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Une vie de….

Une vie de….



Bien sûr qu’on a sa fierté, surtout que le boulot ne fait pas peur, mais la retraite il ne faut pas compter avec. Parfois, certains signes te laissent à penser que…une baisse d’activité passagère, non, non, pas une histoire de carnet de commande, non, nous, mon Boss et moi on est au coup par coup, à l’opportunité, chasseur ou pêcheur tu vois ? Oui de l’artisanat, du petit, on fait beaucoup dans le manuel. Lui, c’est le commercial, tu vois le style, bla-bla-bla et encore bla-bla et si ça suffit pas il en remet une couche. Un têtu, faut qu’il y arrive. Rarement je l’ai vu se casser sans avoir ferré la pièce, de l’ablette à la baleine il assure. Moi je suis là pour finir la bête, le roi de l’estocade je suis…il y a des fois où je me rate, l’autre, le boss il récupère le coup jusqu’à ce que je la mette à l’agonie. Il y a des coups où j’ai honte, faut les entendre les râles, les cris, les halètements, parfois c’est insupportable, ça frise l’opéra, façon La Callas, La Thébaldi, en moins bien, plutôt Céline Dion, bon j’ai droit à tout, à n’importe quoi et même à rien, mais rien de rien ! Le patron ça le rend fou, mais fou agité, et c’est ma pomme qui morfle…j’en suis déjà sorti avec une incapacité temporaire…de la Biafine il a fallu, oui. Dans ces cas là le boss il est pas fier, il compatit sérieux, on dirait qu’il partage ma souffrance, il se planque aux abonnés absents.
T’as compris que notre job c’est pas du tout cuit. D’un côté ça évite la routine, l’ennui, de découverte en découverte on vagabonde et on découvre.
Depuis l’aube de notre jeunesse, cette complicité perdure et surtout s’affine avec les décennies. Tu me diras, difficile de faire autrement. Je me vois pas lui faire la gueule. Lui, me virer ? Bon courage, sauf accident…pour dire vrai, mes premières émotions anticipèrent les siennes, au berceau déjà paraît-il, les tatas étaient des observatrices attentives et émues. « Et bien, celui là, il promet ! »  Puis vint une longue période, très longue où je fus rendu au rang d’ustensiles, utile bien sûr, mais dans un rôle passif, l’ustensile banal. Et je t’att****, et je te range, pas un mot, pas un regard, pas un câlin, rien. On s’y fait tellement qu’il est possible, suivant le patron que tu as de passer ainsi sa vie. Dans mon cas cela dura bien quinze ans. En réalité j’ai commencé ma vie par la retraite. Pourquoi pas ?
Ce devait être un début d’été, sans doute aussi un début de vacances, nous faisions du patin à roulettes dans la rue, deux ou trois gamins. La chaleur et la soif firent que l’un d’eux proposa de se désaltérer chez lui, soit la villa juste en face, ce que nous fîmes. Va savoir pourquoi, les deux autres burent leurs godets à fond la caisse et retournèrent prompto sur le macadam. Le liquide était glacé, je buvais par petites gorgées quand survint la grande sœur, une vieille de trois ans mon aînée. Elle se dirige direct vers le frigo, boit au goulot d’une bouteille d’eau, la repose et enfin me découvre. « T’es vachement grand toi! » , »C’est les patins », Elle se colle contre moi pour comparer, m’arrive sous le menton. « Putain, t’es grand ! T’es en troisième? » J’acquiesce. « Ton oiseau il est grand aussi ? » Et voilà que pour la première fois de ma vie, alors que je suis peinard et tranquille dans le petit bateau, pour la première fois, des doigts étrangers me dérangent. Un, deux, trois qui commencent à me déplier, à me caresser de bas en haut et vice-versa ! Une première ! Et le jeune qui ne dit mot…ces doigts sont frêles, doux, agiles. Ils sont arrivés par le haut, sans doute en écartant les ceintures et maintenant c’est une main entière qui procède à ma saisie totale, à mon enfermement total et je suis soumis à un lent va et vient vertical, à l’intérieur des fringues. Je me sens grossir, grossir, et, comme dans la fable le chétif pénis s’enflait si bien qu’il en crachât ! La main se retire doucement, comme à regrets, emportant l’essentiel de ce chaud, doux et jeune nectar.  » c’est le première fois, hein, ça se voit, t’es rapide ! »  .
