Prélude
Je m’appelle Karine. J’ai 19 ans. J’en suis à ma première année d’université. Il faut dire que pour moi cette expérience est des plus palpitantes. Les cours sont intéressants et les nouvelles amitiés faciles à établir. Ça me fait du bien d’avoir changé de milieu. Issue d’une petite ville où il ne se passe pas grand-chose, ce nouveau monde qui s’offre à moi se présente comme autant de portes à ouvrir.
Plusieurs de mes amies m’ont dit que j’étais jolie. Je suis de grandeur moyenne. J’ai des cuisses musclées et fines à la fois, une poitrine agréable, des cheveux d’un noir de jais qui descendent jusqu’aux épaules et une bouche pulpeuse. Je n’ai jamais été attirée par les garçons. D’un naturel plutôt réservé, j’ai mis du temps à «entreprendre» quelques-unes de mes anciennes camarades de classe. Puisque dans ma famille nous ne sommes pas très portés à discuter de la chose, il a fallu que j’attende la fin du secondaire pour assouvir – de façon très pudique – certains de mes fantasmes. Une main posée sur une cuisse «par inadvertance» ou une accolade bien serrée devenaient les préludes à nombre d’orgasmes solitaires une fois au lit.
À ce chapitre, les cours d’éducation physique au collège et à l’université sont devenus un milieu idéal pour me livrer à quelques tentatives sans trop risquer de me compromettre. Les seins sautillants sous les t-shirts durant les parties de basket-ball, les claques sur l’épaule ou sur les fesses en signe d’encouragement, le doux parfum de la sueur qui suinte sur la chair ferme et lisse, la chaleur enivrante et les halètements des joueuses épuisées à la fin de la partie, tous ces éléments contribuent involontairement à nourrir mes scénarios les plus débridés. Une fois sous la douche, c’est le délice! Toutes ces poitrines, parfois bien développées chez certaines, ces ventres vigoureux et le petit nid de duvet, pâle ou foncé, qui les accompagnent deviennent autant de banquets vivants où les fruits les plus exquis nourrissent mon imagination.
Même si mes approches étaient souvent maladroites, j’avoue qu’elles m’ont néanmoins procuré des nuits dignes des contes des Mille et une nuits. Quel plaisir de pouvoir encore goûter, après les derniers soubresauts de l’amour, la saveur exquise d’une chatte ruisselante de cette douce ambroisie qu’on dénomme poétiquement cyprine. Mais, bien que toutes ces aventures fussent des plus gratifiantes, elles demeuraient le plus souvent sans lendemains.
Amélie
C’est au second semestre que je me suis inscrite à un cours d’aérobie. Dès que j’ai vu notre professeure, ça été le coup de foudre! Elle s’appelle Amélie. Petite, blonde, les cheveux noués en queue de cheval, un corps d’athlète, les yeux bleus, elle avait tout pour me faire chavirer. Sa voix, d’un léger contralto, exprimait la détermination et la fermeté de caractère. Mais ce qui me frappait le plus chez elle était une énergie et une bonne humeur presque inépuisables qu’elle savait rendre contagieuses à chaque cours. Inutile de vous dire qu’elle trouvait chez moi une élève des plus assidues.
Je ne manquais pas une seule occasion de parler à Amélie après les séances d’entraînement. Quoiqu’elle était souvent pressée en raison d’un autre cours à donner, je prétextais soit une interrogation, soit un mouvement à corriger, même si parfois je le réussissais très bien, soit tout simplement le plaisir de bavarder avec elle de sujets personnels. Malheureusement, au bout d’un certain temps, mon insistance à la rencontrer semblait la mettre mal à l’aise. Bien qu’étant toujours polie, elle devenait plus expéditive dans ses réponses. Ce changement d’attitude me désolait au plus haut point. Elle avait sûrement remarqué mon trouble chaque fois que je m’adressais à elle. Et pour cause! Dès les premiers mots que nous échangions, mon cœur battait la chamade. Mes idées se bousculaient à certaines occasions à un rythme tel que ce que je lui racontais n’avait presque pas de sens. Il n’était pas rare non plus que mes joues passent d’un incarnat subtil à un rouge violacé. Cela sans compter mon regard insistant. Bien que je mettais tout en œuvre pour lui cacher mes sentiments, je ne pouvais m’empêcher de la dévorer du regard. Les traits fins et réguliers de son visage, le galbe de ses hanches et de ses cuisses musclées, son ventre laissé à découvert par sa camisole de sport et ses petits seins en forme de poires, devenus légèrement atrophiés par la pratique intensive de la musculation, toute cette chair qui se soulevait régulièrement sous l’effet de la respiration devenait une corne d’abondance prête à se déverser dans ma bouche.
