Une nuit d’hiver.
Je suis montée à ma chambre vers minuit et demi, un peu fatiguée à vrai dire, et je me suis demandée dans quoi je m’étais encore embarquée… mais une parole est une parole, alors let’s go.
J’ai commencé par mettre en route un chauffage d’appoint dans la chambre, et j’ai relu ton message. J’ai allumé une guirlande que j’aime bien, et j’ai éteint toutes les autres lumières, pour une luminosité plus douce. Je me suis déshabillée entièrement, et nue, je suis allée choisir une culotte.
Je me suis décidée pour une que je mets très rarement, et que j’ai depuis plus d’une décennie. Je l’ai presque acheté quand je sortais de l’adolescence, et comme à cette âge les choix peuvent être curieux, elle est d’allure un peu vieillotte, elle plairait à ma grand mère, blanche, presque entièrement de dentelles, et trois petites roses au centre sous le nombril, cousues sur le nœud. En fait, c’est la première culotte « sexy » que j’ai achetée, elle était très chère, et aujourd’hui encore comme neuve. Je ne sais pas pourquoi finalement, c’est elle que j’ai choisi hier soir, mais j’en suis heureuse.
J’ai enfilé la culotte, et j’ai mis en route la minuterie de mon téléphone. Je voulais avoir l’esprit libre, ne pas essayer de calculer le temps, c’est pour ça que j’ai mis ce réveil.
Je me suis assise sur le lit, et j’ai noué un collant de nylon sur mes yeux, le noir m’a engloutie. J’ai passé mes mains de mon ventre à la poitrine, au cou, et je suis redescendue jusqu’aux chevilles… j’ai essayé de me souvenir l’ordre que tu m’avais proposé, et puis il m’a semblé qu’il fallait que je fasse au feeling aussi. J’ai passé plus de temps que prévu à ces caresses très légères, superficielles, comme si je prenais la tension de la journée et que je me lavais d’elle. J’ai été étonnée de sentir mon corps aussi dans le noir, ma peau, alors que je savais qu’il y avait de la lumière autour. En fait, il m’arrive de me caresser dans mon lit, la nuit, dans le noir. Mais c’est totalement différent, lorsqu’il y a de la lumière et qu’il n’y a que soi-même qui ne voit rien, le bandeau sur les yeux. Même dans ma solitude, la chambre vide, l’idée que j’aurais pu être observée étaient excitante et changeait les sensations que j’aurais pu connaître. Et puis je n’étais pas vraiment seule. Tu étais invité.
Je me suis allongée, les draps étaient froids dans mon dos. En fait, le bandeau décuple les sensations, c’est évident, mais c’était une première pour moi, donc j’en ai été impressionnée. J’ai glissé ma culotte sur mes chevilles, et j’ai noué mes mains avec, de part et d’autres. Je suis restée assise, la tête dans mes genoux, le bandeau sur les yeux, les mains aux chevilles. Sans y penser, mes mains ont caressé mes chevilles, mes pieds, et j’ai été surprise de la douceur de mes mains, de mes caresses, je ne me voyais pas comme ça, aussi douce. Je me suis rappelée que certains adoraient les pieds, et je me suis sentie proche d’eux à ce moment là . Ça m’a fait un bien fou, ces caresses. Ma bouche sur mes genoux, naturellement, les lèvres les ont embrassés, et là, si seulement on m’avait embrassée des genoux jusqu’à l’intérieur de mes cuisses, jusqu’à mon sexe.
La contrainte positive, dis tu…
J’ai roulé sur le dos, et j’ai pensé à la position que j’avais, assez humiliante pour le commun des mortels. Les mains près des chevilles étaient aussi très près de mon sexe, alors j’ai glissé un doigt juste à sa porte, et j’ai été surprise de voir que j’étais trempée… Je crois que c’est là que je me suis souvenue que tu m’avais incitée à penser pendant ce quart d’heure à toutes les personnes qui avaient joui en regardant mes vidéos, couples, hommes, femmes. J’ai essayé de me concentrer, mais j’étais plus dans les sensations et dans l’envie de tout retenir, pour te les partager ensuite. Ta présence bienfaisante et protectrice, comment te dire… c’était exactement ce dont j’avais besoin, toi gardien, ce symbole, comment as tu deviné ? J’étais sincère hier lorsque je te disais qu’imaginer ta présence risquait de m’intimider. J’aime bien être seule… Et ta réponse m’a scotchée. Bienveillance est vraiment le mot.
J’ai roulé sur le côté. Mes doigts ont effleuré mes lèvres quelques temps…
Même si la musique de mon réveil est très douce elle m’a fait sursauter. J’ai enlevé mes mains de leur lien et enlevé rapidement mon bandeau, éteint la musique. Nue, j’ai eu envie de me caresser encore… je me suis rallongée, une main entre mes jambes, j’ai ressenti encore mes seins, ma peau, la tête enfouie dans les draps. Quelques secondes encore de gagnées, et libre de contrainte cette fois-ci. Un sursis très court, mais dans lequel j’ai senti les prémisses du parfum de l’abandon qui pouvait naître de tout ça.
A nouveau pour A.
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