Le lendemain matin il n’était plus question ce jour-là qu’elle me réveille. J’étais prêt pour la recevoir bien avant l’heure nécessaire. Je m’étais préparé pendant un long moment pour me présenter, autant que possible dans mon état, sous le meilleur jour. Je restais assis sur le lit tout habillé à l’attendre…
Je réalisais que c’était la première fois depuis bien longtemps que je n’avais connu une pareille excitation. J’avais l’impression de revivre les émois de mon adolescence. Moi qui avais largement l’âge d’être son grand-père, j’étais dévoré d’angoisse et d’émotion à l’égard de cette jeune femme qui, précisément, sortait tout juste de l’adolescence. Je la percevais dans ses réactions, dans l’assurance de son comportement et cette capacité à satisfaire mon désir tout en restant maîtresse du jeu, quelque part, comme bien plus mûre que moi.
Sophie, après m’avoir au même titre que la jeune fille de l’hôpital, rassuré sur la vigueur de ma virilité, me plongeait désormais dans le plus profond désarroi. Je comprenais, aussi ridicule que cela puisse paraître à mon âge et surtout au regard de ce que j’avais vécu, que j’étais totalement sous le charme de ma belle infirmière.
J’étais passionnément amoureux d’elle, amoureux au point de guetter le moment de sa visite avec une appréhension dévorante. J’avais peur qu’elle ne vienne pas et qu’elle mette brusquement un terme à ce rapport singulier, secret et intime qui venait de se nouer. En fait, je craignais qu’elle se soit moquée de moi et qu’elle feigne d’ignorer notre contrat pour m’humilier, par un jeu qui n’aurait pour elle que la saveur du sadisme.
Lorsque j’ai enfin entendu la porte s’ouvrir, il m’a semblé que les bruits qui me parvenaient n’étaient pas ceux habituels de ma bien-aimée… La sécheresse avec laquelle la porte était refermée, tout comme la fermeté arrogante des pas qui claquaient retentissants sur le carrelage trahissaient une métamorphose que je craignais par dessus tout. Soit c’était l’effet d’une distance qu’elle allait d’évidence à nouveau vouloir instaurer entre nous, soit pire encore, ce n’était pas elle, et elle avait préféré se faire remplacer au pied levé plutôt que d’avoir à affronter un jour de plus mon regard de vieux lubrique.
Au moment où j’ai relevé la tête, c’est son odeur encore une fois qui m’a rassuré sur ce deuxième point alors qu’elle n’était pas arrivée jusqu’à ma chambre… j’aurais au moins le plaisir de la revoir encore une fois… mais c’était tout sauf du plaisir que je ressentis tout d’abord… J’avais tellement peur de la trouver plus lointaine encore que ce premier jour où elle s’était présentée à moi. Sous l’effet de ce que j’avais pris pour de la timidité elle avait alors semblé éviter mon regard…
À peine était-elle apparue aujourd’hui qu’elle fit fondre mon inquiétude en me gratifiant de son joli sourire. Tout de suite je m’aperçus que sa beauté naturelle était plus troublante encore que les premiers jours. Elle s’était maquillée d’une façon discrète mais, ce simple fait était pour moi, à la suite de notre conversation d’hier, un témoignage troublant de l’attention qu’elle portait désormais à mon égard.
Elle était parée de la carnation légère d’un rouge qui ne faisait qu’accentuer la douceur acidulée du pourpre sensuel de ses lèvres. Une parure plus discrète encore venait souligner sur ses fines paupières l’éclat radieux de son regard clair et limpide, et je m’en voulais de n’avoir pas jusqu’ici perçu la beauté particulière de ses yeux marrons clairs aux reflets d’un vert intense.
Ses superbes jambes qu’elle dénudait gracieusement, de par la fente d’une jupe un peu plus courte que la veille, étaient parées d’un voile qui assombrissait à peine le teint si lumineux de sa peau.