Bien que ce changement d’attitude de la part d’Amélie me rendît malheureuse, je ne perdis pas espoir pour autant. Enfin, par un soir froid et pluvieux de novembre, l’occasion tant attendue se présentât. Je savais qu’elle voyageait régulièrement en autobus. Ce n’est pas que je l’espionnais, mais je l’avais vu monter à quelques reprises à différents endroits de la ville. Québec étant un bon gros village, ce n’est pas très difficile de rencontrer les gens. Un soir donc, alors que je quittais le campus à bord de ma voiture, je l’aperçus qui courait pour ratt****r son autobus, en vain. Comme l’autobus roulait devant moi, j’en profitai pour m’arrêter près d’elle et lui proposer de la déposer. Bien qu’un peu surprise par cette coïncidence – et c’en était une! – elle accepta.
Dès qu’elle fut montée, le parfum suave et enivrant de son savon me titillait les narines comme rarement une femme ne l’avait fait auparavant. C’était évident qu’elle sortait tout juste de la douche. Déjà mon imagination se mettait en branle. Comme sa destination était à peu près sur mon chemin et que je n’étais pas pressée, je lui offris de la déposer directement. Quoiqu’un peu réticente au début, le temps maussade et mon obligeance l’incitèrent à accepter.
Malgré la fébrilité qui m’envahissait, je réussissais néanmoins à parler de façon claire et articulée. Tout en bavardant, je lui posai quelques questions un peu plus personnelles sur sa vie privée. Étant d’un caractère très sociable, elle avait de nombreux amis, tant de garçons que de filles. Elle avait rompu avec son compagnon depuis quelques mois et ne cherchait pas vraiment de nouvelles rencontres, hormis quelques passades. Petit à petit, je lui demandai si elle s’était déjà intéressée aux filles. Ma question semblait l’avoir ébranlée. Elle ne s’était jamais arrêtée sur le sujet. C’est alors que je me décidai à plonger. Comme nous arrivions à l’endroit qu’elle m’avait indiqué, je lui proposai que nous échangions nos numéros de téléphone. Prise au dépourvu par cette demande, Amélie me dévisagea pendant quelques instants d’un œil scrutateur. Elle semblait mesurer le pour et le contre. Curieusement, elle accepta sans mot dire. Alors qu’elle descendait, j’en profitai pour lui tenir furtivement la main. De retour chez moi, je savourais encore cette chaleur moite et parfumée qui s’était imprégnée sur ma main, tel un gage.
Quelques jours plus tard, je reçus un appel d’Amélie. À mon grand soulagement, elle était toujours intéressée à ce que nous nous rencontrions. De but en blanc, j’invitai Amélie à venir souper chez moi au moment qui lui conviendrait. Nous nous sommes entendues pour le lendemain soir. Il faut dire que j’ai hérité du côté cordon bleu de ma mère. À cette occasion, j’ai préparé un gigot d’agneau au romarin à se rouler par terre, au dire de plusieurs de mes amies. Le lendemain vers 18 heures, le timbre de la sonnette tant espéré se fit entendre.
Le souper
Dès que je la vis sur le seuil de la porte, elle me mit immédiatement à l’aise avec un «salut» amical et un sourire désarmants de simplicité. Ses joues étaient légèrement rosies par le vent automnal. Comme d’habitude, elle était vêtue d’une tenue sportive qui lui seyait si bien : jeans moulants, coupe-vent rouge, espadrilles blanches et casquette à l’effigie de l’Université. La même fragrance délicate et poivrée que celle de notre dernière rencontre dans ma voiture émanait de sa personne. Sans plus tarder, je l’invitai à entrer.
