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Les vacances de Mia – 2

Les vacances de Mia – 2



Alix revient et dit à sa mère :
— Elle ne va quand même pas faire le service cul nu ! Je suis allée lui chercher une culotte.
— Tu as bien fait, ma chérie.
Elle me tend… une immense culotte, en disant :
— C’est le modèle pour grand-mère.
Je ne crie pas, je ne pleure même pas, me contentant d’enfiler cette culotte ridicule qui me couvre des genoux au nombril. Les deux femmes rigolent…

Je mets vite l’uniforme. C’est une robe noire à manches courtes et garnies d’un bord blanc, comme le col arrondi. Il sent la transpiration d’une autre, ce qui n’est pas très hygiénique, même pour une bonne ! Il y a aussi un grand tablier blanc et un petit diadème en tissu à mettre sur la tête. Cerise sur le gâteau, des chaussures plates, une pointure trop grande.
Les femmes me trouvent pas mal du tout en servante. Elles me font marcher et tourner sur moi-même, tandis que j’imagine ce que j’achèterai avec mon salaire. Alix m’annonce :
— Maintenant, on va tout préparer pour ce soir.
Traduction : «Tu vas tout préparer pour ce soir… pendant que je lirai les potins des people dans Voici». Elle ajoute :
— Encore une chose, Mia. Chaque fois que tu entres ou que tu sors d’une pièce, il faudra faire une révérence.
Elle joue, là ? Elle se fout de moi ? Non, elle attend que j’obéisse, alors… je fais effectivement une révérence, en disant :
— Oui, Mademoiselle.
— Bravo, tu es douée.
— Merci, Mademoiselle.
Je parlerai du service un peu plus tard. Disons que cette première expérience ne se passe pas trop mal. Je me fais bien gronder quelquefois, par Madame et par Mademoiselle Alix, car je ne réagis pas assez vite quand Madame agite la clochette. Celle-ci n’a rien à voir avec la Fée Clochette, c’est une petite cloche en bronze représentant un couple de paysans qui dansent. Là, on se croirait 100 ans en arrière. Après tout, je suis payée pour jouer un rôle et puis, pourquoi dire que c’est humiliant, être une bonne ? C’est un travail comme un autre. Enfin, tout de même un peu humiliant. Surtout quand on est bonne chez des gens riches, qui vous font bien sentir à quel point vous leur êtes inférieur.
Vers minuit, les gens s’en vont. Ouf ! Je suis crevée, je n’ai pas arrêté de courir de la cuisine au living-room. Je dois aller dans le couloir et faire une révérence à chacun des invités, en leur souhaitant un bon retour et une bonne nuit. Certains me refilent un billet dans la main. C’est assez spécial, mais au point où j’en suis… Madame me donne mon salaire : 300 euros pour une petite après-midi et une longue soirée de travail.
***
Durant le mois de juin, Laurence, je veux dire Madame, me demande de venir faire le service une après-midi et deux soirées. Alix est toujours aussi… directive.
Fin juin, mon mari n’avait pas encore décidé de ce qu’on ferait pour les vacances. Et puis, un soir, alors que je viens de rentrer à la maison avec mon caddy rempli de courses, il m’annonce :
— Bonne nouvelle, Laurence et Harold nous invitent un mois dans leur villa de Grasse.
— Sérieux ?
— Oui et ils paient tout, voyage compris. Mais…
Aïe ! Il y a un «mais» !
— … tu devras donner un coup de main.
Je gémis :
— C’est pourtant les vacances !
— Oui et alors ?
— Je serai leur bonne ?
— Nooon, pas vraiment. Il y a une bonne qui loge là. Toi, tu serviras à table et tu l’aideras à faire les chambres, la lessive…
— Alors je ne pourrai pas écrire et répondre sur le Net ?
— Tu auras quelques heures, l’après-midi.
Oh, mon Dieu ! C’est trop généreux ! Je lui demande :
— Et il y aura beaucoup de monde ?
— Je n’en sais rien. De toute façon, j’ai accepté. Point final. Et ne t’avise pas de bouder, sinon tu risques de manger debout, ce soir.
C’est les vacances. Ah, non, pas pour moi ! Et ce n’est pas fini : mon mari m’assène le coup de grâce en disant :
— Ils sont d’accord pour que j’amène Emma.
Emma, c’est sa filleule et ils s’adorent. Inutile de dire qu’Emma ne peut pas me blairer et que je le lui rends bien! Comme je ne dis rien au sujet d’Emma, mon mari ajoute :
— Je me rends compte que ce ne seront pas vraiment des vacances, pour toi…
Ah, ça, non ! Mais qu’est-ce qui va suivre ?
— Alors, le trek au Groenland avec tes copines, c’est d’accord.
— Pour les 15 jours en août ?
— Oui.
Je rêvais de faire ce trek avec les copines. Bon, ça me vaut ça.
***
Grasse, le 7 juillet.

