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Lupanar aquatique

Lupanar aquatique



Au doux temps de ma jeunesse (qui n’est quand même pas trop éloigné), j’avais eu l’idée de descendre en canoë au mois d’août une rivière du sud-est de la France. J’étais accompagné de celle qui n’était pas encore ma femme. La rivière en question était magnifique en été. Elle offrait de multiples possibilités de camping sauvage dans des endroits quasi inaccessibles autrement que par bateau. C’était déjà la mode du retour à la nature. On jouait à « Délivrance », un film américain qui avait eu un succès fou à l’époque et qui racontait la tragique aventure d’amis pagayeurs dans les Appalaches.

Fort heureusement, cette rivière était beaucoup plus sage, du moins sur le strict plan du débit. Car pour ce qui concerne la tenue de ses canoéistes et autres kayakistes, elle était particulièrement dissipée. Disons-le tout net : c’était un véritable lupanar aquatique. L’équipement vestimentaire des pagayeurs était, il est vrai, des plus sommaires. Une femme sur deux ne portait pas de soutien-gorge et un homme sur deux ramait la bite à l’air. Forcément, ça crée des rapprochements, d’autant qu’on traversait de temps à autres des campements de naturisme sauvage avec des jeunes (ou moins jeunes) tout nus qui nous éclaboussaient en se baignant. Lorsqu’on découvrait un canoë garé sur une petite plage, ses occupants se trouvaient presque toujours en train de manger, de bronzer ou de baiser, parfois successivement.

Quelques mots sur ma future femme d’abord. Grande, blonde et sportive, elle était déjà dotée à l’époque d’un appétit sexuel au-dessus de la moyenne, qu’elle préférait satisfaire en appartement, sans rechigner cependant aux sous-bois et autres endroits bucoliques. L’amour de groupe ne l’emballait guère mais elle y avait sacrifié deux fois pour me complaire et se conformer à la mode du moment. Sur le bateau, elle portait un maillot de bain réduit à sa plus simple expression : le tissu du slip couvrait à peine le pubis et la raie des fesses cependant que le soutien-gorge se limitait à deux timbres-poste qui ne dissimulaient même pas l’intégralité de ses mamelons, il est vrai d’une circonférence appréciable. Quand je dénouais les minces cordons, de ma place de pagayeur arrière, elle comprenait le message. Nous allions nous échouer sur un petit banc de sable et nous faisions l’amour en plein soleil avant de nous plonger dans l’eau fraîche. Le bonheur total !

Nous nous conformions, au fond, aux us et coutumes du lieu, comme l’attestent deux scènes qui m’ont particulièrement marqué. Amarré parmi les herbes, un canoë semblait attendre ses occupants. Mais pagayant au ras du bord, nous surprîmes ceux-ci dans une attitude spectaculaire. La femme, plus toute jeune, ronde, les cheveux poivre et sel et la peau caramélisée, était à quatre pattes sur le sable. L’homme, poilu comme un gorille, chauve comme un caillou et les fesses couleur pain brûlé, se trouvait collé à elle, non à genoux mais jambes fléchies, comme pour se rehausser. Chacun de ses coups de rein était ponctué par le ballottement des volumineux nibards de la femme, qui nous regarda passer en nous adressant un rictus dont je ne sus s’il était de connivence ou de plaisir :

— J’ai l’impression qu’il est en train de l’enculer, dis-je à ma copine, quand notre embarcation eut dépassé le couple libidineux.

Mais sur l’eau, le son porte bien. Aussi fus-je à peine surpris d’entendre une voix féminine me répondre :

— Gagné !

Un autre jour, en plein après-midi, nous étions tombés sur une véritable partouze de kayakistes. Les filles, jeunes pour la plupart, se faisaient prendre sur les rochers dans toutes les positions par des types chevelus et musclés. L’une d’elles nous fit un signe de la main, comme pour nous inviter à nous joindre à leurs ébats. J’étais assez tenté car il y avait de superbes morceaux mais ma copine me découragea tout de suite :

— Si tu y vas, je continue toute seule et tu rentres à la nage.

