Cette histoire s’est déroulée le jour d’un enterrement. Ce sont des choses qui arrivent. Le défunt était un grand-oncle à moi, que je n’avais pas très bien connu, mais les obsèques avaient lieu non loin de mon village, et quelques autres membres de ma famille s’y sont rendus, alors j’y suis allé aussi, par politesse.
C’était juste avant le printemps et il faisait un temps radieux. Il y avait au moins cent personnes dans l’église, et autant dans le cimetière ensuite. Il y avait des larmes, puis des visages pieux, fermés.
Je ne connaissais pas grand monde. J’ai serré des mains et j’ai fait quelques bises. J’ai salué d’autres personnes d’un simple hochement de tête. J’ai jeté une fleur sur le cercueil de cet homme que je n’avais pas connu plus que ça, puis je me suis éloigné.
Et tandis que tout le monde regagnait le parking du cimetière, j’ai vu cette femme venir vers moi.
Elle m’a dit :
« Tu es Antoine ? »
« Oui, ai-je répondu. »
Elle était plus âgée que moi. Elle portait de grandes lunettes de soleil, une veste en laine noire, une chemise à fleurs grises dessous et un jean assez classique, plutôt serré.
« Je suis Valérie. Je crois qu’on est cousins éloignés, m’a-t-elle dit dans un petit sourire pincé. »
J’ai répondu :
« Oh, je suis désolé. C’est possible… »
Elle a secoué la tête et dit :
« C’est certain. On vient de me le dire. On s’est croisés quand on était petits. Je suis la nièce de Jean. »
Jean était l’homme qu’on venait d’enterrer. Et j’avais beau me creuser la tête, je ne me souvenais que très vaguement d’une Valérie dans ma famille. Elle se tenait à un mètre de moi, les mains dans les poches de son jean, l’air confus. Ses lunettes étaient opaques.
Elle m’a dit :
« Je me souviens bien de toi. Tu avais un vélo rouge et on s’est fâchés ce jour-là. Tu devais avoir sept ou huit ans. J’en avais douze ou treize. C’est loin tout ça, mais je me souviens de toi. »
Sept ou huit ans, c’était bien loin tout ça.
J’en avais à présent quarante-six.
Et cette Valérie en avait bien cinquante, à vue d’œil.
Je lui ai répété que j’étais désolé et elle a répondu :
« Ce n’est pas grave. J’ai aussi appris que tu ne vivais pas loin d’ici ? »
« Oui, ai-je répondu. J’ai acheté une petite maison avec ma compagne, pas loin d’ici. Et toi, où habites-tu ? »
« A trente-cinq kilomètres. Tu ne te souviens vraiment pas de moi ? »
J’ai attendu pour répondre. Je me suis creusé la cervelle. J’avais quelques images du passé lointain en tête, mais Valérie restait floue. Les racines et les branches de la famille étaient nombreuses et complexes. Je me souvenais cependant de mon vélo rouge.
Voyant que je ne réagissais pas, Valérie m’a dit :
« Ce jour-là, tu m’as tiré les cheveux et je t’ai mis une baffe. Ça ne te dit vraiment rien ? »
J’ai remué la tête. Je ne voyais pas.
Valérie a dit :
« Ça ne fait rien. Excuse-moi d’être venue t’embêter. »
« Tu ne m’as pas embêté, ai-je dit. Je suis vraiment désolé de t’avoir tiré les cheveux. »
Elle a souri et répondu :
« Tu méritais cette grosse baffe que je t’ai mise. Tu as prévu quelque-chose dans l’heure qui vient ? »
« Non. J’allais rentrer chez moi. »
« Dans ce cas, je t’offre un verre au café du village ? »
J’ai pris ma voiture, elle a pris la sienne. Il n’y avait pas cinq cents mètres du cimetière à l’unique café du village. Elle a pris un verre de blanc et moi un verre de rouge. Les liens familiaux qui nous unissaient, Valérie et moi, étaient compliqués : elle était la petite-fille de la première femme de l’homme qu’on venait d’enterrer, et moi j’étais le petit fils de sa demi-sœur.
