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Une paire de collant aubergine

Une paire de collant aubergine



Ma femme s’absente pour tout l’après midi. Le temps est gris et n’invite pas à sortir. Comme souvent lorsque j’ai la certitude d’être seul, j’ai envie de m’épanouir en écoutant mes fantasmes, d’être ce moi que j’étouffe, qui m’étouffe. Sans projet défini je fouille les tiroirs pour me trouver une tenue érotique. J’aime les collants qui gainent la jambe en la lissant, qui effacent les imperfections de la peau, qui enveloppent mon pénis et mes testicules dans un étui élastique et doux, qui dessine le galbe de mes fesses.

J’en trouve une paire aubergine à demi opaque. Je cherche maintenant un haut un peu court, un peu moulant. Je découvre un tee-shirt en lycra avec des manches trois quart dont le col brodé un peu ample découvre la naissance des épaules. Muni de ce butin je me déshabille devant le psyché de la salle de bain. Je suis nu devant moi. Je suis barbu, une fine barbe grisonnante taillée courte, écume d’une virilité presque complètement disparue aujourd’hui. Un vestige que je garde encore un peu malgré moi pour maintenir l’illusion. Je prends ma tondeuse pour la raccourcir un peu plus, presque l’effacer. Mon buste est recouvert d’une toison bouclée qui ondule sur mes seins, sur le sillon de mon ventre, qui bouillonne autour de ma verge et qui s’éparpille sur mes jambes. Je remets ma tondeuse en marche et sans vraiment réfléchir je la fais courir dans la broussaille de ma poitrine. Je découvre soudain mes seins plus nus que jamais. La tondeuse continue son office, dénudant mon ventre jusqu’à ma toison pubienne. Je pose ma tondeuse et prends le rasoir pour affiner cette fenaison. La vibration des lames qui tournent sur ma peau m’excite et mon pénis s’enfle doucement. Je suis glabre jusqu’à la ceinture et m’émeus de ce buste inconnu. Je caresse ma peau lisse en me regardant avec une nouvelle gourmandise. Mes jambes ressemblent maintenant à celles d’un singe et le duvet de mes fesses devient incongru. Je reprends ma tondeuse et déshabille mes cuisses, mes genoux, mes mollets, mes fesses en paysagiste méticuleux mettant ma peau à découvert, blanche comme celle d’une femme.

Je pose mes outils et me mire de face, puis de profil, puis de dos. C’est une sensation nouvelle qui me trouble délicieusement. La fourrure d’où surgit mon pénis m’apparaît maintenant trop épaisse au regard de ce corps dévêtu. Je reprends ma tondeuse, règle sa coupe à mi-hauteur et attaque ce dernier bastion. Les boucles tombent à mes pieds, généreuses. Insatisfait du résultat trop timide je coupe plus court, puis plus court encore. Mon sexe dressé semble surgir d’une barbe de trois jours et me déplaît ainsi. Alors je me souviens d’un tube de crème dépilatoire aperçu dans un tiroir. Je me badigeonne les testicules, la racine du pénis et le pubis tout entier. Je reste cinq minutes ainsi tout rose de cette audace laissant agir le défoliant. À l’aide d’une spatule j’enlève la crème mêlée de poils vaincus découvrant le velours de ma peau mise à nu, encore invisible quelques minutes plus tôt. Je me rince entièrement sous la douche chaude et me présente devant le psyché ébloui de me voir ainsi

Mes épaules me semblent plus étroites, mes hanches plus larges, mes reins plus cambrés. Je me trouve plus mince encore, séduisante. Une bouffée de désir me submerge. Après avoir fixé des bretelles fines à la ceinture du collant je l’enfile doucement profitant aussitôt de la sensation de cette presque soie que j’aide à remonter le long de mes jambes. J’étire la maille pour empêcher le moindre pli, enveloppe mon sexe redevenu flexible après la douche, fais glisser les bretelles sur mes épaules, ajuste la taille sous mes seins et la couture entre mes fesses, jusqu’à l’anus. Le collant est translucide et les formes bombées tendent la fibre laissant plus visibles les trésors qu’elle retient. Je passe le boléro de lycra noir et brillant qui s’arrête dix centimètres au dessus du nombril. Mes tétons se dresse sous l’étoffe et le moindre relief de mon corps se devine sans effort. Mon pénis est maintenu replié vers le bas contre mes testicules et le tissus élastique épouse chaque volume fidèlement laissant deviné la peau complètement épilée. Le spectacle est ravissant et terriblement excitant. Je chausse des nus-pieds à semelles compensées qui m’allongent la jambe et fais quelque pas étonnés et ravis devant la glace, prenant des poses, me souriant, me draguant m’imaginant en compagnie. Je me caresse d’abord les seins sans me quitter des yeux, puis les hanches, puis les fesses en glissant un doigt entre elles et cherchant mon anus pendant que l’autre main caresse mon pénis qui enfle encore, doucement. J’ai alors l’esprit qui délire et ce n’est plus mes mains qui me font jouir mais celle d’un homme imaginaire, séduit mais dominateur et déterminé. Il me frôle les lèvres avec son pouce (le mien) que je lèche au passage puis que je prends dans ma bouche pendant que l’autre main glisse sur mon ventre puis sur mon sexe gonflé et déjà humide. Je me cambre, tends mes fesses et glisse de nouveau un doigt que j’enfonce plus fermement et me surprends à gémir. J’engloutis mon pouce et l’enroule de ma langue pour le laisser s’enfuir entre mes cuisses, pour laisser ma main, la sienne, se refermer sur le renflement génitoire et le pétrir comme une boule d’argile chaude et odorante. Mon autre main enveloppe mes fesses et mon index replié entre elles pénètre, malgré le collant qui résiste, dans mon anus offert. J’ai les pommettes en feu et les lèvres gonflées. J’implore mon amant rêvé de me prendre, de m’en donner plus !