– Veux-tu un apéritif avant qu’on passe à table? Lui demandai-je, tandis que nous prenions place dans le salon.
– Oui, s’il te plaît. Hum! Ça sent bon! Qu’est-ce que tu as préparé?
– L’une de mes spécialités. Tu m’en donneras des nouvelles.
Pendant que je lui tendais son verre, j’en profitai pour m’asseoir près d’elle. Tout en bavardant, j’en profitai pour aborder la question que nous avions laissée en suspens la fois précédente.
– Tu sais, lorsque je t’ai demandé si une fille t’avait déjà attirée, j’espère que je ne t’ai pas vexée.
À cette question, elle baissa le regard, sans mot dire, l’air embarrassé. Voyant son trouble, je n’insistai pas.
– Allez, viens. Je te promets qu’on va se régaler.
En effet, le repas, accompagné d’un bon petit rouge chilien, était succulent. Je décidai de couronner le tout d’une crème d’amande qui m’avait été offerte pour mon anniversaire et que je réservais pour une occasion spéciale.
De retour au salon, nous dégustions le digestif, mais sans la gêne de tout à l’heure. Bien qu’étant parfaitement lucides, j’avoue que l’alcool nous avait rendues plus hardies. Plus la conversation avançait, plus mon regard se faisait insistant. C’est alors que je décidai de faire les premiers pas. Pendant qu’elle me parlait, je m’approchais d’elle doucement, jusqu’à pouvoir la toucher. Tout en continuant d’écouter ses paroles, je déposai mon verre sur la table basse et commençai à caresser son bras du revers de la main, dans un doux mouvement de va-et-vient. Remarquant mon geste, elle parlait de moins en moins. Quoiqu’un peu effarouchée, elle ne fit rien pour m’intimer d’arrêter. Encouragée par cette attitude «passive» de sa part, je laissai glisser langoureusement mes doigts sur sa nuque, juste sous sa queue de cheval, puis sur son magnifique visage, d’abord le front, puis ses yeux, le dessus du nez, pour contourner ses lèvres, minces, mais sensuelles.
Elle ne disait plus rien. Son regard exprimait une légère crainte en même temps qu’un abandon graduel. Du même coup, je sentais son souffle tiède, parfumé par la liqueur d’amande, devenir plus rapide. Ces effluves titillaient mes sens infiniment plus que le vin que nous avions bu au repas. Accolant délicatement mes mains sur ses joues, je posai mes lèvres sur les siennes, en petites saccades d’abord, jusqu’à ce que ces préludes se transforment en un baiser passionné. Elle daigna, pour mon plus grand bonheur, à ouvrir la bouche. J’avais le feu vert! Pendant que je pressais son visage de plus en plus vigoureusement, je laissai ma langue explorer sa bouche. D’instinct, elle alla tout de suite à la rencontre de sa sœur jumelle pour s’y enrouler frénétiquement dans tous les sens, pendant un long moment, pour ensuite continuer à explorer l’intérieur de la bouche avec la même ardeur, le palais, l’intérieur des joues, ce qui me permettait de faire double emploi avec mes mains, qui mimaient le mouvement de l’autre côté de la paroi, puis ses belles dents blanches, pour aboutir au fond.
Enhardie par ce préambule enflammé, je commençai à mordiller la langue d’Amélie pour la sucer goulûment. Je la mordillais tant et si bien qu’Amélie émit de petits gémissements rauques et que son visage commença à se crisper sous l’effet de la douleur. Ce mélange de plaisir et de douleur m’électrisait au plus haut point. Voyant que ma compagne voulait se détacher de mon étreinte, je délaissai à regret ce tendre morceau pour la rassurer.
– Shhhh! Ne crains rien, lui susurrai-je à l’oreille.
