Je viens d’atteindre la soixantaine. Ma femme est à peine un peu plus jeune, nous sommes mariés depuis longtemps. Je l’aime de cet amour tranquille qu’ont les gens qui ont vécu longtemps ensemble : certains pensent que c’est de l’habitude, mais il y a encore de la tendresse.
Toutefois notre vie sexuelle n’est pas extraordinaire : c’est sans doute en cela que nous sommes devenus paresseux. Très rapidement, nous avons perdu l’habitude de faire l’amour en plein jour, ces tendres mais trop courtes siestes coquines après le repas de midi. De fréquentes séparations pour des raisons professionnelles ont fait que j’ai vite retrouvé le chemin de la masturbation et j’en suis à préférer le plaisir que je me donne, aux rapports sexuels conjugaux.
J’aurais pu dire ailleurs quels sont mes fantasmes pour me branler. Résumons-nous : j’ai commencé plus jeune par les photos des magasines (Lui, Playboy, etc.), puis la lecture de romans érotiques comme « Emmanuelle ». Internet m’a fait découvrir des galeries de photos et des vidéos. Mais le porno commercial ne m’excite guère et, à chacun ses goûts, pas plus que les seins siliconés, les sexes épilés, les tatouages, les piercings, les maquillages outranciers et les regards provocateurs. Non, je préfère les « amateurs » dans lesquels je peux me reconnaître : femmes, jeunes ou mûres, ou hommes qui peuvent être des collègues et des voisins. Et puis, j’aime bien qu’il y ait de la tendresse dans ces récits ou ces photos !
Je n’ai jamais cherché à avoir de réelles aventures, encore moins avec des amies proches. Une certaine lâcheté de ma part ? Sans doute, car il vaut mieux éviter les complications. Et puis je n’ai pas un tempérament à vouloir sauter sur tout ce qui bouge, je crois au principe selon lequel le sexe est une affaire de majeurs consentants. C’est pour cela que la masturbation reste un bon exutoire.
Mais il n’y a pas que le sexe dans la vie, et nous avons une vie bien remplie, y compris à l’heure de la retraite. Des activités que nous avons développées depuis longtemps au sein d’associations culturelles et caritatives. C’est dans ce cadre que nous avons fait de nombreuses connaissances avec des personnes qui sont devenues de vrais amis. Parmi eux, un couple, Philippe et Béatrice, plus communément appelée Béa, qui ont aujourd’hui un peu plus de cinquante ans, et que nous voyons très régulièrement, nous invitant les uns chez les autres. Béa est une belle femme brune au visage agréable. Grande et mince, des yeux noisette tirant sur le vert, d’une vive intelligence, elle n’a rien d’une femme « facile ».
Je l’avoue, j’ai déjà « mis en scène » Béa dans mes rêves masturbatoires. Tout comme deux de mes voisines, femmes mariées mûres et, je le pense, sages et fidèles. Mais sans chercher à passer à réaliser ces fantasmes qui, par définition, étaient absolument irréalisables à mes yeux.
Jusqu’au jour où Chantal, mon épouse, partit pour deux jours en formation pour une association. Je suis habitué à ces moments de solitude qui ne durent pas trop longtemps mais durant lesquels je vis à un autre rythme. Je venais de déjeuner, m’apprêtant à faire cette courte sieste réparatrice où je laisse bien souvent mon esprit divaguer avant de faire un somme d’une dizaine de minutes, quand j’entendis sonner. Généralement, je ne réponds pas à cette heure : ma sieste est sacrée. Pourquoi alors ai-je, cette fois, décidé d’aller voir ? C’était Béa qui venait apporter quelques documents concernant une association.
Nous nous embrassons, je la fais asseoir, échangeons des nouvelles sur nos enfants, nous parlons de choses et d’autres. Mais je ne veux pas la retarder puisqu’elle a une activité professionnelle. Je la reconduis donc jusqu’à l’entrée.
Au moment de nous saluer et comme nous en avions l’habitude, nous nous fîmes à nouveau la bise. Nos visages étaient-ils trop proches ? Je ne sais, mais nos lèvres s’effleurèrent à peine. Ce fut très soudain, comme un courant électrique. Nous nous sentîmes gênés, alors que nous étions dans une relation amicale confiante, et si ancienne. Une confusion qui nous envahit l’un et l’autre, un appel réciproque dans le regard. Nous nous sommes rapprochés, nos lèvres se trouvèrent, s’écartèrent pour un vrai baiser. Nos mains vinrent se poser tout naturellement sur nos nuques, voulant l’un et l’autre éviter que nous échappions à ce désir si soudain. Je m’appuyai sur le mur de l’entrée, l’entraînant vers moi.
Tous nos scrupules, toute retenue, tombent alors devant ce qui était impensable à l’un et à l’autre. Nous sommes dans une pulsion mutuelle qui nous fait oublier que nous tenons l’un et l’autre à nos conjoints respectifs.
Mes mains glissent sous son tee-shirt, remontent sur dos. Mes doigts cherchent l’attache du soutien-gorge, qu’ils trouvent, puis défont maladroitement. J’ai si souvent rêvé à ses seins ! Sa bouche s’écrase sur la mienne, sa langue s’empare de ma langue. Elle se dégage rapidement pour enlever son tee-shirt. Le soutien-gorge glisse, mais encore retenu par les bretelles. Je le fais alors tomber. Ses seins sont petits mais beaux, un peu tombant, comme chez les femmes de cet âge : les aréoles bien marquées, d’un rose tirant légèrement sur le brun, les tétons petits mais saillants.
