Par Michelemimi le 28 Février 2017
La ponygirl ou comment ménager sa monture.
Si vous nourrissez un goût fétichiste pour le cuir, que vous collectionnez les cravaches, aimez les ballades au grand air et les jeux de rôles sportifs, et, si domination et soumission sont les mots clef de votre sexualité, alors chaussez vos bottes cavalières et coiffez votre queue de cheval, vous avez peut-être l’étoffe d’une ponygirl.
Se transformer en ponygirl, c’est pratiquer un jeu sexuel à mi-chemin entre le bondage, le SM et la pantomime équestre. Les ponygirls se transforment littéralement en montures, pour leur plaisir et celui de leur maître dresseur. En pleine nature, des attelages humains, se livrent ainsi à des séances de dressage et de promenade, ponctuées par des récompenses et des punitions administrées avec une plus ou moins forte connotation sexuelle. Cette pratique est la réalisation d’un fantasme de domination assez classique, qui a la particularité d’être excessivement sophistiquée et codifiée, faisant ainsi le bonheur des fétichistes et des amateurs de SM. Avec le goût croissant pour le fétichisme et le BDSM depuis 15 ans, les ponygirls, sont à la mode. C’est dans cet environnement, cette terre qui répand ses odeurs d’humus, d’écurie et d’effort, qu’entrent en action ces femelles pouliches. Ces créatures nous confient qu’elles deviennent vraiment une autre. Je ne suis plus une femme, je suis un a****l. Ce n’est pas du déguisement, mais une totale transformation, physique et mentale.
Les origines de cette activité sont diverses. Géographiquement, elles se fixeraient dans les terres anglo-saxonnes, tant propices à l’hippisme qu’aux dérives sexuelles. Historiquement, la ponygirl est héritière d’un imaginaire mythologique qui remonte à notre attachement atavique avec l’a****l cheval, dont témoignent nos premiers jeux sur le mode « hue ! dada ».
Le goût des attelages humains va chercher aussi loin que cette ancestrale et féconde fantasmagorie au centre de laquelle le cheval incarne « la plus noble conquête de l’homme ». Ainsi à l’instar du centaure, du sagittaire et de l’amazone, Athéna, déesse de la guerre dans la mythologie grecque, est parfois associée à un cheval. Un de ses noms est d’ailleurs « femme-cheval ».
Cette paraphilie joue à la fois sur l’esthétique hippique, mimant le corps, se réappropriant la gestuelle et l’équipement du destrier, et sur la relation de soumission-domination qui unit le cheval et son dresseur, son jockey ou son cocher.
Précisons que les attelages humains peuvent être conduits autant par des femmes que par des hommes. Mais le ponyboy est moins représenté, question d’esthétique peut-être.
Amazone, Ecurie humaine, Servitude, La Reine cravache, Dressage… autant de titres nés sous la plume d’écrivains et illustrateurs britanniques comme Eneg (Gene Bilbrew) ou John Willie, ou français usant de pseudonymes anglophones, tels Jim Galding, Alan Mc Clyde ou J. Van Styk.
Aujourd’hui la plus célèbre des ponygirls est sans doute Gwendoline. D’abord héroïne de la bande dessinée de John Willie, père spirituel du bondage dans les années 50, la jolie blonde surgit sur les écrans de cinéma en 1984, grâce à une adaptation de Just Jaeckin, réalisateur d’Emmanuelle. C’est en faisant des recherches pour son film qu’il découvre des planches de dessin représentant une course de chars humains que Jaeckin a l’idée de mettre en scène des pony girls dans le royaume souterrain de Yik-Yak, une cité féminine interdite dirigée par une reine (B. Lafont). « Ce char tiré par trois filles nues menait subitement vers le fantastique. C’est ce climat qui m’a fait accepter de tourner Gwendoline » raconte Jaeckin. La scène de la course menée par des amazones emplumées donne une bonne idée du matériel et des costumes indispensables aux attelages humains.