On nous a servi nos verres et nous avons discuté. Il y avait pas mal de monde dans le café. Beaucoup de bruit. Il allait être midi, c’était le moment de l’apéro. Valérie avait une forte poitrine et six ans de plus que moi. Elle élevait des moutons et son époux était agriculteur. Ils avaient deux fils, de vingt-quatre et vingt-deux ans. Elle vivait à trente kilomètres de là.
Pour ma part, la vie et des relations successives avaient fait que je n’avais pas d’enfants. Et ma compagne travaillait ce jour-là.
Ensuite, nous avons tenté de retrouver des souvenirs communs, mais ce fut compliqué. Il y avait bien eu des lieux et des époques, quelques mariages et des communions, mais cela restait flou dans ma mémoire, contrairement à Valérie qui se rappelait très bien de moi.
Selon elle, nous figurions ensemble sur quelques vieilles photos.
Nous avons pris un autre verre.
Valérie avait dû être une fille ordinaire, puis de même une femme. Ni belle, ni laide. J’aimais bien son regard. Elle me souriait souvent, tandis que je lui racontais des épisodes de ma vie, mais ses yeux partaient dans le vague dès qu’elle se mettait à me raconter les siens.
Nous avons pris un autre verre, puis elle a dit :
« Mais dans quelle maison vis-tu au juste ? »
Elle connaissait bien le village, mais n’y venait pas très souvent. Je lui ai expliqué quelle maison c’était et elle a hoché la tête. Elle voyait qui étaient les héritiers de la famille qui nous l’avaient vendue, trois ans avant.
Et c’est ici que je lui ai proposé de venir prendre un dernier verre à la maison. Elle a pris l’air d’hésiter, mais pas longtemps.
Elle m’a répondu :
« D’accord, mais vite fait. Ensuite, je rentrerai. »
J’ai réglé l’addition et nous sommes allés chez moi. C’était à moins de cent mètres de là. Il était un peu plus de treize heures. J’ai fait visiter la maison à Valérie et nous sommes redescendus dans la pièce à vivre. J’ai sorti des verres à pied et ouvert une bouteille de vin.
Ma tête tournait un peu et Valérie souriait.
A un moment donné, elle a dit :
« C’est un très bel endroit. Avec mon mari, on a également conservé les poutres apparentes au plafond, et puis les pierres sur certains murs. Nos fils ne vivent plus avec nous, a-t-elle ajouté en prenant son verre. L’ambiance est différente depuis leur départ. Il y a beaucoup moins de vie qu’avant dans la maison. On se sent vieillir plus vite. J’ai l’impression d’être une grand-mère depuis le départ de notre plus jeune fils. »
On a trinqué et bu en croisant nos regards.
J’ai reposé mon verre sur la table et dit :
« Je te rassure, tu n’as pas du tout les allures d’une grand-mère. »
Elle a souri et dit :
« C’est gentil de me dire ça. »
« Je suis sincère. »
« Je sais bien, a-t-elle dit en reposant son verre sur la table. Mais tout de même, le temps passe plus vite. Je me sens vieille et laide. J’ai même cessé de compter depuis combien d’années je n’ai plus eu de rapport sexuel avec mon mari. Tu te rends compte ? »
J’ai pris une gorgée de vin avant de répondre à Valérie. Elle me regardait dans les yeux et sa question s’est mise à tourner en boucle dans ma tête.
J’ai gardé mon verre entre mes doigts et je lui ai dit :
« Je connais ça aussi… Et pourtant, on n’a pas d’enfants. »
Elle a hoché la tête et dit :
« Ça fait au moins huit ans, tu te rends compte ? »
Avant de lui répondre, j’ai essayé de faire le compte dans ma tête. Et j’aurais dit trois ans. Deux ou trois ans sans rapport sexuel.
J’ai remué la tête et j’ai dit à Valérie :
« Je vois ce que tu veux dire. »
Et elle a aussitôt ajouté :
« Voilà, et à partir de là le temps se met à passer beaucoup plus vite, tu ne trouves pas ? »
J’ai secoué la tête et pris une gorgée de vin.
