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Souvenir de rando (lu sur le net)

Souvenir de rando (lu sur le net)



Il fait un temps magnifique. C’est le troisième jour et l’air embaume, mélange de terre et de végétaux, que le soleil sur le versant sud réchauffe de ses rayons.

Je suis parti à 8 h et, après trois heures, le rythme est pris. Le rythme, son propre rythme, c’est ce qui compte le plus dans ce type de rando. D’ailleurs je ne devrais pas parler en heures mais plutôt en dénivelés.

Encore une fois, la vallée de Chamonix – prononcer « Chamouni » si vous ne voulez pas passer pour un touriste – se révèle une merveille en ce mois de juin. La nature me donne le meilleur. Je dis « me » car je pourrais me croire seul dans ce monde minéral. Je suis parti d’Argentière pour monter au lac Blanc et redescendre sur Chamo.

Je suis amoureux de cet endroit. Oh, je ne suis pas un « montagnard » ou un « alpiniste », non, juste un randonneur que des genoux capricieux obligent à de la réserve. Mais cela ne me prive pas et je peux marcher, monter et descendre. Eh oui, descendre, le plus « chiant » mais il le faut bien.

Si je suis ici cette année, si tôt dans la saison, c’est pour une raison personnelle. D’habitude nous venons, ma compagne et moi, plutôt pour les vacances d’été. Mais Valérie m’a joué un mauvais tour.

Il y a un mois, elle m’a annoncé qu’elle partait. Après 10 années de vie en commun. Même pas pour un plus jeune – j’ai 40 ans – non : pour un mec de 50 balais. La honte ! Soi-disant que notre relation devenait trop « pépère », sans surprise, que je ne m’occupais plus assez d’elle, qu’au lit la routine s’était invitée, etc., etc.

Il a bien fallu que j’encaisse sans broncher. J’ai ma fierté. En plus, elle n’avait pas vraiment tort. C’est vrai que moi aussi j’aurais aimé changer la routine, mais Valérie n’est pas une folle du cul. J’avais pensé à tous les scénarios possibles mais je n’ai pas osé. Que voulez-vous, elle refusait tout. La fellation avec éjaculation ? Niet. La sodomie ? Niet. L’exhibitionnisme ? Surtout pas.

J’ai compris alors que le mec avait su la décider. Ce ne serait pas la première femme à accorder des privautés à un amant alors qu’elle les refuse à son copain. Il fait toujours plus beau ailleurs…

J’avais des jours de RTT en pagaille et mon patron a bien voulu que je parte en juin. Voilà pourquoi je me balade en montagne, profitant du beau temps et me retrouvant seul dans le chalet hérité de mes parents. J’ai tout le temps pour réfléchir.

Je marche, perdu dans mes pensées ; mais au détour d’un gros rocher, je découvre une fille qui avance devant moi avec une démarche hésitante. Quelques pas et je la ratt****. En montagne, le « bonjour » des gens n’est pas un vain mot comme dans les forêts trop civilisées de nos banlieues. Elle me répond avec un accent caractéristique de notre ancienne province aux Amériques. Elle est Québécoise.

Elle fait partie de ces inconscientes qui partent pour une promenade de plusieurs heures sur des chemins accidentés, uniquement équipées de baskets de ville. Je ne parle pas du reste : short de jogging et polo léger. Rien d’autre. Même pas une bouteille d’eau. La vraie touriste. Touriste qui a quand même plusieurs heures de marche dans les pattes. Mais son problème n’est pas la fatigue. Non, plus bêtement, ce sont les ampoules. De magnifiques ampoules qui la font souffrir et qui lui gâchent le plaisir.

Heureusement, papa Christophe est prévoyant et a ce qu’il faut dans son sac à dos.

Emma – elle s’appelle Emma – est vite sur pieds et j’accepte qu’elle se joigne à moi. Je reconnais que je voulais faire mon malin et lui montrer qu’elle ne pourrait pas suivre, mais pour un peu, c’est moi qui ai failli demander grâce.

Elle est sympa, cette fille, un peu bavarde à mon goût, alors que pour moi, la montagne s’accompagne de silence et aussi que le souffle doit être réservé à la marche et pas gaspillé en bavardages.

Le soir, seul dans mon chalet, je me rends compte aussi qu’elle est redoutable pour extirper les confidences. J’ai raconté à une inconnue de 20 ans mes problèmes de couple, moi qui suis un « taiseux », ce que Valérie me reprochait souvent. Il faut dire aussi que, comme je lui demandais ce qu’elle faisait seule si loin de son pays, elle m’a balancé d’un coup : « Je suis venue avec ma copine, mais il a fallu qu’elle rentre pour un problème de famille. J’ai décidé de rester car tout est déjà payé. »

Mais un peu plus tard, elle m’a carrément annoncé qu’elle était lesbienne et que sa copine était aussi « Sa copine ».

Deux solitudes se rassemblent ; je lui propose de faire « rando commune » le lendemain.

La montée vers le Plan de l’Aiguille est un long cheminement en forêt avant de déboucher dans des alpages. Pendant un long moment le sentier est si étroit qu’il faut marcher l’un derrière l’autre, et Emma marche devant moi. Je ne sais pas ce qui me prend, mais mes pensées empruntent un chemin particulier. La chaleur est accablante et nous transpirons beaucoup, au point que le short et le polo d’Emma la transforment en « Miss tee-shirt mouillé » avec une vision charmante sur ses courbes. Cette vision associée à un délire où je l’imagine avec une autre fille me donne une trique d’enfer, trique d’autant plus forte que je suis privé de sexe depuis des semaines. Mon bâton entre les cuisses s’irrite des frottements et de la transpiration au point que, sans m’en rendre compte, je ralentis et qu’au virage suivant Emma constate mon retard.