Les circonstances allaient toutefois l’obliger à réviser ces dispositions quasi conjugales. Je l’ai dit, la rivière était plutôt calme mais il y avait quand même, ici ou là, quelques passages qui nécessitaient un minimum de technique. Nous étions en fin d’après-midi et peut-être un peu fatigués. Ma copine ne put compenser suffisamment le courant qui l’entraînait vers un gros rocher. Moi-même, j’avais vu venir le coup trop tard. Notre canoë se mit en travers et un mauvais réflexe nous précipita tous les deux à l’eau avec notre matériel de camping, notre bouffe et nos vêtements. La catastrophe !

Après avoir récupéré le bateau et les pagaies en nageant, nous réussîmes à rejoindre le bord, au creux d’une petite gorge où aboutissait un chemin de pêcheur très en pente. Précisions importantes : j’étais entièrement nu et ma copine n’avait que son mini-slip. Tout le reste était parti dans le courant.
Faisant fi de toute convention sociale, je décidai de monter le chemin en tenue d’Adam, espérant trouver des naturistes, fort nombreux dans le coin. Ma copine resta avec le canoë.

En haut de la falaise, il y avait une petite maison avec une terrasse offrant une vue imprenable sur la gorge. Et sur la terrasse, un couple qui prenait l’apéro tranquillement. Mon arrivée flamberge au vent les laissa le verre en l’air. Certes, les gens nus faisaient partie du paysage par ici mais plutôt à l’heure de la baignade qu’à celle de l’apéritif. Je me hâtai d’expliquer la situation et le couple éclata de rire. La femme disparut à l’intérieur et en revint avec un slip de bain parfaitement démodé, que je m’empressai d’enfiler. Je me sentis tout à coup plus sûr de moi.

— Euh, vous n’avez pas un soutien-gorge aussi ? Parce que ma fiancée, en bas…

La femme me prêta un haut de bikini, avant de m’interpeller :

— Vous ne pouvez pas repartir comme ça ce soir, sans avoir rien mangé et sans rien pour dormir.

Et c’est ainsi que nous fûmes invités à dîner par de parfaits inconnus qui attirèrent très vite notre sympathie.

C’était un couple d’une quarantaine d’années, genre un peu hippie sur le retour. Lui avait les cheveux longs et une barbe de pope, un corps élancé et maigre qui lui aurait donné l’air d’un ermite si sa musculature très apparente n’avait révélé l’ancien athlète. Elle avait un casque d’abondants cheveux frisés, des petites lunettes rondes fumées à la Yoko Ono et une ample robe de lin qui permettaient à ses formes généreuses de vivre leur vie. J’avais tout de suite remarqué qu’elle ne portait pas de soutien-gorge, à la mode de l’époque mais quelque chose me disait qu’elle ne portait pas non plus de slip et j’en eus la confirmation lorsqu’elle se baissa jambes fléchies pour ramasser une petite cuiller, découvrant un buisson aussi épais que sa crinière.
Le repas fut gai, alimenté par notre mésaventure mais aussi par les scènes décrites plus haut, qui divertirent fort nos hôtes.

— Nous aussi, il nous arrive d’aller au bord de l’eau pour faire l’amour, avouèrent-ils.

Le couple n’était pas du genre bégueule. Je remarquai que le barbu n’était pas insensible à la poitrine (il est vrai superbe) de ma copine. Quant à la frisée, elle avait lancé plein d’allusion à ma virilité exposée. Bref, à la fin du repas, une atmosphère légèrement érotique flottait dans la cuisine.
Avant de monter nous coucher, ma copine et moi allâmes prendre l’air pour retrouver un peu d’intimité et faire le point de la situation. À l’évidence, il fallait employer les grands moyens, c’est-à-dire solliciter un mandat de nos parents pour nous rééquiper et finir cette randonnée aquatique, puisque nous avions encore notre embarcation. Le couple nous emmènerait jusqu’au village le plus proche et s’ils voulaient bien nous héberger un ou deux jours, nos vacances pourraient se poursuivre.

