Je suis dans ce restaurant du quartier où je vais environ une fois par semaine. Depuis que je suis divorcé, j’aime bien de temps en temps me payer un repas sans trop grever mon budget. Ce restaurant offre de la bonne nourriture à des prix abordables.
Le restaurant a l’allure d’un café européen, quelques rangées de table, une banquette sur le mur extérieur, une cloison à la mi-hauteur qui sépare la section bar de la section salle à manger. Le bar est fait en L avec des miroirs qui permettent de voir l’action de la salle à manger. Le petit bout du bar est dos à la porte d’entrée. Les familles et les couples s’assoient au table et les gens seuls s’assoient habituellement au bar. Il y a des magazines, journaux et revues qui traînent sur le demi-mur qui sépare la salle à manger du bar.
Je m’assois habituellement au bar de façon à avoir une vue d’ensemble du bar et du restaurant par les miroirs. J’apprécie beaucoup les journaux qui commentent les événements artistiques de la semaine et je les feuillète en attendant mes plats. J’ai commandé des calmars frits que je suis en train de manger et ce plat sera suivi par une petite salade. Je déguste un verre de Muscadet avec mon repas.
L’achalandage de la section bar dépend du soir de la semaine. En début de semaine, il y a moins de clients et la serveuse qui est bien gentille comble souvent le manque d’action par des discussions anodines sans être déplaisantes. Nous sommes mercredi et il y a pas mal d’action aujourd’hui. Soudainement, mon attention est attirée par une femme qui entre seule. Elle est élégante sans l’être trop pour l’endroit. Elle sort probablement du bureau et passe manger une bouchée ou boire un verre avant d’entrer à la maison.
Elle porte une jupe et un veston bleu marine classique et une blouse blanche. Ses cheveux sont bruns et elle a des yeux verts qui attirent l’attention. Elle semble sûre d’elle et s’avance vers la partie du bar qui fait dos à la porte d’entrée. Ces places ne sont pas les favorites mais ce sont celles qui restent. Elle s’assoit donc à quelques sièges de moi en biais. J’en suis bien heureux puisque j’aime regarder en douce les gens et essayer de m’imaginer le caractère de la personne et le genre de vie qu’elle mène.
Déjà pendant qu’elle commande, j’ai noté son dynamisme assuré. Elle semble être le genre de personne qui sait ce qu’elle veut et l’obtient. En attendant son repas, elle sirote un verre de vin blanc en scrutant son environnement. Nos yeux se sont croisés rapidement et je me dis qu’elle fait la même chose que moi et que, pour se divertir, elle essaie d’imaginer le caractère des personnes et le genre de vie qu’elles mènent.
J’en suis à la salade que je mange lentement parce que le plat de calmars m’avait déjà comblé et que je ne suis pas pressé ce soir. J’ai tout mon temps et cette femme m’intrigue de plus en plus. J’ai l’impression qu’à chaque fois que je regarde ailleurs, elle me regarde. Je ramène mes yeux rapidement et je crois percevoir un mouvement rapide des siens. Je commence à être intrigué et je pars en rêverie. Je rêve que nous prenons un verre ensemble après le repas et que je l’invite chez moi, et que… Je reviens à la réalité. J’ai rêvé tellement souvent que je ne crois plus mes rêveries. Ça n’existe que dans l’imagination, ce genre de scénario. À chaque fois que j’ai approché une femme dans un lieu public, j’ai toujours été accueilli par une conversation polie mais j’ai toujours senti une barricade se former pour délimiter l’espace. Je me permets tout de même de rêver puisque, que serait la vie sans les rêves?
Elle reçoit ses moules et ses frites. Son attention se porte sur son plat. C’est une des spécialités du restaurant et les moules y sont grosses et succulentes. Je n’ai jamais été déçu par ce plat et je l’envie malgré que mon estomac soit plein. Je continue de picorer dans mon assiette. Tout à coup, j’ai eu l’impression du coin de l’oeil qu’elle avait placé une moule sur sa langue avec l’ouverture vers le bas comme si elle léchait une vulve. Je rêve, j’ai toujours eu une imagination fertile. Malgré tout, les papillons commencent à voler. Du calme, observons. Cette fois-ci, c’est la frite qui est trempée dans la mayonnaise et placée dans la bouche comme si elle faisait une fellation. Arrête, tu fabules. Je n’ai plus faim maintenant et je commande un café et une Poire Williams. Quel délice que cet alcool après un repas lorsqu’il est servi dans un verre glacé comme ils le font ici. L’alcool me fouette les sens mais les papillons qu’avaient créé ma voisine, sont toujours présents.
