mohamed entra dans la cuisine, un sourire aux lèvres et lui lança :
– Salam belle gosse, ça sent bon ici, miam.
– Bonsoir bébé, t’as intérêt à aimer parce que vu la pression que tu m’as mise au dernier moment faudra pas faire le difficile, répondit Yasmina en se tournant vers son mari.
Celui-ci lui tendit alors son portable et répliqua :
– T’aurais pas perdu ça toi par hasard ?
– Comment tu l’as trouvé ? s’étonna la cuisinière en le récupérant vivement. Je croyais que je l’avais perdu en faisant les courses.
– J’ai croisé Lyes en bas du bloc en rentrant, il était en train de venir et il m’a dit qu’il t’avait croisé chez le turc et que tu l’avais perdu làbas.
– Il me sauve la vie sur ce couplà, mais du coup il est où maintenant ? demanda Yasmina.
– Il attend devant la porte, que tu sois présentable.
– Ca marche, dis-lui d’entrer je vais me couvrir, dit-elle avant de crier en direction de l’entrée de l’appartement, MERCI LYES, T’ES TROP CHATAR !
– Pas de quoi, répondit une voix masquée par la porte entrebâillée, j’ai essayé de t’appeler quand t’es partie en courant mais t’étais trop speed.
Yasmina enroula rapidement son foulard autour de sa chevelure et son cou et se dirigea vers le couloir, suivie par son mari. Après avoir ouvert la porte elle serra la main de Lyes pour le remercier, celui-ci referma avec force l’étau de ses doigts sur sa peau en retour avant de relâcher sa poigne.
– J’étais sure de l’avoir perdu, il était où, demanda la maîtresse de maison à l’ami de son mari qui la fixait de ses yeux verts profonds.
– Ben là où tu l’avais posé, sur l’étagère près des pois chiche.
– Bon merci en tout cas, allez vous poser dans le salon le match va bientôt commencer, moi je retourne à ma cuisine, les autres arrivent quand ? s’enquit-elle en se tournant vers Mohamed.
– Ils devraient plus tarder mais t’inquiète je m’en occupe.
Mohamed dirigea Lyes vers le salon tandis que Yasmina retournait vers la cuisine pour terminer le repas.
N’oubliez pas de voter, ça commence tout calmement 🙂
Ajouter un commentaire