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FRIDOLINE: Histoire véridique d’un jeune homm

FRIDOLINE: Histoire véridique d’un jeune homm



Fridoline est un roman écrit en 1926 par Don Brennus Aléra.

C’est l’histoire d’un jeune homme esclave et amoureux que sa Maîtresse transforme en femme et oblige à vivre en femme.

Le récit n’est pas pornographique, il est délicat, mais la cruauté est extrême et va jusqu’au CBT.

Il y a au milieu de l’histoire une perle de pure cruauté [que bien évidemment je ne vous raconterai pas].

Extrait :

La Comtesse Myrtile d’Esseg gagna donc ses appartements particuliers, qui occupaient le premier étage de son château, et y installa auprès d’elle sa mystérieuse suivante.

Lorsqu’elles furent seules, toutes portières retombées sur les portes closes, la Comtesse ordonna :

— Frida, mets-toi à l’aise, c’est-à-dire retire ton chapeau et tes gants, puis tu m’aideras à quitter mon costume de voyage.

Silencieusement, la jeune fille obéit. D’un geste gracieux elle enleva voilette, épingles et chapeau. Faisant glisser ses bracelets vers le coude, elle rabattit ses longs gants glacés, montra un bras de contours un peu musculeux mais de peau fine et soignée et une main oisive, aux doigts fuselés, précieuse par la richesse de ses bagues et, plus encore, par la nacre carminée de ses ongles taillés en amande.

Alors, d’un mouvement naturel, qui révélait une longue et surtout profonde sujétion, elle mit un genou à terre devant la châtelaine et commença à délacer ses hautes bottes de voyage.

Myrtile se laissait faire avec une hautaine indolence ; légèrement renversée contre le dossier du fauteuil, elle tendait, hors des fanfreluches mousseuses des dessous, une jambe nerveuse et svelte, admirablement faite, dont la chair rose rendait vivante la soie claire du bas ; elle abandonnait son pied cambré et menu que délivraient les doigts habiles aux mouvements vifs et précis, soulignés par les reflets chatoyants des anneaux.

Quand les petits pieds eurent glissé dans les mules découvertes, bordées de cygne, Frida se releva et retira le chapeau de la jolie femme. S’agenouillant de nouveau, l’empressée soubrette se mit en devoir d’enlever les longs gants de Suède ; elle s’acquitta de ce soin avec une sorte de dévotion et les gestes attentionnés et frôleurs de ses doigts pour dégager le joli bras de sa gaine souple et parfumée fut une véritable caresse. Elle mit ainsi à nu de beaux bras aux gestes un peu brusques mais empreints d’une souveraine séduction.

Alors seulement la Comtesse se leva, se laissa dégrafer et attendit que Frida remplaçât son costume de route par l’élégante robe d’intérieur qu’elle avait désignée et dont la carriériste maniait délicatement les linons et les dentelles ;

Quand la jolie femme fut à demi-nue, les hautes glaces penchées sur les toilettes et inclinées entre les colonnes des psychés multiplièrent la séduisante image de son jeune corps aux lignes patriciennes. La ferveur de la jeune fille s’accrut encore lorsqu’elle jeta sur ce trésor vivant les vaporeuses fanfreluches du clair et élégant déshabillé et ses doigts eurent un involontaire frémissement en effleurant l’épaule nue aux délicates rondeurs, aux courbes douces, harmonieusement fondues et rattachées à la colonnette ivoirine du cou et à l’albâtre pur du bras.

Myrtile perçut ce frisson ; elle abaissa vivement ses yeux, qui se fixèrent avec une audacieuse précision, puis se relevèrent et plongèrent dans les prunelles bleues qu’embrumait un trouble léger comme l’ombre d’un nuage s’étendant sur un lac italien ou suisse.

Frida soutint mal ce regard et ne put arrêter la montée d’une rougeur qui fut assez vive pour transparaître sous le maquillage.

Le visage de Myrtile se fit sévère, prunelles durcies, lèvres pincées, sourcils froncés.

Après quelques secondes d’un silence menaçant, qui fit courber la tête de Frida et trembler ses genoux, elle articula ces paroles qui eussent plongé dans la stupeur tous les gens de service, s’ils avaient pu les entendre :

— Tu n’arriveras donc jamais à mater ta détestable nature d’homme ? Tu sais pourtant bien, Frida, que je ne veux pas de ces manifestations… de ce trouble… qui est un manque de respect vis-à-vis de moi, une audace d’une suprême inconvenance !

— C’est involontaire, Maîtresse, je vous assure.

— Précisément ! Cela ne m’en déplaît que davantage. Un esclave ne doit pas avoir de sens, surtout quand il est destiné à vivre sous le costume féminin. —

De nouveau ses regards se reportèrent vers le point qu’elle avait déjà fixé et elle dit à mi-voix, comme si elle se fut parlé à elle-même :

— Je ne voudrais pourtant pas être obligée de t’enchaîner sans cesse ; cela nuirait à la perfection de ton service.