Mais tout autant que ces preuves d’attention que m’offrait sa troublante coquetterie, ce qui me toucha en elle, c’est cette attitude hésitante qu’elle eut alors. J’avais cru ne voir en elle hier qu’une jeune femme déterminée et fière de son évidente beauté… Aujourd’hui, elle m’offrait le spectacle d’une demoiselle visiblement émue qui semblait elle-même en partie inquiète. Cela me faisait du bien de croire que c’était principalement dû à sa volonté de ne pas me décevoir…
Elle s’avançait d’un pas hésitant tout en cherchant du regard « l’objet » qui dans la pièce devait être le signal de la conduite qu’elle devrait observer. J’eus pour la première fois la sensation de détenir vis à vis d’elle un certain pouvoir. J’avais en effet cette liberté de ne rien avoir laissé… dans le cas contraire elle devait s’adresser à moi pour savoir qu’elle était ma volonté.
Mais son attente ne fut pas trop longue, et elle découvrit bientôt le billet plié en quatre sur le rebord de la fenêtre. Dans ce que je pris comme une volonté de bien faire et sans doute, de vouloir reprendre les choses en main, elle se positionna tout près de mon lit comme elle l’avait fait hier et sans même me regarder, j’entendis sa voix un peu voilée :
— Si vous voulez, aujourd’hui je peux vous en montrer davantage…
Je savais à quoi elle faisait allusion. Elle était prête à m’offrir la vision impudique de son petit trou du cul. La proposition était bien tentante, mais j’avais d’autres projets…
— J’en aurais très envie, mais aujourd’hui il y a quelque chose qui me fait plus envie encore…
Il y eut un silence entre nous que je n’avais pas calculé. D’un seul coup ce que j’avais à lui dire me parut comme déplacé, un peu choquant. À mon âge j’osais dire à une femme qui n’était pas la mienne et qui était d’une génération si éloignée de la mienne :
— J’ai envie de voir vos seins.
La phrase était sortie de ma bouche comme étouffée. J’eus l’impression d’entendre celle de l’enfant que j’étais autrefois qui aurait eu cette audace folle de demander à la mère de mon copain qui me faisait tellement fantasmer qu’elle me montre sa poitrine !
— Je voudrais que vous me les montriez en prenant votre temps… que vous vous mettiez torse-nu et que vous le restiez pendant tout ce temps où vous serez près de moi aujourd’hui.
Il faisait une chaleur lourde et moite et peut-être cela m’a-t-il un peu aidé… Sans exprimer la moindre expression, elle s’est tournée alors vers moi et, tout en me regardant, a commencé à défaire les boutons de son chemisier.
Son regard était littéralement rivé au mien mais, peu à peu, j’avoue que, tout aussi fascinant qu’il soit, j’étais irrésistiblement attiré par un tout autre spectacle… Celui d’un décolleté somptueux qui devenait de plus en plus plongeant… jusqu’au vertige.
J’avais un peu sous-évalué les proportions de cette superbe poitrine dont les lignes sublimes s’offraient devant moi à quelques centimètres, tout juste habillées par un soutien-gorge crème à l’impudique transparence. Lorsqu’elle dégrafa et fit glisser ce dernier rempart, elle se trouva ainsi torse-nu et accomplit ce geste aussi simplement que si je n’avais pas été là.
Je buvais littéralement des yeux le paysage de sa poitrine opulente et pleine de fraîcheur. Tous ces reliefs délicieux qui dessinaient son magnifique buste étaient de vibrants appels pour qu’un homme les touche, les caresse… mais je savais que cela m’était interdit !
Alors qu’elle s’affairait comme à son habitude et avec les mêmes gestes, à préparer mes médicaments, je m’approchais autant que je pouvais sans jamais l’effleurer. Une fois encore privé du plaisir tactile, c’était son odeur qui m’offrait la volupté de savourer la réalité de sa présence.
Elle n’était pas que l’image animée d’une nudité sur laquelle j’avais tant fantasmé. Je me rendais compte qu’une fois encore, l’offrande d’une partie de son corps qu’elle sacrifiait pour moi en toute impudeur, s’accompagnait du don d’un parfum subtil, d’une odeur. Je ressentais à quel point la nudité elle-même avait son odeur, que chaque partie d’un corps de femme pouvait y être ainsi reconnaissable.