Dans le couloir, une chambre était ouverte et allumée mais ce n’était pas la nôtre. Nous avons tout de suite compris ce qui se passait. Le son ne laissait aucun doute et la lumière nous permit de le vérifier : nos hôtes baisaient. Elle nous faisait face, en travers du lit, à quatre pattes avec toujours ses petites lunettes sur le nez. Il la besognait debout, par derrière, avec des « han ! » de bûcheron canadien. Ils s’exhibaient sans complexe et sans pudeur. Il nous fit un clin d’œil et elle nous tira la langue. Puis ils changèrent de position et je pus alors découvrir le volume impressionnant des organes génitaux de l’homme, inversement proportionnels à la minceur de ses fesses. Couché sur le flanc, il pénétra sa compagne de biais par derrière, la longueur de son pénis lui permettant d’aller et venir en profondeur sans dépenser beaucoup d’énergie.
Je sentis la main de ma copine sur mon sexe et je compris qu’il était grand temps de se mettre à l’unisson après les émotions de la journée.

Le lit de notre chambre était d’une largeur inusitée mais le spectacle nous avait tellement excités que ce détail nous échappa sur le moment. Dans la pièce d’à côté, ça devenait très chaud. La femme bramait de plaisir et ma copine se crut obligée de relever le défi. C’était à celle qui poussait le cri le plus strident. Mais nous avions commencé plus tard et quand nous prîmes notre pied, il y avait beau temps que nos hôtes avaient rendu les armes. Ce qui ne les empêcha pas de nous mater dans l’encadrement de la porte qu’ils avaient ouverte sans vergogne. Morts de fatigue, nous ne nous formalisâmes pas et nous endormîmes dans le vaste pieu.

Le lendemain, le petit-déjeuner fut grivois. La femme, qui s’appelait Nadine, ne tarissait pas d’éloges sur ma virilité. L’homme, prénommé Roger, complimenta ma copine sur son corps et sa sensualité. Quant à nous, nous les félicitâmes pour leur liberté d’esprit et de mœurs :

— Nous sommes libertaires en politique comme en amour, répondit Roger. Il n’y a pas très longtemps, nous vivions encore dans une communauté.

Serviables, ils ne se firent pas prier pour nous emmener au village le plus proche, afin que nous puissions téléphoner. Ils nous prêtèrent même de l’argent pour nous acheter chacun un short, un tee-shirt et un maillot de bain. L’après-midi, nous descendîmes à la rivière pour nous baigner nus et voir passer quelques bateaux occupés, comme d’habitude, par une population le plus souvent jeune et dénudée. Nadine avait un corps un peu lourd mais ses formes opulentes, lorsqu’elles étaient raffermies par l’eau, lui conféraient un érotisme torride de star italienne. J’étais fasciné par les larges aréoles brunes de ses seins cuivrés, massifs et droits comme ceux d’une négresse. Quant à ma copine, je vis bien qu’elle était fascinée par les tablettes de chocolat et surtout l’entrejambe de Roger. Elle me lâcha dans un souffle :

— Il a vraiment le paquet, ce type. J’ai toujours pensé que ceux qui n’en ont pas beaucoup derrière en ont beaucoup devant.

Au dîner, le couple entreprit de nous raconter sa vie. Tous deux étaient d’anciens professeurs de lycée, lui en EPS, elle en français.

