Des cris de joie jaillissent de la fosse.
Enfin ; cela fait dix mois que Hélène et Jean font des fouilles à Herville sur Hâvre.
Le comité archéologique avait donné son feu vert pour deux années de recherches, passé ce délais, si aucun fait probant ne peut prouver l’installation des premiers vikings sur le site alors les subventions seraient coupées et s’en suivrait un retour à l’enseignement. Ni Hélène ni Jean n’avaient envie de redonner des cours à des pré-adultes boutonneux pour qui pré-histoire est synonyme de la Famille Pierre-à-feu.
Alors autant dire que les cris de joie d’Hélène ne veulent dire qu’une seule chose, l’épée de Damoclès vient de disparaître.
Jean se précipite vers la tonnelle, il entre et se dépêche de descendre l’échelle.
Il voit Hélène agenouillée tenant dans ses mains sa petite truelle et dans l’autre une brosse.
Elle relève la tête, des larmes de bonheur coulent sur sa joue.
-ça y est mon chéri, on la trouvé, regarde
D’un geste de main elle lui montre une stèle richement gravée.
-on dirait un hôtel
-oui, regarde, on distingue des motifs fleuraux dans lesquels des branches d’arbres viennent s’immiscer. Mais le plus beau c’est que trois divinités y sont représentées.
– C’est incroyable ! Il est tellement rare de trouver des vestiges en pierre. Mais on dirait…
-oui ce sont bien elles, avec Loki. Regarde Sjön et Freya se font face en se tenant les mains, et juste en dessous on voit Loki tendre sa lance. La déesse de l’amour et de l’érotisme en miroir avec celle de la beauté sous le joug de l’arme du dieu de la fourberie et de la discorde.
– je n’en reviens pas, elle est en tellement bon état. Je suis suis contente, on va enfin pouvoir faire taire tous ceux qui n’ont pas cessé de nous dénigrer. Regarde la strate, là.
Jean regardent
-mais, si je ne me trompe pas, elle se trouve en dessous du niveau que nous prospections, … cela signifierait que…
-oui exactement, la colonisation nordique en Normandie a commencé bien avant ce que l’on ne croyait d’environ au moins cinq cent ans, tu te rends compte ?
Jean n’en crois pas ses yeux, ils viennent de faire une découverte majeure.
-va préparer le treuil et la caisse, on va la sortir de là en douceur.
Il l’embrasse passionnément mais elle le repousse rapidement, trop d’exaltation pour le moment.
Il ressort de la fosse et cours jusqu’à l’appentis récupérer le matériel.
Sur le retour il sent son cœur battre la chamade, il installe le mécano d’aluminium. Pendant ce temps Hélène dégage les pourtours de la stèle.
Quand Jean a terminé il fait descendre la caisse puis retourne au fond de la fosse.
Chacun essaye d’avoir une bonne prise, deux longues heures leurs ont été nécessaires pour arriver au bout de ce labeur, mais maintenant ça y est, ils ont réussit à la ramener à la lumière du jour, au moins mille quatre cent longues années que la lumière naturelle n’avait pas illuminé la roche taillée.
À l’aide d’un petit chariot, ils transportent leur trouvaille dans le laboratoire.
Péniblement ils l’installent sur une paillasse.
Les premières étoiles scintillent, Jean et Hélène devraient déjà être couchés mais cela leur ait impossible. Ils s’affairent à nettoyer leur trésor.
Chacun muni de pinceaux et de petits scalpels, ils dégagent la gangue de glaise et d’agglomérats qui se sont collés au fil des siècles.
Toute la nuit y est passée mais ils ont réussi, un coup de nettoyant doux et d’air comprimé pour terminer et voilà.
-regarde, c’est bien trop épais pour n’être qu’une simple stèle
-tu as raison, il y a bien trente centimètres d’épaisseur
-elle devait être posée à la verticale. Il y a quelques écritures runiques, on devrait…
-aller se reposer
Mains dans la main ; ils rejoignent la chambre et tombent de fatigue.
Il est onze heure quand ils se lèvent. En moins de trente minutes ils sont lavés habillés, pas le temps de se sustenter, ils gagnent le laboratoire.
Ils prévoient une journée d’analyse.
Tout d’abord, envoyer un échantillon de terre pour dater la couche sédimentaire.
Ensuite ils prennent des photos, font une emprunte sur une feuille et une mine de graphite puis prennent des photos.
Une fois fait, ils impriment les épreuves et affichent l’ensemble des données sur un grand tableau.
Il ne reste plus qu’à essayer de comprendre ce que représente vraiment la fresque.
