Mon entrée dans la vie active se signala d’abord par un attrait pour les femmes. Je n’en avais jamais tant approché et dont le charme me sautait comme au visage. Rien à voir avec les jeunes filles que je croisais dans des soirées avec mes copains. A l ‘époque il me pesait de demeurer dans ce temps benêt adolescent. Je mesurais ce que cela avait d’artificiel. En effet il était vain d’avoir vingt ans même si plus tard sénile je pourrais rétrospectivement embellir ce moment. En tout cas ces femmes nouvelles de chair et d’os m’ouvraient les bras. Tel Ulysse Je rêvais d’y demeurer.
Leur œil effronté me figeait en posture de proie ou de victime. Je goûtais ce rapport trouble et périlleux. Je leur abandonnais volontiers toute initiative. Cela compensait ma timidité native. J’étais désiré. Je n’avais qu’à valider et le chemin était vite parcouru par ces douces femelles. Je n’eus trop pas à attendre. Au bout de cinq jours que je fus embauché, Monique qui devait assurer une sorte de monitorat, m’attirât en une sorte de débarras. J’y devais faire une façon de rangement. C’était une corvée. Personne n’ayant voulu s’y coller. La Monique jusqu’alors avait été sévère pour moi.
C’était une belle femme brune de trente ans et qui vous rebutait par son ton de voix et un abord austère. Le bruit courrait chez ses ennemis qu’elle était lesbienne ou au pire frigide. J’avais accrédité cette thèse et ne me méfiais pas. Je n’en goûtais pas moins son corps anobli par un tailleur classique et le port de bas et d’escarpins noirs. Nous cheminions depuis quelques minutes entre les travées. Il y faisait froid et humide. Après qu’elle eût dit des mots, un silence pesant s’installa. L’air était saturé de son fort parfum. J’admirais devant moi ses hanches.
Je songeais qu’elle allait me laisser là seul durant des heures à achever une mission stupide. J’avais idée qu’elle m’était hostile. Elle m’avait dans le nez comme on dit. Je ne comprenais pas pourquoi car contrairement aux autres je l’avais abordé dès le premier jour sans prévention. Ainsi je la respectais comme celle qui m’intronisait en un univers tout nouveau. Sa personnalité et son style m’en imposaient. Il était vraisemblable que quelqu’imbécile l’avait prévenu contre moi. Elle m’avait injustement pris en grippe. Mon séjour ici dans un enfer tout relatif en devait être le prix.
Nous parvînmes dans une sorte de cul de sac. La lumière en était moins prégnante qu’ailleurs. Avec un sourire cruel elle me fit observer qu’ici les vieilleries s’amoncelaient. Je devrais commencer par là. Elle ajoutât que j’avais droit à écouter de la musique et à me munir d’une bouteille d’eau. On viendrait des fois me visiter et si cela était nécessaire j’aurais alors un renfort. L’idéal fut je les débarrassas de tout cela en moins d’une semaine. J’avais une perspective de mon exil. J’avais peur que les journées fussent trop longues sans compagnon ou vis-à -vis.
Pouvais-je protester ? Au sourire des autres je compris qu’ils étaient trop contents que cela tombât sur moi. Je m’en voulais de débuter ma carrière en pigeon. J’en maudissais à présent Monique. A présent, elle était face à moi et me toisait. Percevant mon dépit et mon amertume, elle me dit : « Ne m’en veux pas. L’idée n’est de moi. Au contraire j’ai proposé un autre pour cela. » J’étais surpris de ce propos d’autant qu’il me parût vrai et sincère. Je découvrais en même un sourire et un air avenant que je ne lui connaissais pas. Je perçus cette ondulation caractéristique d’une hanche de femme.
L’idée me traversa soudain que c’était une femme emplie de désirs pour moi et qu’elle avait masqué jusqu’alors. Je n’eus point de doute bientôt. Elle avait posé une main sur la mienne et de l’autre déjà me caressait le visage. Ces mots fondaient dans mon cœur. Elle déplorait que je fus trop tendre pour ce milieu. Elle se proposait pas moins de me défendre et de me protéger. Maintenant elle était contre moi. Son parfum me chavirait. Fermant les yeux je sentis ses lèvres s’apposant sur les miennes. Je me dis que ce devait être son encouragement pour que j’œuvre ici-bas.