— Au début, on ne se fréquentait pas, raconta Nadine, nous évoluions dans deux sphères totalement distinctes. Je le trouvais bel homme, mais ça s’arrêtait là. J’étais mariée, lui aussi et nous avions chacun deux enfants. Puis mai 68 est arrivé. On s’est retrouvé dans les manifs et les AG. C’était une atmosphère un peu foldingue, on rentrait très tard à la maison, on n’en finissait plus de discuter et de refaire le monde. On s’appréciait de plus en plus et un jour, on a fait l’amour ensemble. Pour moi, ç’a été une révélation. Avec Roger, je pouvais avoir deux ou trois orgasmes dans chaque rapport alors qu’avec mon mari, je savais à peine ce que c’était. On squattait une chambre chez des copains et on ne quittait plus le lit. Pour nous, mai 68 s’est arrêté dans un plumard. Quand l’été est arrivé, on a tout plaqué, famille et boulot. On a trouvé cette maison et depuis, je vis de cours par correspondance et Roger enseigne le yoga au village de vacances voisin.

Quand le temps fut venu de regagner notre chambre, Nadine et Roger s’invitèrent dans notre lit géant, le plus naturellement du monde, comme une évidence. Ils étaient évidemment dans le plus simple appareil.

— Ce pieu n’est pas fait pour un couple mais pour deux, rigola Nadine.

Sans doute pour nous mettre à l’aise, nos hôtes ne s’occupèrent pas de nous mais d’eux-mêmes. Nous assistâmes in vivo à leurs préliminaires bucaux-génitaux, nous écoutâmes leurs petites cochonneries verbales et Roger pénétra Nadine et ses lunettes rondes sous nos yeux, sans que nous ayions seulement commencé de nous caresser, fascinés que nous étions par l’exhibitionnisme du couple. Après avoir besogné tranquillement sa compagne, au rythme lent du laboureur, l’homme se retira et présenta sans façon sa verge luisante de Priape devant le visage de ma copine. Celle-ci eut d’abord un petit mouvement de recul, comme effrayée par la dimension de l’engin. Elle me regarda avec l’air de s’excuser et mue par une force irrépressible, sa bouche engloutit le gland congestionné de notre hôte.

Pendant ce temps, la vaste crinière brune de Nadine s’était rapprochée de mon giron et une langue délicieusement agile prit possession de mon pénis, moins puissant mais tout aussi gonflé. Ma copine, que je croyais à mon usage exclusif, avait maintenant les chevilles contre les oreilles de l’athlète qui l’avait pliée en deux pour la pénétrer le plus profondément possible et le lit s’agitait comme chaloupe en tempête. À l’autre bout de la couche, Nadine, les jambes très écartées, les genoux fléchis, la vulve béante sous sa luxuriante végétation, offerte, consentante, attendait mon bon vouloir :

— Prouve-moi que tu es viril, toi aussi.

Ce genre de défi, il ne fallait pas me le lancer deux fois, surtout venant d’une Vénus lascive de lupanar agreste. Oubliant ma copine, qui couinait de plaisir derrière moi, je me ruai sans précaution dans le vagin de Nadine qui cria :

— Eh doucement, je ne suis pas une génisse !

Mes assauts furieux devaient avoir une certaine consistance car elle manifesta très vite une ardeur symétrique. Elle me griffait le dos en me traitant de petit salaud et me verrouilla si bien les reins par la pression de ses talons que j’éjaculai dans la même position, la laissant pantelante et, je crois, satisfaite, malgré la relative brièveté du coït. Mais à la tête du lit, le gars Roger était loin d’avoir fini son boulot. Ma copine le chevauchait en nage et je regardai épaté les circonvolutions enthousiastes de son beau fessier. Où donc était-elle passée, la fille qui me traitait comme un mari ? Stimulé par la main de Nadine, je recommençai à raidir. Roger désarçonna sa partenaire et lui proposa une double pénétration avec mon concours :

— D’accord, répondit-elle, mais c’est mon copain qui m’encule.

Et nous voilà partis dans une figure compliquée, où les jambes se mêlaient aux bras et les sexes aux sexes. Nous étions tous sportifs, heureusement. Nadine exigea le même traitement et obtint un orgasme aussi violent avec des positions masculines inverses de l’acte précédent. Apparemment, elle acceptait la matraque dans son fondement épanoui avec aisance et satisfaction. J’avais éjaculé une nouvelle fois alors que Roger, parfaitement maître de lui-même, était toujours gaillard. Ma copine le prit alors par la main et le conduisit dans la cuisine :

— Viens, j’ai envie que tu me prennes sur la table.

