J’avais accepté de boire un verre avec mon ancien ami Bob. Je lui avais annoncé clairement au téléphone mon changement de vie et que j’étais mariée et à présent flanqué d’un môme. Il avait éclaté de rire et n’en avait pas moins insisté pour boire ce verre d’autant que dans la foulée il me balançait lui-même qu’il était marié et rangé des camions. Bref notre rencontre ne pouvait être qu’amical et honorable. J’étais poussée par la curiosité de revoir un témoin de mon ancienne vie par trop tumultueuse et que j’avais en partie renié. S’y mêlait indubitablement un brin de nostalgie.
Je n’avais pas mégoté ce jour sur mon accoutrement. Ayant dépassé allègrement mes quarante balais je n’avais pas renoncé de séduire. Aussi vins-je sous un manteau de cuir avec une tenue sexy. Notamment une jupe courte de cuir et des bottes assez hautes jusqu’à paraître telles des cuissardes. De même que le maquillage outré essayait davantage d’effacer l’injure du temps que de subjuguer mon mâle. Les regards des quelques hommes dans la rue ainsi que celui du barman me confortèrent que j’avais touché dans le mille. Bob ne put s’empêcher de ricaner et de balancer quelque vacherie.
« Heureusement que tu m’as prévenu de ton mariage, je n’en aurais rien cru. » Je lui rétorquais que j’avais fait une exception pour lui ce jour-là en souvenir du bon vieux temps. Il n’en crut rien d’autant que la suite de la conversation put le renforcer dans son préjugé. Il avait voulu savoir qu’elle était l’heureux homme qui avait eu la témérité de m’enfiler une bague au doigt. Ce ne pouvait être qu’un nigaud qui ignorait de mon passé. Je le détrompais. Au contraire c’était un de mes clients assidus du bar à hôtesses et qu’il avait pu lui-même croiser l’époque. Il me dit non à sa photo.
Quoiqu’il en soit ce dernier avait toujours eu le béguin pour moi et avait voulu toujours m’arracher à mon genre de vie me parlant déjà de mariage ce que je trouvais à l’époque fantasque et carrément grotesque. N’empêche il avait déjà à l’époque le bras long. C’était une grosse huile à l’ambassade du Liban. Il se vantait d’avoir pour amis des gens importants du gouvernement. Je pus l’éprouver quand survint ce jour fatal où avec une amie nous fûmes ramassées un soir sur le trottoir peu loin d’avenue Foch. J’avais jusqu’ici pu échapper à cet inconvénient. Ce fut plus que désagréable.
Je cédais en même temps que ma copine à la panique d’autant que les poulets ce jour-là furent féroces. Je pense qu’ils en rajoutèrent sur notre compte. Du moins c’est ce dont m’assura un avocat que le bon ami nous dépêchât et après que je pus faire parvenir à celui-ci l’adresse du commissariat. Ce fut un coup de fil venu du ministère de l’intérieur qui démêla le tout. L’inspecteur de police à moitié furibard me balança : « ça sert de baiser avec la chancellerie. » Je bénissais mon libanais. Je n’avais d’autre ressource que d’accepter de déjeuner avec lui ce que je m’étais toujours refusé.
Je n’étais toujours pas quitte avec la loi. L’avocat du libanais devait s’assurer que mon casier judiciaire demeurât vierge. Je cédais au mauvais goût de dire : « J’aurais au moins sauvé cela. »
Bref j’avais eu une sacrée frousse. Je renonçais pour le coup à mes sorties nocturnes. De toute façon outre les flics j’encourrais des fois de tomber sur des barjots. J’avais toujours décliné le renfort musclé d’un souteneur. Je réfutais face à mon libanais que ce que je faisais ce soir-là. Bref le trottoir. Il y avait eu simple méprise. Nous discutions sortant de boîte. D’où notre tenue par trop évaporée.