Je respirais ainsi autant que je le pouvais le délicieux fumet du sillon profond plongeant entre ses seins et où perlaient quelques gouttes de sueur. Ces derniers gonflés et souples à la fois, semblaient gorgés de lait, ce qui était absurde chez une jeune femme qui n’était pas encore mère, ni sur le point encore de le devenir… Et la sensation olfactive semblait prolonger cette illusion. J’avais vraiment l’impression de sentir l’odeur du lait chaud…
Et puis je me tirais de mes douces rêveries pour témoigner de mon admiration :
— Ils sont magnifiques ! Plus beaux encore que je ne l’avais espéré. Quelle chance peu ordinaire aura l’enfant qui pourra les téter… à moins que ce soit un homme… peut-être que cela a déjà été fait ?
Elle ne put dissimuler un léger rougissement et alors qu’elle avait plaisir à me regarder la flatter, elle détourna à cet instant son regard. Je n’insistais pas mais je m’imaginais les lèvres d’un amant se lover autour de ses superbes aréoles et les flatter du bout de la langue dans un geste de succion régressif. J’aurais tellement aimé ce jour-là être un gros bébé blotti dans ses bras et m’abandonner à toutes les cajoleries à l’adresse de ses opulentes tétines !
Le trouble que j’avais suscité me montrait qu’elle n’avait pas menti. Réellement pour elle, c’était plus qu’un simple jeu. Si j’étais sensible aux offrandes visuelles auxquelles elle gratifiait le vieux libidineux que j’étais devenu, en retour elle éprouvait un réel plaisir à satisfaire ou à provoquer mon désir. Et elle n’était pas insensible au jugement que j’aurais porté sur elle. C’était à mon tour de me montrer rassurant au risque de la choquer :
— Vous savez, je sais qu’une femme aussi belle que vous a du recevoir bien des caresses… vous n’avez pas à en rougir. Si je suis bien trop vieux pour espérer quoique ce soit d’autre que le spectacle superbe de votre nudité, j’ai assez vécu pour savoir combien une femme a besoin de tendresse et d’attouchements !
Il y eu à nouveau un silence gêné entre nous mais je poursuivais, tout en ayant conscience que je risquais d’aller trop loin…
— Est-ce que vous avez un amant ?
Je m’attendais à me faire rembarrer mais j’entendis rapidement une timide réponse
— Oui.
Il n’y avait aucun doute sur la honte qui devait l’habiter. Tant que le marché inavouable qui existait entre nous ne concernait que deux adultes consentants, il n’y avait pas de raison particulière de se sentir coupable. Il en allait autrement si elle m’avouait l’existence d’un compagnon. Moi-même je me demandais ce qui lui faisait accepter ce jeu un brin pervers avec un être comme moi, si elle avait déjà un homme dans sa vie…
Je ne me lassais pas pendant ce temps de contempler encore ses belles et fières mamelles qui changeaient merveilleusement de formes au gré des positions de ma bien singulière assistante.
Après cela elle commença à se rhabiller sans hâte et me gratifia d’un baiser qu’elle m’adressa d’un souffle sur la paume de sa main… Comme elle était belle !
— À demain ?
Je ne sais s’il y avait consciemment de l’ironie dans ses propos. L’attendre, c’était maintenant ce qui occupait toute ma vie lorsqu’elle n’était pas là ! C’est elle qui définitivement pouvait dès cet instant mettre un terme à notre relation qui s’avérait peut-être pour elle plus dangereuse que je ne l’avais pensé…
Heureusement pour moi, elle allait assumer cette part de risque, cette part de jeu.
Ce n’est que plus tard que je perçus à quel point ce rapport, en un glissement insensible, devait nous conduire vers des terrains mouvants plus pervers et dangereux encore… J’étais bien déterminé à la voir se dévêtir plus encore, au propre comme au figuré… Je voulais en savoir davantage sur elle !
À suivre…
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