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audrey

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Qui n’a pas connu ces réunions interminables où le temps semble s’étirer infiniment au fur et à mesure que la nuit tombe et que les décisions continuent d’être contestées ? Ce soir-là, nous étions à bout de nerf avec l’amère impression que nos projets ne verraient jamais le jour. Nous décidâmes d’un commun accord qu’il serait plus sage de reprendre les négociations le lendemain, à la première heure. Comme nos investisseurs, j’étais impatient de rentrer dans mon havre de paix.

Les rues étant désertes, j’en profitai pour brûler quelques feu rouges ce qui me fit gagner trois minutes, tout au plus, mais la satisfaction d’arriver plus vite fut immense. Quand la porte de mon duplex claqua dans mon dos et je m’autorisai une profonde inspiration. J’avais un métier de fou qui m’assurait un train de vie confortable et une belle voiture. C’était une consolation comme une autre. Je dénouai ma cravate, jetai mon attaché-case dans un coin du salon et vit qu’Audrey m’attendait, assise, dans les escaliers, toute habillée, comme pour sortir.

Audrey était la fille d’un ami. Elle était étudiante à la fac et je l’avais aidé dans certaines matières. Depuis quelques temps, nous avions entamé un autre genre de relation : Après ses cours, elle venait me rejoindre soit à l’appartement, soit à l’hôtel. Elle portait souvent une de ses tenues excentriques que j’affectionnai tant et qui était parfaitement normale pour son âge, semblait-il. Qu’à cela ne tienne, je la déshabillais entièrement. Nous faisions l’amour deux ou trois fois avant qu’elle ne rentre chez elle. Je voulais croire qu’il y avait autre chose que du sexe entre nous mais mon métier ne me laissait pas beaucoup de choix.

Cette jeune femme, capable de me faire décoller par sa simple fraîcheur et ses poses aguichantes, était d’une nature mystérieuse, un peu rebelle. Derrière ses yeux, il y a avait une profondeur, une intelligence que je ne retrouvais chez personne. Elle parlait peu mais avec force conviction. Audrey écoutait beaucoup, observait le monde autour d’elle, apprenait mais jamais elle ne dévoilait la moindre parcelle de son âme. Etait-elle heureuse ? Je l’ignorais complétement. Toujours est-il qu’elle revenait chaque fois vers moi, ce qui comptait beaucoup, plus que je n’aurais voulu l’admettre.

– Tu n’es pas rentrée ? Dis-je. Il est tard. Tes parents vont s’inquiéter.

Audrey regardait sur le côté, m’ignorant de plein droit. Je savais que je ne connaîtrais pas le fin mot de l’histoire. Elle aurait dû partir chez elle depuis longtemps, voyant que je n’arrivais pas. Au lieu de cela, elle traînait son air mélancolique dans sa courte robe noire et son bas semblant tissé de toiles d’araignées. Ses bottes remontaient jusqu’en dessous de ses genoux, à la limite. Elles étaient du même noir que ses longs cheveux. Son ras du cou et son pendentif ajoutaient une telle touche de mystère qu’Audrey semblait tout droit sortie d’un film d’Alfred Hitchcock avec des relents de famille Adams.

– Tu devrais les appeler pour les rassurer. Dis leur que tu es à une fête et que tu rentreras tard. Si tu savais comme j’ai envie de toi !

Toujours pas de réponse. De quelques pas, je comblai le vide entre nous et doucement, je faufilai ma main entre ses cuisses qu’elle maintenait serrées. Mes doigts glissèrent le long de son intimité noire, la massant légèrement. Audrey ne portait jamais de culottes, ni de string, ni de quoique ce soit. Elle évoluait ainsi dans sa vie, sexe nu, depuis le jour où elle aurait pu comprendre toute l’importance de porter ces bouts de tissus. Le cadeau que je lui avais offert après nos premières aventures sexuelles n’avait jamais eu l’occasion de lui servir. Audrey était allergique à ses dessous. Je dus m’y résoudre.

Elle prenait appui de ses mains sur les marches et resserrait ses cuisses de plus bel, m’empêchant tout mouvement. Son intimité était sèche. Elle n’avait plus envie de moi et était venue pour me l’annoncer ? Non, c’était moins grave que cela mais elle ne voulait rien me dire pour autant. Je voulus retirer ma main mais ses cuisses m’en empêchèrent aussi. Ah, voilà qui était un nouvel indice. J’aurais tant aimé comprendre ce qui se passait en elle et pourquoi elle ne me disait jamais rien.

Comme souvent, Audrey avait du mal à exprimer son sentiment profond, ses colères, peut-être. Rien ne filtrait et cela me rendait fou de la sentir triste. Elle oscillait alors entre s’emmurer dans le silence, m’en vouloir de mon incompréhension à son égard ou encore, m’exprimer son désir d’une façon si détournée que je devais être sérieusement aux aguets si je ne voulais pas la froisser davantage.

J’étais donc coincé la main dans son endroit si doux mais je ne pouvais plus bouger. Je tentais une autre approche. Je me penchai pour l’embrasser dans le cou, juste au-dessus de son collier noir, remontant derrière son oreille. Audrey voulu me refuser ce baiser mais n’en eut pas la force. A la longue, je connaissais ses petits points faibles.

– Tu ne veux rien me dire ? Audrey ? Je voudrais tant t’aider.

Le silence devint plus criant. Je laissais passer quelques secondes, le bruit d’une moto traversant au loin dans la rue.

– Tu ne peux pas tout garder au fond de toi. Ce n’est pas bon.