Il avala à moitié mon conte. Je dus être gentille avec lui. Je lui concédais quelques nuits en son lit et bel appartement. J’y prenais goût. Non pas à sa queue mais à tout ce confort. Je me sentais vieille. Je n’avais plus cœur à me geler les miches dehors. J’allais traîner encore des fois au bar à putes ce qui le révoltait. Je me gardais surtout de lui dire mes services à une certaine demoiselle Caron. Celle-ci notoire maquerelle sur la place de Paris nous dégotait à des filles comme moi de grosse huiles de passage en la capitale. Avec elle j’étais assurée de bons et beaux billets. Puis c’était une vieille amie.
En fait j’eus droit à une sorte de chantage. L’avocat m’expliqua que je devais prendre le large à tout prix durant un mois et quitter la France voire l’Europe. Ce n’est qu’à cette condition que ma mésaventure pourrait être effacée des fichiers. Je ne sais comment j’ai pu croire à un tel bobard. A l’époque il faut dire j’étais fébrile et en panique. Bref je me raccrochais désespérée à la planche pourrie que me présentait mon amant. Il ne me proposait pas moins que de le suivre durant un mois au Maroc où lui était proposé une mission. Je lui dis oui pour m’enfuir dans ses bagages.
Ce fut une bénédiction. Je tombais sous le charme. Nous nous mariâmes là-bas. J’y tombais enceinte peu après. Tout allât si vite. Revenue sur Paris je m’avisais bien trop tard qu’on m’avait floué, roulé dans la farine. Tout à la joie et découverte de la maternité je crus pouvoir dire non et tourner la page quant à mon ancienne vie. Puis il y eût l’épisode de l’oncle. Un sacré cochon qui mieux qu’aucun autre décelât chez moi que je n’avais tout à fait renoncé à mes vices. Il jouât sur du velours. Je résistais tant bien que mal à ses avances. Ma forteresse était pourvue de faibles remparts.
Un matin mon mari s’avisât que son oncle devait d’urgence récupérer une serviette et la lui amener deux heures après à l’aéroport où il embarquait pour la Turquie. Je dégotais d’avance ladite serviette et escomptait bien la fourrer dans les bras dudit oncle et expédier celui-ci loin de moi. Je n’avais pas compté sur la promptitude du gus et sur ma mise infortunée d’alors : peignoir et rien dessous. En un instant il me gifla et me bascula sur le canapé. Abasourdi je dus me résigner à écarter les cuisses et à subir la besogne du bougre. Mes sens se rallumèrent. Je fus trahi d’un orgasme dont jouit le porc.
J’étais honteuse. Le soir même il eût le front de revenir sous un prétexte fallacieux. Il brandit sa main dont j’eus peur. L’homme était brutal. Mon premier maquereau m’avait soumis ainsi. Aussi ne mis-je pas longtemps docile à lui prodiguer une fellation. Je renouais avec mes anciennes pratiques. On eût dit que je n’attendais que cela. Il triomphait. Il me balançait ce qu’il savait et des rumeurs qu’on colportait sur moi. J’avais fait le trottoir. On pouvait m’avoir à bon compte. Cette nuit-là derechef il s’imposa dans la couche de son neveu et entre autres m’y sodomisa plusieurs fois.
Je ne fus pas peu triste du plaisir que j’y pris. Il n’y avait pas de doute. Les joies du ruisseau m’avait manqué. Mon mari avait le tort d’être un faible. L’oncle décréta qu’il disposerait de loi à volonté et notamment qu’il escomptait que je contentas d’autres que lui dont des amis. Il ajoutât benoîtement qu’il savait son neveu passablement radin. Bref je serais prostituée mais payée grassement. Je ne fis nulle résistance à cela. Cela se passait des fois dans une sorte de bain turc. J’y passais une petite heure avec un type. C’était assez brutal et cochon mais ce genre de pratique m’épanouissait plutôt.