J’examine du coin de l’oeil cette femme. Avec quelle habilité elle lance des messages qui sont à peine perceptible. Ai-je vu un clin d’oeil furtif ou l’ébauche d’un sourire en coin? J’ai décidé de m’amuser. Je ne ferais pas le premier geste. Je laisse les choses aller. S’il y a une intention derrière tous ces petits gestes que je crois intentionnels, il y aura sûrement un geste plus explicite à un moment donné. Je finis mon café et je savoure mon verre d’alcool.
Elle commande un café et demande l’addition. Je demande l’addition. Aucun signe précis. Eh bien! Qu’est-ce que je fais? Rien, ne fais rien. Attends. Elle paye, tu payes. Elle se lève et prend une dernière gorgée de son café. Je me lève et je suis à la porte lorsqu’elle se présente derrière moi. Je lui ouvre la porte et lui fais signe de passer avec un léger sourire. Elle me retourne le sourire et me dit « Merci ».
Je suis venu à pieds puisque je demeure près du restaurant. J’ai donc la flexibilité de suivre discrètement cette femme si elle est aussi à pied. Oui. Elle s’en va vers l’ouest. Je traverse la rue et marche vers l’ouest de l’autre côté de la rue. Cette rue est une artère principale du quartier et plusieurs commerces y ont pignon. Je regarde un peu les vitrines tout en essayant de conserver un certain recul sur elle. Elle traverse la rue et semble se diriger vers une des rues transversales où les maisons et les duplexes se succèdent en rangée serrée. Je décide de la laisser prendre un peu d’avance dans cette rue.
Lorsque j’arrive sur le coin, elle se dirige vers une des maisons et monte l’escalier. Je presse le pas un peu pour pouvoir noter dans quelle demeure elle est entrée sans trop savoir ce que je ferais de cette information. Le hasard donne souvent des tournures imprévues aux événements. Comme je passe devant chez elle, la porte est ouverte et elle est placée en retrait avec un air d’invitation à entrer. Instinctivement, je ne me pose pas de questions et je me dirige vers l’entrée. En passant devant elle, je lui dis:
-Bonsoir.
Elle répond:
-Bonsoir, tu es prêt à tout?
Je m’arrête brusquement et mes pensées se bousculent rapidement. Je lui lance:
-Dans la mesure du raisonnable.
Elle me regarde directement dans les yeux et répond lentement:
-La mesure du raisonnable t’appartiendra. Tu pourras quitter quand tu voudras.
Sur ces mots, je lui souris avec confiance et la précède dans la maison. « Par ici », dit-elle en passant devant moi. Je la suis dans une grande pièce qui est un salon suivi d’une salle à manger. Elle m’invite à m’asseoir dans le fauteuil en cuir et se rend à l’étagère où se trouve la chaîne de son. Elle place un disque de Blues sur le lecteur de disque laser et se retourne vers moi:
-Je n’ai pas de Poire Williams mais j’ai à peu près tout le reste.
-Un scotch avec de l’eau serait parfait.
-Je reviens tout de suite.
Elle passe devant moi et je me dis que c’est une femme vraiment sensuelle. Elle ne semble pas dérangée par le fait qu’elle ne me connaisse pas. Elle maîtrise totalement la situation. Elle sait que ma curiosité est accrochée et qu’elle peut me faire confiance. Sans en parler, il semble s’être établi une confiance mutuelle et, puisqu’elle a démarré le jeu, j’ai l’intention de lui en laisser le contrôle.
Elle revient avec les verres, me donne le mien et s’assoit devant moi sur le canapé fleuri.
-Santé.
Elle me regarde dans les yeux et fait tourner les glaçons dans son verre. Après quelques instants, elle dit:
-J’aimerais voir ton corps.
Je dépose mon verre sur la petite table à côté de mon fauteuil. Je me lève et commence à me déshabiller lentement en la regardant dans les yeux. Lorsque j’enlève mon slip, ses yeux se déplacent. Elle me fait signe de tourner et je fais lentement un tour complet pour qu’elle ait le temps de bien regarder.
-Je ne me suis pas trompée. Tu es un beau bonhomme. Viens ici.
Elle place son verre entre mes deux jambes et le remonte tranquillement. Je commence à ressentir le liquide et les glaçons. Puis, elle prend une gorgée, me flatte les fesses. Elle dit :
-Mets-toi à genoux devant moi en me faisant face.
Je m’agenouille sur le tapis pendant qu’elle se lève pour enlever son veston. Elle se rassoit au même endroit et déboutonne lentement sa blouse pendant qu’elle ouvre les jambes pour me faire voir son slip blanc. Elle ne porte pas de soutien-gorge et ses seins sont petits et fermes. Elle boit son scotch, se caresse les seins, ouvre et ferme ses jambes en les serrant très fortement. Son regard devient un peu flou.