Pour les grandes vacances, camping à la plage. Plongée avec tuba, pédalo, petit dériveur…voilà que je repère une jolie dame, style Mireille D’arc, blonde, mince, fluide, une vieille de vingt cinq ans avec deux jeunes enfants. Paraît-il, l’épouse d’un homme belge qui est venu l’installer en caravane et a rejoint ses affaires dans le plat pays. Il est fou cet homme de laisser un si bel objet, vêtu du bikini minimum sur une plage ensoleillée au milieu d’ados en rut. Elle est l’attention de tous, elle le sait. Finalement mon jeune patron se lance; ce fut un de ces soirs d’été comme on les connaît, l’air tiède, le vent léger incitent à marcher en bord de plage et la rencontre fortuite ( hum?) font que mon pilote peu expérimenté n’a pas sût choisir l’adéquate position pour terrain mouvant, que j’ai fini dans le sable, que c’est dangereux, corrosif. Heureusement la grande bleue aux reflets d’argent était là pour un toilettage rapide et une finition dans l’eau salée. J’ai été à la hauteur, le jeune en fut fier et la jolie blonde comblée par son injection de testostérone juvénile du meilleur cru.
Puis vint la rentrée scolaire. Je crois comprendre que mon jeune boss fait deçi-delà des tentatives auprès de copines, je reçois quelques messages, mais jusqu’à l’université, à part quelques coups fortuits ma vie reste calme. Je me souviens d’une cajoleuse, très douce, une manuelle sans doute. Nous nous fréquentâmes assez longtemps, je n’ai connu que ses mains, quelques pudiques baisers sur le casque, des évitements lors des éjections, mais pas eu l’honneur de visiter son intérieur.
Puis l’an 68 vint !
Alors là, je me suis juré plusieurs fois de me syndiquer, mes deux camarades aussi, toujours en limite de rupture de stock. J’ai même relevé une longue journée pendant laquelle j’ai usiné comme un forçât. Faut dire qu’il avait une régulière assidue. Je crois, une jalouse qui calculait de nous sécher, mes petites camarades et moi, afin qu’il se tienne tranquille pour la journée. Et le soir elle vérifiait ! Elle avait juste oublié qu’elle m’entraînait, qu’elle faisait de moi un champion et que toute la ville en profitait. Notez que le l’aimais bien. Doigts effilés, peau douce, sens de la caresse, gradation dans le serré-relâché, bouche gourmande, langue agile, trou délicat, palpitant, gourmet, suivi d’une caverne de soieries humides. Parfois m’organisait une visite guidée dans le vallon d’entre-seins avec léchouille ou succion en bout de course. Le boss devait aimer ses talents, car j’ai exploré ce corps des années et explosé dedans, dessus, minimum trois fois par jour, tu peux compter ça pendant sept ou huit ans? Nous ne nous lassions pas, gentille avec mes copines aussi. Seulement, le boss, entre les coups du matin et ceux du soir, il me faisait boucher tous les trous qui passaient trop près. Jusqu’à onze, oui onze, c’est ce jour là que j’ai voulu chercher refuge au syndicat! Les cadences infernales, les rencontres contre son gré, les mauvaises mentalités, comme bouche trou sans aucune civilité préliminaire c’est pas supportable, ça te transforme en robot tu te crois Charlo dans les temps modernes. Et puis on dit toujours un trou c’est trou mais c’est pas du tout vrai y a vraiment des trous à la con. Tu as le trop étroit ou il faut passer une épaule après l’autre style accouchement mais à l’envers, quand tu émerge de l’autre coté si ça se trouve tu n’est pas à ton aise, pas la place d’usiner, tu te retrouve en pleine sécheresse et si tu joue au téméraire tu te retrouve comme un bout de gruyère sur une râpe. A l’opposé tu as celui où tu rentre en courant, et là tu es perdu, tu a beau farfouiller tu trouve jamais d’obstacle, vite fait tu révise ton anatomie, tu as le sentiment du spéléo qui vient de découvrir la plus vaste cavité du monde, du chrétien qui se sent tout petit dans le transept de la cathédrale de Reims, bref tu te sens tout petit, intimidé, tu t’excuse d’être entré par mégarde, avec un peu de chance tu peux être recueilli par une main chaleureuse qui te guide vers une bouche généreuse et là tu te retrouve dans ton élément, tu fait ton office. Et puis il y a tous les autres. C’est finalement dans la moyenne qu’on trouve son bonheur contrairement à la philosophie, la littérature ou les arts en général où l’on est en quête de génie, dans mon boulot le génie se retrouve dans une anatomie moyenne mais accompagné d’imagination et de fantaisie. C’est vrai que le boss m’a beaucoup déçu dans les grands jours à sailli multiple mais que parfois il me fait rencontrer des mains des bouches des trous et des réceptacles de qualité où je m’organisai de façon à réguler mon activité, mon inflation, mon jeu en fonction du reçu que j’avais des téguments partenaires. Il est évident que quand tu navigue dans une pure soierie tu as envie de t’attarder plus longtemps que dans un lin grossier où la soupline fait défaut.