En contraste je jus convenir que mon bonhomme me sautait piètrement. J’avais besoin d’autres choses et de folies. Outre l’argent dont je bénéficiais à nouveau je retrouvais adrénaline nécessaire à ma vie. Ce fut à cette époque que je repris contact avec la Caron. Elle tenait toujours sa sorte de bordel. Du moins avait-elle à sa disposition une liste de clients pour la plupart vieux cochons et qui recevaient chez eux dans Paris. Je tombais bien. Les nouvelles recrues étaient nigaudes et gâchaient le métier. Le plus dur était de ne pas afficher mon nouveau train de vie devant le mari.
Il y avait notamment M Armand qui habitait à trois pâtés de maison et sur lequel je vins à tomber sur lui un soir avec au bras le mari. Heureusement il commençait à faire sombre. Quel ne fut mon étonnement de voir mon bonhomme le héler et le tutoyer. Il me présentât comme son épouse. Le type m’examinât sans paraître me reconnaître. Il est vrai qu’outre accoutrée en pute j’étais chez lui fort maquillée et affublée d’une perruque rouge. Ce fut à la fois terrible et délicieux. Je crus plus d’une fois qu’il allait par maints détails me démasquer. L’un l’autre furent mes dupes ce soir-là.
Je ne vous cacherais pas que j’hésitais à retourner chez lui une nouvelle fois mais la curiosité voire le vice l’emportèrent. Je me gardais de lui adresser un regard trop prégnant qui put révéler et mon trouble et mon identité. Je le suçais avec plus d’âpreté ce jour-là. Il m’enculât alors dans le salon avec la dernière énergie. J’avais envie de lui crier ; « Connard sais-tu que tu encules la femme de ton pote ? » Je ne pus réprimer un violent orgasme dont lui-même fut étonné et flatté. Je ne pus m’empêcher d’en faire confidence à la Caron qui éclatât franchement de rire. C’était si fabuleux !
Aujourd’hui je conçois de me venger d’un mari qui m’avait extorqué à la fois un mariage et un gosse. Je savais que toute sa famille réprouvait cette union. Je tâchais à ne pas décevoir l’intuition que celle-ci avait eu de moi. N’empêche ils étaient en deçà de l’idée de ma dépravation voire l’oncle lequel pensait que je me réduisais aux quelques pratiques qu’il me présentait. Lui-même s’était détaché de moi. Il n’avait voulu que se venger d’un stupide neveu. A la fin il renonçât même à me vendre. Bref je dus m’en tenir au seul réseau de la Caron. Nous fîmes affaire toutes deux.
L’été cependant me vint la fantaisie de me prostituer en plein air et avec d’autres filles près du bois de Boulogne. La Caron cédant à mon caprice m’assurât qu’elle connaissait les flics du secteur et de toute façon me nantit d’un garde du corps discret et efficace. De toute façon trois à quatre fois dus-je monter dans le bastringue des poulets et à tous prodiguer quelques faveurs pour acheter leur silence. On repérait de loin la grande blonde juchée sur des cuissardes rouges à talons hauts. J’avais un indéniable succès. J’aimais être prise contre un arbre ma jupe relevée et peu loin de la circulation.
Je contais toute cela avec délectation ce jour-là à l’ami Bob. Il ne parut guère étonné de mes exploits. Il s’exclama : « Bref rien que de routinier dans la vie d’une femme mariée. » Nous éclatâmes de rire. Je pris d’autorité une de ses mains pour la poser sur de mes cuisses frémissantes et lui dis-je. « Tu pourrais m’avoir pour rien tu sais. J’adore faire ça avec un ami de régiment. » Il sourit et déclinât l’invitation. Il ajoutât j’ai vieilli tu sais ». M’absentant pour un petit besoin je vis qu’il avait fui réglant l’addition. Par la vitre je le vis s’éloigner sur le trottoir claudicant sur une cane.
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