— Alors, on ne tient pas la cadence ? me dit-elle avec un sourire aux lèvres.

Elle m’attend. Je suis à côté d’elle, dans le virage où le chemin s’élargit un peu. Elle insiste :

— Fatigué ? Vous voulez qu’on fasse une pause ?

Sa moquerie m’énerve. Je suis censé être mieux entraîné. Elle a alors une remarque qui me fait éclater.

— Vous avez 40 ans, si je comprends bien. À votre âge, on est déjà moins résistant ?

J’explose. Je vais moucher cette insolente.

— Je bande. C’est votre faute, avec vos habits si collants. Cela me gêne pour marcher.

Étonnamment, elle ne s’offusque pas d’une telle remarque grivoise.

— Oh, je comprends. Il ne faut pas rester comme cela.

Et sans que j’aie le temps de réagir, elle s’approche de moi. La minute suivante je suis debout, le short et le slip sur les chevilles pendant qu’Emma s’empare de mon sexe à pleines mains et se charge de me branler. Je n’ai même pas la présence d’esprit de vérifier que personne ne peut nous voir alors qu’elle s’active sur ma queue de plus en plus gonflée par ses caresses. Je ne résiste pas longtemps et je crache mon sperme en quelques giclées bien honorables.

— Voilà. On va pouvoir repartir ! lance ma branleuse, comme s’il s’était agi d’un simple réglage de moteur.

C’est bien plus tard dans la journée que, comme Emma se plaignait du bruit dans son hôtel, je lui ai proposé de venir au chalet, la chambre d’invités étant libre. Inutile de dire que j’avais une idée en tête. Lesbienne ou pas, Emma me semblait un morceau de choix qui n’avait manifestement pas froid aux yeux et dont j’espérais bien obtenir quelques plaisirs.

Mais j’ai fait chou blanc. Elle ne m’a donné aucune occasion de la solliciter, et comme je ne suis pas du genre indélicat, nous avons passé les deux jours suivants bien sages.

Samedi, Emma décide de faire du shopping à Chamo et Saint Gervais pendant que moi je me fais juste la montée pour le refuge de Bellachat. Mais je me fais surprendre par un orage et rentre en tout début d’après-midi.

J’ouvre discrètement pour ne pas réveiller Emma qui fait peut être une sieste. Deux valises sont posées dans l’entrée. Elle part ? Ou peut-être a-t-elle invité une amie ? J’imagine déjà surprendre deux filles faisant l’amour et avance dans le couloir. Des voix proviennent du salon. La porte qui n’est pas fermée va me permettre de jouer les voyeurs. En approchant, je devine les reflets des flammes qui montent dans la cheminée. Elles ont allumé un feu. Elles ont bien raison, avec ce ciel si bas qu’on se croirait la nuit. Mon cerveau m’inonde d’images de corps féminins enchevêtrés devant la cheminée. J’avance la tête pour regarder. On ne doit pas me voir, plongé dans la nuit du couloir.

Valérie ! C’est Valérie, et pas une copine d’Emma ! Mais qu’est-ce qu’elle fait là ? J’imagine sa tête lorsqu’elle a sonné et que c’est Emma qui est venue ouvrir. Je me gonfle de fierté à cette idée. Montrer à mon Ex que je me console déjà, et avec une femme bien plus jeune. J’espère qu’Emma n’a pas dévoilé notre arrangement. Je tends l’oreille. Valérie parle :

— Au début, tout allait bien et nous faisions l’amour très souvent. Il faut dire qu’il m’a pratiquement dépucelée. Je reconnais que je lui ai donné bien plus qu’à mon compagnon. Il n’était pas du genre à se contenter d’une baise classique. Ce que j’avais refusé à Christophe, Paul l’a pris sans me demander mon avis. Pour lui, la sodomie et juter dans ma bouche étaient non négociables. Il est du genre dominateur. Cela me changeait d’avec Christophe. Et puis très vite, il a sauté les préliminaires. Il s’est mis à ne penser qu’à lui. Si encore nous étions sortis, allés au spectacle, avions rencontré des amis… Mais non. Et puis cette obsession de la sodomie ! Je crois qu’il m’a prise plus souvent par derrière qu’en classique. J’étais passée du sexe pépère classique avec Christophe au sexe moins classique, mais bien vite routinier, avec Paul.
— Ah, les hommes ! dit Emma.

Dans sa bouche, cette remarque est particulièrement savoureuse et me fait penser qu’elle n’a rien dit de sa sexualité.

— Et le comble, c’est lorsqu’il m’a quasiment placée entre les pattes d’un de ses copains. C’est là que j’ai compris que je m’étais trompée, et j’ai commencé à regretter d’avoir quitté Christophe. Je l’aime encore et je crois que je l’ai quitté sur un coup de tête, sans réfléchir, uniquement guidée par mes hormones.

Valérie se tait maintenant. Puis reprend :

— Il vous a parlé de moi ? Excusez-moi, je suis ridicule de vous importuner avec ma bêtise. En vous voyant, je devine que je ne peux pas lutter avec vous pour le reprendre. D’ailleurs, voudrait-il me pardonner ? Vous êtes si belle et si jeune… Je vais repartir. C’est bien fait pour moi. Je ne le mérite pas.

Elle éclate en sanglots.

Emma s’approche d’elle et la prend dans ses bras.

