J’ai vite appris venu du fond de ma province. Ce fut mon premier job. Je dus en peu de temps apprendre les choses et les êtres. Ce fut violent et doux à la fois. J’en ai conservé la nostalgie des commencements. Dans ce paysage notamment se détache une femme qui à maints égards m’a fait aborder le continent du sexe. Je lui dois une reconnaissance éternelle. Je n’ai plus de nouvelles d’elle et de loin quoique ce soit le lieu où elle vit, je lui adresse sûrement ce texte et cet hommage. Nos débuts furent chaotiques. Je ne la désirais que de loin.
Il est vrai j’étais jeunot. Elle mon aînée de vingt ans. Des témoignages récents nous ont rendu plus familiers voire indulgents à ces différences d’âge. Il est vieux comme le monde qu’un damoiseau soit attiré et fasciné par une femme sensuelle et d’âge mur. Celle-ci dépucelait et initiait volontiers. Elle n’en était pas à son premier exploit. Du premier coup d’œil elle put s’assurer de son pouvoir sur moi. Je concevais qu’elle avait besoin d’éprouver à chaque fois la force de ses charmes dans le miroir d’une nouvelle admiration. L’angoisse de ne plus plaire la taraudait sans doute.
A mon grand plus dépit elle trônait dans le bureau d’en face avec une autre et jeune collègue. Je la pouvais considérer de profil admirant ses belles cuisses qu’elle croisait et décroisait à dessein comme pour me susciter d’indéfectibles érections. Trop de mâles à mon goût venaient la visiter. Ils étaient quasi tous à ses pieds. Nombre devaient être de ses amants. Sa collègue timide et cependant jolie était écrasée sous tant de personnalité. J’eus été mieux avisé de m’intéresser à elle plutôt qu’à l’autre garce superbe qui jetait des fois vers moi ses œillades libertines.
Le midi je préférais écouter ma musique et m’enfoncer dans la lecture d’un livre loin du cancan des collègues. Ainsi avais-je trouvé assez loin un petit restaurant où sévissait la faune ouvrière avec laquelle je me trouvais plus à l’aise. Armand le patron planqué derrière le bar me prit en sympathie. Cela fut d’autant facile qu’il était de ma région et connaissait quelques de mes cousins et autres. Il s’institua bientôt comme mon mentor et père spirituel. Aussi me conseilla-il de me trouver rapidement une petite car disait-il goguenard : « Ton truc le soir cela rend sourd ! »
Pour me débarrasser et lui donner le change je lui fis croire que j’étais entichée de ma petite et jeune collègue. Je me gardais de lui révéler que je me branlais au contraire sur la voisine de celle-ci. Il se fut sûrement moqué de moi et de mon goût. J’aurais pu longtemps garder le secret mais à mon grand dam la garce un midi vint s’encadrer dans la porte de l’estaminet avec un homme que je ne connaissais pas. Du moins il ne devait être de mes collègues. Je sus à leur manière d’être qu’ils étaient amants. Elle me reconnut et fit un signe mutin.
Ce signe furtif n’échappa pas au regard avisé d’Armand qui avait en son antre l’œil sur tout. Il me dit mi-sérieux : « Tu connais cette garce ? » Il vit la rougeur envahir mon front. En renard il perçut d’emblée mon désir pour cette femme. Cela ne l’étonna pas. Elle exerçait manifestement un semblable magnétisme sur tout mâle de quelque âge qu’il fut. Il ajouta : « Et ta jeune copine dans tout cela ? » Je penchais davantage la tête vers mes chaussures. Il put surprendre à la suite mes regards amers vers le couple qui riait là-bas. Il me confirma avec la dernière brutalité que ce type était en effet un de ses nombreux amants. Je touchais ce jour au cruel du réel.
N’y tenant plus je n’eus de force d’attendre mon dessert. Je me levais. Je partis sans dire au revoir à Armand. Il me reprocha le lendemain ma fuite. Il me dit sentencieusement que cette garce ne méritait pas que je me mette dans tous ces états. Il m’assura cependant qu’elle venait rarement ici et que je pouvais à loisir revenir déjeuner. Nous convînmes de ne plus parler d’elle après que je lui eus avoué qu’elle était une de mes collègues. Il me plaignit et demeura muet après. La garce ne m’en alluma que davantage. Mon désarroi semblant à cet égard l’exciter.
