Je devais assurer un stage en banlieue sud de Paris Peu loin du parc de
sceau le coin était magnifique. En ce début d’automne le soleil jouait
dans les frondaisons jaunes et rouges du paysage. Un bouquin à la main
et un sandwich dans l’autre je me consolais sur un banc d’un jardin
public proche. Je mettais cette grande heure de pause à contribution
pour rêver et méditer. Je lisais Vigny, un classique du XIX°. Je
trouvais le bonhomme austère et parfois grandiloquent. Il ne fallut pas
moins d’une femme pour me tirer d’un tel pensum.
A peu de pas de moi de l’autre côté de l’allée une femme mûre et d’âge
incertain faisait de même que moi lisant. Je parvins au bout d’un jour
après que m’être levé et passant près d’elle à lire sur la tranche de
son bouquin, un nom d’auteur : Duras . Écrivain que je goûtais peu.
N’empêche c’était de la noble littérature. Je crois que la miss
elle-même s’avisa de mon genre de littérature. Ainsi pus-je bientôt
croiser son regard bienveillant bientôt gratifié d’une lueur complice.
Bien que d’un visage commun, elle avait un corps et des jambes magnifiques.
Elle devait le savoir car elle arborait souvent une jupe courte. Pour
peu qu’elle croisât à un moment ses cuisses on lui voyait facilement le
haut du bas là où affleure la chair réelle et savoureuse et qui vous
fait rêver. Elle faisait cela souvent et n’affectait nulle pudeur quand
un homme passait au regard insistant. J’en déduisis rapidement
qu’allumer devait être un de ses jeux favoris. Elle comprit que je
n’étais pas indifférent à cela. D’ailleurs je ne m’en cachais guère.
Ainsi posais-je mon livre abandonnant ma lecture pour considérer seul
ses cuisses.
Cela devint un jeu entre nous. Nous expédions de part et d’autre notre
sandwiche. Puis après un moment de lecture, elle croisait ses cuisses.
De loin dans la lumière j’en percevais presque le crissement de matière.
Il en résultait automatiquement un début d’érection. Je suis sûre que la
garce devinait mon trouble et tout l’effet escompté. Pour parfaire son
chef-d’œuvre, elle se lançait en un balancement régulier et graduel de
l’escarpin au bout du pied. Moment hallucinatoire et qui me faisait
entrer en transe. Je l’avais vu faire souvent par des femmes mais là
c’était unique.
Je n’avais cure de trahir à son égard et à celui des autres ma
fascination. En effet tel la proie devant un serpent je demeurais
médusé, immobile. J’essayais en vain de donner quelque signification à
cette musique silencieuse. J’ai toujours mis très haut le langage non
verbal des gestes. La littérature parvient difficilement à en rendre la
puissance et la poésie. La garce me donnait une leçon. Vigny était un
nigaud. Duras sûrement se rapprochait du mystère. Peu avant de se lever
et partir et jusqu’avant d’interrompre le ballet du pied, elle tourna
vers moi son visage.
Celui-ci était grave voire triste. Une boule d’émotion m’arrivait dans
la gorge. Je pestais de n’avoir assez de force et de courage pour aller
lui parler et rompre le silence de l’échange. Je la regardais s’éloigner
jusqu’au bout de l’allée. Il semblait qu’elle baissait la tête sous un
immense fardeau. Peut-être m’appelait-elle au secours. Je savais que
demain au même endroit nous sacrifierons au même rite. Laisserais-je
passer ces dix jours de stage sans lui parler ou provoquer du moins
quelque chose ? Mon tourment devint infernal. Chaque nuit je décidais
que ce serait sûrement pour demain.
Il ne restait plus que trois jours. La lâcheté l’emportait. Je me
faisais une montagne de cette épreuve. Que pouvais-je lui dire en
l’abordant ? De toutes parts je me trouvais ridicule. Seul un divin
hasard pouvait m’aider. Il vint incidemment. Ce jour-là des
marionnettistes vinrent nous infliger leur spectacle au bout du jardin.
Nombre de badauds y accoururent sauf la belle et moi. Nous échangeâmes
un bref regard complice qui témoignait de notre désapprobation. Notre
goût méprisait ce cirque. En effet notre moment de lecture nous était volé.
La belle tout en me fixant droit dans les yeux cette fois s’enquit de
son ballet traditionnel du pied. Elle me signifiait comme pour me
consoler que ses arabesques du pied m’étaient destinées. J’eus alors un
geste vulgaire et incongru. Sans crier gare ma main se posa à un endroit
significatif du pantalon où elle pouvait distinguer le peu d’un
renflement. Je bandais et je voulais qu’elle le sache. Aussi vins-je
avec mon doigt à caresser à mesure ma bosse. Je lui attestais autant du
désir grossier que j’avais pour elle. Nous avions banni toute équivoque
entre nous.
