Chapitre 12: La tempête se lève
Face à mon miroir, j’achève de tailler consciencieusement ma barbe. La fuite de ce jeune cabot m’a tellement pris au dépourvu que je n’ai même pas pris le temps de m’en occuper ce matin et j’ai absolument horreur d’avoir une apparence négligée. Quelle matinée mes aïeux… J’espérais pouvoir profiter tranquillement d’un massage des mains expertes de verrue avant d’aller promener mes chiens dans la campagne environnante. Au lieu de ça j’ai à peine eu le temps de prendre mon petit déjeuner que j’ai reçu l’appel d’Isabella, m’apprenant que comme elle le craignait, son cabot avait mit les voiles durant la nuit.
Délaissant ma barbe enfin correctement taillée, je quitte la salle de bain pour rejoindre ma salle de muscu. Comme toujours depuis qu’ils m’appartiennent, Oddy et Toutou y sont déjà et travaillent. Cependant, avec sa mâchoire à présent fracturé, Oddy fait simplement une série de pompe en cœur tandis que Toutou, avec sa jambe blessée, se contente de faire des abdos.
Ce sont des braves chiens qui préfèrent mourir de leurs blessures plutôt que de me décevoir en demandant le moindre repos. Il n’y a pas plus fier que ce genre de soumis quand on y regarde de plus près. Bien sûr ce sont mes choses et je suis leurs mâles. Mais ils sont toujours fier de me servir et se trouvent toujours en compétition entre eux et avec eux même afin de me contenter. C’est tant mieux car je n’exige pas moins.
Tandis que j’active le tapis automatique et commence à courir, je me remémore cette folle course poursuite de ce matin. J’ai participé et organisé beaucoup de traques avec mes chiens. Mais rares sont celles à avoir été aussi violentes que cette nuit. Lorsque la proie est acculée il lui reste deux options. Implorer, supplier et souvent pleurer. Ou faire face.
Néanmoins la deuxième option est très rare. Il y a plusieurs types de gibiers que l’on traque, mais là c’était un cabot. C’est à dire un chien pas encore dressé. En règle général ce genre de proies ne posent pas de réelles difficultés et n’opposent presque jamais de v******e. Car même si elles ne sont pas encore brisées, elles craignent déjà le fouet de leurs propriétaires et demeurent encore trop conditionnés par leur ancienne société pour oser se battre. En effet, le monde d’eunuques dont ils sont originaires à proscrit à jamais la v******e physique, préférant de loin la pression psychologique, le stress, le harcèlement moral ainsi que la manipulation psychologique. C’est tellement plus sain.
Bien évidemment il ne faut jamais sous estimer une proie acculée. Mais habituellement ce genre de traques se finissent sans accro.
Pourtant ce matin la proie a failli tous nous dévorer.
En le voyant à genoux et épuisé, je me rappelle que je m’étais dis que ce serait vite finit. Et j’étais déjà étonné de voir que ce jeune cabot était allé aussi loin. La maison de sa propriétaire se situant à 17 kilomètres de là et la pluie s’abattant comme un torrent. Lorsque je lui ai ouvert le coffre de ma voiture la foudre a frappé et j’ai alors vu une lueur que je ne connais que trop bien briller dans son regard. En un instant il a bondit sur ses pieds et a détalé vers le bois du chasseur. Sous la pluie et avec des nuages qui dissimulaient le ciel il a été difficile de ne pas le perdre de vue.
Mais après peut être cinq minutes d’une course poursuite acharnée, Toutou est parvenu à le saisir et à le faire tomber. Je me souviens clairement avoir souris en me disant que ma dette envers Isabelle était à présent remboursée puisque je venais de lui récupérer son cabot. Je me souviens avoir un poil ralentis, confiant dans les capacités de mes chiens pour maîtriser cette proie aux allures si frêle. Et là tout à basculer en une fraction de seconde.
En éclair argenté s’est enfoncé dans la jambe de Toutou qui hurlé. L’a****l s’est redressé d’un bond, Oddy s’est mit en travers de sa route mais le cabot l’a sauvagement entrainé au sol où il s’est acharné sur lui avec une v******e incroyable, de la brutalité à l’état pure. Il y avait quelque chose de beau, car je sentais une puissante authenticité dans cette rage.
Fort heureusement les cris de douleur d’Oddy m’ont ramené sur terre et un coup de taser bien placé a mit à terre la créature enragée. Bien sûr je devais protéger mes chiens, je suis leur mâle alpha après tout. Mais j’ai eu du mal à m’y résoudre, car cette sauvagerie avait réveillé quelque chose en moi. Une soif de combat que je croyais depuis longtemps éteinte. J’ai immédiatement regretté mon geste, en réalisant que je venais de rater une belle occasion et je me suis même pris à espérer qu’il se redresse. Pendant un temps son regard était si puissant, si transpirant de vie que je n’aurai pas été étonné qu’il parvienne à se remettre sur ses pieds.
J’arrête le tapis. Verrue s’incline alors respectueusement devant moi en me tendant une serviette. Toujours là au bon moment celle ci. Même si c’est moi qui l’ai dressé j’avoue qu’elle me surprend parfois.