J’ai, en d’autres séances, préparé un socle de bois percé d’un trou dans lequel je fiche la partie métallique d’un fusil à aiguiser dont le manche, dressé vers le haut, est de forme et de dimensions délicieusement phallique. Je vole à la cuisine chercher cet attirail sans me soucier des baies vitrées grandes ouvertes et des voisins désœuvrés qui guettent à leur fenêtre. Qu’ils me voient me dis-je, qu’ils me désirent surtout et qu’ils se masturbent en pensant à moi ! Je retrouve mon miroir et je m’y retrouve avec délice. Je dispose mes appareils en face, me campe debout les jambes écartées face à lui et de l’index d’une main me caresse l’anus par devant en frôlant ma verge à chaque va-et-vient et fait mine de branler le gland de bois de mon autre main. Puis, sous la pression de mon partenaire imaginaire, je me penche vers l’objet et entreprends de le lécher doucement et de déposer des baisers sur son extrémité. Progressivement je le prends dans ma bouche et le suce avec application tout en me caressant l’intérieur des cuisses, les fesses, le pénis ou les seins avec un plaisir croissant. Je me retourne, me cambre, présente mes fesses à l’objet, me frotte contre lui, le place entre elles que j’écarte de mes deux mains, l’appuie contre mon anus, ondule mon bassin, les yeux mi-clos, la bouche entrouverte, me retourne encore pour le sucer de nouveau, l’engloutir tout entier dans ma bouche. Ma main caresse mon sexe humide et recueille à travers le collant le suc de son plaisir que je dépose sur le phallus de bois pour le sucer de nouveau, plus odorant, plus réel. J’enlève mon tee-shirt comme si on me l’ordonnait, me caresse les seins et suce encore ce gland au parfum renouvelé.

 » Prends moi  » dis-je à vois rauque en regardant dans le vide. J’enduis de lait de toilette, crémeux et blanc le manche du fusil. J’ôte mon collant. Ma verge se dresse, libérée, je suis complètement nu, complètement rasé et ne m’appartiens plus. Je dis : viens, viens, je me retourne et cherche entre mes fesses le gland factice mais bien réel dans mon esprit fiévreux, le sens enfin sur mon anus. J’appuie alors doucement pour qu’il me pénètre. C’est un peu douloureux, je m’éloigne puis reviens, il me pénètre un peu plus loin, ressort puis de nouveau entre plus loin encore, la douleur s’estompe, disparaît et laisse place à un plaisir inouï. Je vais et je viens sur l’outil, jusqu’à la garde en gémissant et me regarde gémir dans la glace me régalant du spectacle de ce corps vibrant, offert et glabre, mes mains sont folles, s’éparpillent sur ma peau avide, partout sans s’arrêter, tantôt me pressant, me pétrissant, m’effleurant et me pétrissant encore l’une d’elle se saisit de ma verge un peu molle et la branle doucement accompagnant le mouvement de mes reins. Mon anus se contracte en spasmes répétés sur l’objet de mon plaisir que je sens jusque dans mon ventre. Je pose mes lèvres sur le miroir contre les miennes, je cherche ma langue avec ma langue, enfin une vague irrésistible me submerge, le sperme jaillit en saccades et me coule sur les doigts, mon anus se contracte dans un dernier et sublime sursaut autour du manche en bois et j’exhale un soupir, un cri, un râle ! C’est fini.

Je me retrouve alors, pantelant et honteux, devant ma glace. Pourquoi cette honte après tant de bonheur ? Pourquoi cet instant terrible qui ruine dans de douceur ? Pourquoi si je me trouvais si joli, si excitant il y a quelques minutes à peine je me trouve ridicule et méprisable en cet instant cruel ? Serais-je aussi honteux avec un partenaire bien réel ? Répondez moi vous qui m’avez lu, réponds moi Eddy, toi qui me permet ses lignes. Merci

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