Me libérant à mesure mes mains enfin lui enserrèrent la taille. Elle m’enquis d’aller plus loin et de lui caresser la fesse. Pour une fois je pétrissais un corps merveilleux. J’avais été loin de l’idée que cette femme eût put être lubrique. Dans un souffle elle me glissa : « Attend je vais te faire une gâterie. » En effet elle se coula sous moi. Dans la pénombre cela dura une longue seconde d’éternité. Ce fut je crois la première pipe dont voulu me gratifier le bon Dieu. Les copains ne m’avaient pas menti qui mettait très haut ce geste précieux de la fellation.
Soudain ragaillardi, je jurais à cette femme que je ne la décevrais pas et que j’allais mettre les bouchés doubles pour régenter le débarras. Je nageais en pleine confusion. A vrai dire je ne comprenais pas son geste. Son acte, son désir m’était inconcevable. Je voulais croire à un noble sentiment. J’écartais loin de moi l’idée infamante du sexe. Assurément mes potes se fussent rangés à l’hypothèse vile. C’était une garce. Elle voulait se croquer le joli bonbon que j’incarnais. Autant se servir. Une salope tombée du ciel est toujours une bénédiction.
Je n’eus plus de nouvelles d’elle au cours de la journée. Outre d’aller rejoindre les autres à la cantine, j’eus la visite d’un jeune gars qui m’était plutôt antipathique. Monique l’avait envoyé pour voir si je m’en sortais. Il me dit d’une grimace que si j’avais des difficultés il devrait s’y coller lui-même et m’aider. En un regard nous convînmes l’un l’autre qu’une telle perspective ne nous enchantait guère. La fatigue commençait à me gagner. La musique du transistor me tapait sur les nerfs. J’avais envie de grand air et de lumière. Esclave j’aspirais à sortir de ma caverne.
Quelle ne fut pas ma joie de revoir la chère Monique. Elle venait me libérer. A ce titre elle avait obtenu que je ne pointe pas l’après-midi. Bref j’avais loisir de déguerpir dès seize heures si l’envie me prenait. Elle voulait marquer par là qu’elle me ménageait. Je ne pus réprimer un regard sur ses cuisses et ses seins. Elle sourit ravie. Je ne pouvais davantage réprimer mon désir. Elle ne fut pas peu fière d’apprendre que j’avais pensé à elle tout du long et que cela m’avait consolé à ma tâche. Mi-sentencieuse, elle répondit : « Bref je dois te dédommager ? »
A la façon d’une panthère, elle se coula jusqu’à moi. Nos bouches se collèrent. Nos langues se mélangèrent. J’y ajoutais la fougue dès à présent. Quel chemin parcouru depuis le matin. Au morveux timide avait succédé en un seul coup, un mâle gourmand et impatient. Ainsi ne fus-je pas peu étonné de voir ma main se glisser sous sa jupe. Je pus palper le tissu d’une fine culotte et m’assurer qu’elle portait en effet des bas. Une chair douce et frémissante trônant à la naissance de ceux-ci. Sa main vicieuse poussa la mienne à lui pétrir la chatte. Celle-ci étant humide.
Elle m’entraîna plus loin dans la pénombre. S’étant avisée d’un bureau, elle se jucha dessus et écarta les cuisses. Point besoin de retirer la culotte. Je pouvais à loisir la pénétrer ainsi. L’idée m’effleura qu’elle était familière de tels gestes et qu’ici maints types l’avaient sûrement bourré. Ce fut une de mes premières blessures d’amour-propre. Je n’étais pas tant le prince charmant qu’une nouvelle queue pour elle. Je ne l’en baisais pas moins avec plus de rage peut-être. Ma bouche lui dévorait un sein qu’elle avait habilement extirpé. Elle criait des insanités en jouissant.
