Samus atterrit en douceur sur la planète Zèbes. Des signes d’activité y avaient été détectés : en sa qualité de chasseuse de primes, elle y avait immédiatement dirigé son vaisseau en espérant pouvoir être la première à rapporter des échantillons d’espèces inconnues à la Fédération Galactique.
Elle n’était pas une débutante, et ne sous-estimait pas le danger. Sa combinaison la protégerait des températures extrêmes et des attaques possibles ; quant à son rayon givrant, il gèlerait les créatures sur place. Pour les plus robustes, elle avait quelques missiles, mais ne les utiliserait qu’en dernière extrémité : elle devait rapporter des créatures en bon état pour espérer toucher une prime.
La planète était habitée, nul doute à ce sujet. Le vaisseau de Samus était entouré par des infrastructures étranges. Elle apercevait des passages lumineux, mais aucun bâtiment : tout devait être enterré. Samus s’approcha d’une des portes. Il s’agissait en fait d’un panneau de verre bombé et coloré, sans mécanisme d’ouverture évident. Pas le temps de chercher à comprendre : elle recula de quelques mètres et envoya un de ses missiles qui éclata la surface de verre.
Le couloir qui suivait était pour moitié construit par une forme d’intelligence, et pour moitié naturel : une caverne étroite de roche, mais dont le parterre était composé de plateformes métalliques. Tous sens en éveil, Samus avança. Un crissement léger devant elle l’alerta : de petites boules, de la taille d’une balle de golf, fonçaient sur elle en roulant sur le sol. Elle sortit son fusil givrant et les glaça sur place en un instant. Étranges créatures, mi-biologiques mi-mécaniques. De petites roues dentelées montée sur un cœur organique. Samus en plongea deux dans son sac de conservation, quand les crissements reprirent, plus nombreux. De nouvelles créatures arrivaient de toutes part ! Elle déchaîna son rayon givrant dans toutes les directions, comme une malade de la gâchette. Elle commençait à reprendre sa respiration, quand elle sentit un pincement sur sa cheville. Baissant la tête, elle eût juste le temps d’apercevoir une des petites boules remonter à la vitesse de l’éclair le long de sa jambe et commencer à vriller sur place contre son entrejambe. Samus tenta de s’en emparer mais la créature avait déjà traversé son armure ; elle la sentit se coller contre son ouverture et remonter directement en elle. Allait-elle lui déchirer les entrailles ? La bestiole vrombissait à l’intérieur d’elle, sans lui faire aucun mal par ailleurs. Samus écarta les cuisses et plongea ses doigts en elle pour tenter de retirer la petite boule. Celle-ci alla se recroqueviller tout au fond, vrombissant toujours et faisant monter le rouge aux joues de Samus. Elle enfonça ses doigts aussi loin qu’elle pouvait, touchant la petite boule mais n’arrivant pas à l’extirper. La boule vibrait, plaquée au plus profond d’elle. Samus avança encore un peu plus loin, trouva une prise et la retira d’un coup, la lança loin d’elle et lui envoya un rayon givrant, puis un second qui la pulvérisa. Putain de créatures dégénérées… La Fondation lui trouverait certainement un usage en tant qu’arme biologique, mais Samus préférait ne pas y penser…
Elle reprit son chemin, arrosant les nouvelles créatures au passage, attentive à n’en rater aucune à présent. Elle explosa plusieurs portes à coups de missiles ; les cavernes s’enchaînaient, descendant de plus en plus profond sous la terre. Des espèces inconnues semblaient proliférer ici : des champignons, hauts de près de deux mètres, mais comme fossilisés ; des lianes visqueuses s’accrochant aux irrégularités des parois. De temps en temps, l’une d’elle attrapait sa cheville, et elle sentait comme une brûlure à travers sa combinaison. Elle préleva quelques échantillons avec précaution.
