Chapitre 23
Le bar de l’Astaro est organisé comme une discothèque de plage et la déco est à l’unisson. Sur la piste de danse qui occupe le centre, un trio de types se déhanche avec deux travestis plus qu’approximatifs sur du disco suranné. Pour ma part, je suis assis sur une large banquette, le dos contre la grosse bedaine de Kumar. Il me tripote les tétons et les couilles en frottant sa bite sur mes fesses. Face à moi, le type à la silhouette d’ado qui se faisait lécher le cul dans le sauna me regarde intensément. C’est un japonais, et contrairement à ce que son physique gracile pourrait laisser supposer, le mec est bien loin d’être un gamin. Probable même qu’il ait passé la cinquantaine mais j’ai toujours eu du mal à donner un âge aux asiatiques.
– On va t’ouvrir l’anus en deux, Kahba, souffle l’Indien à mon oreille avant d’enfoncer sa grosse langue humide à l’intérieur sans cesser d’étirer mes tétines. Serge est un con sans imagination mais il ne t’a pas menti : ce que j’aime, c’est les strapons. Et pas les petits modèles. Mon ami en face, c’est Akiro. Il est japonais. Il ne parle pas beaucoup mais il sait comment faire hurler.
L’intéressé sourit. C’est sa première réaction faciale depuis que nous sommes dans le bar et il a une lueur vraiment flippante dans ses yeux bridés.
– On fait un bon duo. Déjà, ethnique : même si je suis en France depuis longtemps contrairement à Akiro, ça n’est pas forcément facile pour t’intégrer si tu n’es pas un bon petit français de souche. Surtout quand on aime les choses atypiques. Ensuite justement, sur nos choix : préférer les hommes en Inde ou au Japon, c’est compliqué, pour ne pas dire risqué. Enfin, sur nos pratiques : il faut des partenaires très… particuliers. Mais pour toi, Kamal m’a raconté. Et il n’y a qu’à voir l’état de ton cul pour savoir qu’il ne sait pas tout, n’est-ce pas ?
– Avec Kamal, il faut savoir rester prudent…
– J’imagine. Habituellement, il nous adresse des mecs incapables de supporter ce que nous recherchons. Mais toi, tu te doutes bien qu’il a su te vendre. Alors avant que tu décides si tu veux aller plus loin, raconte-nous un peu l’histoire de Kahba !
A l’instar des fois précédentes où j’ai rencontré de nouveaux contacts, je leur raconte mon parcours en m’apercevant qu’il est de plus en plus étoffé lorsque je me tais presque deux heures plus tard. Kumar s’avère particulièrement intéressé par Papa N’Dialo. Akiro pour sa part sort de sa réserve lorsque je parle de De Bontier. Comme quoi même dans leurs différences, les pervers se ressemblent.
Le bar s’est considérablement vidé et l’Indien m’explique que nous sommes proches du « shift », le moment ou les amateurs de bite vont laisser la place aux hétéros des deux sexes. Il m’indique qu’ils ont une petite affaire à régler rapidement avant de partir et me proposent de les retrouver à l’accueil. Je retourne au vestiaire. Il est vide et je me rhabille dans le calme puis je rejoints l’accueil. « Alors cette première fois ? » me demande le gros de l’entrée.
– Très intéressante, merci.
– J’imagine vu que tu as oublié d’enlever ton collier, Kahba ! se marre le mec. Mais pas assez intéressante pour que tu repartes accompagné ou c’est juste que tu as eu ton compte à l’intérieur.
– J’attends deux amis.
– Ah ouais ? Et qui c’est si c’est pas indiscret ?
– Kumar et Akiro.
Le mec siffle en souriant avant d’ajouter :
– Sacré casting pour une première fois ! Et là j’avoue que je peux difficilement concurrencer si tu veux du SM hard. Mais si tu cherches un plan plutôt orienté exhib et groupe, vois avec moi : je connais les bons endroits et j’ai les bons contacts, y compris pour des soirées privées bien chaudes où on est toujours demandeur de lopes pas farouches ! C’est l’avantage de ce boulot : à force on connait tout le monde et ça permet de mettre ceux qui ont des affinités en relation.