C’était chez elle un fantasme que je connaissais bien pour l’avoir plusieurs fois satisfait, mais là, en terrain inconnu, c’était assez exotique. Nadine et moi, nous les suivîmes. Allongée sur la table, ma copine subissait les assauts de l’homme debout qui la tenait fermement par les cuisses et qui avait remplacé le rythme lent du laboureur par le staccato du métronome. La table se déplaça de trois bons mètres pour se bloquer contre l’évier et ils prirent l’un et l’autre leur plaisir dans un vacarme de cris et de grognements qui nous laissa, Nadine et moi, à moitié assourdis. Ma copine regarda l’homme, les yeux éperdus de reconnaissance, et je me demandai si je n’allais pas devoir ramer tout seul les jours prochains. Nadine n’avait-elle pas tout cédé elle-même à cette bête de sexe ? Heureusement qu’elle était là mais curieusement, elle ne semblait pas du tout jalouse.

Le lendemain, la question se posa si nous allions rester quelques jours ou pas. Nous eûmes, ma copine et moi, une petite scène dans notre chambre : je voulais repartir, pas elle et je comprenais trop bien pourquoi. Du reste, elle n’en faisait pas mystère :

— J’en encore envie de baiser avec ce type. Tu ne m’as jamais déçue mais lui, c’est autre chose, il est phénoménal de puissance et de virilité. On a l’impression qu’il est capable de se retenir indéfiniment et d’attendre tranquillement le plaisir de la femme.

Il y avait de quoi faire des complexes et je manifestai une certaine agressivité, alors que j’avais moi-même usé et abusé de la sensualité de l’épouse.

— Et tu crois que sa femme va accepter une nana plus jeune sous son toit ?

L’argument ne porta pas car elle croyait à la répétition des parties à quatre. En revanche, l’attitude du couple fut sans ambiguïté.

— On s’est bien amusé ensemble mais il vaut mieux que vous repartiez, dit Roger. Vous avez des tas de choses à faire en commun et nous aussi. Restons-en là, n’est-ce pas ?

Deux heures plus tard, nous étions sur notre canoë, ma copine un peu tristounette mais la magie de la rivière aidant, nous retrouvâmes vite le goût de l’aventure. Jeunesse, jeunesse, que tu es versatile ! Nous avions pris pour repère une autre embarcation devant nous et nous accélérions l’allure pour la rejoindre, par jeu. Arrivé à hauteur, nous nous aperçûmes que les deux pagayeurs étaient un monsieur d’âge mûr chauve comme un caillou et poilu comme un gorille, accompagné d’une dame grisonnante aux cheveux très courts et aux formes opulentes, tous deux aussi nus et bronzés qu’on peut l’être. C’était notre couple libidineux de l’autre jour ! Ils nous reconnurent et une discussion amicale s’engagea. Ils nous proposèrent un camping commun au bord de l’eau que nous acceptâmes bien volontiers. Une autre aventure commençait.

Les deux sexagénaires que nous avions rejoints, adeptes comme nous du tourisme de rivière, avaient presque l’âge de nos parents à l’époque, mais leur nudité militante et leurs penchants exhibitionnistes nous les avaient fait classer d’emblée dans la catégorie des libertins soucieux de jouir de leur corps tant que celui-ci le leur permettait. Ils n’en étaient pas moins très sympathiques et serviables et, malgré le peu de moyens à sa disposition, la femme cuisinait très bien. Nous évoquâmes nos vies respectives. Entre des étudiants comme nous d’une part, et des jeunes retraités comme eux d’autre part, les conversations auraient pu tourner court mais ce ne fut pas le cas. De nombreux sujets furent abordés, notamment le sexe. Ils nous avouèrent adorer faire l’amour même si, l’âge aidant, ils ne se limitaient plus qu’à une fois tous les deux ou trois jours, ce qui n’était pas si mal, me sembla-t-il. De préférence le matin plutôt que le soir, après une bonne nuit. Nous avions évidemment une fréquence beaucoup plus soutenue mais ils nous étonnèrent un peu lorsqu’ils nous apprirent que c’était celle de leurs années de quadragénaires, quand ils s’étaient connus. Vrai ou faux, c’était difficile de le savoir. Chacun se replia sous sa tente après le dîner pour réparer les fatigues de la journée.