Être ou avoir une ponygirl nécessite de fait certains investissements. t: « On côtoie l’aristocratie du SM et même l’aristocratie tout court. L’harnachement, est le moment que je préfère. Le déclenchement du fantasme, le début de l’évasion.
L’équipement de base comprend, des pieds à la tête :
– Des botte équipées de sabots.
– Une selle ou un corset agrémenté de sangles qui auront soin d’encercler seins, fesses et pubis de manière aussi suggestive que contraignante. Mais la selle ne sert pas toujours, car on ne monte que rarement une ponygirl.
– Une queue de cheval, forcément. On choisira soit un modèle de plug anal terminé par une longue crinière, soit une postiche que l’on fixe au corset.
– Enfin, le harnais de tête auquel se fixe le mords, qui vient se loger entre les dents, permettant de guider la ponygirl et interdisant physiquement la parole. Un seul mot prononcé constitue une faute grave. L’autre intérêt du mors est de faire abondamment saliver, humiliation particulièrement appréciée des soumises et des maîtres.
Enfin, la ponygirl est prête.
Ne peuvent se réclamer de la vraie famille des ponygirls, les femelles en en appartement. C’est à l’air libre, frissonnant et suant à ciel ouvert, que l’on atteint le sommet de cet art, où la domination se mêle à l’exhibition.
Hormis le harnais, le corps de la ponygirl est toujours nu, offert à la vue et à la main qui récompense ou punit. Assis dans le sulky, le maître quant à lui est un voyeur actif, fier de son équidé et du joug qu’il exerce. Son autorité est indiscutable, alors parfois le fouet claque et mord la chair de l’indocile.
J’avoue parfois faire la rebelle exprès, pour être punie mais aussi pour inverser le pouvoir. En Angleterre dans les clubs, on laisse en général ce genre d’opération à la discrétion de quelques grooms et palefreniers, souvent passionnés, qui traitent la ponygirl comme ils auraient traité une jument au paddock avant de la monter.
La relation entre la jument et son maître est basée sur la confiance. Entravée et réduite au silence, la femelle doit se sentir en sécurité pour obéir sereinement. Obéir c’est à dire ramper à quatre pattes, les reins cambrés, la taille creusée et la croupe offerte à l’œil et à la main du maître. Tendre tous ses muscles dans un formidable élan, et mettre en branle cette voiture, transpirer, souffler et baver… d’effort et mais encore d’excitation. Pour ces femmes qui, des heures durant, sont en position de soumission, seins, fesses et sexe en parade, orifices prisonniers et disponibles, la moindre pression sur les rênes circulant à travers le réseau de cuir du savant harnachement, transforme chaque mouvement en aiguillon de désir.
Les relations sexuelles ne sont jamais totalement exclues, mais elles ne constituent, en aucun cas, un préalable ou une condition. A partir du moment où le jeu commence, les femmes sont des ponygirls. Entre hommes, ils parlent de nous en décrivant notre anatomie avec des mots tels que croupe, gueule, mamelles, panse, etc. Un étranger peut lui flatter la croupe, le haut des cuisses, palper ses mamelles, mais cela s’arrêtera là.
Il s‘agit avant tout d’une sexualité mise en scène, d’une forme d’exhibitionnisme très stylisée. Les ponygirls semblent précisément éprouver une fierté liée à leur corps, mais aussi à leur performance physique, qui en font une catégorie de soumises à part. Elles se sentent de fait moins esclaves qu’a****les, entretenant un rapport mystérieusement complice avec leur partenaire. Je trouve cela très esthétique, très gracieux. J’aimerais faire partager ma passion au plus grand nombre, et trouver d’autres ponygirls pour composer un attelage multiple.
Cependant si certains adeptes de l’attelage humain se prennent très au sérieux, rien n’empêche quiconque d’expérimenter cette pratique avec le recul du second degré, dans le but ludique de varier les plaisirs de soumission ou de domination. A défaut de brider nos fantasmes, prenons la bride.
Michelemimi –
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