Peu de temps après elle vint me surprendre à la machine à café se proposant de me l’offrir. Magnifique, juchée sur ses mignons escarpins, elle n’avait jamais été si près de moi au vrai. Son corps saturé d’un chaud parfum semblait tel une planète à l’égard d’une plus petite, m’attirer. Je pus relever qu’elle était très maquillée. Elle avait outré le fard, le rouge et le noir. Elle avait de grands yeux clairs qui manifestaient une sorte d’innocence. Je concevais qu’on ne pouvait résister à un pareil cocktail. Je l’écoutais répondant par de pauvres balbutiements.
Je mis du temps à percevoir le sens de ses propos. Elle ne disait pas moins que sa petite collègue avait le béguin pour moi. Trop timide elle ne saurait jamais faire le pas nécessaire. Bref elle intercédait pour elle. Je trouvais singulier sa démarche. Cette garce ne pouvait pas ne pas savoir mon grand désir pour elle. Elle me mettait à la torture et voulait m’éprouver et se moquer sans doute. Elle ajouta méchamment que j’étais trop pataud. Que je n’avais pas le droit de décevoir son amie et collègue. Elle comptait sur moi affirmant qu’elle ferait tout pour que cela réussisse.
A partir de ce jour elle n’eût de cesse de venir me parler tout en me câlinant. Le prétexte était toujours le même. Il s’agissait d’Adeline, prénom de la collègue. Je voyais celle-ci rougir de loin. Elle devait être au courant de l’initiative de sa supposée amie. Son regard implorant semblait protester que tout cela n’était pas de son fait et qu’au grand dam jamais elle n’aurait jamais voulu ce genre d’intrigue. Je comprenais que trop que l’autre se jouait de nous et voulait particulièrement m’exciter ce à quoi elle parvint. Lâchement j’en vins à me prêter au jeu.
Certains soirs après que mon collègue, un vieux monsieur s’en fut allé, elle venait vingt minutes me tenir le crachoir. Elle avait l’effronterie de fermer la porte afin que la pauvre collègue ne nous vit et que les autres en puissent déduire de folles choses. Selon elle s’asseyait face à moi croisant haut et ostensiblement ses cuisses ou carrément se posait sur le bord du bureau à peu de centimètres de moi. Le résultat de toute façon était que je bandais tel un malade et malheureux. Maintes fois me lâcha-telle : Tu es mignon. Dommage qu’Adeline en pince pour toi ! ».
Plus d’une fois fus-je sur le point d’avouer mon désir et que je me moquais d’Adeline. J’étais devenu fou dingue et voulais devenir son amant. A chaque fois elle prévenait mon aveu par une pirouette ou disparaissait sur le champ. J’étais malheureux lorsqu’on me rapportait une de ses turpitudes. Ainsi pouvais-je haïr le godelureau dont on m’avait rapporté qu’elle l’avait sucé le midi sur un parking. J’étais malheureux qu’on l’affubla souvent du mot de putain. Elle se déshonorait ainsi que moi. Le pire était à venir.
Je ne vis pas le coup venir. Armand m’assurait qu’elle venait peu dans son café. Aussi fus-je abasourdi de la voir débarquer un midi avec un nouvel homme. Celui-ci était manifestement copain et complice d’Armand. Il chuchota à l’oreille de celui-ci. Peu après je vis le couple monter à l’étage où sévissait deux ou trois chambres. Outre le voyageur de commerce certains couples coquins s’y épanchaient des fois. La garce ne daigna pas me regarder bien que je fus en vue au bar. Elle monta devant son amant roulant du cul et excitant alentour les autres mâles qui regardaient.
J’étais stupéfait et écœuré. Armand perçut à l’instant tout mon désarroi. Il me tira d’autorité dans la cuisine pour un sermon. « On n’a pas idée de se mettre dans tous ces états pour une salope ! » « Vois-tu ici il y en a plus d’un qui l’a sauté dans mes chambres. » Ces paroles dures m’affectèrent à peine. J’étais groggy et ailleurs. Des envies de suicide ou de partir loin m’envahissaient. J’avais nausée de tout. A ce moment Armand fut traversé d’une idée décisive et diabolique. Toujours me tirant par le manche, il m’entraîna là-haut. Il voulait me jeter la vérité à la figure.