Quand la toilette de Myrtile fut terminée, elle gagna son fauteuil et désigna une place à ses pieds à Frida, qui s’accroupit docilement sur un coussin.

Alors Myrtile, en un geste de possession, lui posa une main sur la tête, lui rejeta le front en arrière et la regarda profondément. C’était une véritable emprise, qui dominait Frida en même temps que le regard noir pénétrait jusqu’au fond de son être. La main s’était abattue sur cette tête avec la vigueur d’une serre et les bagues qui luisaient à travers la mousse des cheveux d’or, meurtrissaient le cuir chevelu.

Ayant conscience qu’un fluide s’échappait de sa paume appuyée et de ses doigts en griffes, Myrtile prolongea l’étreinte pour mieux faire sentir son pouvoir à cet être qu’elle dominait.

Quand elle le sentit préparé à recevoir ses ordres comme des lois, elle se décida à parler.

— Frida, te voici définitivement éloignée de France, soumise à mon autorité absolue et réellement captive entre les murs de ce château. Je ne te dis point cela pour te menacer de te rendre malheureuse, je te le dis simplement parce que c’est la pure vérité. Tu es une chose à moi, tu le sais puisque ton esclavage ne date pas d’hier et que c’est par ces mots : « Objet à moi » que je t’ai accueilli quand je suis allée à Paris prendre possession du legs vivant que me donnait le testament de ta tante. Depuis ce jour tu m’appartiens ; tu es esclave, exactement comme l’ont été toutes les créatures capturées dans la guerre et le pillage ou vendues sur un marché. J’ai tous les droits sur toi et maintenant que nous somme revenues dans ce château perdu au fond de mes domaines, je peux les exercer sans limite ; je pourrais te battre, te torturer — et je le ferai si tu le mérites ou simplement si la fantaisie m’en prend — qui m’en empêcherait ? Je pourrais même te tuer, si tel était mon caprice, car ta vie m’appartient et est à ma merci comme tout le reste, je peux donc te parler en souveraine Maîtresse et je vais le faire, car j’entends être obéie.

Elle prit un temps et sa voix se fit plus impérieuse pour dire :

— Jolie Frida, mon esclave, ton passé n’est plus et tu dois l’oublier comme s’il n’avait jamais existé ; même si l’on en parlait devant toi (et il y a bien peu de chances pour que la chose se produise), les mots n’éveilleraient aucun souvenir et surtout aucune émotion. Tu n’as rien de commun avec ce turbulent Fred de Montignac, qui a fait le désespoir de ses éducatrices jusqu’au jour où on l’a habillé en fille. Tu ne te souviens plus qu’adolescent tu vécus sous le nom de Mademoiselle Frédérique de Montignac, auprès de la belle tante qui prépara le changement de sexe si bien perfectionné, si complètement réalisé par moi ; toute cette partie de ton existence est morte avec la baronne de Saint-Genest elle-même.

La voix de Myrtile, si musicale d’ordinaire et si vibrante de claires sonorités, venait d’avoir la sécheresse d’un couperet de guillotine et son geste, en même temps, abolissait le passé d’une manière définitive.

Il semblait au jeune homme qu’elle lui arrachait tout ce qui enveloppait son âme comme on retire les vêtements habillant un corps que l’on veut mettre à nu.

— Qui donc es-tu alors ? poursuivit la Comtesse. Tu es la créature que j’ai baptisé « Frida », que j’ai été la première à appeler de ce nom. Mais il est un autre nom qui te convient mieux encore, car celui-là je puis le changer le jour où j’en aurai assez ; c’est celui d’esclave, mon esclave à moi. Ton nom même ne t’appartient pas ; je t’en donne un, qui est le terme dont je me sers pour t’appeler ; mais je pourrais tout aussi bien dire « Esclave », car tu comprends, tu réponds, tu sais qu’il te désigne et te convient pleinement.

A chaque phrase qu’elle prononçait Frida se sentait diminué comme si, à force de le pétrir entre ses mains autoritaires, elle l’amoindrissait de plus en plus.

Rejetant la tête en arrière, l’écrasant de tout son orgueil triomphant, de toute sa hauteur patricienne, l’éloignant de toute la distance qu’elle avait mise entre eux et qu’elle venait d’accroître encore, elle raidit son bras tendu comme s’il avait été le bras de marbre ou d’albâtre d’une statue, s’efforçant de façonner la pensée habitant cette tête ainsi qu’elle avait façonné ce corps, transformé cette apparence, elle termina :

— Esclave Frida, tu n’es et ne seras pas autre chose qu’une femme ! Il ne me suffit pas que tu t’habilles et te coiffes en femme, que tu travailles et te distraies en femme, que tu vives en femme : je veux que tu sentes, que tu penses en femme !

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