– Vous êtes un genre de Meetic du Sauna…
– Exactement, se remet-il à rire. Meetic, c’est tout moi ! Même si ça marche pas pour tout le monde, et tes deux invités sont du lot : vraiment trop extrêmes ! Si tu les accompagnes, prépare-toi à morfler !
C’est sur cet avertissement que débarquent mes deux retardataires. Il suffit qu’Akiro lance un de ses regards flippants à Meetic pour qu’il baisse docilement les yeux et se taise. Après les avoir vu à poils, le contraste est radical : le Japonais porte un costume léger crème sans cravate et Kumar un complet noir qui parvient presque à le rendre moins monumental. Ce sont des coupés sur mesure hors de prix. Lorsque nous rejoignons la voiture de l’Indien deux rues plus loin, l’énorme berline allemande confirme que les deux hommes n’ont pas de problème d’argent. C’est Akiro qui prend le volant et je m’installe à l’arrière avec Kumar.
– On t’invite dans un restaurant du Marais. C’est un peu cliché, je sais, mais la cuisine est excellente et deux fois par semaine, la direction aménage l’intérieur afin d’accueillir des clients qui ont nos goûts particuliers. En disant les choses clairement, personne ne créera de problème si Akiro décide de te fouetter ou si je t’ordonne de nous sucer pendant qu’on continue notre petite discussion. D’ailleurs à ce propos…
Il ouvre sa braguette et me prend la nuque. Quand le Japonais se gare, Kumar a eu tout le temps nécessaire pour éjaculer dans ma bouche.
– Remets ton collier, Kahba.
J’obéis et décide même de pousser l’exercice jusqu’à y fixer la laisse pour la lui tendre ce qui le fait sourire. Avec ses sortes de vitraux opaques, impossible de voir l’intérieur du restaurant mais le clin d’œil que j’ai le temps de jeter sur la carte avant d’entrer indique du très haut de gamme. Au moins en termes de prix. L’endroit est tamisé et décoré avec un raffinement. Les tableaux et les photos qui ornent les murs sont sans ambiguïtés : sodomies, fellations, gangbang, flagellation, fist et j’en passe… du porno choc dans le restau chic. Et la clientèle – même si elle se limite en l’état à seulement deux autres convives – est à l’aune de la déco : un jeune arabe grassouillet complètement nu avec un collier de dressage et des pinces à seins fait face à un vieux barbu en costume trois pièces.
– Bonjour Hubert, sourit Kumar en passant devant la table occupée tout en tirant ostensiblement sur ma laisse, toujours ce même goût pour l’exotisme à ce que je vois…
Le restaurant se remplit lentement d’une faune bigarrée d’habitués. En dehors d’un moment ou le barbu se met à gifler son soumis à la volée avant de disparaitre avec lui par une porte qui mène visiblement à l’arrière du restaurant, nous ne sommes pas interrompus et l’indien prend tout le temps nécessaire pour décrire par le menu et avec f0rce détails son parcours et celui de son compagnon.
J’en retiens principalement qu’il a 34 ans, que ses parents sont arrivés en France quand il avait 13 ans, qu’il travaille comme expert en montages financiers dans une prestigieuse banque d’investissement et qu’il voue une passion absolue à la dilatation et la défonce des culs, le sien compris.
Akiro pour sa part est directeur opérationnel dans un groupe nippon et il a été muté en France il y a 4 ans. Son âge reste un mystère, même pour son camarade de jeux. C’est un véritable sadique. Il a rencontré Kumar durant des soirées en Club peu après son arrivée et ils vivent ensemble depuis.
Tous les deux très investis dans leurs carrières respectives, ils se ménagent cependant le plus souvent des moments récréatifs pour exercer leurs passions réciproques sur les rares inconscients capables d’apprécier leurs « talents ». Excités par la chasse, ils préfèrent chercher la perle rare hors du circuit classique des clubs qu’ils jugent trop convenus et ils écument les endroits glauques et publics.