Quand je passai la tête par l’ouverture le lendemain matin, le couple se baignait nu dans l’eau verte et je les rejoignis dans le même appareil. Alors que sa femme sortait de l’onde, exhibant une croupe large et potelée, l’homme me prit à part entre deux brasses :

— J’ai quelque chose d’un peu délicat à vous demander et pardonnez-moi si je vous choque. Je pense que je satisfais sexuellement mon épouse mais j’aimerais, avant qu’elle ne soit trop vieille et plus vraiment désirable, qu’elle fasse l’amour avec un jeune homme comme vous, pour éprouver des sensations oubliées et qu’elle ne retrouvera sans doute plus. Je vous assure que vous ne serez pas déçu, elle n’a pas son pareil pour donner du plaisir à un homme.
— Mais il ne peut pas en être question, j’ai ma copine avec moi et…
— Laissez-moi lui parler d’abord pour lui expliquer l’affaire.

Un peu plus tard, l’homme prit ma copine à part et, assis au bord de l’eau, ils devisèrent longuement. Pendant ce temps, je lorgnais la femme en loucedé pendant qu’elle s’affairait autour de la tente. Elle était plutôt du genre trapu avec des seins larges et un peu tombants mais nullement flasques. Elle avait un peu d’embonpoint, un soupçon de cellulite sur les cuisses, des mollets de marcheuse, un pubis poivre et sel comme ses cheveux, mais, ce qui m’intéressait avant tout, c’était son fessier épanoui, bronzé et accueillant, peut-être parce que j’avais surpris son mari lui rendre un viril hommage trois jours plus tôt. Surprenant mon regard, elle me sourit avec un air quasi maternel. Nonobstant l’érotisme qu’elle dégageait, je me demandais vraiment comment je pourrais faire l’amour avec cette femme qui avait l’âge de ma mère.

Puis ma copine me rejoignit et me prit à part à son tour :

— Je suis au courant de ce que le monsieur t’a demandé. Je ne sais pas ce que tu en penses mais, de mon côté, tu as mon feu vert. Cet homme offre à sa femme une telle preuve d’amour qu’on ne peut pas refuser. Et puis, vu ce qu’on vient de faire avec Nadine et Roger, avoue que ce serait injuste de ne pas leur offrir la même chose.
— Parce que toi, tu comptes aussi aller avec ce type ?
— Ce n’est pas dans le marché, mais pourquoi pas ? Il n’est sans doute pas aussi puissant que toi ou Roger, mais il doit être très doux, très affectueux. Et puis, j’avoue que son corps un peu bestial ne me laisse pas insensible. Mais bon, c’est d’abord toi qui es concerné, pas moi.

Je me sentais un peu dérouté par cette histoire et j’aurais sans doute tergiversé longtemps si la femme n’avait pris l’initiative :

— J’ai envie de faire un petit tour de canoë, vous venez avec moi ?

J’acceptai, avec la claire conscience de lui offrir une ouverture qu’il me serait impossible de refermer. Et nous voilà partis à contre-courant, il est vrai assez faible en cet endroit. Devant moi, elle pagayait avec énergie et je pouvais voir les muscles de son dos saillir au-dessus d’une croupe largement étalée sur le coussin de l’avant. Après quelques centaines de mètres, hors de vue de notre campement, elle me désigna une petite plage où nous laissâmes le canoë s’échouer.

— Pouh, ça fait du bien de s’arrêter un peu, me dit-elle en s’asseyant non sur le sable mais sur un drap qu’elle avait sorti de l’embarcation. Venez à côté de moi, qu’on discute.