Je lui ai dit :
« Tu reprends un verre ? »
Elle a vidé le sien et s’est approchée de moi en disant :
« Oui. Ça fait du bien de parler avec quelqu’un qui comprend. »
On a trinqué et on s’est regardés dans les yeux pendant des secondes. C’est long, des secondes. Ce ne sont pas des minutes, mais ce ne sont pas des instants non plus. Ce sont des secondes.
Et c’était notre sixième verre, si j’avais bonne mémoire.
Quelle importance ?
Je me suis mis à tourner autour de la table située au centre de la pièce à vivre, avec mon verre en main. Valérie me suivait des yeux. Elle attendait que je dise quelque chose. Puis j’ai reçu un SMS entre temps. J’ai consulté mon téléphone et lu ces mots de la compagne qui me disait :
« Je rentrerai sans doute un peu tard ce soir bises. »
J’ai reposé l’appareil sur la table et j’ai regardé Valérie.
J’ai fini mon verre et j’en ai repris un.
Elle n’avait pas fini le sien.
Je me suis remis à tourner autour de la table, en passant devant elle à deux reprises, puis je me suis décidé à lui dire :
« Tu serais d’accord pour qu’on ait une relation sexuelle tous les deux ? »
Elle a pris une gorgée de vin avant de me répondre. Je n’avais pas cessé de tourner autour de la table pendant ce temps, en cogitant à la vie, au temps qui passait si vite, aux rides qui s’emparaient de nos visages.
Valérie a dit :
« Oui, je veux bien. »
Quelques minutes plus tard, dans la chambre où je dormais avec ma compagne, tout en me déshabillant, j’ai suivi les gestes de Valérie du coin de l’œil. Je l’ai vue déboutonner sa chemise pendant que j’en levais la mienne. Puis dégrafer son soutien-gorge et libérer ses énormes seins qui pendaient sur son ventre. Ensuite, tandis que je déboutonnais mon pantalon, je l’ai vue déboutonner le sien et le baisser, sans me regarder. Elle l’a plié sur une chaise, puis elle a levé les yeux vers moi un court instant, juste avant de baisser sa culotte et de la jeter sur le plancher de la chambre. Elle avait un gros cul. Je venais d’ôter mon caleçon et de me glisser sous le drap. Elle m’a rejoint, à poil, puis elle est venue sur moi directement. J’étais sur le dos et elle a enjambé mon corps en me regardant dans les yeux.
Ensuite, mon gland a glissé entre ses lèvres qui étaient trempées, et nous nous sommes mis à bouger sur ce sommier, dans cette pièce, dans cette chambre, dans le silence du village. Des ressorts et des lattes de bois ont grincé sous nos mouvements. Ma bite était raide dans la chatte de ma cousine éloignée, et j’ai aimé palper ses énormes nichons qui pendaient en touchant mon ventre.
On s’est embrassés, plus tard. Sur la bouche, avec la langue.
On s’est souri aussi, il me semble, dans cette pénombre, mais on ne s’est pas dit un seul mot.
Puis j’ai joui en elle.
Ensuite, on s’est endormi.
Mais pas longtemps. Peut-être une heure.
Quand je me suis réveillé, elle me tournait le dos et j’étais contre elle, ma bite toute molle logée entre ses fesses.
Je lui embrassé une épaule et elle m’a dit :
« Tu ne regrettes pas ? »
J’ai remué la tête en disant :
« Oh non. »
Elle a soupiré.
J’ai ajouté :
« J’aimerais bien que tu reviennes. »
Elle n’a rien dit.
Elle a repoussé le drap et elle s’est levée. J’ai suivi attentivement les mouvements de son gros cul dans la pénombre et je l’ai vue passer sa culotte, puis son pantalon.
Et, juste avant d’agrafer son soutien-gorge, elle m’a dit :
« Je vais te laisser mon numéro sur un papier. Dis-moi quand tu es seul chez toi et je viendrai. Ça fait du bien de se faire défoncer un peu. Et puis je t’emmènerai des photos où l’on est tous deux, quand on était petits. »
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