Tout en lui murmurant ces mots, je pris ses mains pour les coller contre mes seins. Mes tétons étaient si durs qu’ils semblaient prêts à exploser. Amélie prenait de plus en plus goût à ce jeu. Timorées au début, ses mains me massaient les seins avec une vigueur croissante. Je fis de même de mon côté. Mes mains se faufilaient sous son gilet jusqu’à atteindre ses seins petits, mais fermes. Elle ne portait pas de soutien-gorge! Je pressai alors le bout de ses mamelons entre le pouce et l’index en un mouvement de va-et-vient convulsif. À son tour, Amélie se mit à me lécher et à me mordiller le visage, geste auquel je répondis aussitôt avec la plus vive énergie. Nos corps devenaient autant de continents à explorer. Passant du visage, je lui mordillai et lui suçai les oreilles, comme je l’avais fait avec sa langue. J’ai toujours eu un faible pour les oreilles d’une femme. Bientôt, ce furent son cou, ses bras fermes et son ventre musclé qui eurent droit au même «traitement de saveur». N’en pouvant plus, je l’invitai dans ma chambre.
Première nuit d’amour
Aussitôt arrivées, je défis le lit, allumai la veilleuse, tirai les rideaux et fermai la porte. Strictly personal! Comme Amélie commençait à se déshabiller, je lui intimai d’arrêter en lui prenant doucement le bras. Nous serrant l’une contre l’autre, je l’embrassai à nouveau avec une fougue décuplée, tout en la déshabillant lentement, en des gestes langoureux. Elle fit de même de son côté. Pendant que nous continuions à nous déshabiller, chacune embrassait et léchait les parties qui s’offraient à sa bouche avide de chair nouvelle, tout en dévisageant l’autre d’un regard complice pour y détecter les moindres signes de plaisir. Lorsque Amélie m’enleva ma culotte, je ne pus m’empêcher de ressentir une certaine gêne, tant elle était mouillée par nos premiers ébats dans le salon. Voyant mon embarras, Amélie ne put s’empêcher de sourire gentiment. À genoux devant moi, mon amante pressa sa langue sur ma culotte, la tirant avec ses dents pour en aspirer le nectar. Tous ces mouvements de sa bouche, sans compter ceux de ses mains qui me pétrissaient les fesses, m’électrisaient au point que j’avais l’impression d’avoir des écluses grandes ouvertes entre les cuisses. Je lui empoignai la tête jusqu’à la lui imprimer dans mon sexe. Les yeux fermés, la respiration haletante, je hurlais presque, tant c’était bon! Je ne la savais pas si délurée.
Enfin, ma culotte enlevée, sa langue fourragea mon pubis, se forçant un passage dans mon entrecuisse. Elle n’eût pas besoin d’insister longtemps. Enfonçant l’index et le majeur dans mon vagin, Amélie écarta délicatement les lèvres pour mieux darder sa langue à l’intérieur en un mouvement endiablé qui me fit presque perdre connaissance. Ses doigts frottant mon clitoris en plus, c’est un véritable Niagara qui inonda son visage! La prenant par la tête, je la relevai brusquement vers moi et lui léchai le visage avec une voracité que je ne m’étais jamais connue. Maintenant que nous étions complètement nues, je l’entraînai au lit.
Étendues l’une en face de l’autre, je pris sa main et la glissai entre mes cuisses, tout en faisant de même. Pendant que nous nous masturbions, je glissai mon autre main sous sa tête et commençai à lécher ses lèvres. Aussitôt, sa langue entra en contact avec la mienne avec la même intensité que les fois précédentes. Délaissant son clitoris, que je massais en mouvements concentriques de plus en plus rapides avec le pouce, je glissai mes autres doigts plus en arrière de son vagin, allant graduellement à la rencontre de son anus. Tout doucement, puis en un mouvement de plus en plus rapide, j’y enfonçai mon majeur. Les yeux mi-clos, la respiration de plus en plus saccadée, Amélie vint se coller tout contre moi. Nous étions toutes les deux ivres de désir! Quittant comme à regret ma langue, la bouche d’Amélie vint mordre à pleines dents mes seins. Sur le coup, je faillis crier de douleur. Mais, loin de vouloir l’éloigner, j’enfonçai davantage la tête de ma compagne contre ma poitrine. Je sentais avec délices sa langue fébrile se poser sur mes aréoles, pendant qu’elle me mordillait les mamelons. Tandis que Amélie engloutissait goulûment un sein, elle pétrissait l’autre avec une ardeur qui frôlait la frénésie. De son côté, ma petite incursion en territoire génito-anal ne semblait pas lui déplaire, car ma main eut droit à sa première douche de la soirée. Aussitôt, je la portai à ma bouche pour en laper le précieux jus jusqu’à la dernière goutte, allant même jusqu’à la replonger pour renouveler le plaisir.
