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Triste fin

Triste fin



Auteur : Juda

C’est à partir de là que tout est parti de travers. Je le savais, pourtant. Mais j’avais bu un coup, un bon coup j’avoue. J’étais presque parvenu à me démonter la tête. Avec Boris. Quand on boit avec Boris, on a une tête pour deux. Le café, c’était le bistrot habituel. Rien de particulier, c’est pour ça qu’il était spécial. Quand on y va, c’est pas pour rigoler. C’est pour causer sérieux des affaires de la vie. Les filles, sujet numéro un des affaires de la vie. Et en numéro un des numéros un, nos femmes, la mienne, les siennes.

Alors un moment avec Boris, on s’est mis à se démonter la tête. C’était parti doucement, pour dire. Des nouvelles de chez toi ? C’est bien, ça va. Et pour toi ? Pas mal. Je n’aime que le rouge. Le rouge, c’est pas ce qui se fait de mieux dans les bastringues. Quand ça tape, ça tape. Et là, ça tapait.

— Boris, mon ami, je lui ai dit, j’ai appris un nouveau mot. C’est le mot candaulisme. Can-dau-lis-me. Pas cau-da-lis-me, non. Can-dau. Et c’est la première fois que je découvre un mot après la chose.
— Juda, mon Juda, tu vas pas me dire que tu joues les maris consentants, toi aussi ?
— Pourquoi moi aussi ?
— Parce qu’il n’y a rien de plus banal aujourd’hui que le candau. Tout le monde adore ça. Peu pratiquent. Mais tout le monde fantasme. Tchat, ô mon tchat, dis-moi comment convaincre ma femme ! Lorsque je lui en parle sur l’oreiller en la caressant, elle est d’accord, mais le lendemain elle fait comme si elle n’avait rien dit ! Elle me dit que ce qui est fantasme doit rester fantasme.
— C’est mon problème, figure-toi.
— De fantasmer ?
— Non, que ce soit banal.

Deux nouveaux rouges atterrirent sur la table et disparurent aussitôt. Ne pas laisser refroidir, devise maison. Deux autres, tu seras gentil.

— Tu cherches quelque chose que personne n’a jamais fait, un truc de niche, un machin confidentiel ? Une descente au donjon, un tour au bois en rampant, un imper transparent ?
— Te moque pas. Avec Élise, c’est un truc qui tourne depuis trois-quatre ans maintenant. Mais on se demande. Ça a vachement changé, ça s’est franchement popularisé. Rien qu’écrire candaulisme, la plupart ont du mal.
— Tu déconnes ?
— Quoi, que le niveau baisse ? Pas du tout.
— Non, qu’Élise et toi, vous êtes candaus ?
— Mon Boris, c’est moi qui suis candau. Élise, elle est le phénix des hôtes de ce lieu. Celle qu’on honore, celle qu’on regarde, celle qu’on chérit. Il n’y a qu’un candau par couple, enfin d’habitude.
— Purée. Élise… J’étais loin d’imaginer.
— Moi aussi, figure-toi. Sauf que nous quand le matin s’est levé et que je lui ai demandé si elle parlait sérieusement la veille quand je la caressais, elle m’a répondu : si ça te fait plaisir, Juda, sans doute que ça me fera plaisir aussi. Simple. Banco. Passez muscade.
— Elle pensait que tu ne parlais pas sérieusement, non ?
— C’est ce que j’ai cru aussi, qu’elle me faisait marcher. Mais non. Le soir même on regardait des sites.
— Juda mon poteau, ne me dis pas que vous avez fait ça sur catalogue ?
— Et comment sinon ? En laissant un message sur mon Facebook ? En réalisant un micro-trottoir ? Et si tu veux savoir, il n’a jamais été question d’inviter des amis ou des connaissances. Par exemple toi, jamais question. Séparons le cul et l’amitié. Et remplissons ce verre à cette forte pensée. En même temps, c’est arrivé qu’en dézoomant de la photo montrant la queue dressée d’un gars, on s’aperçoive qu’on le connaissait. Machine arrière, toute ! Pas de mélange des genres.
— T’as raison, rien que du rouge. À nous. À vous. À elle.
— À eux.
— Nombreux ?
— Quelques-uns. Discriminés. Triés sur le volet. On n’a pas trouvé mieux que l’orthographe pour commencer. Et puis les désirs des gars, leurs envies. S’ils ont des trucs à dire. Le pire, c’est de n’avoir rien à partager après. C’était bien ? Oui ? T’as pris ton pied ? C’est arrivé quand on n’était pas encore rôdés. Pathétique. Le mec : tu veux encore ? sinon je m’en vais, hein. Sérieux. Bon, y a aussi le physique. C’est Élise qui décide, moi j’ai pas grand-chose à dire de ce point de vue-là. C’est marrant, il y a des types, j’aurais jamais cru.
— Mais tout de même, nombreux ?
— C’est marrant, l’obsession du nombre. C’est un truc de mec. Moi aussi j’aime bien compter. Alors, regarde. Je vais te montrer avec mes doigts…

Je commençai à les déplier lentement, un par un, une main, puis l’autre, puis de nouveau la première main.