Sensation merveilleuse d’éjaculer entre ses cuisses et de me délester outre du foutre de tout le triste de ma jeunesse. C’était une naissance d’homme. Je lui en serais gré. Des sortes de larmes me vinrent aux yeux. Émue elle-même, elle n’en sourit pas moins. A nouveau agenouillée elle me suçât voulant recueillir cette goutte du sperme sur mon gland. Je n’avais jamais connu tant d’abandon. Sur le champ j’eus accepté de m’enfuir avec elle jusqu’au bout du monde. J’eus des mots d’amoureux dont elle se moqua. «Ne sois pas puéril mon chéri ! » dit-elle.
Le rituel était le même. Elle venait le matin sur les coups de dix heures pour me sucer et être prise. En guise de cadeau je pouvais faire de même peu avant seize heures. J’obtins un matin par caprice qu’elle me laissât sa culotte. Je pouvais croire qu’elle en avait une autre de rechange. Quelle ne fut mon étonnement lorsqu’au soir, elle m’avoua n’en avoir pas. Aussi s’était-elle baladée quasi cul nue et à l’insu de tout le monde. Cette circonstance ne l’avait pas peu excité. D’autant que certains mataient souvent sous les bureaux. J’étais un peu outré d’un vice si revendiqué.
Une autre fois elle tint à ce que je renonce au bus. Elle voulait me raccompagner dans sa voiture.Après maintes caresses et après qu’elle eût découvert dans la pénombre du soir la bicoque où j’habitais, elle exigea que je la baise sur la banquette arrière. Elle n’avait cure des quelques passants. De toute façon nos ébats généraient tant de buée qu’il était impossible d’y distinguer quoique ce soit. Elle m’intima à ce que je prenne son autre trou. D’abord malhabile mais conduit par sa main, je parvins à l’enculer. Plus tard je pris goût à cette chose des plus cochonnes.
J’avais œuvré trop vite à mon goût. Le débarras était rangé. J’allais réintégrer une place plus ordinaire parmi les autres. Je n’aurais plus d’intimité avec elle. Elle en parut elle-même chagrinée. Selon toute vraisemblance elle recherchait un expédient. En attendant elle avait résolu de me raccompagner tous les soirs et nous baisions comme deux fous. Nous nous engueulions souvent du fait que j’étais jaloux tant de son mari que d’autres amants supposés. Entre temps j’avais su en effet sa réputation de garce confirmée. Elle goûtait les jeunes et tous les cadres l’avaient baisé.
Elle supportait moins ma morosité à son endroit. Je me sentais sa dupe. Je m’en voulais de m’être tant attachée à elle. Je l’eus voulu que pour moi seul. C’est là qu’elle me présentât à Marguerite, une de ses amies. Celle-ci était mariée au concierge. C’était une créature plantureuse de cinquante ans qui avait du cependant être une femme magnifique en ses jeunes ans. Comme les autres je la reluquais juchée sur ses mules à talons. Là-dessus, elle dandinait du cul. Certains de mes camarades avaient obtenu ses faveurs. Elle et Monique faisaient bien la paire.
Les deux ensemble me firent la morale. Je devais grandir et ne plus m’enticher de ma pauvre Monique. C’était toxique de mélanger sentiment et cul. J’eus du mal à me résoudre à cette impitoyable vérité. Elles recoururent aux grands moyens. A la pause déjeuner, je vins à me trouver avec elles en le lit de Marguerite. Le mari étant absent ce jour-là. On me fit boire. Tout tourna vite à l’orgie. Je découvris surtout le surcroît de vice de Marguerite. Monique abandonnant un moment le champ. Il parût assez vite que Monique s’effaçait pour cette autre et amie. J’en fus assez triste.
Par la suite la perfide Marguerite tint à me convaincre que j’avais bien mal placé mon cœur dans cette personne (Monique) qui couchait avec le premier venu. Je fus effaré de la longue liste de ceux qui avaient profité. La vénalité aurait pu excuser certains choix. Pour d’autres seule une insondable lubricité pouvait donner raison à ce qu’elle s’offrit. Ainsi ne parvins-je pas à comprendre que même Ahmed, le laveur de carreaux, ait pu un jour la culbuter. Mais pour finir et à ma grande honte je consentis maintes fois à ce qu’elle me raccompagna jusqu’à chez moi.
Ajouter un commentaire