Après cet orgasme quasi simultané, nos corps, moites de sueur, se détendirent. Dès que nous rouvrîmes les yeux, nous éclatâmes de rire, sans raison autre que le bonheur d’être ensembles. Je n’arrivais pas à le croire. Cette femme qui me semblait inaccessible voilà encore quelques jours faisait partie de moi à présent. Rien que de voir ce petit corps exsudant la rosée de l’amour ravivait en moi le désir de la posséder à nouveau.
Je m’étendis sur elle de tout mon long, écartant ses cuisses à l’aide de mes jambes jusqu’à ce que nos sexes se touchent. Dès lors, je l’embrassai à nouveau à pleine bouche, tandis que mon bassin imprimait des mouvements concentriques de plus en plus rapides sur son pubis. Excitée par cette sensation, Amélie écarta davantage les cuisses et, les yeux à nouveau clos, le souffle de plus en plus rapide et rauque, elle se cramponna à mes fesses à l’aide de ses mains avec une force telle que ses ongles me rentraient dans la chair. Petit à petit, je descendis le long de son corps de déesse, embrassant et léchant chaque partie qui s’offrait à moi, le menton, le cou, la poitrine, le ventre, les cuisses, jusqu’à ce que ma bouche vint se nicher dans le petit nid douillet, chaud et humide qui se lovait dans son entrejambes. Léchant tendrement son sexe, j’écartai avec les doigts ses lèvres. Dès lors, je lui mordillai et suçai le clitoris, tandis que ma langue explorait les parois de son vagin, lesquelles recommençaient à suinter avec une abondance telle qu’il fallait que j’avale pour ne pas m’étouffer. De temps à autre, je voyais Amélie qui me regardait parfois en me souriant, parfois en se mordant la lèvre inférieure. Cette fois, c’était à mon tour de lui serrer les fesses. À mesure que le mouvement s’amplifiait, Amélie poussait des râles de plus en plus rapprochés, tandis qu’elle soulevait son bassin en des spasmes qui annonçaient l’imminence de l’orgasme. En effet, au bout d’un temps qui me parut trop court, je faillis être noyé par un déluge que je ne suis pas prête d’oublier. Loin d’être satisfaite, je continuai de plus belle. C’est ainsi que je fus gratifié non pas d’une, mais de trois de ces merveilleuses ablutions. Enivrée par ce doux parfum, j’en savourai chaque filet, chaque goutte. J’en fis même profiter Amélie, qui, m’ayant attirée vers son visage, se délectait elle aussi de ce doux nectar. Tard dans la nuit, repues, nous nous endormîmes, blotties l’une contre l’autre.
Épilogue
Voilà maintenant huit ans que Amélie et moi vivons ensemble. Après notre première nuit d’amour, nous nous revîmes fréquemment, jusqu’à devenir des amantes régulières. Dès que nos baux furent arrivés à expiration, nous avons emménagé dans un plus grand appartement. Nous sommes lesbiennes et heureuses de l’être. Nos amis et nos familles le savent. Au début, cette nouvelle réalité n’allait pas de soi pour certains, mais les choses ont fini par s’arranger. Parfois, quelques-unes de nos nouvelles amies nous demandent ce que pensent nos parents de notre situation de couple. À chaque fois, nous leur faisons voir en guise de réponse, non sans un brin de malice, une statuette en plâtre représentant deux psychés enlacées l’une contre l’autre, les yeux clos, s’embrassant, en leur précisant que cette statuette nous avait été offerte pour la Saint-Valentin par la mère d’Amélie, qui en avait fait la commande à une de ses amies, qui est artiste.
Nous travaillons toutes les deux dans la région de Québec. Amélie s’est trouvé un emploi de chercheuse dans un institut d’optique affilié à l’Université. Quant à moi, je pratique la psychologie en cabinet privé, tout en enseignant à temps partiel dans un collège. Bien que nous n’ayons plus autant de temps pour nous entraîner, nous continuons à pratiquer des activités comme le jogging, la natation, le yoga et le tai-chi.