-Va dans la grange offrir à boire à notre invité. Sois très prudente et quoi qu’il arrive ne le libères pas.
-Bien Maître.
Sans un mot de plus elle s’exécute et quitte la salle, me laissant seul avec mes deux chiens qui attendent mes ordres.
-Toutou, tu t’occupes d’aller en ville faire les courses pour la semaine. Je t’ai déposé la liste dans la voiture. Oddy tu attends qu’arrive Doc. Une fois qu’il est là tu le conduis voir notre invité ensuite il t’examinera puis ce sera au tour de Toutou quand il sera rentré. Sois prudent avec le cabot mais tu n’as pas intérêt à l’abîmer plus qu’il ne l’est déjà, sinon tu en répondras devant Isabella compris?
-A vos ordres Maître. Répond Toutou.
Incapable de parler avec sa mâchoire fracturée, Oddy hoche simplement la tête. Je quitte alors la salle, saisit ma veste et enfile mon casque avant d’enfourcher ma moto.
Enfin arrivé chez Isabella je met pied à terre. Elle apparaît alors, un long manteau rouge sur les épaules et avec la mine des mauvais jours. D’un geste elle m’invite à entrer avant que je ne sois complètement trempé. J’ai toujours trouvé sa maison sympa, elle me fait penser à une sorte de cocon, chaud et douillet.
Alors que je pose ma veste elle me tend une tasse.
-ça faisait combien de temps que tu n’avais pas du faire ton café toi même?
-Un moment… Mais bon c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas.
-Comme un affront… C’est la première fois qu’une de tes propriété ose s’enfuir.
-Ouais… Si tu comptes me narguer attends une petite semaine. C’est encore un peu tôt.
-Ho c’est pas mon genre. Moi même ça m’est arrivé deux fois, une fois avec verrue et une autre avec Oddy. Par contre j’en connais un ou deux qui seront ravis de te narguer comme tu dis.
-Je m’en fous d’eux. J’en ai marre de ces vieux cons qui veulent m’apprendre à dresser un esclave.
-Je te comprends. Mais de toi à moi, est ce que ça va?
-De toi à moi? J’ai passé une nuit de merde, j’ai quasiment pas dormi et pourtant je ne l’ai pas entendu se tirer… Et ce matin quand je voulais plus que tout qu’elle m’apporte mon café et qu’on prenne cinq minutes pour discuter j’ai réalisé qu’elle avait foutu le camps… Et là je ne sais pas trop quoi faire…
-Elle?
-Oui elle! Pourquoi ça te pose un problème?
-Ho non aucun. Je suis juste surpris. Tu prends tes clés et on va la chercher?
-Ha oui c’est vrai que je ne t’ai pas dis. Elle a crevé mes pneus avant de foutre le camps…
Je laisse échapper un petit rire nerveux. Puis me saisit de mon portable et appelle Toutou.
-Profites d’être en ville pour acheter des pneus. Il t’en faut combien exactement?
-Il m’a crevé mes quatre pneus. Répond Isabella.
-Bon achètes quatre pneus avant de revenir.
-A vos ordre Maître.
Je raccroche et sourit en pensant que mon Toutou vient de m’appeler Maître alors qu’il est sans doute en train de faire les courses. Peut être a t’il été entendu ou regardé de travers en disant cela. Mais il l’a dit et ça me fait toujours un petit quelque chose.
-C’est sympa Frédéric. Je te ferai un virement pour te rembourser. M’informes Isabella.
J’hoche la tête, j’aimerai lui dire que ce n’est pas nécessaire mais je la connais assez pour savoir que ça serait inutile de chercher à la dissuader de me rembourser. Je n’ai jamais vraiment aimé les femmes. Mais Isabella fait parti d’un cercle très fermé de femmes pour qui j’ai une vraie tendresse. Un cercle qui ne compte qu’elle, verrue et ma mère.
-Bon, du coup ça s’est bien passé la traque? Me demande Isabella.
-Le mieux c’est que tu le constates toi même. Viens je t’emmène. J’ai un second casque dans le coffre de ma moto.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Isabella se tient accroché à moi tandis que je conduis. La pluie fouette le bitume et les rafales de vents se déchaîne encore. Ce n’est plus un orage mais un véritable déluge. Mais nous arrivons enfin. Je rentre mon bijou dans le garage puis regagne ma ferme avec Isabella.
Nous sommes accueillis par verrue qui nous tends à chacun une serviette chaude et entreprend ensuite de nous débarrasser de nos vêtement trempés avant de les étendre devant la cheminée.
-Le Docteur est arrivé?
-Oui Maître. Il est dans la grange et osculte le cabot Maître.
-Un docteur? Interroge Isabella en me foudroyant du regard.
-Je vais tout t’expliquer. Mais d’abord asseyons nous. Tu veux quelque chose à boire?
Isabelle fait sèchement non de la tête mais consent à s’asseoir puis me fixe avec ses yeux avides de réponses. Si je ne la connaissais pas je me dirais qu’elle est inquiète pour son cabot.