— Tout n’est pas perdu. Il m’a souvent parlé de vous. Il est triste lorsqu’il en parle. Je ne suis que de passage, une aventure. Vous savez, il a conscience que la routine s’était installée, mais son amour est toujours là. Mais il est comme tous les hommes et a très bien compris que vous aviez accordé à votre amant ce que vous lui refusiez. C’est dur pour lui. Sa fierté de mâle en a pris un coup. Il rêvait de faire des choses avec vous, d’aiguiser votre appétit par des situations érotiques, des jeux amoureux, mais manifestement vous n’étiez pas réceptive.

Pour une fille de 20 ans – lesbienne de surcroît – Emma a une parfaite connaissance de la psychologie masculine.

— Alors, il ne me pardonnera jamais, dit Emma en redoublant de sanglots.
— Mais si. Vous voulez vraiment revivre avec lui ?
— Oh, de tout mon cœur.
— Alors je vais vous aider. Je vais vous aider à le reconquérir, mais il va falloir ruser. Débarquer comme cela n’est pas la bonne solution. Nous allons tricher. Êtes-vous prête à me suivre ?

C’est un oui bien faible qui se détache à peine des pleurs de Valérie.

— D’abord, arrêtez de pleurer.

Valérie est littéralement accrochée au cou d’Emma qui lui caresse la nuque dans un geste d’apaisement.

Enfin les sanglots s’arrêtent. Dans un geste d’une douceur extrême, Emma saisit le visage de ma compagne dans sa main et lui sèche les larmes avec un mouchoir. Le mouvement fait entrouvrir son peignoir.

— Je faisais la sieste lorsque vous avez sonné, dit Emma, comme pour s’excuser de sa tenue.

Elle doit être nue dessous et Valérie ne peut que voir son corps. Mais Emma ne fait pas mine de refermer le peignoir. Elle continue de sécher les larmes, mais maintenant ce sont ses doigts qu’elle utilise pour les promener sur la peau, appréciant le contour des lèvres et l’ovale du visage.

C’est un moment d’une tendresse extraordinaire. Les éclairs des flammes dans la cheminée apportent un éclairage tout en douceur.

Elles se regardent, les yeux dans les yeux. J’imagine qu’Emma a perçu un signal que seule une femme amoureuse des femmes peut voir. Elle se penche lentement. Son visage est tout près de l’autre. Ses lèvres effleurent celles de Valérie. Que va-t-il se passer ? Va-t-elle elle protester et se défiler ?

Mais non, elle est hypnotisée et accepte le contact qui n’est d’abord qu’une douce caresse mais, alors que la pression se fait plus forte, se transforme en véritable baiser. Mais, soudainement, Emma se recule.

— Oh, excusez-moi. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je dois vous choquer.
— Non, non. Ce n’est pas grave.

Un silence et Valérie reprend :

— C’était même agréable.

Emma réagit aussitôt :

— C’est vrai, vous avez aimé ? Vous savez, je suis un peu bi. Et vous m’attirez…

Elle se penche à nouveau sur Valérie, et cette fois le baiser est tout de suite fougueux. Bien vite, on peut voir que mon Ex participe. Elle aussi enveloppe les épaules de sa complice de ses bras.

Le baiser s’arrête. Emma s’est juste retirée pour regarder Valérie dans les yeux. Un long moment elle la juge. Puis elle pousse sa main qui disparaît sous le pull. Je ne vois plus qu’une bosse qui monte du ventre vers la poitrine. La bosse passe d’un sein à l’autre, jusqu’à ce que l’autre main remonte le tricot et laisse le soutien-gorge apparaitre.

Un long moment, Emma ne fait qu’effleurer les seins, surveillant dans les yeux de son amie la réaction à ses caresses. Valérie semble attentive, la bouche entrouverte, les paupières se fermant comme pour se concentrer sur ce qui lui arrive.

Maintenant, Emma tire sur le pull pour le faire passer par la tête. La seconde suivante, c’est le soutien-gorge qui tombe. Elle s’arrête à nouveau pour contempler le spectacle, et peut-être pour s’assurer que Valérie est toujours bien avec elle.

La vision de ma compagne à demi-nue est une vision que je ne pensais plus avoir. Elle est toujours aussi belle ; car elle est belle, ma Valérie. Une beauté sensuelle avec des seins fermes, une peau de pêche. Quand je pense que ce salaud à mis ses mains sur elle… Ses mains, et autre chose surtout !

Comment est-ce possible d’être à la fois en colère, juste à l’idée qu’elle s’est fait prendre par un autre, et aussi fiévreux de lui refaire l’amour ?

Pour l’instant, Emma – qui a fait sauter son peignoir et que je vois pour la première fois nue – s’est penchée sur la poitrine de mon Ex. Elle la caresse de la bouche pendant que sa main force le passage entre la ceinture du pantalon et la peau pour ramper vers le pubis.

Valérie est totalement sous l’emprise de sa maîtresse. Elle est maintenant légèrement penchée en arrière, les yeux mi-clos, manifestement troublée par ce qui lui arrive. Elle sursaute ! Peut-être à cause d’une bouche qui pince et étire un téton, ou bien d’un doigt inquisiteur qui se glisse dans sa chatte. Ce doigt qu’Emma lui présente afin qu’elle le suce et profite de son odeur.

Pendant un long moment, ce ne sont que caresses accompagnées de gémissements alors que le corps avance au-devant de son plaisir. Et puis elle jouit. Je retrouve les petits cris presque timides qui accompagnent la venue de l’orgasme.

Enfin elles se séparent. Assises l’une à côté de l’autre, elles reprennent leur souffle. J’ai en face de moi mon Ex et sa nouvelle maîtresse. Décidément, Emma mérite à être connue.