Ma voix l’apaisait, je le sentais. Je poursuivis mes baisers. Ses cuisses desserrèrent leurs étreintes légèrement. Elles étaient chaudes et douces, comme un nid douillet. Mes doigts se rapprochèrent de son sexe et elle aimait, imperceptiblement. Son antre, je la voulais ouverte, perlant d’une humidité qu’en fin connaisseur j’avais déjà maintes fois goûtée, atteignant l’ivresse des sens.

La respiration d’Audrey se fit plus courte. Ma bouche était sur la route de son désir. Je crus entendre un gémissement. Non, elle avait parlé… dans un souffle. Mon cœur avait reconnu les délicieux accents rares de sa voix précieuse mais ô combien sensuelle.

– Attache-moi, dit-elle.

C’était la première fois qu’Audrey me demandait ce genre de jeu. Je fus un peu étonné mais je la pris très au sérieux. Ses paroles n’étaient jamais en l’air. Après un instant de réflexion, j’achevai de retirer ma cravate et m’en servi pour nouer les poignets d’Audrey entre eux, les maintenant solidement dans son dos. Je reculai de quelques pas, pour observer le résultat.

Les paupières d’Audrey étaient closes. Ses lèvres pulpeuses s’étaient légèrement entrouvertes. Sa poitrine, sans doute durcie par le plaisir d’être attachée, effleurait, encore en plus, son genou droit. Elle semblait jouir de la situation, faisant aller ses cuisses l’une contre l’autre dans une caresse que je sentais osée. Audrey, pour me l’avoir expliqué un jour, parvenait régulièrement à se faire jouir de cette façon, sans l’aide de ses doigts, par simple frottement.

J’aurais été un fieffé menteur pour prétendre que la scène me laissait totalement indifférent. Audrey était dans une posture alanguie, s’assenant des caresses par tout son corps, goûtant de son plaisir à chaque instant. L’érotisme de tout son être me fit cruellement sentir combien j’avais Audrey dans la peau. Du bout des doigts, je lui effleurai la bouche, tentant de ne pas l’interrompre. Ses lèvres s’entrouvrirent, me sucèrent, me mordillèrent. Dans le même temps, mon sexe prit des proportions indécentes sanglé sous mon pantalon. Je le déboutonnai et en sorti le pauvre membre comprimé. J’en dirigeai la tête humide vers les lèvres d’Audrey qui me cherchaient déjà. Sa langue se montra aimante et avide de mon gland. Le temps d’exciter tous mes sens, les yeux toujours à demi clos, elle enfonça ma queue plus profondément dans sa bouche, ses cheveux se mêlant parfois à ses soins.

Je résistai peu de temps à autant de volupté de la part de cette femme si jeune et si belle. Son innocence mêlée du sens inné des secrets de l’amour m’avait déjà étonné à plusieurs reprises. Audrey, ne m’ayant plus à sa portée, rejeta ses épaules en arrière. Ses cuisses s’offrirent naturellement à moi avec tout le manque de pudeur qui la caractérisait parfois. Une profonde impulsion me guida jusqu’à son mont des plaisirs dans lequel ma bouche, assoiffée de désir, goûta goulûment son antre liquoreuse. Une fois le manque insatiable comblé, ma langue consentit à prodiguer des caresses plus précises, montant puis descendant le long de son sillon que je maintenais au bord de la noyade.

Audrey était à ma merci, ligotée dans le dos. J’avais pour projet de la faire jouir jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus et me supplie d’arrêter. Ma bouche indécente enfouie au creux de ses reins, je me berçais de ses gémissements humides et comptabilisais les déferlantes de ses orgasmes. Toute tremblante, Audrey ne parvenait plus à récupérer, j’étais peut-être allé trop loin.

Soulevant Audrey par le bassin, arc-boutée, je lui remontai sa robe, qui me gênait tant, sur les hanches. Audrey tressaillit quand ses fesses mises à nues rencontrèrent la froideur de l’escalier. Je choisis cet instant pour la pénétrer en une seule fois, de mon sexe trop raide. Son souffle fut brutalement coupé. Elle eut une jouissance quasi-instantanée. Son bassin était collé au mien qui allait et venait en elle sans même quitter son intérieur. Audrey n’était plus qu’un sexe béant, totalement abandonné à mes assauts dont l’intensité allait crescendo.

Quand les cris d’Audrey atteignirent le dangereux seuil du tapage nocturne, je perdis totalement le contrôle de moi-même, me répandant par flots épais dans la chaleur intime de son bas ventre. Je poussai trois, quatre râles d’un plaisir rare et intense dont la fulgurance m’étonna, avant de me laisser choir tout contre elle, plongeant ma tête dans son cou où son parfum prolongea mon bonheur d’autant.

Au bout de quelques minutes ou peut-être d’une heure, je détachai les poignets d’Audrey qui, puisant dans ses dernières forces, se redressa, s’adossant le long du mur. Elle fit glisser précautionneusement sa robe pour couvrir le bas de ses reins et ne plus avoir froid. Elle remonta ses genoux pour y appuyer son bras, tenant de l’autre son épaule droite dans une posture de repliement et de soudaine fragilité. Audrey me regarda dans les yeux. Je faillis la serrer dans mes bras mais ne voulut pas brusquer la situation. Ses jolis yeux qui parfois s’embuaient de larmes. Elle me murmura quelques mots au creux de l‘oreille :

– Emmène-moi dans ton lit. Je veux passer la nuit avec toi. Mes parents sont d’accord. Je t’aime.

Devant son air grave, je ne pus que la croire et lui obéir. Manquant de vaciller, rassemblant mes forces, je la soulevai et la pris dans mes bras, gravissant les marches de l’escalier, sa tête blottie tout contre ma poitrine qui cognait encore. Je l’installai dans ma chambre et entreprit de défaire ses vêtements tandis qu’elle sombra dans un sommeil profond, morte d’épuisement.

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