Hélène trace avec un marqueur les contours et les traits des divinités tandis que Jean met en avant les écritures.
Ils prennent du recule.
-voyons, voyons… nous avons deux femmes représentant l’amour et la beauté qui se touchent les mains…
-regarde, elles sont en miroir
-et Loki ? Que fait-il avec sa lance ?
-c’est comme s’il menaçait de son arme
-hummm, dans quel but ? Il est retord le bougre.
-essayons de traduire les runes
-hum, voyons …Loki par son esprit se vengea de Sjön et Freya en leur jouant un tour
-pour cadeau deux anneaux.
-c’est court et ça ne veut rien dire
Hélène retourne vers les gravures « c’est tout de même curieux qu’ils aient gravé leur texte dans un cartouche, ce n’est pas dans leurs habitudes… »
– ou alors ce n’est pas un cartouche…
Hélène prend un scalpel, gratte les contours … » la lame s’enfonce, c’est un couvercle.
Jean regarde, à l’aide de petites lames ils font levier, lentement la plaque de granite se lève jusqu’à se désolidariser totalement du bloc.
Jean la pose sur la paillasse.
-Regarde chérie, il y a un coffret
Avec grande délicatesse elle sort le coffret et l’installe sur un plan de travail libre.
Du bout de ses doigts elle fait glisser la partie supérieure, deux bagues en or finement ciselées repose au fond.
-oh !!! mais c’est Jörmungand, le fils de Loki, il se mort la queue
-regarde chéri, quand on les met côte à côte on remarque qu’elles ne sont pas identiques, les formes et motifs sont en miroir.
Machinalement Hélène en met une à son annulaire et pour jouer elle place la deuxième sur le doigt de Jean.
Une sensation de resserrement se fait immédiatement sentir, il est impossible de les enlever. Il n’y a pas de douleur mais les bagues ne bougent plus.
Le couple fait tout son possible, savon, liquide vaisselle, eau froide…rien n’y fait, elles restent en place.
Gênés il ne savent quoi faire, que vont dire les collègues, c’est un faute professionnelle.
Jean essaye de rassurer Hélène, « aller mon amour, on verra demain, et si on n’arrive toujours pas à les enlever on ira voir un bijoutier ».
Le couple part dans la maison pour prendre le repas du soir, ils sont fatigués.
Assis face à face, ils dînent en silence.
Les bagues semblent chauffer et chacun serre les dents sans rien dire.
Les têtes tournent, Jean chancelle. Hélène, tremblante, l’aide à s’allonger sur le lit.
Malades, ils s’endorment profondément.
Sommeil agité, bouffées de chaleur, maux de tête… la nuit fût difficile.
Jean fût le premier à se lever, comme tout les matins à peine les pieds posés sur le sol, il se dirige vers les toilettes. Une impression de lendemain de cuite difficile l’envahit.
Face à la cuvette il baisse son son caleçon, contracte son ventre et sa vessie…
Une onde chaude coule le long de ses cuisses, immédiatement cela le réveille.
Jean soulève le t-shirt et baisse la tête.
-Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah
Ce cris d’effroi réveille Hélène qui accourt voir ce qu’il se passe.
Quelle ne fût pas sa surprise quand elle vît une femme debout devant la cuvette en train de crier.
-Qui êtes vous ?
Jean se retourne « mais enfin chérie ! c’est moi ! »
Hélène regarde la femme et reste bouche bée, devant elle se trouve … elle même, la femme lui ressemble.
-Mais monsieur ! Qui êtes-vo…
Jean se voit.
-Hélène ?
-Jean ?
-qu’est ce que…
-tu as fait pipi par terre ?
-bin oui, sans…avec l’habitude…
-allez à la douche
Hélène guide Jean, vers la salle de bain. Elle le dévêtit puis fait de même.
Nus tous les deux ils prennent leur douche, chacun se dévisageant.
-ça fait tout de même bizarre
-je trouve aussi ma chérie
-je ne sais pas ce qu’il m’arrive, je sens comme une crampe non douloureuse dans le bas-ventre
-moi je sais ce que c’est
Jean, sous les traits d’Hélène se met a avoir un sourire narquois et lui montre du doigt l’entrejambe.
Hélène baisse les yeux et pousse un petit cri de surprise
-HO !
Elle touche ce sexe en érection qui lui a poussé sans crier gare
-c’est…curieux, encombrant mais comment ? Comment vais-je faire pour que ça redescende ?
-c’est le matin ma chérie, c’est normal, il va redescendre tout seul.
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