Discrètement, je fais marche arrière pour revenir vers l’entrée. J’ai décidé de ne pas intervenir pour laisser Emma maîtresse du jeu. Je suis curieux de voir comment elle va s’y prendre.

J’ouvre la porte et la referme bruyamment.

— Emma ? Emma, tu es là ?

Je parcours le chalet en poussant les portes, ma chambre, la cuisine, l’autre chambre, toujours en appelant.

— Il fait un temps de cochon. J’ai abrégé ma balade. À qui sont les valises dans l’entrée ? dis-je alors que je pousse la porte du salon.

Elles sont là toutes les deux. Emma, debout, me cache un peu Valérie qui est en retrait, assise dans un fauteuil.

Je fais mine d’être surpris.

— Mais qu’est-ce que tu fais là ? dis-je avec la voix la plus réprobatrice que je puisse prendre.

Valérie se recroqueville dans son fauteuil, mais Emma fait comme si je n’avais rien dit.

— Ah, Christophe, je voudrais te présenter Valérie, une amie.

Je vais protester, mais Emma me fait un clin d’œil.

— Figure-toi qu’elle nous demande de la loger. La pauvre est dans une situation critique. Elle a quitté son ami pour un autre, et maintenant elle le regrette mais ne sait pas comment se faire pardonner pour revenir.
— Et qu’est-ce que nous pouvons y faire ? je demande, avec toujours cet air méchant. Si j’étais à la place du gars, je refuserais de la prendre. Elle n’avait qu’à en mesurer les conséquences avant de le quitter.
— Peut-être, mais imagine si son Ex avait toujours des sentiments pour elle ?

Un éclair jaillit dans mon esprit : Emma est en train d’adapter la fameuse scène du film La femme du boulanger, film qu’elle a découvert hier soir avec moi devant la télé. La scène culte, où le boulanger parle à sa chatte, et à travers elle, fait comprendre à sa femme qui est revenue toute la dureté de l’abandon. En plus, la femme s’appelle Valérie.

Je renchéris pour entrer dans le jeu.

— Mais elle a tellement de choses à se faire pardonner… Il faudrait vraiment qu’elle fasse preuve de gentillesse, d’amour, de remords et apporte la preuve que sa trahison soit profitable pour le couple.
— Voilà. Tu vois, Valérie, Christophe pense comme moi, dit Emma en se tournant vers mon Ex.

Elle ajoute :

— Alors, c’est d’accord, Christophe ? Tu veux bien essayer d’aider Valérie ? Et toi, Valérie, tu acceptes de faire des efforts avec nous pour retrouver ton compagnon ?

C’est un oui, baigné de larmes, que Valérie laisse échapper de sa gorge.

Quelle étrange situation ! Mais quelle idée grandiose ! Voilà Valérie en phase de probation. Sincèrement, je ne sais pas si je suis capable de lui pardonner. Il est évident que je l’aurais chassée si nous nous étions retrouvés face à face. Elle m’a humiliée si fort !

C’est Emma qui fait la maîtresse de maison – un comble – et qui installe Valérie dans la chambre d’amis. Mon Ex se fait toute petite, alors que quelques mois plus tôt elle était ici chez elle.

Emma et moi avons une conversation discrète. Fine mouche, elle a bien compris que c’était important qu’elle apparaisse bien comme ma maîtresse et non pas comme une amie. Je lui avoue avoir assisté à la scène devant la cheminée.

— Et tu étais là depuis quand ? As-tu entendu sa confession avant ? Lorsqu’elle parlait de ses relations avec le mec ?

Je ne m’attendais pas du tout à cet interrogatoire, mais plutôt à des questions sur leurs joutes sexuelles. Mais je réponds tout de même.

— Oh, oui. J’ai eu droit aux détails.
— Et tu n’as rien remarqué ?
— Remarqué quoi ? Qu’il l’enculait ?

Le dire de façon si vulgaire me rend l’image plus difficile.

— Oui, bien sûr, mais le principal n’est pas là.
— Excuse-moi, mais c’est le cocu qui parle.
— Peut-être, mais l’important c’est ce qu’elle a dit sur la façon de se conduire du gars.

Textuellement elle a dit : « Ce que j’avais refusé à Christophe, Paul l’a pris sans me demander mon avis. ».

— J’ai entendu. C’est bien la preuve qu’elle est tombée sur un gars plutôt brutal.
— Mais non, pas brutal. Entreprenant. Dominateur. C’est cela que ta compagne cherchait sans le savoir. Elle voulait qu’on la domine, qu’on la guide. Excuse-moi de te dire cela, mais elle s’est entièrement livrée à lui parce qu’elle a intuitivement senti le besoin de se faire diriger.
— Allons bon ! Valérie dominée ! Elle qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Impossible ! dis-je avec virulence alors que je commençais à percevoir la justesse de son analyse.
— Mais au lit, tout est différent. Je connais des filles qui se font humilier grave par leur maîtresse alors que ce sont des vraies chefs dans la vie.

« Et si Emma avait raison ? Aurai-je été un amant trop attentif ? » Elle reprend :

— Tu ne veux pas t’amuser un peu avec elle ? Te venger ? Qu’est-ce que tu risques ?
— D’accord.

La soirée arrive doucement. Chacun essaie de participer à la conversation, sur des sujets anodins. Il pleut toujours, mais heureusement le beau temps est annoncé pour le lendemain. Je propose que nous prévoyions le Petit Balcon sud. Ce n’est pas très dur mais Valérie n’a jamais été une très bonne marcheuse.

Arrive l’heure d’aller se coucher.

— Tu viens ? dit Emma à mon Ex.

