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Quelqu éducation sentimentale

Quelqu éducation sentimentale



La chair est faible. Je veux bien le croire. Il est si facile de s’abandonner à la concupiscence à mesure que les années passent et que tombent une à une les préventions de la morale et les illusions sur notre moi. Il faut ajouter les déceptions et l’amertume que nous suscitent les autres et notamment nos proches. La trahison et la lâcheté deviennent le pain quotidien. Il est difficile d’échapper à une misanthropie toute relative. L’égoïsme nous incite ainsi à nous préserver. L’envie furieuse d’être heureux et de jouir emporte tout. Le sexe revêt alors un nouveau prestige.

Il y a vingt ans, j’aurais été la première étonnée de devoir tenir un jour pareil discours. J’étais alors une femme heureuse et comblée. Les rapports au lit avec mon mari convenaient. Je trouvais un juste exutoire dans l’éducation des enfants et une carrière professionnelle épanouie. Les clignotants étaient au vert et le temps au beau fixe. Je n’avais cure des infimes fêlures qui altéraient chaque matin la matière lisse de mon bonheur. Je prenais en bonne part cette nécessaire usure. Je déclinerais certes mais ce serait lentement et en mesure. Je goûtais ma sagesse résignée.

Puis le Diable car je crois davantage à celui-ci vint à poser sa griffe sur mon dossier ou ma fiche. Il m’avait un temps oublié pour d’autres hères. J’étais mûre pour qu’il s’intéressât à mon cas. A son goût j’avais été trop épargné et ma sérénité affectée ne laissait pas de l’agacer. La bave du crapaud devait atteindre l’aile blanche de la colombe. Il fallait un premier accroc. Celui-ci fut des plus banals et vulgaires. Ainsi eu-je un jour l’assurance que mon mari me trompait avec ma meilleure amie. Celle-ci ayant divorcé il y a deux ans nous avions cru devoir alors la soutenir.

Je ne voyais pas à mal que mon mari l’aidât dans des tâches matériels qui requéraient la force et le savoir d’un mâle. Notamment du bricolage ou devoir transporter des choses si lourdes. Une collègue perfidement me fit observer que rien n’est plus dangereux qu’une femme divorcée ou veuve. Elle est à la fois une proie et une prédatrice. Nombre d’hommes imperceptiblement en sont attirés. Je ne pris pas cet avis pour mon compte. J’avais trop de mépris pour ceux et celles qui roulaient si facilement dans la fange. Les Cassandres ont le tort d’avoir raison trop tard.

Je ne m’étalerais pas sur les circonstances de ma découverte et sur l’état où cette révélation me plongea. Ce furent des jours horribles. J’en sortis métamorphosée. Un Hiroshima conjugué à un Nagasaki. Outre la douleur, c’est l’humiliation qui l’emportait. On a la conviction fausse de s’être trompée toute une vie. On s’en veut d’avoir été trop naïve. La vie, la société semblent participer à une vaste conspiration tout à duper chacun. En effet on peut dire du Diable qu’il est le prince de ce monde. J’avais été son jouet et là il me rappelait à lui en sa cruelle lucidité.

Du jour au lendemain, je devins dure et amère. J’eus du mal à cacher ce changement à mes proches. Affectée de minces problèmes de santé je pus donner cependant le change. Pour la première fois je simulais. J’avais décidé entre autre de me venger plutôt que m’ouvrir franchement à mon mari, fautif alors de mon désarroi. Je voulais qu’il souffrit autant que moi. La haine peut nous paraître un réconfort, le plus sûre chemin de guérir. Une funeste amie à l’époque m’encourageait à cela. Elle-même avait subit les mêmes affronts. Pour elle tout mâle était à honnir.

Le curieux était que la liaison de mon mari avec notre amie avait été de courte durée et terminée de longtemps quand je la découvris. Mon point de vue sur lui n’en avait pas moins changé. Tout me parut faux dans ses sentiments et ses attitudes. Je le surveillais. Je parvins à lui découvrir une nouvelle et jeune maîtresse sur son lieu de travail. Là aussi rien que de banal. Mon tendre et cher époux cochait ainsi toutes les cases de la muflerie mâle. Il se comportait en vulgaire bourgeois. Il profitait de son statut pour débaucher et éblouir des filles. Je côtoyais un Don Juan minable.

Il me déshonorait à tous les sens du terme. L’heure avait sonné que je me reprenne. Là aussi l’amie m’enjoignit de faire de même. De me jeter dans le bain. De passer le Rubicond. Plus facile à dire qu’à faire. Ma fureur toujours vivace pouvait m’aider cependant à un tel affranchissement. J’eus idée alors d’aller au simple. D’imiter mon gueux de mari. Notez qu’à quarante ans je régnais encore en jolie femme. Je n’avais jamais répugné à plaire et à demeurer élégante. Ma coquetterie demeurant cependant digne et sobre. J’évinçais toujours avec esprit les dragueurs et les galants.