Dans la chambre attenante à celle où ils baisaient il y avait une sorte de trou ménagé dans un mur. Armand en usait peu et il m’avoua que contre argent il consentait des fois à des vicieux de pouvoir se délecter de quelque ébat de couples. Là je pourrais mesurer le talent de ma pute et de son amant. Au départ il me poussa. J’avais l’œil mouillé de pleurs. Je ne vis rien au début. Il y avait une femme dessus un homme le cheveu en bataille. Elle avait le sein nu et le ventre gras. J’eus du mal à me remettre que ce visage put être le sien. Armand me poussa pour reluquer à son tour.
Il ricanait. « La salope ! La furie ! Quelle gourmande ! Elle va le tuer le bougre. » Ainsi s’esclaffait-il tandis que je demeurais effondré sur ma chaise. Il me planta. Le boulot l’attendait. Il dit toujours goguenard. « Régales toi de la pute !’ Puis il disparut. Je ne sais combien de temps j’attendis. Au travers du mur on entendait leurs gémissements. Bientôt je fus à nouveau l’œil enfoncé dans le trou. Le gars rouge et furieux était derrière. Il la tirait par le cheveu. J’entendais distincts les insultes et jurons. Et elle de répondre du même ton « Encule moi ! » J’étais fasciné. Je me branlais.
Au bout d’une demi-heure je me résolus à partir et fuir cette chambre. Baissant la tête je répondis à peine au salut d’Armand. J’avais hâte de respirer un autre air. Celui du dehors. La honte en moi le disputait à la colère. J’avais idée de dire ma vérité à cette salope. Je sus plus tard décidément impitoyable et sévère à mon égard qu’Armand avait tout rapporté à son pote après que celui-ci fut descendu. Celle-ci du coup sut que j’avais maté au travers du trou du mur. De ce détail je n’étais guère au courant lorsque que je lui fis une scène.
Je pris prétexte qu’elle ne devait plus s’immiscer dans ma relation avec sa collègue. Nous étions assez grands pour gérer seuls notre affaire. Le caractère intrusif de ses paroles et de ses gestes ne pouvaient que nous nuire. Elle me laissa parler le long sans se départir d’une mine ironique et méchante. Aussi fus-je décontenancé quand elle m’asséna ces mots : « L’autre fois au café peux-tu me dire ce que tu as fait après que je sois montée avec mon ami ? » Je compris qu’elle savait. J’étais pris la main dans le sac. Je balbutiais me noyant irrémédiablement.
Elle triomphait et n’eus de peine à m’infliger le coup fatal. « J’espère que tu t’es régalé. Hein mon cochon ? » Sur ce elle tourna les talons. A partir de ce jour elle ne vint plus m’entretenir. Elle me voulait punir de la façon la plus cruelle. Affectant de ne vouloir plus s’immiscer entre sa collègue et moi, elle me privait de fait de son unique présence laquelle m’était devenue indispensable après que je l’eus surpris dans les bras d’un autre et eu le témoignage de son vice et de sa lubricité. J’étais plus que jamais obsédé d’elle et de son corps.
J’eus une brouille avec Armand. Celui-ci tout de mépris ne cacha pas sa perfidie. C’était pour mon bien. Il avait voulu me donner une leçon. J’étais trop con, trop niais. Il me représenta que j’étais un petit pervers et fameux hypocrite. Il me jeta par défi que je devrais assouvir mes envies et me taper plutôt des garces dont il avait toute une liste à ma disposition. Radoucissant le ton il me confirma qu’il avait une bonne amie qui volontiers me consolerait tout en m’initiant. A ma mine déconfite il vit que je ne songeais que trop à l’autre.
Cela dura deux mois ainsi. Armand vit que la mélancolie l’emportait et que notre amitié courait un grand danger. Il se dit qu’il fallait soigner le mal par le mal et qu’il n’y avait qu’une simple issue à cela. Il obtint le téléphone de la garce. Il lui représenta que j’étais malheureux et qu’il était temps qu’on me libère de mon souci. La garce convint qu’elle ne me voulait pas tant de mal. L’un l’autre arrêtèrent un plan. La surprise fut complète. Je vins un midi maussade m’asseoir toujours au même endroit du zinc. Armand avait un sourire en coin.