Je l’entraîne vers le salon proche, ayant le soin au passage de tirer le rideau d’une fenêtre par laquelle nous aurions pu être vus. Nous nous asseyons sur le canapé, nos bouches rivées, nos langues agitées. Mes mains se posent sur ses seins, sentant au creux des paumes les tétons érigés. Elle cherche les boutons de ma chemise, les défaisant un à un, avec une certaine hâte. Elle me force à m’allonger sur le bord du canapé, se mettant à genou sur le tapis. Ma chemise ouverte, sa bouche parcourt ma poitrine. Puis elle descend, déboucle ma ceinture, ouvre la fermeture à glissière.
Il y avait longtemps que je n’avais eu une telle érection, mon sexe était horriblement comprimé dans mon slip : c’en était presque douloureux.
Sa main se pose sur la bosse. Elle me regarde et me dit en souriant :
— Je te fais tant d’effet ?
— Oui, lui réponds-je dans un souffle.
Elle glisse alors la main sous l’étoffe, s’empare de la colonne tendue. Je frémis, je crains de ne pouvoir me retenir. Elle libère mon sexe de sa prison. Et, je n’osais l’espérer, elle approche ses lèvres, y dépose un baiser puis plusieurs. Sa bouche s’ouvre, enveloppe mon gland encore calotté. Ma femme ne m’a guère habitué à cette caresse et, là encore, ce fut un effort presque surhumain pour éviter une explosion trop rapide. Mais les lèvres de Béa reviennent vers ma poitrine, puis vers mes lèvres. Elle s’allonge sur moi tandis que j’essaie de déboutonner son jean. Elle m’aide en cette tâche, elle n’est plus alors qu’en culotte. Mes mains se posent sur ses fesses, dont elles apprécient la fermeté. Nous nous retrouvons face à face, chacun sur le côté dans l’étroitesse du canapé. Puis, passant par-devant, une de mes mains s’insinue sous l’élastique de la culotte et, quel bonheur, rencontre une toison soyeuse sur une motte à peine rebondie. Du bout des doigts, je masse délicatement le mont de Vénus en faisant des mouvements circulaires.
Elle reprend alors mon sexe dans sa main, le presse doucement, le tirant en arrière pour dégager le gland. Elle imprime un mouvement régulier de va-et-vient sur la colonne. Elle recueille dans sa paume les gouttes incolores qui s’échappent de mon membre pour mieux faire coulisser le prépuce.
Ma main s’aventure plus bas, vers l’ouverture de sa chatte. J’en sens la chaleur humide au bout des doigts. J’effleure son petit bouton d’amour qui est tout rigide et qui est sorti sans peine de sa cachette. Mais je n’insiste pas car mon majeur atteint la fente qui s’ouvre sans peine, tant la cyprine est abondante. Index et auriculaire écartent les lèvres, et le majeur, bientôt suivi de l’auriculaire, s’insinue dans le vagin. Ses cuisses emprisonnent ma main. Je l’entends gémir dans un souffle : « arrête… encore… oui… ». Sa main comprime mon sexe.
Alors, assez brusquement, elle se débarrasse de sa culotte, s’allonge sur le dos, et m’entraîne sur elle. Elle a compris mon désir de goûter à sa liqueur d’amour. Mes lèvres se posent sur ses cuisses puis remontent vers son sexe offert et luisant de mouille. J’en hume la délicate et excitante odeur. Puis ma bouche se pose sur ses lèvres intimes, ma langue fouille la vulve, titille son bouton d’amour bandé. Elle soulève les reins, répétant : « oui… oui… oui… ». J’apprécie la saveur de son sexe.
Elle m’attire vers elle. Elle prend ma bite, la guide vers sa vulve, se frotte le clitoris à l’aide du gland. Puis me force à la prendre. Le canal est si bien lubrifié que je suis vite tout au fond d’elle. Je fais tout pour me retenir, et ce n’est pas facile, d’autant plus qu’elle bouge le bassin.
J’étais d’ailleurs assez étonné de cette hyperactivité de Béa, que je n’imaginais pas dans mes rêves érotiques où tout se passe plutôt calmement avec des gestes tendres.
Bien qu’étant en dessous de moi, elle prend vraiment l’initiative, mais ce n’est pas pour me déplaire. Mes lèvres vont d’un de ses tétons tendus à l’autre. Elle sent que cette fois, je ne puis résister, elle l’a compris au frémissement qui parcourt tout mon corps. Alors elle s’écarte pour que je sorte d’elle, prend mon sexe dans sa main et le branle avec vigueur. Je gémis de plaisir, mêlant mon râle aux siens. Je sens mes reins vibrer, la colonne de chair se durcir et bientôt ma semence est éjectée avec une puissance que j’avais un peu oubliée. Les jets de sperme atteignent sa toison, son ventre, mais elle en a également sur la main. Je m’effondre sur elle, ma bouche cherche sa bouche.
— Eh bien ! me dit-elle avec un air à la fois surpris et souriant.
— Tu n’y es pas allée de main morte…
Elle rit à mon mauvais jeu de mot. Puis s’aperçoit de l’heure. Pas le temps de prolonger ce moment pourtant si agréable où la folie du désir peut faire place à la tendresse. Je me précipite vers la cuisine, chercher un essuie-tout pour nettoyer les traces de notre joute. Et lui propose ensuite de se doucher à la salle de bain, lui prêtant mon propre peignoir.
Nous avons eu souvent l’occasion de nous revoir depuis, toujours en présence d’autres personnes, sentant que nous restions l’un et l’autre gênés au souvenir de cet épisode. Car il ne s’est jamais reproduit, ce moment est resté unique. Et elle a continué à hanter mes fantasmes.
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