Valérie regarde de mon côté, pensant trouver une réponse à cette question ; mais j’ai décidé, depuis ma discussion avec Emma, de la laisser mener le jeu. Les deux femmes s’éloignent, non sans qu’Emma me fasse un clin d’œil.

Les deux chambres sont contiguës et les vieilles constructions ne brillent pas par leur isolation phonique. Aussi je suis le témoin auditif de mouvements et de petits gémissement dans la chambre d’à côté. J’imagine qu’Emma a repris sa conversation de l’après-midi avec Valérie. La pensée de ces deux corps enlacés me fait bander. Mon sexe construit un chapiteau avec le drap du lit.

Je suis ridicule de rester seul dans mon lit, dans ma maison, alors que ma copine s’envoie en l’air à côté. En ouvrant la porte ma chambre, je comprends qu’Emma a anticipé ma réaction car elle a laissé la leur grande ouverte. L’invite est évidente. J’entre. Il me faut quelques secondes pour que ma vue se familiarise avec la pénombre.

Le tableau est magnifique : elles sont sur le lit, enchevêtrées, une jambe par-dessus, une autre par dessous pour que leur minou soit en contact. Elles se frottent ainsi l’une à l’autre et, si l’endroit m’est caché, elles s’activent avec une telle vigueur que leur plaisir est évident. Leur poitrine oscille au rythme de leurs mouvements.

Elles me voient entrer, bien sûr. Je projette une ombre gigantesque à cause de l’éclairage du couloir. Je vois leur visage se tourner vers moi. Emma, grand sourire aux lèvres ; Valérie, plus inquiète de ma présence. Je l’imagine penser : « Que va-t-il faire ? Ai-je bien fait de suivre Emma ? ».

— Regarde, chérie : Christophe est avec nous, lance Emma à sa maîtresse, provocatrice.

C’est alors que je vois que les femmes se possèdent avec un gadget sexuel. La couleur chair de l’objet et la pénombre me l’avait caché. Mais lorsqu’Emma se relève, je vois parfaitement le sexe pointer de sa chatte, la transformant en homme avec ce gode-ceinture. J’imagine qu’elle-même conserve au chaud l’autre extrémité.

Mais à quoi jouons-nous ? Voilà mon Ex en train de se faire baiser sous mon toit ! C’est tout de même autre chose que des caresses entre filles… Le traitement n’est-il pas plus violent que le mal ? Bien sûr, je comprends qu’Emma profite de la situation ; mais où cela va-t-il nous mener ?

Pendant ce temps, elle s’est déplacée, glissée entre les cuisses de mon Ex et le mandrin de plastique disparaît à nouveau. Sans attendre, elle reprend sa possession, trouvant naturellement le rythme d’un homme qui baise sa femme en missionnaire.

Si ce n’était une féminité qu’elle ne peut cacher, Emma se comporte en homme, dominant sa maîtresse et la possédant à grands renforts de coups de reins.

Je ne sais si mon éducation rejette ce que je vois, mais en tout cas ma libido, elle, l’approuve. Je bande toujours.

Valérie le voit et cela la rassure. Un sourire s’esquisse sur ses lèvres. Croit-elle que tout est déjà pardonné parce que je bande à ce spectacle ? Elle a tort. C’est même le contraire. Si je ferme les yeux, c’est son enfoiré de Paul que je vois entre ses cuisses et qui la possède avec vigueur. D’autres scènes jaillissent. Toutes celles qu’un cocu imagine pour se faire mal et rayer de sa vue cette femme en qui il croyait. Cette femme allongée sur le lit avec ce sourire esquissé. Ces lèvres pulpeuses que j’ai si souvent embrassées avec délice. Mais ces lèvres aussi que j’imagine dans d’autres exploits.

Je fais le tour du lit. La tête de Valérie est juste au bord. Elle m’a suivi des yeux. Mon sexe est une tige que je dois pousser du doigt pour la faire incliner, mais aussitôt la bouche prend le relais. Ce n’est pas la première fois, bien sûr, que mon Ex me suce ; mais c’est tout de même une nouvelle aventure. Je ne suis plus le copain attentif qui laisse sa maîtresse diriger la fellation. Je suis maintenant un homme qui a une revanche à prendre. Je pousse ma queue, prolongement de ma honte, dans la bouche ouverte. Valérie ne proteste pas. Au contraire, elle fait tout pour m’accueillir au mieux en penchant la tête et amenant sa gorge dans l’axe de ma queue. Mon dard pistonne une gorge soyeuse et détrempée. Des filets de salive coulent, des gargouillis prospèrent.

Dieu, que c’est bon de se sentir conquérant… Tant pis pour les bonnes âmes ! Mon Ex l’a reconnu elle-même : il faut lui montrer qui est le Maître. Son plaisir est a ce prix, et le mien n’en est que décuplé.

Mon excitation est si forte que je me retire pour ne pas éjaculer trop vite. Les seins me tendent les bras. Lentement, j’avance ma queue dans le sillon que mes mains créent entre les deux lobes généreux. Elle glisse dans le canal, lubrifiée de salive. Suprême perversité : tout le long de ce chemin, la langue de Valérie accompagne la glissade et lèche ma raie qui, pour la première fois de sa vie, sent cet appendice. Elle insiste sur mon petit trou, que le bout pointe avec malice.

Emma est aux anges. Elle bourre mon Ex et nous échangeons un regard complice qui me fait bander encore plus.

Ma bite retrouve le chemin onctueux de la gorge accueillante. Jamais, même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais pensé atteindre une telle intensité dans la fellation. Elle me lèche les couilles, suce ma hampe, pompe le gland. Dans un moment de folie, j’ai même une pensée reconnaissante à ce connard de Paul pour ce qu’il m’apporte. La honte est toujours là, mais au moins je profite de mon cocufiage.

