Résumé : Une terrible pandémie ravage la planète. En 2017, un virus mortel a décimé la population féminine de la Terre. Début 2018, la bactérie a muté et a commencé à s’attaquer aux hommes. Fin 2019, les premières et dernières générations succombent au virus. Il ne reste plus que des hommes âgés de 20 à 70 ans. Début 2020, un savant découvre l’antidote : l’ocytocine, l’hormone qui provoque du plaisir pendant l’orgasme. Les hommes doivent faire l’amour trois fois par jour, au minimum, pour secréter suffisamment d’hormones rédemptrices. Pour garantir la survie des derniers hommes, un gouvernement mondial est mis en place et décrète la loi martiale. Une dictature du sexe arrive au pouvoir. Une société entièrement patriarcale et homosexuelle se développe : l’anarchie sexuelle et l’orgie sont encouragées…
Six heures du matin. Le long mugissement des sirènes d’alertes retentissent dans la cité encore endormie. Ces tristes plaintes hurlent en canon et se répondent en un écho larmoyant tels les loups sous la lune crépusculaire.
A l’époque d’avant le Virus, chaque premier mercredi du mois, nous entendions, d’une oreille distraite, ce qui n’était qu’un banal exercice de sonorisation dans un monde en paix. Seuls les vieux, qui avaient connu la Deuxième Guerre Mondiale, frissonnaient à l’ombre de leurs funestes souvenirs. Ils se rappelaient la sirène hurlante des Messerschmitt allemands en piqué qui fondaient impitoyablement sur eux. Mais, aujourd’hui, cela fait deux ans qu’il n’y a plus de vieux. La première et la dernière génération, les plus fragiles, ont succombé à la maladie. Les petits-enfants et leurs grand-parents ne font plus parti du décor. Qu’importe. Depuis la disparition des femmes, ils étaient condamnés. Nous le sommes tous, d’ailleurs. Nous, les derniers hommes…
Décidément, je n’ai pas le moral, ce matin. Pourtant, l’alerte vient de sonner et je dois jouir de n’importe quelle manière sous peine de mort lente. Mais ma déprime passagère a le dessus et je n’arrive pas à trouver l’excitation nécessaire à une masturbation salvatrice.
Comme chaque matin, je saute du lit et me dirige vers la salle de bain. Dans la broîte à pharmacie, je débouche un flacon rose fluo contenant les « Pivies », les Pilules de Survie distribuées gracieusement par l’Etat Suprême. L’aphrodisiaque fait immédiatement effet en désinhibant totalement le sujet. Me voici saisit par une tension nerveuse extrême due à la production accélérée de testostérones. Le phénomène est suivi de l’augmentation intense de dopamine qui se mélange à mon sang. En quelques secondes, je me retrouve en rut…
Mon sexe a enflé très vite. Il est gros, dur et frémissant. Des veines bleutées apparaissent le long de ma verge, comme le lierre sur les murs d’un château. Mon sexe d’homme est devenu un organe obscène et grotesque. Sa vision me dégoûte et m’envoûte à la fois. L’excitation est à son paroxysme. Je bande de me voir bander. Quelle belle bite ! J’ai l’impression de contempler la queue d’un autre homme… « Un autre homme ». Oui ! J’ai envie de baiser « un autre homme ».
Je me précipite, nu, dans le couloir de mon immeuble. Mon vied se balance lourdement entre mes jambes, telle une matraque à la ceinture d’un CRS. Le premier que je croise est mon voisin, monsieur Morin, un sexagénaire bedonnant mais encore bel homme. Il sort de l’ascenseur d’un pas maladroit, les jambes entravées par son pantalon baissé sur les chaussures, occupé à se branler furieusement. Lui aussi doit jouir à tout prix. Lui aussi a pris sa Pivie matinale, comme tous les habitants du quartier, de la ville et du pays. A chaque alerte, l’anarchie sexuelle se répand comme une traînée de foutre. Les hommes baisent entre eux, en urgence, dans un coït désespéré, contre la mort.
Monsieur Morin se fige devant moi. Il lorgne sur ma bite aux abois. Sa langue humecte ses lèvres. Son regard se fait libidineux. La drogue gouvernementale accroît son effet sur nous. Moi, je me sens terriblement viril. Je me dresse, les mains sur les hanches, et exhibe fièrement mon membre tendu. Je toise le vieil homme et je lis la soumission dans ses gros yeux bleus délavés. Il a succombé au charme de mon vied qui l’hypnotise comme le cobra hypnotise sa proie. La montée est puissante. Une rage sexuelle s’empare de moi tandis que mon futur partenaire semble céder à ses pulsions de passif. Il se secoue la queue en attendant mon bon vouloir. La sentence germe dans mon esprit : je vais foutre ma bite en feu dans cette bouche charnue et ridée.
J’att**** Morin par ses cheveux grisonnants et le force à s’agenouiller.
-Allez, vieux connard ! Ouvre ta bouche !
Le sexagénaire s’exécute avec zèle. Il ouvre une grande bouche et déroule une langue chargée. La scène est pathétique. Le vieux a le visage déformé par le rut. Il grimace comme un aliéné en proie à une crise d’épilepsie. J’enfonce ma queue entre ses mâchoires et commence à pilonner sa gueule. Bordel, je suis en train d’abuser d’un vieux en rut !
Mon Dieu, qu’avons-nous fait pour tomber aussi bas ?
Six heures trente. Je suis revenu m’allonger pour fumer un joint de Colzac. Je fixe le plafond et je me sens très déprimé. C’est la descente. « Après l’amour, l’a****l est triste » dit l’adage.
J’ai baisé Monsieur Morin, mon voisin retraité. Je l’ai baisé par la bouche. Il rougissait comme un bœuf dès qu’il avalait entièrement ma bite. Il bavait et hoquetait à chaque « pénétration ». Je me revoie le gifler avec mon sexe lourd et suintant de salive. Il râlait d’une voix rauque en débitant des insanités de vieux vicelard. Et moi, j’ai pris mon pied. J’ai déchargé sur sa face marquée par le temps. Des gouttes de sperme s’insinuaient dans les rides de son visage. Un pli de son front, tel un minuscule caniveau, avait canalisé une giclée de foutre Un ruisselet nacré s’écoulait imperceptiblement vers ses sourcils broussailleux d’où pendouillait mollement une larme gluante et blanchâtre. La langue bouffie du sexagénaire achevait de pourlécher ses babines souillées. Puis, nous nous sommes aussitôt fuit, honteux et humiliés. Chacun a refermé sa porte et s’est réfugié dans un silence coupable. Et pourtant, c’était merveilleux…
Assez rêvassé… Je dois me rendre à mon nouveau travail. Le calendrier m’indique que « l’hebdo-femelle » commence pour ma catégorie. Depuis un an, le Gouvernement applique la « Loi de l’Etalon ». Chaque semaine, la moitié de la population ouvrière masculine sert de femelle à l’autre moitié et vice versa. Ainsi, tous les lundis, mon premier réflexe consiste à consulter ma broîte mail. Je clique sur la Missive Gouvernementale et je découvre les nouvelles instructions : « Citoyen français Tobias Anarcoma, 35 ans. Cette semaine, vous êtes une femelle identifiée VALERIE. Votre nouvel emploi est Secrétaire de Direction, à la Banque Gouvernementale de votre ville. Veuillez vous présenter à votre supérieur hiérarchique, Monsieur Bonastère, à 8h30, en tenue de travail ». Si je comprends bien, je vais me taper de la paperasse… en plus de mon nouveau directeur !
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