La fougue passionnée d’Amélie n’a pas diminué d’un iota. Nous continuons à faire l’amour presque tous les jours, parfois même jusqu’à deux ou trois fois. Et laissez-moi vous dire qu’un moment d’amour avec Amélie vaut n’importe quelle séance d’aérobie. Nous avons expérimenté différentes positions, mais s’il y en a une que nous préférons, c’est étendues l’une sur l’autre ou l’une contre l’autre, la tête nichée dans le sexe de sa partenaire. Un bon vieux 69, quoi! Nous nous sommes même initiées au tantrisme, ce qui nous a permis d’explorer de nouvelles dimensions de notre sexualité, en plus de nous aider à synchroniser nos orgasmes lorsque nous en avons envie. De toute manière, même quand nous sommes trop fatiguées pour faire l’amour, le simple fait de tenir l’autre dans ses bras, de l’embrasser, la caresser, de sentir la chaleur et la bonne odeur de son corps nous suffit.
La nature fait aussi partie de notre philosophie de vie. En ce sens, nous n’avons jamais été tentées d’utiliser des gadgets, godemiché, vibrateur ou autres. Personnellement, j’ai toujours trouvé profondément stupide cette vision anthropocentriste que l’homme soit «nécessaire» à la femme pour qu’elle puisse vivre pleinement sa vie. Nous sommes fières d’être femmes, fières de notre corps et nous n’avons pas besoin de substituts masculins pour nous épanouir. Bien que nous ayons des amis d’hommes, Amélie n’a jamais été tentée de renouer des rapports intimes avec eux.
De plus, comme je l’ai mentionné, j’adore mitonner de bons petits plats. Les cyniques diront que ça fait «bonne ménagère», mais je m’en fous. C’est toujours avec le même plaisir que je regarde ma petite chatte se régaler. En raison de son emploi du temps surcompressé, Amélie devait la plupart du temps manger sur le pouce. Néanmoins, j’ai réussi à lui faire apprécier les vertus du slow food. Nous cuisinons ensemble chaque fois que nous en avons l’occasion. Pour certains mets, Amélie a même réussi à me surpasser. Afin de parfaire son initiation, j’ai fait un voyage avec ma compagne en Italie, il y a deux ans. Nous sommes allées dans la capitale mondiale du slow food ou cittaslow, c’est-à-dire à Polenzo, une petite ville d’environ 17 000 habitants du Piémont, au nord-ouest du pays. Nous en sommes revenues ravies.
Je sais qu’au fil du temps, nous nous aimerons de plus en plus. Nous apprendrons à découvrir les richesses de l’autre. Nous aimerons nos rides au lieu d’en avoir peur. Chaque parole, chaque rire, chaque espièglerie deviendront autant d’espaces où la tendresse pourra se blottir. D’ailleurs, il émane toujours comme une aura de bonheur contagieuse des gens en santé, bien dans leur peau et, par-dessus tout, qui sont en amour. Bien sûr, ce processus ne se fera pas sans heurts. Il y aura des différends, voire des disputes, comme dans la plupart des couples. Mais qu’importe. Lorsqu’on aime vraiment quelqu’un, on finit toujours par trouver l’énergie pour traverser ces moments difficiles et en sortir grandis. Même si cette profession de foi peut sembler naïve pour plusieurs, je suis convaincue d’avoir trouvé mon âme sœur. À moins qu’Amélie ne disparaisse subitement, je ne vois pas comment je pourrais vivre avec une autre et je suis persuadée qu’il en est de même pour elle. Parfois, la nuit, lorsque Amélie est tournée vers moi, j’attire sa tête vers ma poitrine doucement, pour ne pas la réveiller, et je la niche entre mes seins, tout en passant un bras sur sa taille. J’adore sentir son souffle chaud et régulier. Ça me fait l’effet d’une petite musique ou plutôt d’un doux ronronnement. On vous a déjà dit que j’ai un petit côté maternel?
Ajouter un commentaire