Valérie est prise entre deux feux. Sa maîtresse la bourre sans retenue avec une bite inépuisable pendant que moi je me plonge sans retenue dans sa gorge. Le floc-floc accompagne le gargouillis.

Je sens que je vais venir. Je me cale au plus profond. Je n’ai qu’une envie : remplir sa gorge de mon foutre. Sera-t-il assez abondant pour laver la souillure de celui de Paul ? J’en doute, tellement la souillure est évidente ; mais j’ai tout mon temps pour renouveler cet exploit. Pour la première fois, j’envisage une suite.

Le premier jet est si puissant qu’il doit rassembler tout mon ressentiment. Il pulse tout au fond de cette gorge que je peux honorer pour la première fois. Je ne me reconnais pas. Je reste pour balancer le second, puis le troisième, et le reste.

Pas de cris. Pas de protestations. La baisée accepte mes offrandes. Il ferait beau voir qu’elle les refusât ! J’imagine sa glotte se gargariser de mon sperme. Enfin je me retire, abandonnant mon jus.

Elle reprend son souffle. De ses lèvres coule un mélange de salive, de mousse et sûrement d’un peu de mon sperme. Mais elle sait ce que j’attends. Elle le fait, me regardant dans les yeux avec un air si attendrissant que je me retiens de ne pas me précipiter pour hurler « Je t’aime ! Reviens, je te pardonne. ».

Elle avale. Je peux presque voir mon sperme glisser en elle, allant rejoindre celui de son amant.

« Arrête, Christophe, de penser ainsi, sinon jamais tu ne pourras avancer. » dit une voix au plus profond de moi.

Sans attendre la suite, je quitte la chambre, laissant les deux filles entre elles.

Le lendemain, sept heures viennent de sonner ; on frappe à ma porte.

— Oui.

Mon Ex entre, timidement, en disant :

— C’est Emma qui m’envoie.

Valérie porte une nuisette, fine résille que je ne lui connaissais pas. Un cadeau de son amant ? Elle n’oserait pas. Non, sûrement un achat que je n’ai pas vu ou pas su apprécier le moment venu. Pourtant, elle la met en valeur, surtout que rien d’autre n’arrête le regard. Je ne vois que ses formes douces et plantureuses, et la résille sombre cache à peine son intimité. Que dire des seins, qui semblent bien vaillants ?

Sans dire autre chose, elle monte sur mon lit, repousse le drap qui me laisse plus nu que nu. Elle m’enjambe et découvre mon sexe qui n’est encore qu’une petite chose ensommeillée. Le simple contact de sa main et la vision qu’elle m’offre suffit à le réveiller et, en quelques secondes, c’est une barre dure que sa main retient. Je suis fier de ma vigueur. Je ne suis pas de ces hommes qui ont une érection molle, peu appétissante, même si elle permet des exploits dans la durée. Moi, je suis plutôt du genre dur et tendu qu’une chatte doit sentir passer.

Il suffit d’un mouvement pour que, justement, sa chatte m’apprivoise. J’entre dans une grotte déjà crémeuse et glissante, qui me fait penser que ma voisine de chambre s’est déjà chargée d’éveiller ses sens.

À partir de ce moment, je me laisse guider. Je scrute le visage de Valérie pour essayer d’y lire ses véritables pensées. Nous savons tous, nous les hommes, que les femmes peuvent être de terribles simulatrices. Ce n’est pas le lieu d’une telle simulation. Son approche doit être spontanée. Ses réactions uniquement guidées par le plaisir. Sinon, pourquoi revenir ?

Elle se dresse sur mon pieu. Sa chatte est toujours aussi étroite. Encore une fois, je me force à rejeter des images du sexe de Paul qui la fore. Pour l’instant, je ne suis que le mât sur lequel elle s’agite. Elle prend son temps. Elle ne cherche pas à aller trop vite pour pomper mon jus par des mouvements trop brusques et désordonnés. Cela me rassure. Elle cherche d’abord à s’approprier ma bite en ne bougeant pas le bassin, frottant chaque espace de sa grotte avec mon mandrin.

Aussi elle me regarde, cherche mon regard, peut-être pour y retrouver nos premières sensations. Je ne cille pas. C’est elle qui baisse les yeux, sûrement consciente que rien n’est dit.

Puis elle bouge un peu plus vite. Ses seins m’attirent. Je voudrais y tendre mes mains. Mais encore une fois je me retiens. Pourtant, je sais combien elle est sensible dans cette zone et aime qu’on la caresse.

C’est elle qui se caresse. Une main passe d’un sein à l’autre, joue avec ses tétons, les tire et les presse sans tendresse, alors que l’autre est entre ses cuisses et doit lui caresser le clito.

Le temps n’est plus à la retenue. L’amazone enfourche son cheval et force au trot. Elle monte et descend avec entrain. Le rythme est parfait. Elle fait confiance à sa monture et ferme les yeux pendant que les mains s’activent. Le galop arrive naturellement. Ma queue coulisse avec la joie de se retrouver chez elle, même si un locataire s’est permis d’en user.

J’aime ses fesses qui claquent sur mes cuisses, secouant mes bourses à chaque descente.

J’aime sentir mon mandrin heurter le fond de la vulve et laisser échapper le bruit si caractéristique d’une baise bien huilée par le sirop d’amour.

Valérie accélère. Soudain, elle tombe en avant, en appui sur les bras, son visage tout près du mien. Elle se bourre avec frénésie et son entrain extirpe des soupirs de satisfaction de mes lèvres. C’est bon, violent, rugueux, sans retenue. Où est passée la femme si sage que je prenais lentement, attentif à durer le plus possible pour lui donner du plaisir ? Mais combien de fois avais-je rêvé d’une partenaire plus entreprenante, plus extériorisée et criant son plaisir ?