Nous étions, je le rappelle, entièrement nus. Est-ce le fait de voir son positionnement un peu lascif sur les coudes, ses larges cuisses ouvertes sur sa vulve abondante, ou bien la perspective d’un corps à corps inéluctable ? Toujours est-il que je ne voyais plus devant moi une image matriarcale mais une femelle en chaleur qui n’attendait que ma verge, laquelle passa rapidement de la position basse à la position haute.

— Je vois que je te fais de l’effet, c’est flatteur pour moi, me dit-elle. Tu sais, j’ai été belle dans ma jeunesse. Tous les hommes me couraient après et j’en ai bien profité. Je ne me suis mariée qu’à quarante ans et je n’ai jamais voulu d’enfant. J’aimais trop la vie. J’étais visiteuse médicale, je bourlinguais pas mal et je dormais rarement seule à l’hôtel. Mon mari me dit souvent que je suis la plus authentique cochonne qu’il ait jamais rencontrée. C’est une façon très masculine de voir les choses. Un psy dirait plutôt que j’ai une libido très développée pour mon âge, parce que j’ai toujours su l’entretenir par l’imaginaire et par les actes. Je crois avoir connu les expériences sexuelles les plus diverses dans des lieux les plus divers mais tu sais, à soixante ans, on fait des choses qu’une jeune femme n’ose pas forcément, parce qu’elle a encore des tabous. Moi, il y a beau temps que je n’en ai plus. On va baiser ensemble là, au bord de l’eau, et tu vas voir, ça va très bien se passer. Tout ce que je te demande, c’est d’être bien raide le plus longtemps possible. Si tu sens que tu vas jouir, préviens-moi et retire-toi. J’ai envie de savourer ta queue longtemps.

Ce fut elle qui prit les affaires en mains. Elle m’imposa d’emblée un 69 qui me permit de plonger le mufle comme un chien truffier dans son intimité déjà béante. La succion qu’elle offrait à mon sexe était une alternance terriblement excitante d’infinie douceur et d’aspiration vorace cependant qu’elle jutait sur mon nez avec une abondance que je n’aurais pas imaginée pour une personne de cet âge. Elle s’attarda longuement sur mes bourses, les gobant et les léchant cependant que l’activité de ma langue la faisait remuer de plus en plus fort de la croupe. Une flottille de canoës et de kayaks passa à ce moment précis avec des cris et des lazzis et la femme interrompit ses circonvolutions de langue pour leur adresser un grand bonjour, comme si elle jouait à la pétanque. En changeant de position, elle m’avoua :

— J’ai toujours aimé qu’on me regarde faire l’amour, cela augmente mon plaisir. Bon, si tu me montrais maintenant de quoi cette belle queue est capable ?

Son vagin était si largement ouvert, si profondément humide, que j’eus l’impression d’entrer dans un bain d’huile. Le faible frottement de ses parois intimes me permettrait sûrement de durer plus longtemps qu’avec ma volcanique copine. Les pieds et les mains plantés dans l’herbe, bras et jambes tendus comme pour des pompes, je la pénétrai lentement de toute ma longueur, piochant à droite, creusant à gauche, pour qu’elle goûte pleinement la dureté de mon pénis. Mais elle en voulait plus et posa ses mollets sur mes clavicules afin que je m’enfonce encore plus profondément en elle, quitte à ce que je la plie un peu rudement. Les yeux clos, elle semblait partie dans un ailleurs et se lança dans un monologue d’une crudité absolue.

— Hou ! Quelle bite ! Qu’est-ce que je te sens bien ! Tu vas bien me baiser, hein ? Bien m’enculer aussi, tout à l’heure. Allez, vas-y, mets-la à fond, n’aie pas peur de me faire mal, je veux que tu ailles là où personne n’est allé depuis longtemps. Oui, comme ça, sur les côtés, ça c’est bon ! Allez, accélère, je veux sentir ton ventre claquer sur le mien, tes couilles buter contre ma chatte.

