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La folie du sexe

La folie du sexe



Jeune photographe, Alice B. débarque en 68 à Saïgon, en pleine guerre du Vietnam. Entre deux reportages sur le front, elle découvre la vie dissolue des soldats. Contrainte d’y participer, au début à son corps défendant, elle y prend vite un goût pervers. Elle nous narre ici ses débauches nocturnes et notamment sa découverte des plaisirs saphiques en compagnie de jeunes asiatiques aux corps androgynes. Otage des Viet, elle accepte de jouer un scabreux double jeu, et peut goûter ainsi aux plaisirs des deux camps en payant doublement de sa personne… Depuis, tout lui paraît fade…

Le décalage horaire, la fatigue, la chaleur, tout s’est évaporé à ma première virée nocturne dans Saigon livrée aux G.I. Mon intronisation dans le cercle des photographes et des correspondants de guerre s’est faite sur fond de musique rock et de whisky. La première chose qui m’a frappée dans la ville, c’est un mélange d’atmosphère d’état de siège et d’ambiance de station balnéaire. Des sacs de sable protégeaient les devantures des bars et des bâtiments officiels. On craignait les attentats à la grenade. Des M.P. quadrillaient Saigon, pour coffrer les militaires en goguette qui se battaient après avoir absorbé trop de bière. Perchée derrière Murphy sur une vieille moto Triumph, j’ai été conduite à un bar tenu par un expatrié australien, le Cosmos.

C’était le lieu de rencontre des photographes. Là s’échangeaient les tuyaux pour aller sur le terrain des opérations. Précédée de Murphy, j’ai traversé la salle enfumée. Des ventilateurs semblables à des hélices d’avion brassaient l’air suffocant. Dans un box au fond du bar, deux amis de mon guide devisaient autour de hamburgers et de whiskies. Des sifflements ont fusé autour de la table. Les deux hommes, Lewis et Jimmy, des Américains, fumaient le cigare et arboraient le même look de photographe. Le plus grand des deux, un blond, a interpellé Murphy :

— Tu sors avec une gratte-papier ?

Les rires ont éclaté ; c’était la blague de l’année. Il leur a répondu que j’étais photographe et non pas journaliste de presse écrite ; ça les a douchés. Se serrant pour me faire une place dans le box, ils m’ont servi un verre d’office. Il m’a fallu le boire cul sec après avoir trinqué avec eux. Ils m’ont ensuite pressée de questions sur mon expérience et mes projets. Etourdie par l’alcool, par la musique tonitruante de Jimmy Hendrix, je les écoutais raconter leurs reportages sur le front, leurs anecdotes sur le tourbillon de vice qui régnait sur Saigon. J’étais frappée par l’animation du bar plongé dans la pénombre.

De nombreux soldats flirtaient avec des jeunes Vietnamiennes habillées à la dernière mode US : jupe serrée, corsage, socquettes blanches, bottines à talons pour se grandir. Les longs cheveux noirs, parfois jusqu’au bas du dos, étaient magnifiques. Le maquillage très marqué ne parvenait pas à vieillir les silhouettes adolescentes. Croisant mon regard, Murphy a cligné de l’œil.

— Puisque tu es nouvelle, ce soir, c’est à toi d’en choisir une !

Je ne comprenais pas de quoi il voulait parler ; les autres insistaient.

— Vas-y, c’est nous qui te l’offrons !

Leurs rires entendus, leurs mimiques salaces m’ont mis la puce à l’oreille. Voulaient-ils vraiment que je finisse la nuit avec une fille ? Ma naïveté à propos des mœurs de ces hommes était totale. Pour ne pas les contrarier, ne pas être exclue du groupe, j’ai pointé le doigt au hasard sur une jeune femme perchée sur un tabouret, au comptoir. Sa jupe fendue haut sur la cuisse révélait une peau couleur ivoire. Ses petits seins contenus dans une tunique chinoise sans manche, à col Mao, tendaient à peine la fine étoffe. Quand Jimmy l’a sifflée, puis interpellée en vietnamien, elle a daigné tourner la tête vers notre box. Elle a pris quelques secondes avant de descendre de son perchoir ; d’avance, ses yeux finement bridés supputaient ses gains éventuels.