C’est certain, Valérie ne simule pas. Elle semble une furie déchaînée. Ses hanches sont des rouleaux qui propulsent sa chatte sur moi.

Il faut que je tienne, et pourtant je n’ai qu’une envie : lâcher les vannes et me répandre en elle. Mais je résiste. Je veux qu’elle vienne avant moi.

Elle s’active. Ses yeux brillent, ses lèvres se pincent. Tout son visage se crispe et j’assiste à la lente montée de son plaisir.

— Ahhhh…

Enfin, elle jouit et s’immobilise sur mon dard pour y répandre sa crème de plaisir. Je peux enfin me laisser aller et me joindre au concert des sens. Nos corps tremblent comme sous une forte fièvre.

Je n’ai pas le souvenir de la dernière fois où nous avons été en si parfait accord. Valérie se laisse aller en posant son visage sur le mien. Ses lèvres parcourent ma peau avec une tendresse magnifique.

— Allez, en route ! annonce Emma qui est depuis un moment dans la chambre à nous regarder.

Le charme est rompu. Chacun reprend son masque de la comédie orchestrée par Emma.

Le Petit Balcon est plus une promenade qu’une vraie rando, mais certains raccourcis demandent de la vigilance. Tout naturellement, mon Ex me demande de l’aide dans ces passages. Si ce n’était la présence d’Emma et tout ce qu’elle sous-entend, on pourrait croire que tout est comme avant.

Tout ? Pas vraiment. Pendant que je marche et que les femmes bavardent, j’ai le temps de faire le point sur mes sentiments. Je croyais avoir tiré un trait sur ma vie d’avant et ne profiter du retour de mon Ex que pour me venger, avant de la rejeter. Mais le cœur en décide autrement. Sa présence fait remonter tous les bons moments passés ensemble et je redécouvre ce que ma rancœur cherchait à cacher. Je l’aime toujours et Emma, sacrée femme, l’avait détecté avant moi. Ce matin, j’ai ressenti une telle tendresse, et sans elle j’aurais craqué et, enveloppant Valérie dans mes bras, je lui aurais crié mon amour et mon pardon.

Pourtant, cet instant passé, j’ai toujours ces images que mon cerveau a construites de Valérie avec ce mec, surtout que les confidences de mon Ex à Emma lui ont donné du grain à moudre. La différence, c’est que maintenant j’aimerais pouvoir les faire disparaître. J’ai bien une idée pour cela, mais je ne peux pas demander cela à Emma.

Justement elle vient à mon niveau et me demande :

— Il paraît que c’est dans le coin que Valérie et toi avez fait l’amour la première fois ?
— C’est vrai. En réalité c’est plus haut, dans une prairie avec vue sur le Mont Blanc. Pourquoi ?
— Une idée !

Mais où veut-elle en venir ?

— Oui. Mais que veux-tu…
— Alors, allons là-bas pour le pique-nique.

Il faut une bonne marche pour monter, mais je retrouve très facilement le lieu. Les arbres ont poussé ; pourtant, la vue est toujours aussi magique sur le Mont Blanc.

Je ne peux m’empêcher de regarder Valérie, et nos regards se croisent un instant. Elle aussi doit avoir des souvenirs qui reviennent. Oh, pas des souvenirs de sexe et d’extase, non. Pour elle comme pour moi, c’était la première fois et nous avons perdu notre virginité sans grimper au plafond.

Mais le reste ! La beauté du lieu ! La communion de deux amants ! L’amour qui emplissait nos cœurs ! Tout cela ! Oui !

Emma ne nous laisse pas le temps de nous attendrir et nous déballons les provisions pour le casse-croûte. Une sorte de silence s’installe, uniquement ponctué par des demandes très terre-à-terre du genre « Passe-moi le pain ».

À la fin du repas, Emma se fait câline avec moi et, m’entraînant par la main, annonce en se tournant vers Valérie :

— C’est un lieu magique. Je comprends qu’il a été le témoin de promesses échangées. Mais tu as rompu le pacte. Christophe doit le faire aussi pour que vous puissiez repartir sur des bases solides. Je vais le faire avec lui. Attends-nous ici.

Mon Ex est comme paralysée. Je ne suis pas loin d’être dans le même état devant cette annonce. Pourtant elle ne dit rien ; et moi, je suis Emma.

Nous faisons quelques pas, juste ce qu’il faut pour se cacher derrière un buisson. Emma me souffle à l’oreille :

— Désolée, mais nous n’allons pas le faire vraiment. Tu comprends ? Je ne peux pas, avec un homme. Mais faisons comme si ; simulons.

Un voyeur serait stupéfait de ce qu’il peut voir alors.

Emma s’assied, non sans avoir fait glisser son pantalon et, jambes écartées, commence à se caresser. Comme je reste immobile, elle me fait un signe évident. Moi aussi je baisse mon short et essaie de donner une vie à mon sexe mou et peu coopératif du fait de cette situation si bizarre.

Heureusement, le spectacle de ma voisine commence à l’inspirer et il devient le membre dur, que je suis fier de branler devant elle, même si je la sais peu sensible à l’attribut masculin.

Emma a dû être hétéro dans une autre vie car elle accompagne ses caresses de gémissements, de petits cris et de paroles dignes de celles qu’une femme peut prononcer lorsqu’un homme la possède. J’essaie de me joindre à ce concert et, ma foi, lorsque nous retournons vers Valérie, les larmes que nous découvrons sur son visage sont la preuve que notre imposture était vraisemblable.