J’avais beau être jeune, je fatiguais et elle me mit sur le dos pour s’empaler sur mon dard.

— Allez, prends-moi les seins, pétris-les, titille-les, oui, là sur les tétons, mmmh, j’adore ça.

Dans cette position plus reposante, j’aurais pu durer des siècles et elle en profita, la vache ! Tantôt sur les genoux, tantôt en appui sur les pieds, elle évoluait d’avant en arrière, de gauche à droite et de bas en haut, afin que le moindre repli de sa chair intime profitât de mon gland dur comme un galet. Puis elle se mit à quatre pattes :

— Tu vas d’abord me prendre en levrette puis me lécher le derrière et me prendre par le petit trou. Ce sera le bouquet final. Remplis-moi bien, je veux te sentir jusqu’au fond de mon ventre.

Ainsi fut fait. La sodomie fut une extraordinaire réussite. Je m’enfonçai dans son plantureux fessier bronzé avec délectation, comme dans une énorme motte de beurre frais. Elle me regardait par-dessus son épaule pour jouir visuellement de l’instant, associant l’image à la sensation physique. Elle contractait ses sphincters à volonté et m’arracha un baquet de sperme. Le mari avait raison : cette femme au regard si bleu et si maternel était bien une très grande cochonne et je l’avais besognée comme une reine de harem.
Nous nous rinçâmes dans l’eau tiède de la rivière avant de repartir dans le sens du courant.

Arrivés à notre campement provisoire, nous constatâmes l’absence de nos conjoints respectifs, mais l’autre canoë était toujours là. Nous n’eûmes pas besoin d’aller loin pour les trouver. L’homme était couché sur une grande serviette de bain et tenait par les mains ma copine, laquelle se trouvait face à lui, en flexion des jambes au-dessus du pénis tendu de son partenaire et s’infligeait le délicieux supplice du pal vaginal. Sa position accroupie permettait une profonde pénétration et elle soupirait de satisfaction quand elle me vit. Aussitôt, le couple se désunit et l’homme marqua un bref moment d’inquiétude :

— Ne t’inquiète pas, chéri, je viens de prendre mon pied avec ce jeune homme et c’est bien ton tour, puisque mademoiselle n’a pas l’air de se faire prier, dit la femme.

Je ne pouvais qu’acquiescer et ma copine me remercia, entraînant le vigoureux retraité entre ses jambes largement ouvertes :

— Viens, montre-leur que tu es encore capable de faire jouir une fille comme moi.

Le corps velu se positionna avec précaution au-dessus des muqueuses délicates de celle qui partageait ma vie et la pénétra à nouveau avec un grognement assez bestial qui arracha un cri de joie à sa partenaire. Son va-et-vient était lent et calculé mais ma copine lui fit comprendre qu’elle en voulait davantage en martelant ses reins des talons. L’homme accéléra le rythme en soufflant comme un joggeur, encouragé par les griffures sur ses fesses poilues et il explosa dans un cri rauque avant de se coucher, épuisé, sur le flanc. Dans un premier temps, je fus inquiet, craignant qu’à trop tirer sur ses testicules, l’homme n’ait mis en danger ses ventricules. Rassuré dans un deuxième temps, cette scène avait ranimé en moi une forte envie de sexe et je voyais bien que ma chère et tendre en désirait un peu plus. Aussi pris-je le relais du chauve et, de quelques coups de reins bien nets, amenait la grande blonde à l’orgasme.

Cette double partie de jambe en l’air nous avait mis en appétit. La femme nous prépara une prodigieuse omelette au lard avec les moyens du bord et nous nous offrîmes une sieste réparatrice après nos ébats. Décidément fatigué, le couple dormait encore au cœur de l’après-midi quand nous décidâmes de repartir. Avec des cailloux, nous écrivîmes sur le sable un grand MERCI. Et le canoë nous entraîna au fil du courant vers la fin de ce périple torride.

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