On atterrit à l’aéroport de Nice. Ouf ! Je peux desserrer les mâchoires et les fesses : j’ai peur en avion. Mon mari et Emma, par contre, trouvent ça cool. Ils sont malades, ces deux-là ! Jusqu’à présent, elle ne m’a pas encore sorti de vacheries, trop occupée à roucouler avec son parrain chéri, tandis que je trouillais. Elle est habillée sexy : short en jean trop court et tee-shirt acheté au rayon fillettes, pour qu’on ne rate pas ses 95 B de tour de poitrine. En plus, ce sont des vrais. Garce ! Pour tout dire, je m’en fous que mon mari nique sa filleule, mais qu’il ne me l’impose pas pour les vacances !
Quand on a récupéré nos bagages, mon mari appelle celui qui vient nous chercher. C’est un jeune homme d’une vingtaine d’années, avec un fort accent du Midi. Mon mari se présente, d’abord, lui-même, puis Emma et moi :
— Voici Mia, ma femme, et Emma, ma filleule.
Le jeune homme, qui s’appelle Léo, demande à Emma :
— C’est toi qui viens pour faire le ménage ?
Mon mari répond :
— Non, c’est Mia, ma femme.
Plutôt surpris, le Léo. Il me regarde, puis m’annonce :
— Tu travailleras pour ma mère, c’est elle qui gère le personnel. Moi, je m’occupe de la piscine et de conduire la voiture pendant les vacances.
Mon mari monte à l’avant. Durant le trajet pour arriver à Grasse, il parle avec le jeune homme des motos et des quads qui sont à la villa, ainsi que des endroits où on peut en faire. Moi, je suis à l’arrière avec Emma. Elle en profite d’ailleurs pour se moquer de moi :
— Alors, comme ça, t’as changé de boulot, Mia ? Je suis sûre que tu dois être une servante très stylée.
Sale garce ! C’est grâce à moi si elle est invitée, ici. Ce ne sont pas ses parents qui tiennent un café qui pourraient lui payer ce genre de vacances. Je lui dis quoi ? Mon mari me jette un coup d’œil. Si je ne réponds rien à sa chère Emma, il va m’engueuler. Elle ajoute :
— Tu sais, ça va quand même me faire bizarre, de te voir en bonne. Ce sera avec un uniforme ?
— Mais, non…
Léo, qui conduit, nous dit :
— Ben, si. Enfin, une jupe noire, un chemisier blanc et un tablier.
Oui, ça, c’est un uniforme ! Voyant aussi bien que moi de quoi il s’agit, Emma en profite pour en remettre une couche :
— Super ! Je suis sûre que ça t’ira très bien.
Je pense très fort «Ta gueule !» et je lui tourne le dos pour regarder le paysage. On roule sur l’autoroute «A8» et bientôt, on arrive à Mougins. De là, on prend la route qui monte vers Grasse.
La villa ou plutôt le domaine se situe plus haut dans la montagne. Il s’agit d’une superbe maison du début du siècle passé avec quelques améliorations, comme une grande piscine et deux tennis. Il y a un garage près de l’entrée du parc. C’est là qu’on se gare. Mon mari et Léo prennent les bagages. Alix vient à notre rencontre. Mon mari l’embrasse et présente sa filleule. Les filles se ressemblent : deux grandes brunes à forte poitrine et qui portent des vêtements qui les mettent en valeur. C’est moi qui ai l’air d’une gamine avec mes petits nichons. Alix ne m’embrasse pas. Elle se contente de me dire :
— Je suis contente que tu sois là, Mia. Tu fais tellement bien la bonne…
Les autres se mettent à rire. Aah ? Elle a dit quelque chose d’amusant ?
Alix nous dit :
— Tout le monde est à la piscine ou à Grasse. Je vais vous montrer vos chambres.
Nous avons une chambre au 2e étage. Hélas, avec la vue sur les montagnes, pas sur la mer. Comme les autres chambres sont toutes occupées, Emma devra dormir dans une petite pièce au-dessus du garage. Bien fait ! Alix lui dit :
— Tu seras tranquille, là, ma chérie.
Ma chérie ! Elles se connaissent depuis 5 minutes mais elles sont déjà super copines. Alix m’annonce :
— Mia, tu devras te lever à 7 h 30′ pour que le petit déjeuner soit prêt à partir de 8 h.
Là, mon mari n’a pas l’air d’apprécier. Bien fait pour lui, aussi ! Il n’a qu’à pas m’obliger à faire la bonne. Il lui répond :
— Ah non, elle va me réveiller. Il n’y a pas une chambre pour elle ?
— Non, malheureusement.
Sautant sur l’occasion, Emma demande :
— Je peux dormir avec toi, parrain ? Mia n’a qu’à prendre la petite chambre au-dessus du garage, elle ne dérangera personne.
Je vais la tuer ! Lui ouvrir le ventre pour l’étrangler avec ses boyaux!!
En attendant, Alix trouve que c’est une excellente idée. Après tout, mon mari et Emma sont de la même famille. Tu parles ! Il n’est pas du tout son oncle, juste son parrain. Mon mari me regarde en disant :
— Quelque chose à redire, Mia ?
— Nooon, je n’ai rien dit.
— On fait comme ça, alors.
Alix a encore une petite surprise pour moi :
— Je vais vous présenter. Enfin, pas toi Mia. À partir de demain, tu ne seras plus que la bonne. Je me fais bien comprendre ?
— Oui…
— Oui qui ?
— Oui, Mademoiselle.
Là, je crois qu’Emma va avoir un orgasme.
Je m’en fous d’eux. Dans un mois, je pars avec mes copines et on va dormir chez les Lapons et…
— MIA !
— Oui… Oui, Mademoiselle ?
— Léo va te montrer ta chambre.

A suivre.

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