-On l’a récupéré ce matin, pas très loin d’ici. Mais il ne nous a pas facilité la tâche…
-Je t’avais dis de te montrer prudent avec lui! Me rappelle Isabella.
-Je l’ai été. J’étais avec Toutou et Oddy. Mais ton cabot il a une sacrée soif de vivre. Il a planté Toutout avec un tournevis et a défoncé la mâchoire d’Oddy à mains nues. J’ai du utiliser mon taser… Je suis désolé je sais que tu avais bien précisé que tu ne voulais pas qu’il lui soit fait du mal mais je n’ai pas eu le choix. Je vais te rembourser la prestation bien sûr.
Attentive à mon récit, Isabella secoue la tête.
-Non laisses tomber. C’est de ma faute. Il n’aurait jamais dû m’échapper.
-Je peux te demander comment il s’y est prit?
-Il est passé par le vélux, il n’a jamais été sous alarme. Et il a descendu le mur…
-Sportive ton esclave… Comment ça se fait qu’il n’y avait pas d’alarme sur le vélux?
-ça n’a jamais été nécessaire. Mes dernières propriétés me craignaient trop pour oser tenter ce genre de choses…
-Et pas lui?
-Apparemment non…
-Je ne suis pas de cet avis.
Immédiatement le regard curieux d’Isabella se plante sur moi. M’incitant à développer.
-Je pense justement qu’il te craint. La preuve, lorsqu’on l’a rattrapé il te craignait plus qu’ils ne nous craignait. Et c’est pour ça qu’il s’est battu. je me souviens même l’avoir entendu murmurer « Je ne retournerai pas chez elle. »
Je pensais que mes explications lui plairaient. Au lieu de ça je surprends l’espace d’un bref instant un voile de tristesse dans son regard.
-Je peux te poser une question?
Elle hausse les épaules.
-Il n’est pas consentent pas vrai?
-Tu ne vas quand même pas me faire la morale?
-Ho non bien sûr que non. Je connais ton fond de commerce. Et puis franchement ça ne me pose pas de soucis moraux. Elle a l’air fait pour ça en plus. Et puis elle peut s’estimer heureuse de passer entre tes mains. Mais du coup, c’est quoi comme commande? Un particulier qui a voulut se débarrasser d’un voisin trop bruyant? Une victime de viol qui est venu te demander de faire justice?
-Tu dirais quoi toi?
-Honnêtement elle a l’air d’avoir une sacrée force de caractère, ce genre de personnes peuvent poser problème. Surtout que j’ai vu déchaîner sa bête. Mais en même temps… Je ne sais pas, elle n’a pas l’air d’être mauvaise… Et je connais tes principes, tu n’acceptes de t’occuper que des pires. Alors pourquoi elle?
-Non, elle n’est pas mauvaise… Et je ne crois pas qu’elle ait fait beaucoup de mal dans son ancienne vie…
-Pourquoi elle alors?
-Pour l’aider… J’essaye de lui faire du bien. Et en même temps ça me fait du bien à moi aussi. ça serait trop long à expliquer. Mais juste elle je n’ai pas prévu de la vendre à un bordel. Je ne veux même pas la briser, au contraire j’ai envie qu’elle s’épanouisse…
-Qu’elle s’épanouisse avec toi?
Elle hoche la tête.
C’est alors que le médecin entre, accompagné par verrue.
-Monsieur Grégorio, Mademoiselle Isabella.
Il nous salut respectueusement, poignée de main pour moi et baise main pour Isabella.
-Alors Doc?
-Votre Toutou a eu de la chance, l’artère n’a pas été touchée. J’ai posé les points de suture. Mais il va falloir le laisser récupérer au niveau de la jambe. Pour Oddy ça a été plus compliqué. Heureusement l’hospitalisation ne sera pas nécessaire. Mais il va falloir que je lui envoie ma soumise, elle était dentiste dans le temps et il a une dent fendue et une en partie cassée. Bien entendu il va falloir surveiller les deux, je repasserai donc la semaine prochaine. En attendant si Oddy se plaint de maux de tête ou de vertiges appelez moi immédiatement.
-Et pour la proie? Interroge inquisitivement Isabella.
-Elle a la lèvre fendue et le coup de taser ne lui a pas fait du bien. Néanmoins elle est hors de danger et la cicatrice devrait disparaître dans une à deux semaines. Cependant elle est dans un état de fatigue générale assez avancée et elle a poussée son corps à bout. je recommande donc pour elle une période de repos. Et pour éviter de futures évasions je préconise ceci.
Le médecin pose alors un flacon sur la table.
-Ce sérum est le même que vous m’avez récemment commandé Mademoiselle. Bien entendu il faut se montrer vigilant et ne pas forcer les doses. Bien à présent je vous souhaite une excellente journée.
Après de courtoises salutations le doc prend congé. Isabella observe alors le flacon. S’en saisit puis s’en va en direction de la grange. Verrue se précipite pour se saisir d’un parapluie afin de l’accompagner mais je la retiens par le bras.
-Mieux vaut qu’elles règlent ça seules.
Sous une pluie battante, Isabella traverse alors la cour et franchis la porte de la grange.
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