Mes collaborateurs n’étaient pas en reste. Ainsi tâchais-je à ne pas rembarrer trop brutalement ma hiérarchie. A l’égard de celle-ci j’usais du même argument ironique : « Vous connaissez mon valeureux mari. C’est un homme merveilleux. Je n’ai pas le droit de le décevoir. » Bref j’arborais fièrement la fidélité et l’harmonie de mon couple. A part que maintenant que le couplet sonnait faux. Je n’en usais plus. Au contraire j’aurais eu envie de crier que ce mari était un satanée salaud.
Je m’en mordais les lèvres. J’avais perdu de ma superbe et de mon enjouement.

Le chef de service qui était quasi un ami et ne se privait toutefois de me proclamer son béguin, vit bien que cela ne tournait guère rond et qu’on ne pouvait imputer cela à de seuls soucis de santé ou que du moins ceux-ci procédaient d’une origine plus morale. Ainsi un soir après que nous eûmes évoqué un dossier, il s’enquit par digression de ma morosité présente. Je répondis par un silence puis un regard abaissé. Peu après je ne pus refréner mes sanglots. Je craquais et lui livrais la vérité. Je m’en voulus peu après mais il était trop tard.

Sa compassion fut je pense sincère. Il n’en conçut pas moins fut-ce inconsciemment quelques espérances. La déesse n’était plus de marbre. Elle avait chu du piédestal. Il la pouvait croire à portée de main. Il tint à ce que je me reprenne. Il ne m’en invita pas moins le lendemain à déjeuner.
Il fut remarquable jusqu’à aller défendre mon mari ce qui ne laissa pas de me surprendre. Tout en admettant sa faute, il me dit que mon «perfectionnisme » avait nuit quelque part à mon couple. Trop de rectitude nuit. On doit pardonner et prendre en compte toutes les faiblesses de la chair.

Curieusement ces réflexions rejoignaient les miennes. La colère passée j’avais du considérer que j’avais mené fausse route et que je n’avais jamais pris en considération autrui. Tant pour mon mari que pour mes enfants je m’étais perdue dans une représentation idéale et chimérique d’eux-mêmes. Quand on méconnaît la réalité, celle-ci se venge. J’avais reçu le coup de pied de l’âne. Je dus convenir que mon humiliation procédait principalement d’une blessure d’amour propre. Bref tout avait été remis dans une plus juste proportion. Le sourire même revint.

L’ami fit si bien que j’acceptais de dîner voire d’aller avec lui à une pièce de théâtre. Il savait mes goûts. Il m’incitait à n’y pas renoncer. Il voulait être mon sigisbée. Il me porterait le temps nécessaire pour surmonter cette épreuve. Il m’enjoignit d’abandonner les tons austères de mes vêtements. Pour lui j’admis de raccourcir plus mes cheveux. Une femme sait se rajeunir à bon compte quand elle le veut. Prise dans ce nouveau tourbillon, je reléguais ce mari décevant pour accueillir une nouvelle vie et le charme d’un nouveau compagnon.

Enfin ce ne fut pas une surprise quand il écrasa un baiser sur ma bouche sur un siège de ciné. Le film que nous regardions invitait à cela. Depuis quelque temps j’avais pressenti qu’une nouvelle femme voulait émerger de moi tel le papillon au sein de sa chrysalide. J’étais à la fois fascinée et terrorisée d’une telle métamorphose. J’étais tentée de renouer avec mon ancien moi. L’inconnu que recelait mon avenir me troublait. Je renâclais ainsi au laisser-allez préconisé par mon nouvel ami. Ces désirs longtemps réprimés menaçaient de me submerger. Je dus me faire ce cruel aveu.

Peu de temps après je pris le prétexte d’une pléthore de champagne pour céder tout à fait et passer quelques heures dans son lit. J’eus honte car il était marié et je n’avais pas eu de scrupule à coucher avec lui sous son toit en l’absence de sa femme. J’infligeais à l’absente ce que j’avais moi-même subi. Je ne fus pas peu étonnée de ma perversité. Je n’avais pas protesté de pareilles circonstances. Je réitérais même une fois. Je n’ai jamais autant joui. Il baisait bien. Mieux que mon mari. En sotte je découvrais mon incurie en ce domaine. Le sexe n’était donc point un vain mot.

Ce fut mon premier amant. Il réunissait toutes les qualités. Outre d’être remarquable au lit, il m’offrait une oreille délicate et attentive. Sorte d’ami-amant idéal. Cependant il avait comme ouvert la boite de Pandore. Je regardais autrement les hommes. Je n’affectais plus de baisser les yeux lorsque ceux-ci me regardaient. Je les toisais au contraire. A cela j’ajoutais un imperceptible déhanchement. Tout en démarche de garce. Ma supposée amie me fit observer avec dépit mon changement. Je me maquillais trop outrageusement. Mes jupes étaient si courtes.