Embarrassée par la situation, je ne pouvais cependant m’empêcher de trouver la fille troublante. Elle s’avançait vers nous en ondulant des hanches ; je n’avais d’yeux que pour sa bouche pulpeuse, soulignée d’un rouge qui luisait dans la faible lueur des néons. Mes nouveaux amis tapaient des pieds sous la table, me félicitaient de mon choix. Une fois à notre box, la jeune fille nous a salués en inclinant la tête.

— Hello ! Lucy !

D’emblée, son visage lisse m’a séduite. Une douceur s’y lisait, teintée d’innocence – réelle ou fausse. Je la regardais, sans trop savoir ce que les autres attendaient de moi. Si Lucy était surprise par ma présence parmi ces hommes, elle ne le montrait pas. J’allais lui proposer un verre, quand Lewis s’est dressé de son siège.

— Grimpe là-dessus !

Il a écarté les bouteilles et les verres pour faire de la place sur la table. Puis il a pris la fille par le poignet, l’a hissée en la soutenant par la taille. Lucy ne se débattait pas, un sourire docile aux lèvres. Une fois qu’elle a été juchée sur la table, nos yeux se sont levés vers elle. Ses bottines immaculées se collaient au plateau de bois verni. Les bras ballants, elle ne bougeait pas. Les hommes parlaient entre eux, reluquant sans vergogne sous la jupe.

De ma place, je n’avais pas à me tordre le cou pour reluquer moi aussi le slip blanc qui moulait son sexe bombé. Partagée entre la gêne de participer à cette séance de voyeurisme, et mon attirance pour la jeune Vietnamienne, je n’arrivais pas à détacher mon regard de son entrecuisse.

Dans le bar, l’ambiance est montée d’un cran quand la musique des Stones a éclaté dans les haut-parleurs. Comme par magie, telle une marionnette qui échappe au contrôle de son manipulateur, Lucy s’est trémoussée dès les premières notes.

— Cette fille… elle a du napalm dans le sang !

Murphy mordait son cigare devant les déhanchements lascifs de Lucy. Elle se tortillait au rythme du rock nerveux, balançant ses bras en tous sens. Ses longs cheveux noirs balayaient nos têtes pendant qu’elle tourbillonnait sur le parquet improvisé. Quand elle a déboutonné le haut de sa tunique, l’hystérie est devenue générale dans le bar. D’autres filles dansaient sur les tables, les militaires hurlaient comme au stade. La guerre était loin.

Captivée, j’ai vu Lucy ôter sa tunique, la jeter sur le crâne de Lewis. Dessous, elle ne portait pas de soutien-gorge.

— De vraies petites grenades, hein ?

Murphy avait beau me donner des coups de coude, me crier des idioties à l’oreille, je n’écoutais plus. Les seins de Lucy me coupaient le souffle : petits, mais bien dessinés, d’une rondeur parfaite, avec des pointes épaisses, d’un noir tirant sur le mauve. Je n’en avais jamais vu d’aussi excitants. Les larges aréoles s’étalaient comme des taches brunes. Les voir se balancer pendant que Lucy dansait m’a troublée au point que je serrais les cuisses. Ce qui m’arrivait était incroyable. Jamais je n’avais éprouvé d’attirance envers une femme nue. Les seins à l’air, Lucy poursuivait son show, indifférente aux mains qui se tendaient vers ses cuisses pour toucher.

Les mains sur les hanches, elle a défait sa jupe en bougeant d’avant en arrière, les yeux mi-clos, comme si un homme était en train de la prendre debout sur la table. Elle répondait à l’amant imaginaire par des coups de reins qui faisaient trembler les bouteilles. Sa jupe a rejoint sa tunique. Elle était en slip et bottines, dans une atmosphère de folie.

— Tu ne verras jamais ça au Moulin Rouge, hein ?