En parallèle, ils adorent se mettre en scène sur le Web en torturant leurs victimes en streaming et participent activement à des sites privés « no limit » ou ils partagent leurs plans filmés avec d’autres pervers tout aussi radicaux. Aux dires de Kumar, leurs « productions » sont très appréciées du milieu Snuff et hardcore gay.
Je vois bien que l’Indien insiste particulièrement sur l’excitation qu’ils ressentent tous les deux à s’exposer devant une caméra. Et après mes révélations sur les vidéos auxquelles j’ai déjà participé, il finit par me dire clairement qu’il voit en moi la parfaite proie pour sa prochaine production personnelle. Il m’éclaire alors sur sa curieuse passion avec un embarras presque touchant :
– Je… j’ai toujours rêvé de faire du cinéma. Mais j’ai rapidement dû me rendre à l’évidence : un gros porc d’indien, pédé qui plus est, ça ne fait pas rêver. Alors j’ai décidé de coupler mes deux passions, le sexe et le ciné, et j’adore ça ! Attention, ce sera scénarisé. Ça l’est toujours d’ailleurs : c’est plus excitant ! Un peu comme du théâtre mais avec du sang, des larmes et du foutre ! Et tu seras surpris de voir à quel point le taciturne Akiro s’implique dans ses rôles. Je lui dis d’ailleurs souvent qu’il a raté sa vocation et son… enthousiasme et d’après moi la raison majeure du succès de nos créations !
De fait, en croisant le regard minéral du Japonais, je n’ai aucun mal à croire que la terreur de ceux qu’il torture devant l’objectif n’est pas forcée. Pas plus que leurs supplications.
– Et vous avez quel genre de scénario en tête me concernant ?
– Compte-tenu de ce que tu as déjà fait, je vais devoir être créatif ! J’aime bien le bon père de famille hétéro qui arrive en prison et qui est transformé en une lope larmoyante par les détenus et les gardiens. Ça demande pas mal de moyens – notamment pour avoir des décors crédibles – mais nous n’en manquons pas. Pas plus que d’amis déterminés pour tenir des rôles de vi0leurs.
– Mon seul souci c’est que je veux bien souffrir mais pas être reconnu. Et si vous souhaitez un contexte crédible, je ne me vois pas cagoulé alors que je suis censé être un prisonnier, ce serait ridicule.
– Voyons Kahba, tu finiras tôt ou tard filmé à visage découvert. D’ailleurs, regarde le nombre de personnes qui savent déjà ce que tu es depuis que tu es devenu une pédale, y compris dans le cadre de ton travail. Réfléchis à cette contrainte que tu t’imposes du côté du voyeur : s’il voit un film de ce genre, c’est que ça l’excite. Le seul risque que tu prends s’il te connait c’est qu’il vienne te voir pour te faire subir ce que tu aimes.
– Ca n’est effectivement pas totalement illogique…
– Je dois cette façon de penser à Akiro car j’avais la même appréhension que toi avant. Surtout par rapport à ma famille. Mon père me tuerait s’il savait… Que tu sois reconnu par quelqu’un que tu connais n’est donc pas le problème. Il faut par contre être prudent pour que d’éventuels voyous ne fassent pas le lien avec ton identité sociale car là, tu risques le chantage. Mais c’est plus un risque pour du porno amateur classique. Dans le cadre que je te propose, la diffusion se limite à ceux qui partagent le même intérêt que nous pour les perversions et l’inavouable. Et ça les lie autant que ça nous lie. Alors ?
– Alors j’aimerai bien voir vraiment de quoi on parle déjà.
– Je comprends et c’est le minimum. Je te propose que nous allions chez nous après le dîner : comme tu peux l’imaginer, notre loft est parfaitement équipé et on pourra s’amuser en Cam. Akiro a bandé toute la journée mais sans vraiment pouvoir exercer son art pour la douleur et moi j’ai envie de te travailler avec certains de mes très gros jouets. Une bonne pute maso comme toi devrait apprécier. Ensuite, nous te montrerons des vidéos qui parlent d’elle mêmes…
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