La porte suivante débouchait sur un univers différent : le sol semblait fait de sable compressé, parsemé de sortes de puits. Samus s’approcha de l’un d’eux : il avait l’air profond, elle n’en voyait pas le bout. Elle jeta une torche froide à l’intérieur : presque aussitôt un sifflement retentit. Samus recula vivement, et vit ce qu’elle identifia comme un serpent mécanique, et pourtant vivant, sortir du trou comme un diable et se jeter sur elle. Elle le visa de son fusil mais la créature la bouscula, et elle se retrouva à terre, son arme lui échappant des mains. Le serpent jaillit de nouveau et s’empara de son pied gauche, pris entre les pinces de sa mâchoire d’acier. Samus tenta désespérément de se raccrocher aux lianes qui l’entouraient, mais c’était peine perdue : le serpent aux écailles métalliques raffermit sa prise, et l’emporta avec elle au fond du puits.
Samus se sentit tomber sur plusieurs mètres, puis sa chute s’arrêta d’un coup net : elle demeurait suspendue par un pied par la créature, la tête en bas à quelques centimètres du sol. L’obscurité était totale. Elle fouilla frénétiquement dans ses poches à la recherche d’une autre torche, et l’alluma. Le fond du puits était légèrement évasé et formait une poche d’environ trois mètres de diamètre. La tête du serpent qui la retenait sortait d’un nid : il y en avait toute une couvée ! Samus voyait les corps glisser les uns contre les autres, coulisser et onduler dans un bruit de paille de fer. Soudain un autre serpent se défit de la masse, et fusa sur son autre pied, le tenant fermement. Samus gratta la terre sous sa tête, dans l’espoir de trouver une prise à laquelle se raccrocher, pour se sortir de cette situation. Si seulement elle n’avait pas échappé son arme… Le nid ondoya à nouveau, et une troisième créature s’en détacha. Il se dressa au-dessus d’elle, menaçant, puis remonta le long de son congénère. Arrivé au pied de Samus, il se mit à progresser le long de sa jambe, lentement, en spirale. Elle sentait la pression de ses anneaux de métal autour de son mollet, puis de sa cuisse. Arrivé contre ses fesses, il continua sur le même rythme et la pénétra, par le même chemin qu’avait pris la boule, tête la première. Samus le sentit se contracter et s’étirer elle, elle perçut le frottement de ses écailles. Le contact était froid, mais pas visqueux. La créature s’insinua loin en elle, et poussa une sorte de cri qu’elle ressentit plutôt qu’elle ne l’entendit, résonnant contre sa chair. Aussitôt le nid se mit à vrombir, et plusieurs serpents se démêlèrent et suivirent la direction du son. Ils s’enroulèrent autour de ses jambes ; l’un d’eux, arrivé au niveau du premier serpent, le poussa et vint prendre sa place, férocement. Le second ne pût pas le déloger : il tourna autour de l’orifice, poussant, et à force d’efforts, put rejoindre son congénère. Les deux serpents glissaient en elle, elle se sentait tendue au maximum. Ils s’enroulaient à l’intérieur, glissaient l’un sur l’autre. Un autre serpent se présenta, mais il ne trouva pas la place de rentrer. Frustré, il insista, tournant autour de ses semblables, se glissant sous la combinaison de Samus. A force de chercher, il finit par trouver une autre entrée : elle sentit son petit trou forcé par la créature, qui s’était jeté dans la nouvelle ouverture. Les bêtes s’excitaient, devenaient agressives : les nouvelles arrivantes se battaient avec les premières arrivées pour disputer leur avantage, et les remplaçaient immédiatement en cas de victoire. Samus se sentait élargie, étirée par ces créatures, pénétrée et remplie de part et d’autre. Étourdie par sa chute, et commençant à sentir les effets de sa station tête en bas, elle n’arrivait pas à réagir ; elle ressentait les sensations de ce ballet de serpents qui entraient et sortaient d’elle, mais restait comme hébétée. Le serpent logé dans son anus se fit éjecter par un congénère et tomba à terre. Se faisant, il balaya de la queue la ceinture de Samus et en fit tomber un objet. Elle l’entendit tomber tout près d’elle : son grappin ! Reprenant soudain ses esprits, elle s’en empara, et visa le centre du nid. L’effet fut immédiat : déchirés par le projectile, les serpents se réfugièrent au fond de la cavité en sifflant. Samus tomba à terre, ses pieds enfin libérés de leur emprise, et tira en direction du haut du puits : son grappin s’accrocha à la paroi, et elle pût se hisser hors du trou. Épuisée, elle courut néanmoins jusqu’à la prochaine porte, faisant de grands détours pour éviter les autres puits…
Elle devait se barrer d’ici. Tant pis pour la récompense : les deux créatures qu’elle avait capturées peu après son arrivée devraient suffire à lui rembourser le voyage, et basta. Toute seule, elle n’était pas de taille à affronter les périls de cette planète. Cependant, elle ne voulait pas retourner sur ses pas : repasser près de ces puits, maintenant qu’elle avait bien énervé ses habitants, lui semblait un risque trop élevé. Espérant qu’elle trouverait un autre chemin pour remonter à la surface, elle continua d’avancer.