Pour ne pas contrarier Murphy, j’ai fait non de la tête. Pareil numéro avait de quoi rendre ringards tous les vieux cabarets parisiens. Lucy a cessé de danser, accroupie face à moi. Son slip tendu à craquer moulait ses fesses. Devant, le coton s’introduisait entre les grandes lèvres, laissant entrevoir une abondante toison. Les jambes fléchies, les seins luisants de sueur, elle me contemplait en secouant la tête, bercée par les Stones.

Sur l’insistance de mon voisin Lewis, je lui ai glissé une cigarette dans la bouche. En allumant le Zippo, ma main tremblait. Après la première bouffée, qu’elle a recrachée en dessinant un O avec sa bouche, Lucy a baissé son slip.

Il m’a fallu quelques secondes pour refermer le capot du briquet, stupéfaite par la vision de sa chatte aux lèvres fines, masquées par de longs poils noirs, encore plus soyeux que ses cheveux.

— Tu peux toucher !

Les trois hommes ne s’en privaient pas, se bousculant pour être le premier à poser les doigts sur la toison. Le regard flou, Lucy écartait les cuisses, toujours solidement campée sur ses bottines. On aurait dit un rideau de théâtre s’ouvrant avec lenteur. Les petites lèvres entrouvertes révélaient les contours de l’orifice, dans la fente d’un rose pâle. J’avais à peine eu le temps d’apprécier son sexe que Lucy sautait à califourchon sur Lewis assis à côté de moi.

Perchée sur les cuisses de l’homme, elle a passé ses jambes repliées de part et d’autre du pantalon. Il l’a aussitôt enlacée, pendant qu’elle s’accrochait à son cou de ses bras fins.

— Son truc, c’est le rodéo sauvage !

L’image de l’adolescente innocente s’est volatilisée dès les premiers coups de reins. Une rage sensuelle animait la Vietnamienne ; elle remuait d’avant en arrière sur le jean de Lewis, gémissant aux frottements sur sa queue. Ses petits seins s’écrasaient sur le gilet aux poches pleines de rouleaux de pellicule. Lucy faisait l’amour, au rythme de la musique tonitruante. Elle se donnait tellement que j’ai cru qu’elle allait s’évanouir. Alors qu’elle venait de s’arrêter en plein élan, sur la braguette déformée par l’érection, elle a changé de « monture ». Prenant appui sur la banquette, elle s’est soulevée pour se percher sur moi.

Je m’y attendais, mais ça a été un choc. Elle s’est blottie contre moi, se serrant à m’étouffer. Ses bras se nouaient autour de ma nuque, ses cuisses emprisonnaient les miennes. La chaleur de son corps nu, en nage, l’odeur douceâtre qui émanait de sa peau douce, tout chez elle m’excitait. Son sexe grand ouvert collait à ma jupe comme une ventouse.

— On vous laisse, les filles ?

Comme s’ils pressentaient que c’était un grand moment pour moi, les trois hommes ont baissé leurs cris d’un ton ; aucun d’eux ne la caressait. Leurs regards envieux nous épiaient à travers la fumée qui noyait le box. Avec la même fièvre qu’auparavant, le bas-ventre de Lucy s’est animé sur ma jupe. La moindre vibration de son corps se répercutait dans le mien, m’envoyant des secousses dans le sexe. Ses seins se frottaient sur ma figure ; je me suis surprise à vouloir en capturer les pointes épaisses. Mais Lucy, par jeu, se dérobait, s’amusant à frôler mes joues avec. Pour l’empêcher de chavirer, j’ai posé mes mains sur ses fesses. Je découvrais ainsi une nouvelle sensation sexuelle, plus forte que ce que j’avais connu à ce jour.

J’aurais voulu que cette chevauchée érotique ne s’arrête jamais. Je m’accrochais à son cul, enfonçant avec délice mes doigts entre ses globes à la fois fermes et doux. Mon excitation était renforcée par le mutisme de Lucy, ses yeux brouillés par le plaisir. Pour moi, j’en reste persuadée, elle ne simulait pas pour amuser la galerie.

