— Lorsque je suis arrivée au camping naturiste, j’étais méfiante. Si je n’avais pas eu ce job d’été à l’accueil du club, je ne serais jamais venue en simple vacancière. Après, j’ai quand même joué le jeu de visiter, et de tenter quelques contacts. J’ai vite été adoptée par une bande de potes et j’ai connu tous les jeunes du camping. Entre eux il ne se passait rien de bien particulier, pas plus pas moins que dans les autres groupes. Peut-être même moins car ils se connaissaient depuis l’enfance, pour la plupart, et préféraient ne pas trop coucher ensemble pour rester soudés et éviter les jalousies. Enfin, de ce que j’ai compris après coup. Car sur le moment, je n’en savais rien et pensais tout le contraire.
— Juste parce que c’était naturiste ?
— Oui ! Je m’étais laissée dire que les naturistes étaient des partouzards. Je sais, je devrais arrêter de regarder M6 et TMC. Je me disais, ils partouzent et échangent leurs fluides à tout-va sans moi parce que je suis nouvelle, ou trop moche, ou pas assez ceci, ou trop cela, et ça me vexait énormément. J’avais l’impression qu’une foule de rapports sexuels se déroulaient sous mon nez… et surtout me passaient sous le nez. Au départ je n’avais aucune envie particulière : une libido d’été, quoi. Là, m’imaginer tout ce que je loupais, même si en fait je ne loupais rien, me rendais frustrée, jalouse.
— Tu supposais que dans le groupe de potes ils baisaient tous ensemble chaque jour, dès que t’avais le dos tourné ?
— Il me suffisait de voir partir deux filles avec trois garçons pour supposer qu’ils allaient dans un coin se faire un plan à cinq. Alors qu’ils faisaient que se balader, faire des courses ou aller à la page ! Pour tenter d’être de la partie j’ai tout fait pour séduire, et jusqu’au bout.
— Je présume que ça a fait mouche…
— Pour ça, oui ! C’est devenu un festival de baise.
— Pour toi seulement ?
— Pour tous ceux qui m’ont baisée. Pas plus, car ils se sont contentés de mon corps. À la bonne franquette, quoi. Ça m’allait bien… Ce n’est que là
que j’ai appris la vérité. Je pensais être juste une baiseuse de plus, en fait j’étais LA baiseuse. La fille qui avait le plus couché dans l’ensemble des nanas passées ici depuis toutes ces années.
— Les garçons devaient être contents. Les filles un peu moins, peut-être ? — Certaines filles ont eu du mal à l’accepter… mais moins que prévu. Finalement, les naturistes sont des gens très tolérants. Ils acceptent les prudes comme les salopes.
— Tu avais vu juste sur un point : les mecs étaient bien des chauds lapins. — Quelle bande de jeunes mecs refuserait une nana prête à coucher avec chacun d’eux ? Ils n’étaient pas plus chauds lapins que n’importe qui.
— Quand tu as su que tu t’étais trompée, tu as arrêté ?
— Non : c’était bien trop bon. Et mon job étant à mi-temps, j’ai pu en profiter à fond.
— C’est drôle ! Tu réponds parfaitement à l’adage « elle ne savait pas que c’était impossible, alors elle l’a fait ». Si t’avais pas mal jugé les naturistes, tu n’aurais jamais cherché à te faire autant sauter. Et la nudité quotidienne, ça t’a plu ?
— Ce n’est pas gênant, sans être spécialement mon truc. Par contre, à force de sexe je suis devenue naturiste malgré moi. J’ai couché jusqu’à trois ou quatre fois par jour. Et tant qu’à faire, je me suis pas toujours rhabillée. Et de plus en plus souvent déshabillée à l’avance. Si par exemple j’avais rendez-vous sous une tente à quinze heures, j’allais me baigner à midi sans me revêtir ensuite. Plus pratique, plus agréable. D’autant que l’eau, le soleil et le vent contre une peau nue met encore mieux en condition pour l’amour. — La direction du centre ne t’a pas pris en grippe ?
— Au contraire! La plupart de leurs employés ne sont pas du tout naturistes. Ils savaient que je ne l’étais pas non plus, ils m’ont vu le devenir au cours du séjour et m’en ont félicitée.
— Ce qu’ils ignoraient c’est que les jours où tu étais nue du matin au soir étaient ceux où… tu baisais du soir au matin.
— C’est pour ça que malgré leurs dires, je suis pas certaine d’être une vraie naturiste. Plutôt une nudiste. En tout cas, ils sont prêts à me rembaucher pour l’année prochaine. Et le groupe a hâte de me voir revenir…
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