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Eros au bout du chemin

Eros au bout du chemin



La journée avait été caniculaire et malgré la petite pluie fine, la soirée peinait à rafraîchir l’air ambiant. Tentant d’échapper à l’étouffante moiteur, il avait décidé de sortir prendre l’air. Il prit le chemin qui longeait sa maison. Il venait de contourner le bois quand, alors qu’il s’engageait dans l’allée des platanes, il la vit. Adossée à l’un des arbres, la tête rejetée en arrière, les yeux clos, elle se retenait au large tronc en l’enveloppant de ses bras. Presque nue, vêtue d’un seul T-shirt blanc, elle respirait fort, semblant humer l’air du soir à grandes bouffées. Elle ne portait pas de sous-vêtement et, le court maillot ne couvrait pas son sexe qu’on distinguait entre ses jambes. Les pieds chaussés d’une chaussure à talons, elle avait des jambes galbées, marquées par des muscles légers et saillants agréablement dessinés. Ondulant imperceptiblement son dos contre l’arbre, elle s’imprégnait de sa vie. Elle se lovait avec une lenteur effrénée, jouissant au contact de l’écorce fine. Elle abaissa bientôt la tête, ouvrit les yeux et vit l’homme qui la dévisageait. Nullement troublée, elle fixa son regard un instant, lui sourit légèrement et reprit son manège.

Bouleversé, ému par cette vision insolite, pris d’une panique subite, d’un malaise inexplicable, il sentit le trouble l’envahir tout le corps comme une vague incontrôlable. Que faire ? S’en aller ? Rebrousser chemin ? Se cacher ? Tétanisé par le spectacle singulier, il resta comme pétrifié. Puis, le calme lui revenant, comme s’il craignait d’autres visiteurs, il tourna brusquement la tête, scruta alentour. Il était seul.

Revenant de sa surprise, il ne pouvait détacher son regard de la femme. Il l’épia. Trop occupée à ses caresses, elle semblait ne plus le voir. Il dévisagea la jeune femme. Blonde, les cheveux mi-longs bouclés, la peau légèrement rosie, les jambes écartées, son corps était d’une beauté renversante. Non pas de cette beauté arrogante de la jeunesse, mais de celle d’une femme mûre, la taille déjà alourdie, le ventre délicatement rebondi. Ses cuisses parfaitement dessinées s’allongeaient vers des jambes finissant en des chevilles d’une finesse délicate.

Sans se soucier de l’homme qui l’observait, elle passa sensuellement sa main entre ses cuisses qu’elle caressa avec une extrême délicatesse. Puis, promenant longuement ses doigts au creux de l’aine, elle les laissa glisser jusqu’à son sexe. A son contact, elle eût un léger sursaut. Elle ne put retenir un bref cri suivi d’un long soupir. Elle tourna la tête lentement vers le côté. Soudain, son corps se raidit avant de se relâcher brusquement. Ses jambes cédèrent. Elle plia son buste, jeta un regard furtif sur son ventre avant de se redresser lentement. Alors, elle s’enhardit et couvrit bientôt son sexe de la main. Elle écarta son pubis et, d’un doigt replié, elle le passa entre les lèvres mouillées de son vagin pour trouver la pointe de son clitoris dressé.

Elle souriait à son plaisir. Accélérant son geste, elle tournait la tête de gauche à droite comme dans un geste de dénégation au plaisir qu’elle se donnait. Son autre main entra alors dans la danse de sa jouissance. Elle l’insinua sous son t-shirt le soulevant légèrement. Elle laissa apparaître un sein rond et ferme dont elle prit le téton rebondissant entre deux de ses phalanges. Elle était excitée. Elle respirait de plus en plus vite rejetant sa tête en arrière, puis la balançant d’un côté comme de l’autre. Elle perdait peu à peu conscience d’elle-même. Son corps entier vibrait à ses caresses. Tout à coup, elle s’arrêta en poussant un long râle. Elle jouissait. Sans fin. Elle haletait. Ses jambes se mirent à trembler furieusement. Elle ne se contrôllait plus. Des spasmes parcouraient son ventre. Sa masturbation, un instant interrompue, se fit soudain frénétique. Elle leva un bras pour y enfouir sa tête, elle embrassa gouleusement son biceps.