Lorsque son verre est vide, il reste des glaçons qui ont réduit en grosseur. Elle en prend dans sa main et en frotte mon corps. Mes seins durcissent, mon sexe se met à danser. Elle me fait pencher pour que je me retrouve à quatre pattes et elle m’insère un glaçon. Quelle sensation! C’est un peu froid mais rapidement, il y a comme un pétillement. Son slip blanc tombe devant moi et elle s’assoit sur mon dos. Elle se frotte langoureusement et prend mes cheveux dans sa main. En tirant doucement sur mes cheveux, elle remonte ma tête par en arrière.
Après quelques instants de ce manège, elle quitte sa position et j’entends ses pas qui s’éloignent sur le tapis. Toujours à quatre pattes, j’attends en pensant que ce n’est pas possible. Plusieurs minutes s’écoulent et j’entends ses pas qui reviennent. Elle se place devant moi. Elle a revêtu de grandes bottes de cuir noires et je vois le bout d’une cravache qui frappe ses bottes. J’ai un pincement soudain et me demande si je ne dois pas m’habiller pendant qu’il est encore temps.
Elle parcourt le contour de mon corps avec la cravache. Elle frotte le bout de mes seins avec le bout de la cravache. Elle descend lentement vers mon pénis et le taquine un peu. Je suis déjà très excité. Elle me donne quelques coups légèrement sur mon sexe. Je respire fortement pour contenir mon excitation. Elle se déplace derrière moi et commence à me frapper les fesses. Progressivement, elle augmente l’intensité. Je me demande s’il n’est pas temps pour moi de quitter avant qu’il ne soit trop tard. J’ai un mélange de plaisir et de douleur mais le plaisir l’emporte sur la douleur. Je n’ai jamais été aussi excité. Cette femme est en train de m’amener vers un paroxysme. Mon désir d’aller jusqu’au bout est plus fort que ma peur.
Je commence à ressentir une chaleur aux endroits qui ont reçu des coups, mes fesses et mes cuisses. Soudain, elle cesse de me frapper et me caresse de sa main. Elle remonte mon corps et caresse mon dos, mon visage. Elle insère plusieurs doigts dans ma bouche et je les suce instinctivement. Je me sens sous son contrôle, son joug. De son autre main, elle caresse le bout de mes seins. Elle les pince doucement en premier et puis avec plus de force. Je sens mon pénis qui durcit comme s’il y avait un lien qui relie mes seins à mon pénis.
Elle se déplace maintenant derrière moi et lubrifie mon anus. Je sens une pression et je m’ouvre tranquillement. Elle me pénètre avec ce qui semble être un dildo. La douleur initiale fait place à un plaisir confus. J’ai l’impression que tout mon bas ventre est secoué par des sensations que je n’ai pas connu encore. Son mouvement devient de plus en plus rapide et sa main caresse mon sexe. Je n’en peux plus et, dans un grand cri, l’orgasme m’assaille et je sens mon sexe, mon anus et mon bas ventre se contracter.
Elle retire lentement le dildo. Je reprends mes sens doucement. Elle se déplace devant moi, approche une chaise, s’assoit, et ouvre ses jambes. Je vois sa main qui caresse son sexe. Elle se rapproche encore plus de moi et prend mes cheveux pour amener ma tête vers son sexe. Je commence à la lécher et je goûte mon sperme qu’elle avait probablement capté dans sa main et déposé en se caressant.
Je l’amène à l’orgasme. Après quelques instants de repos, elle se lève et m’invite à m’étendre par terre pendant qu’elle ira chercher une couverte. Elle revient et s’étend à côté de moi en nous recouvrant. Je rapproche d’elle et la serre fort dans mes bras. Je me sens un peu bizarre puisque je ne connais rien de cette femme mais je me sens très près d’elle.
Elle me dit :
-Finalement, j’ai été raisonnable puisque tu ne t’es pas enfui.
-Effectivement mais il serait peut-être temps maintenant que, sans m’enfuir, je rentre chez moi.
En quittant, je lui demande son nom et elle me répond :
-Tu peux m’appeler Madame.
* * *
Je n’ai pas osé parler de mon expérience à mes amis de peur qu’on ne me croie pas. Qui me croirait? Une inconnue qui prend le contrôle sexuellement. C’est une histoire pour le cinéma.
Dans les semaines qui suivirent, je suis retourné au restaurant plus souvent que d’habitude dans l’espoir de la rencontrer de nouveau. J’ai arpenté sa rue afin de la croiser. J’ai essayé de me rappeler dans lequel des duplexes j’étais entré mais plusieurs ont été construit à la même période et se ressemblent.
Après quelques mois, j’ai perdu espoir de la voir à nouveau. J’ai même commencé à douter moi-même que j’avais vécu cette aventure. Je me suis dit que je devais avoir rêver ceci. C’était trop invraisemblable.
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