— Embrasse-la !

Lucy a devancé la demande de Murphy. Cessant d’onduler sur moi, elle a plaqué sa bouche contre la mienne. La pointe de sa langue forçait le barrage de mes dents ; j’ai cédé de bon cœur sous la pression. Nos souffles se mêlaient, nos langues se sont liées en une bataille farouche pendant que Lucy m’étouffait. Ses seins s’écrasaient contre ma poitrine ; mes pointes durcissaient au contact des siennes. Bientôt, son bassin s’est animé de nouveau. Sa toison devenait invisible tant elle ne faisait plus qu’un avec moi. J’avais du mal à maîtriser les secousses de sa croupe sur mes cuisses. Le goût de sa bouche, sucré, imprégné de tabac, me donnait envie d’explorer le reste de son corps. Les hommes dans le box avaient disparu de mon champ de vision ; seuls comptaient les petits seins qui se dressaient.

Quand Lucy a décollé sa bouche, au bord de la syncope, j’ai avalé une grande bouffée d’air. Dans un souffle, elle m’a chuchoté à l’oreille :

— Tu ne me baises pas ?

Sa crudité me sidérait et m’enchantait à la fois. Retirant une main de ses fesses, je l’ai placée entre ses cuisses. Lucy s’est alors soulevée juste assez pour me permettre de la glisser sur son sexe. L’excitation balayait mon inexpérience, le premier contact avec sa toison brûlante, toute moite, a mis le feu en moi. La main écrasée par sa chatte grande ouverte, je découvrais sa chair trempée. Mes doigts déployés entre ses lèvres s’incrustaient dans sa fente. Les palpitations du sexe, pendant que Lucy reprenait son rodéo à un rythme nonchalant, faisaient trembler ma main. Quand mon pouce a pressé son clitoris, elle a frotté ses seins sur ma figure avec fureur. Ses soubresauts gênaient mes caresses, mais cela me poussait à continuer.

Sans ôter mon pouce, j’ai introduit mon index dans son vagin. Il a été happé jusqu’à la dernière phalange, capturé par ses muqueuses aussi souples qu’une bouche. Baignant dans la mouille, mon index n’arrivait pas à bouger, car Lucy avait cessé d’onduler sur moi. Les yeux fiévreux, elle semblait se concentrer sur le doigt qui la possédait.

— Tu me fais mal !

Ses mots contredisaient son expression. Elle me rendait folle. Faisant coulisser mon index dans son vagin, je l’ai masturbée avec la même intensité qu’elle mettait à ses coups de reins. Vautrée sur moi, elle se laissait défoncer la chatte. Quand j’ai ajouté un deuxième doigt, ça a dégénéré. Elle criait, faisait mine de se débattre tout en m’écrasant davantage de tout son poids. Ses fesses tapaient sur mes cuisses quand je la pistonnais. Murphy et les autres étaient aux anges, stupéfaits par notre représentation. Lucy s’est redressée une dernière fois, comme frappée par une décharge électrique, puis s’est affalée dans mes bras, inerte. Elle avait joui dans ma main, qu’elle avait inondée de mouille.

— Tu m’as tuée !

J’ignore si les autres l’ont entendu chuchoter, mais j’ai bien failli jouir au son plaintif de sa voix. Murphy l’a soulevée par les aisselles, mettant fin trop tôt à notre étreinte. J’étais au bord de l’orgasme, il n’aurait pas fallu grand-chose pour que je jouisse sur la banquette. Murphy lui a offert une bouteille de Coca. Pendant que Lucy la vidait goulûment, j’ai remarqué la large auréole de mouille qui tachait ma jupe. Elle s’est rhabillée, a empoché les quelques dollars que lui a donnés Murphy.

L’ambiance est tombée après son départ. Les hommes évitaient de me regarder ; les yeux fuyaient derrière la fumée qui flottait dans le box. De mon côté, j’ai bu plus que de raison.

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