Au retour, je laisse les filles profiter de la salle de bain en premier. Lorsque j’ai terminé et que j’entre dans ma chambre, j’ai la surprise de trouver Valérie assise sagement sur mon lit. Elle se lève aussitôt et dit avec un air attendrissant :

— Je peux passer la nuit avec toi ?

Elle continue :

— Tu me pardonnes ? Dis, tu me pardonnes ? Christophe, je t’aime.

Elle est si belle… Si attirante dans cette nuisette qui marque ses rondeurs. Son visage est anxieux. Mais sans même réfléchir, je lui souris et réponds :

— Moi aussi je t’aime. Viens, oublions tout.

Elle se précipite dans mes bras et cherche mes lèvres. Ce baiser a un goût de renouveau, de spontanéité, de retrouvailles.

Ses bras m’attirent, me poussent, défont ma serviette de bain pour me guider sur le lit. La nuisette s’envole et la belle tombe à mes genoux pour aller cueillir le bourgeon de ma queue qui gonfle.

C’est bon. Elle me suce. Sa bouche est tapissée de velours et sa langue est une libertine qui a toutes les audaces.

Mais les paroles d’Emma me reviennent en mémoire lorsque, parlant de Valérie, elle disait : « Elle voulait qu’on la domine, qu’on la guide. Excuse-moi de te dire cela, mais elle s’est entièrement livrée à lui parce qu’elle a intuitivement senti le besoin de se faire diriger. ».

Alors je fais ce que j’ai envie de faire depuis si longtemps ; ma queue jaillit de sa gorge, tirant de longs filets de salive pendant que je soulève Valérie pour la pousser sur le lit, à genoux, cuisses écartées, la tête écrasée par ma main sur les draps et les reins…

Oh oui, ses reins cambrés dans une pose indécente, offrant à mon regard la croupe frémissante et la vallée encore dans l’ombre.

Ce sont les mains de Valérie que je vais saisir pour les placer bien à plat sur les lobes fessiers. Ce sont ses mains, que je n’ai plus besoin de guider, qui d’elles-mêmes entrouvrent le sillon dans un geste d’offrande.

C’est Valérie qui les écarte encore plus pour que l’anus s’ouvre et que, pour la première fois, je voie ainsi offert, indécent, impudique, le trou sombre que je n’ai jamais emprunté.

Je n’en crois pas mes yeux. C’est si facile. Il est là, ouvert, et le filet de salive que je ne peux m’empêcher de laisser tomber de ma bouche disparaît dans le gouffre sans fin.

Ma queue vibre d’impatience. Le gland est une tête chercheuse qui semble se diriger seul. Il s’approche et le trou semble respirer pour s’ouvrir encore plus. Nul doute qu’ils doivent se parler…

L’anus : « Allez, viens, ne reste pas à la porte : tu vois bien que je t’attends. Je suis prêt. ».

La queue : « J’arrive, mais laisse-moi le temps de savourer mon plaisir. Cela fait si longtemps que j’en avais envie ! ».

— Ahhhh…

Le drap ne parvient pas à étouffer le cri de Valérie lorsque je m’enfonce d’un coup vigoureux dans son cul. Ce n’est pas un cri de douleur, car je suis entré avec bien de la facilité. Peut-être qu’un jour j’irai remercier ce con de Paul pour m’avoir ouvert le chemin et inculqué des idées nouvelles à Valérie.

En tout cas, ce cul, c’est avec envie que je le laboure de toute ma puissance, enjambant la croupe pour mieux le pistonner. Cette croupe qui jaillit, montagne érigée ou ma bite disparaît sans effort, paraît grandir, comme si l’enculée se cambrait encore et encore pour venir à mon devant.

Le lit gémit. Ce lit, qui a dû voir des générations de couples se donner du plaisir, mêle ses grincements de sommier à ressorts à celui de la femme que j’encule, et qui maintenant ponctue chacune de mes avancées par un petit cri.

Que c’est bon… Je glisse sans fin dans le conduit étroit, mais ô combien accueillant.

Et cet œil, oui, cet œil sombre qui me regarde alors que ma queue vient de l’abandonner ; cet œil qui a sa propre vie, sa propre respiration, que je réinvestis à chaque fois avec plus de plaisir…

Combien de fois ai-je répété ce mouvement ?

Pendant combien de temps ai-je labouré la femme infidèle ?

Nul ne le sait.

Pas Valérie, qui ne cesse de crier son plaisir.

Pas moi, qui ne pense qu’à durer le plus longtemps possible.

C’est lorsque l’œil s’est mis à pleurer des larmes blanches, longues traînées de mon sperme que chaque mouvement de queue poussait puis extrayait de l’anus, que j’ai vraiment réalisé que j’avais éjaculé dans son cul.

La nuit ne faisait que commencer.

Le lendemain matin, aucune trace d’Emma. La chambre est vide, rangée, comme si personne ne l’avait occupée pendant longtemps. Heureusement, un mot attend sur la table de la cuisine :

« Soyez heureux ! ».

Sans ce mot nous aurions pu croire qu’Emma n’avait jamais existé.

Un ange ! D’accord, un ange particulier, mais tout de même… Cela n’existe pas, une jeune femme si expérimentée dans les dédales des tourments amoureux ; quelqu’un nous l’avait envoyée, c’est certain. Quelqu’un avait eu pitié de nous.

Peu importe. En tout cas, depuis, chaque année, nous célébrons sa venue. Elle peut être fière de nous et de son travail. Chaque fois que nous invitons un homme ou une femme à nos jeux amoureux, elle est avec nous…

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