Il me demanda de le suivre à l’étage. Il avait besoin d’un coup demain pour déplacer une armoire. Il me dit d’attendre dans une chambre. Il allait revenir avec une paire de gants pour l’un et l’autre. Peu après j’entendis frapper. Je vis entrer ma garce tout sourire. Elle jeta ce propos ironique : « Est-ce ici l’armoire à déplacer ? » J’eus un instant la tentation de fuir et de sauter par la fenêtre. Elle dut deviner mon envie ridicule et éclata de rire. Appuyée contre la porte déjà lascive, elle m’interdisait toute sortie. Elle avait la jupe de cuir fendue par le devant.
Soudain grave et sévère elle m’intima de m’asseoir au bord du lit. Elle ferma à clef avec ostentation la porte. Elle annonça : «Cher, nous n’avons qu’une petite heure. » Je devins sur le champ une statue de marbre ou de sel. Fermant les yeux, je perçus qu’elle approchait. Depuis longtemps je n’avais éprouvé près de moi son corps chaud tant désiré et saturé du même parfum. Elle s’enquit rapidement de ma braguette. Mon sexe hâtivement extirpé, il se trouva bientôt branlé puis dans la bouche. Elle me suçait. Je n’ai jamais été autant pompé. Quel infini du temps !
J’eus la pensée incongrue qu’Armand pouvait nous mater à l’instant. Je n’en avais cure. Détendu peu à peu j’accédais à ce bonheur tant désiré m’y vouant totalement. J’eus l’impression que mon sexe pouvait être pour elle la chose la plus importante tant elle mettait de temps et de soin à le câliner dedans sa bouche. Cette dernière vint enfin embrasser la mienne. Elle me dit de rouvrir les yeux et de me déshabiller. J’eus une attention de pudeur. Je tirais le rideau plongeant d’un coup la chambre dans la pénombre. Elle rit et vint me rejoindre nue.
L’heure passa trop vite. Je fus cette première fois malhabile. J’étais en colère contre moi-même de gâcher une si belle occasion. Elle fit mine de me trouver bon. J’ai toujours su gré aux femmes de ne pas nous humilier en pareille circonstance. Elle jura que nous recommencerions bientôt. J’avais l’opportunité de me ratt****r. Nous descendîmes en amoureux au su des autres. J’adressais un sourire béat à mon ami. Je vis qu’il était lui-même ému de mon bonheur. Ma garce à cet égard ne devait être insultée. J’étais prêt à faire le coup de poing à la première insolence.
Elle parut être sincère et ne jouer la comédie. Elle venait me rejoindre souvent le soir dans mon bureau. Après une brève fellation, j’avais droit à la prendre sur la table. Je refusais que nous allions chez Armand. Je trouvais ce lieu comme bouge et trop humiliant. Le midi nous baisions chez moi tels deux forcenés. J’appris vite. Je ne me sus moi même empli d’une telle lubricité. Elle me convertit notamment à la sodomie. Il est vrai que j’avais été fasciné de l’avoir vu se faire enculer l’autre fois. Je devenais volontiers une bête dans son cul.
Je ne parvins pas à me départir de toute jalousie. Manifestement elle avait conservé ses amants. Elle affectait d’être discrète mais il lui était difficile de refuser tant de sollicitations qui à l’égard de certains étaient comme des engagements. Une putain le demeure pour toujours. Je dus en convenir et m’y résigner. Je la baisais avec d’autant de rage. Elle semblait à mesure et inéluctablement m’échapper. Cela durant un an. Puis nous eûmes une violente altercation après que j’eus une preuve de son infidélité. Elle eût le front de ne nier. Je n’avais aucun droit sur elle.
Elle me dit qu’il fallait que nous rompîmes dans notre intérêt commun. Armand à l’époque me suggérait de mettre un terme à cette belle histoire afin de ne pas la gâcher. Pour le coup elle improvisa un déjeuner avec elle et sa jeune amie. Celle-ci naïvement ignorait tout de notre liaison. A mon étonnement je vis que cette jeune et belle personne avait son charme voire une indéniable séduction. J’y vis là un signe pour me désenvoûter de l’autre putain. Cette dernière avait été bien inspiré de ce repas. Ainsi pus-je et sus-je quitter ses chaînes.
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