— Ah oui, tout de même.
— Tout de même oui. La plupart du temps des chouettes gars. L’un ou l’autre branleur. Un qui bande mou ou pas. L’autre qui reste coincé dans son fantasme. À part ça, des types corrects. On en revoit de temps en temps. Mais c’est compliqué. Ne va pas croire, mais le truc le plus impossible, c’est les agendas.
— Et donc, vous revoyez des gens ? C’est intéressant de revoir des gens ?
— Élise aime ça. Moi aussi si la complicité avec le type était réelle. C’est presque des soirées entre amis au bout d’un certain temps.
— Quand tu en parles comme ça, j’ai l’impression que vous n’arrêtez pas de rencontrer du monde.
— Exact. Entre les nouveaux, les deuxièmes fois et les vieux amis, t’as raison. Mais bon, ça ne dépasse pas une fois par mois.
— Et toi, là-dedans ? Tu regardes, tu participes, tu fais quoi ?
— Tu remets les verres en couleur ? La réponse est désastreuse : un peu de tout. La plupart du temps, un petit rouge, un fauteuil, une main baladeuse. Mais c’est la sagesse, ça, c’est venu avec le temps. Au début, j’étais complètement investi. On jouait à trois, c’était magnifique. On a beaucoup ri beaucoup joui. Mais là, j’ai appris le plaisir simple de l’amant qui bande pour ma femme. Une queue qui se dresse, ça m’émeut toujours.
— Ça t’émeut comment ?
— Je trouve ça beau. Et j’aime voir qu’Élise fait bander les hommes. Les fois où ça ne s’est pas passé, je ne t’explique pas dans quel état elle était. Plus honteuse que le mec, en fait. Et en colère aussi. C’est pour ça que ça m’émeut, ma femme qui fait bander les hommes. Et toi, mon Boris, ça te fait bander ?
— Je ne devrais pas te le dire.
— Je ne vais pas non plus te demander de me montrer. Mais c’est bien pour quand tu vas rentrer, ça te fera des images si tu n’as personne ce soir… Et ça me concerne aussi, d’ailleurs. Je sens que la mer monte.
— Tu crois qu’Élise prend son pied ?
— Souvent oui. Et toujours avec les vieux amis. J’adore l’entendre. Mais tu sais quel est mon vrai plaisir ? Vrai de vrai ? C’est de préparer le repas pendant qu’ils baisent. J’adore ça. Je prends mon temps, je fignole.
— Pendant qu’elle passe à la casserole…
— Je n’y avais jamais pensé, mais merci. Il y a de ça. Je n’assiste pas en permanence, tu vois. Surtout quand c’est quelqu’un de connu. Parfois, je ne suis pas là du tout. Je vais faire un tour. Je prends la bagnole, je roule. Je reviens, la fête est finie ou pas.
— Quand tu parles de ça, on dirait que c’est un truc complètement naturel, un truc que tout le monde fait…
— C’est bien le problème, le renouvellement devient difficile. Une grande partie des gars ont quitté les sites. Ceux qui arrivent ne comprennent pas que tu ne les choisisses pas puisque tu cherches un mec. C’est un peu l’endroit où tu crois que tu peux baiser sans effort, tu vois… C’est lassant. Faut chaque fois réexpliquer. Mais si tu veux mon avis, oui, tout le monde devrait le faire.
— Ce n’est pas une addiction, à force ?
— Tu veux que je te dise ? On a des rituels. Le premier jour de vacances, sur la route. On s’arrête chez un gars ou à l’hôtel. Et l’avant-dernier jour dans la location. On attend ça comme le sapin à Noël. Entre, c’est pour faire patienter. Mais c’est sûr que c’est compliqué de s’en passer. Et, ne va pas croire, c’est plus difficile pour moi que pour elle. Mais au total, il n’y a pas une once de gêne ou de jalousie entre nous. On s’aime comme jamais. Et c’est pas du toc.
— Et elle n’est jamais tombée amoureuse ?
— D’une queue, oui bien sûr. De l’homme, jamais. Même si elle a une sorte de tendresse pour certains.
— Mais ça ne te trouble pas si le gars est mieux monté que toi ?
— C’est le contraire, mon Boris. C’est s’il l’est moins. Mais Élise s’en arrange toujours. Je l’ai vue prendre un pied magistral avec une toute petite queue, la plus petite de notre troupe. Mais j’avoue que pour l’œil, la taille maousse, ça en jette. Mais la première fois que nous avons eu affaire à un gars monté comme un Boeing, j’ai balisé tout de même. J’avais jamais vu ça. Elle non plus. Au final, c’est devenu un ami.
— Pourquoi tu m’as dit que tu avais découvert un nouveau mot ?
— C’était pour voir si tu le connaissais.
— Et alors ?
— Tu le connaissais. Je t’invite à la maison ? Je préviens Élise que tu m’accompagnes ?
— Tu ne me proposes tout de même pas de faire ce dont on vient de parler ?
— Pourquoi je t’en aurais parlé alors ?
— Mais tu m’as dit, jamais d’amis et de connaissances. T’as même insisté pour dire pour moi c’était barré.
— Juste. Mais ça c’était avant qu’il y ait pénurie. T’as pas trop bu, mon Boris ? Rappelle-toi que tu dois m’émouvoir…

On est arrivés chez moi. J’ai ouvert doucement la porte. La lumière était éteinte. Il n’y avait pas un bruit.

— Tiens, on est restés si longtemps au bistrot ? La compil est déjà terminée. J’ai cru qu’on rentrerait plus tôt.
— Je prends le clic-clac comme d’habitude ?
— Oui, je vais faire ma nuit sur le fauteuil, je crois. Il doit encore y avoir un litre quelque part, le temps de le finir en douceur…
— C’était une putain de belle histoire, mon Juda. J’ai failli y croire tout du long. J’en bande encore.
— Serviteur.
— Tu serais ému.
— Je veux bien te croire.
— Ah purée, mais pourquoi elle existe pas, Élise ?
— Mais elle existe, mon Boris. Tu veux que je te la gonfle ?

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