Je ne dédaignais plus de porter mes bas couture. Elle ne sut pas qu’en privé je pouvais adopter aussi le bas résille et autres lingeries acquis sur internet. En effet j’écumais maintenant des sites de rencontres où à bon compte je me débauchais et où on m’avait indiqué où me munir de ces dessous affriolants. Au début je vins à me contenter d’anodins strip tease sur Skype. J’y découvrais tous mes pouvoirs. L’excitation me portait chaque soir à aller faire la pute devant l’écran. L’ami-amant ne savait rien de cette dérive. Enfin j’acceptais un rendez-vous d’un internaute.

Il s’agissait d’un de mes premiers admirateurs, vieux vrai pervers. Il fut convenu que nous fîmes respectivement cent kilomètres de route de part et d’autre. Nous devions nous rencontrer dans un motel. Qui plus est je devais venir attifée de telle façon et lui me rémunérer à un haut niveau. En gros j’assumais de me prostituer. Il me baisa durant trois heures. De maintes façons il devait m’humilier. En effet j’avais découvert que ma jouissance profonde passait par là. Il eût la délicatesse de me laisser un beau pourboire après qu’il eût une dernière fois éjaculé sur mon visage.

Je n’en conservais pas moins l’ami-amant. Celui-ci parlait si bien la tendresse et l’amour. Je goûtais ce genre de musique. N’empêche je devenais plus putain de l’autre côté. Perverse j’adorais abuser mon monde et mener de front toutes ces multiples vies et identités. Sur un site je vins à sympathiser avec une autre bourgeoise qui avait connu le même parcours dont je devins amie jusqu’à partager avec elle le plaisir saphique. Je progressais de jour en jour. Je me souviens de ma première partouze dans un château mystérieux. On était fort loin du grand Meaulnes.

Quelle jouissance d’être nue et affublée d’un simple loup sur le visage. Pêle-mêle tous ces corps me renvoyaient à ce subtil anonymat. Je n’étais que cul, seins et trous à pourfendre. Je faisais en sorte que mon mari ne sut rien de ces semblables escapades. Cependant nous avions eu une franche discussion. Il sut qu’à son imitation j’avais moi-même pris un amant. Il s’inclina me demandant seulement que les apparences de notre union bourgeoise fut conservée. Ainsi il m’adoubait. Je pouvais en toute licence coucher avec d’autres hommes. Nous imitions en cela tant de couples.

L’assentiment roublard d’un mari ne m’autorisait pas pourtant à faire n’importe quoi. Plus d’une fois passais-je les bornes. Je concevais que le frôlement du danger ajoutait à la jouissance. Le précepte : il faut vivre dangereusement a été fatal a plus d’une. Notamment un soir avec deux amants vins-je à céder à l’un de leurs caprices. Ils m’emmenèrent au bois où sévissaient clients et prostituées. Je dus feindre le métier. J’eus à cet égard un succès flatteur. En moins de deux heures, je dus satisfaire à une douzaine de mâles. Outre des pipes, quelques-uns m’infligèrent même la sodomie.

J’obtins une somme rondelette dont nous convînmes, un autre soir de nous offrir une bonne table dans la région. La présence de mes deux amis ne garantissait nullement qu’un incident put survenir. En cette faune nocturne pouvait se trouver un détraqué. Il eût été scandaleux en effet d’être l’objet d’un fait divers et d’atterrir au poste. Je mis du temps à me refuser ce type de caprice. Tout au moins en des lieux publics me donnais-je bêtement en une voiture ou contre un arbre. J’en étais quitte d’une remontrance avec un flic ne dédaignant pas alors de charmer celui-ci s’il fallait.

Finalement je résolus de satisfaire mon goût immodéré pour l’exhibitionnisme. En peu de temps je devins sur quelques sites, une star. Mes performances étaient loués. Là aussi j’en fis commerce. Mon image à bon droit devait être rémunérée . C’était autrement moins périlleux que de s’exposer au réel au fond d’un bois sous la lune. Munie d’un simple ordi et d’une webcam je convertis des fans jusqu’en nouvelle Calédonie. J’ouvris un site et plusieurs blog. Cela caressait sûrement un désir de gloire et de reconnaissance. Quel chemin parcouru !

En fait j’encourais de dégrader mes relations avec l’ami-amant plutôt que le mari. Ce dernier était trop content que je m’épanouis dans les bras d’un autre et lui lâcha les rênes. C’était cet autre qui renâclait. Il avait observé à son désavantage mon changement. J’étais de jour en jour plus insatiable et il doutait de pouvoir seul me satisfaire. Je priais qu’il ne découvrit un jour toutes mes activités clandestines. Je ne voulais le perdre. Il m’était un point fixe et une boussole. Un jour, il dit : « N’es-tu point lasse de moi ? « Je répondis : « Non reste, tu es la meilleure part de moi ! »

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