La zone suivante différait totalement des étendues de sable. Plus rien de biologique ne subsistait ici : les parois étaient constituées de plaques de métal rivetées entre elles, et d’épais conduits lumineux traversaient l’espace de tous côtés. Samus avait l’impression de se rapprocher du centre névralgique des activités de cette planète. Elle avança, prudente, mais elle semblait seule ici. Un bruit de fond habitait cette zone, comme de l’électricité statique qui vrombissait. Elle escaladait les étranges conduits pour se frayer un passage, mais n’y voyait aucune sortie possible. Une lueur l’attira dans un recoin plus sombre ; la lumière diffuse d’une porte sans doute. Elle s’approcha avec précaution, et se posta derrière un tuyau pour observer la situation.
Ce n’était pas une porte qui émettait cette lumière étrange, mais d’autres créatures. Son cerveau pouvait à peine comprendre ce que ses yeux voyaient : ces créatures ressemblaient à des sortes de cerveaux flottants, comme entourés d’une bulle translucide et munis de minuscules tentacules rosâtres en-dessous, qui semblaient leur permettre de se diriger dans les airs, en lévitation. La plus grosse devait faire un mètre de diamètre, entourée par d’autres légèrement plus petites. Toutes émettaient cette lueur verte, irréelle.
Samus ne désirait pas en savoir plus. Tant pis pour les serpents, elle se glissa le long de la paroi et commença à rebrousser chemin à pas feutrés. A quelques pas de la porte, elle se retourna et vit que la plus grosse des créatures fonçait sur elle, sans aucun bruit ! Elle se baissa, esquiva son attaque et courut vers la sortie, mais la bulle fondit sur elle et recouvrit sa tête de cette sorte de scaphandre avant qu’elle ait pu franchir la porte éventrée.
Immédiatement, Samus ressentit un intense bien-être. La créature ne lui communiquait pas vraiment de pensées, mais plutôt des impressions, des sensations. Elle reçut une vague de calme profond, d’amour tranquille. Elle s’oublia dans les émotions de la créature. Celle-ci émit un son étrange, comme une vibration, et les autres cerveaux-bulles vinrent flotter autour de Samus. Elle ne ressentait plus de peur, plus d’angoisse. Elle laissa les créatures venir à elle, se coller contre sa combinaison, et la retirer pièce après pièce. Elle baignait dans un océan de sérénité, savait qu’elle ne craignait rien. Deux des bulles se plaquèrent contre ses seins, leur capsule agissant comme une ventouse contre sa peau. Elle sentait que les cerveaux aspiraient l’air à l’intérieur des bulles, créant une aspiration, et elle voyait ses seins grossir à l’intérieur, ses mamelons pointer vers l’extérieur. Les petits tentacules s’enroulaient autour, et les pressaient. Ses seins prirent une couleur rosée, et soudain elle comprit : les créatures voulaient qu’elle les nourrisse. Les tentacules pressaient ses seins, et tiraient sur ses tétons. Ils malaxaient sa peau, la pétrissaient, tout en opérant une aspiration de plus en plus forte dans les globes. La pression s’accentua encore, et Samus sentit le liquide monter : le lait jaillit, en petits jets puissants, venant éclabousser l’intérieur des capsules. Les tentacules se précipitaient pour venir aspirer le lait, pomper les petits flaques. Samus était là pour eux désormais, et devait les nourrir. Elle laissa son esprit se perdre dans un brouillard apaisant, alors qu’une file de nouvelles créatures approchaient pour réclamer leur dû.
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