Elle sembla point ne s’en offusquer continuant de plus belle son jeu de
pied. Son regard exprimait qu’elle acceptait notre connivence et que
nous pourrions aller plus loin. A ce moment elle se leva après avoir
rengainé son pied dans son escarpin. Déjà elle s’éloignait. Derrière
toujours la clameur imbécile des clowns et des badauds. J’hésitais de me
lever et de la suivre. Elle s’éloignait inexorablement tel Eurydice.
Soudain chu de sa poche sur le sol comme un mouchoir. En un instant je
courus le ramasser. Elle dut entendre ma course se retournant.
Elle était de taille moyenne et avait les yeux gris. Plus jolie que je
n’avais cru. Aujourd’hui je penche que ce mouchoir perdu avait été
prémédité. Elle avait aidé au hasard. La garce avait plus d’un tour dans
mon sac. Je bredouillais de vaines paroles. Elle d’une voix claire me
répondit : « Ce vacarme m’a fait perdre tous mes moyens. » A cela je crus
ajouter avec une pointe d’ironie contrainte : « Fuyons donc la canaille. »
Imposant ma compagnie je feins d’aller en la même direction. Elle
souriait à présent. Je n’étais pas moins heureux qu’elle.
Me raccrochant à Duras j’hasardais : « Elle aurait su rendre ce moment
d’apparence insignifiant, si sublime. » Cette femme pour marquer sa force
et sa supériorité rétorqua à mon propos benêt : « Vil flatteur. Votre
Vigny aurait détesté ma Duras ! » J’éclatais de rire. Je ne m’attendais
pas à ce coup de semonce. Je convins qu’elle avait raison. Je lui
avouais que j’avais choisi Vigny par hasard et le regrettait. Mon goût
allait à d’autres écrivains. Me fixant elle me dit : « Parlons-en demain. »
Nos chemins se séparèrent à l’entrée du boulevard. J’eus peur le
lendemain qu’elle choisit de me fuir et de n’être pas présente. J’eus
perdu mon Eurydice. Je vous laisse imaginer le bond que fit mon cœur
quand je la vis juchée sur son banc. Cette fois je pris la liberté de
m’asseoir près d’elle. Elle me fit un salut de tête et de converse nous
dégustâmes en silence notre sandwiche. Peu après nous parlâmes
écrivains. Elle était passionnante. Je sus qu’elle était secrétaire dans
un office notarial. Je faisais effort pour ne regarder ni sa cuisse ni
son pied.
Nos regards tandis que nous discourions sérieusement évoquait quelque
chose de plus lourd et précis. Je découvrais qu’elle avait autant envie
de moi que moi d ‘elle. A cet égard ce premier jour elle eût la délicate
attention et bien que je fus près d’elle, de balancer une fois encore
son escarpin au bout du pied. Je crus devoir honorer cette attention en
fixant sans façon ce spectacle et de lui en avouer que j’étais ému et
transporté. Je finis par souffler : » Votre pied n’est pas la moindre
partie de votre statue. Il est divin. » « Vous êtes trop belle Magalie. »
En effet elle s’appelait Magalie. Le lendemain j’obtins qu’elle
m’abandonna sa main. Je lui fis confidence de ma vie. Une femme m’avait
quitté il y a un an. Je rongeais mon frein dans un boulot stupide. Je
bénissais cependant ce stage que nous pûmes ainsi nous rencontrer. Elle
demeurait près de Suresnes. Elle allait jusqu’ici chaque jour en
voiture. C’est elle qui me proposa de recourir à son véhicule car les
bus ici étaient rares et bondés. A tout le moins nous ferions une demi
heure le chemin ensemble. Bien sure j’acceptais. Je ne pouvais rêver
plus beau carrosse.
Décidément Magalie avançait toujours les choses. Je ne concevais pas de
résister aux charmes d’une telle fée. Peu après que la voiture eût
démarré, nous nous embrassâmes à un feu rouge. Je ne sais qui prit
l’initiative. La garce s’enquit de se garer plus loin pour nous
étreindre et approfondir nos baisers. Ma main courait déjà sous sa jupe.
Je pelotais enfin ses magnifiques cuisses. Elle avait la culotte
mouillée. Je percevais au travers son sexe chaud et lourd. Plus tard et
n’y tenant plus nous nous arrêtâmes au fond d’une allée au bois de
Boulogne. Là elle me suça.
Nous allâmes plus loin et fîmes l’amour à l’arrière. Il ne s’agissait
plus de littérature. Ma fée se révéla une sorcière. Elle m’exhortât à
plus d’intrépidité et de gourmandise. En langage cru elle me souffla à
l’oreille d’une voix rauque « J' »aime la queue tu sais ! » Ce soir-là
j’obtins même de lui enfoncer la bite dans le cul. La garce avait une
prédilection pour la cochonnerie. Je trouvais un peu que tout allait
vite. Chagrin je dus convenir que d’autres mâles l’avait eu sans doute à
peu de frais. Néanmoins elle m’accepta durant un an comme amant. Ce fut
un temps merveilleux.
Ajouter un commentaire