Resserrant précipitamment ses cuisses, gardant sa main sur son sexe, elle inclina soudainement son buste et resta immobilisée de longues minutes dans cette position. Quand elle se redressa enfin, elle s’appuya à nouveau contre l’arbre et, souriant à l’homme qui l’admirait, elle lui sourit encore et, dans un long soupir, elle dit :

— ¬¬J’ai joui !
— ….
— Eh bien, ne restez pas planté ainsi. Venez !

Revenant tout à coup à lui, il secoua vivement sa tête comme pour sortir d’un rêve. Il s’avança vers la jeune femme. Il était envahi par un étrange sentiment de peur. La peur de l’intimité de cette inconnue. L’impression d’avoir violé son plaisir.

– Vous avez aimé ?
– Heu, oui. Beaucoup… Vous étiez très belle.
– Vous étiez ?
– Je veux dire…
– J’ai compris. Je vous taquine. J’aime qu’on me regarde.

D’un pas hésitant, titubant légèrement, encore sous l’emprise de son plaisir, elle s’affala sur le banc de bois. Alors qu’il s’approchait de la jeune femme, qu’il pouvait enfin la contempler, elle écarta ses cuisses et passa sa main sur son sexe encore humide et mouvant. Elle ferma les yeux et reprit ses caresses avec une douceur répétée. Elle n’avait aucune honte à se montrer ainsi à l’homme qui se trouvait devant elle. Alors qu’il allait lui adresser la parole, elle leva la main et la posa délicatement sur les lèvres de l’homme pour lui intimer le désir de rester silencieux. L’espace d’un instant, il reçut les effluves poivrés du sexe de la femme. A nouveau, il fut bouleversé.
Elle se leva et l’embrassa d’un baiser léger du bout des lèvres. Elles étaient chaudes, humides et douces. Il voulut l’enlacer, la retenir quelques instants dans ses bras. Elle le repoussa tendrement mais fermement, lui sourit et se retournant, disparut dans l’obscurité du champ avoisinant.

– ¬Vous reverrais-je ? s’écria-t-il
– Peut-être…

Il dormit mal cette nuit-là, l’image de cette femme le hantait. Qui était-elle ? Une avalanche de questions l’assaillait. Au matin, il s’habilla promptement et retourna à l’endroit où il l’avait vue. L’allée était déserte et rien ne laissait plus imaginer l’aventure qu’il avait vécue le soir précédent. La journée passa et le soir tombant, il décida de revenir sur les lieux. Pour s’assurer de ne pas la manquer, il vint d’abord plus tôt dans la soirée. Il marchait dans l’allée des platanes avec une lenteur calculée, scrutant l’arbre fatal et se retournant sans cesse lorsqu’il le dépassait. Il allait et revenait sur ses pas en prenant un air détaché alors qu’il priait qu’elle apparaisse. Tentant de paraître aussi naturel que possible dans ses déambulations, il faisait néanmoins de ridicules slaloms entre les platanes des fois qu’elle ait décidé de s’appuyer derrière une des arbres. Quiconque l’aurait vu se serait intrigué de son manège ridicule mais, fort heureusement l’endroit était peu fréquenté.

Il rôda ainsi pendant plusieurs heures jusqu’à tard dans la nuit sans que la jeune femme ne réapparaisse. Il revint le lendemain, puis le jour d’après. Rien. La femme avait disparu.

Les semaines passèrent. L’image de la jeune femme s’estompait de son esprit. Il se sentait enfin apaisé de la vision érotique qui l’avait tant ému et perturbé pendant de longs moments quand, alors qu’il se rendait à l’épicerie de son village, il la vit. Elle était assise sur un banc et attendait l’autobus. Se sentant regardée, elle tourna la tête dans sa direction et lui sourit. Elle portait une robe légère, profondément ouverte dans le dos. Il s’émut à nouveau à sa vue et l’imagina nue, comme il l’avait découverte quelques semaines auparavant. Elle sentit sa gène et, comme pour se faire reconnaître mieux encore, elle glissa sa main entre ses jambes qu’elle avait écartées.

– Tiens, bonjour ! lui lança-t-elle
– B…B…Bonjour, balbutia-t-il

Son trouble était immense. Il revoyait brusquement toutes les images de la scène de l’arbre. Il hésitait à s’approcher d’elle. Et que lui aurait-il dit ? Attisée par la vue de son émotion, elle riait franchement et bruyamment tout en laissant sa main se promener sur l’étoffe de sa robe.

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