Bien sûr qu’on a sa fierté, une vie de relations multiples, de rencontres diverses, de mains accueillantes, de bouches vivantes, de langues fulgurantes, de cavernes étonnantes, de vulves épatantes s’ouvrant sur des lèvres charmantes.
Bien sûr qu’on a sa fierté, lorsqu’on a vu tant de mains venir te saluer, te câliner, observer ton inflation orgueilleuse qui provoque l’arrondi de cette bouche qui ne manque pas de te surplomber pour te déguster, qui sait faire durer le plaisir de l’enveloppement de sa douceur, parfois de sa vigueur qui devient ton partenaire de jeu dès la première rencontre, capable de maitriser, de juguler ton émotion jusqu’à n’en plus pouvoir, qui maitrise les vannes de tes hormones et de tes liqueurs.

Bien sûr qu’on a sa fierté, et qu’on est pas fait pour l’introspection du premier trou qui passe car il arrive parfois que ce soit un fou furieux, un avide, un glouton sans éducation qui veut juste te piquer ton jus précieux qui bibliquement est réservé à la multiplication de l’espèce et non à des jeux de vilains. Mais ça c’est difficile à faire comprendre à ton patron, à ces femelles avides de sensations, avides aussi de remplir leurs cahiers de chasse…

Pour conclure, il y en a un que je ne supporte pas. Un petit, un rabougris, un échantillon qui s’en croit, qui se monte le col, qui se pose en concurrent et qui passe son temps planqué, au chaud, sous une toison plus ou moins sauvage, recouvert de deux lobes, telle une vésicule dans un foie, et en plus encapuchonné comme un esquimau. 
Te voilà déjà à découvert, toi le chasseur, alors que lui toujours aux abris, faisant le timide, il faut le déloger. C’est souvent mon patron qui s’en charge et s’en gave même. Moi je lui crache dessus quand j’ai l’occasion. Pourtant, même combat que moi, il a une patronne lui aussi. J’ai même capté une péronnelle, disant un jour à mon Boss qu’elle se débrouillait toute seule, ses doigts et son bourgeon s’entendaient à merveille, que l’introduction…Fou, j’étais ! Le Boss il a été génial, il a pas baissé les bras et moi j’ai hissé les couleurs si haut que j’ai eu les deux amygdales et la queue ! Je déconne, j’ai bousculé son intérieur, perturbé la quiétude de son utérus, et envoyé la purée tellement qu’elle m’a prouvé sa reconnaissance par un gros buco-câlin tellement bon que je l’ai remerciée par un deuxième service. Pendant ce temps l’encapuchonné il a pas sorti sa tronche.

Bien sûr qu’on a sa fierté !

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