Faut pas pousser (quoique)
— On a souvent parlé sodomie avec Cyril. Plein de fois on s’est dit qu’on devrait essayer. Pour tout dire, il lui est même arrivé de me chuchoter « ce soir, je te le fais par derrière ».
— Tu en avais autant envie que lui ?
— En fait, plus encore… bien plus que lui. Au début j’étais juste curieuse. Et puis dans mon bain, cette curiosité m’a poussé à tester un doigt. J’ai tellement aimé que je me suis dit, si je ressens ce plaisir avec mon majeur, qu’est-ce que ça va être avec son sexe. Et tu me connais, je suis perfectionniste. Aussi, le jour où il m’a confié sa volonté, je me suis faite un lavement.
— En cachette ?
— Bien sûr ! Ça n’aurait pas été très glamour. Discrètement, donc. Et j’en ai été pour mes frais.
— Finalement il ne le sentait pas ?
— Il avait comme… oublié.
— Le mufle !
— Il s’est contenté de me faire l’amour en levrette, en faisant genre que par derrière voulait dire ça.
— En plus il te prend pour une idiote.
— Pourtant, il m’en a reparlé peu de temps après. Et le même petit manège a continué : dès qu’il m’en parlait, lavement pour zéro résultat.
— T’as fait comment ?
— J’ai tout fait. Du truc de pharmacie aux méthodes de naturopathe. Aujourd’hui, le bien dans le mal c’est que j’ai le trou d’une propreté incroyable. On dit qu’un colon propre est un passeport de bonne santé : là-dessus je suis servie, je pourrais presque ouvrir un service de coaching pour gays.
— Et il n’a toujours pas daigné te le faire ?
— Toujours pas. Ce qui ne m’empêche pas de ne plus être vierge de cet endroit depuis longtemps. Ah, il n’avait qu’à se décider !
— Tu lui aurais parlé des lavements il se serait peut-être décidé, qui sait…
— Ce sont pas des choses qui se disent ! D’ailleurs je ne l’ai dit à aucun amant : ils m’ont tous enculée sans faire d’histoire.
— Bah oui, les mecs sont des cochons : un trou à combler, ils y vont sans se poser de questions. Sauf ton mec.
— Le pauvre…
— Oh, on dit que tant que tu ne fais pas l’amour, tu ne trompes pas.
— Le problème, c’est qu’avec mes partenaires de sodomie, dès qu’on a pratiqué par cet endroit ça nous donne d’autres envies. Que veux-tu, quand on ouvre la boite de Pandore…
***
Silence et bruit
— Qu’est-ce qui t’arrive ?
— Rien. Continue…
— Arrête, je vois bien qu’il y a un truc qui cloche. Oh attends, je sais… tu trouves que je suis une suceuse trop exigeante ?
— Qu’est-ce que tu racontes.
— Je te le fais pas comme les autres filles et t’en es troublé. Hein ? Je comprendrais, ça surprend souvent mes copains. Dans un couple, d’habitude pendant la pipe chacun est dans son coin. Le mâle a les mains derrière la tête comme à la plage pour la bronzette, la femelle est concentrée sur l’attribut sans s’occuper du reste. Merci bien ! Moi je veux un homme attentif à ce que je lui fais. Qui me caresse, qui me regarde, qui tremble… Je demande un retour, quoi. Autrement je vois pas l’intérêt, autant m’acheter une poupée gonflable.
— Parce qu’il en existe pour filles ?
— Celle qui en veut une doit se fournir dans les magasins pour gays. Mais détourne pas le sujet. Qu’est-ce qui ne va pas ?
— C’est pas ta façon de faire, au contraire ! J’adore quand tu quémandes des regards et des caresses.
— C’est quoi alors.
— Je… te trouve trop silencieuse.
— Pourtant, ma respiration est drôlement sonore.
— C’est pas pareil que des vrais sons.
— Heu, tu peux pas espérer que je gémisse tout en voulant te faire sucer. Comme on dit, boire ou conduire il faut choisir.
— Ça ne t’arrive jamais ?
— De boire en conduisant ?
— De sucer en gémissant.
— Ça a dû m’arriver. Je crois pas que ce soit spécialement agréable à entendre… des sons étouffés, bof. Genre la fille qui se noie. Maintenant peut-être que ça excite certains garçons.
— Si tu gémis pas c’est que l’acte te plaît pas. Ou moins qu’avec d’autres.
— Eh, tu me prends pour une pute qui exécute une prestation ? Je ne fais rien que je n’aime pas. Je ne fais rien si je n’ai pas envie. Si tu ne m’excitais pas, je serais en train de préparer mon repas et toi tu serais dans le métro, de retour dans tes pénates.
— Te fâche pas.
— Je me fâche pas, j’explique.
— J’aurais pas dû te faire arrêter.
— Je me suis arrêtée toute seule.
— Et si je te doigtais en même temps ? Tu penses que ça pourrait venir ?
— On n’a pas la posture pour, et tes bras sont trop petits.
— C’est bon, je le sais que je mesure un mètre soixante et que tu me dépasses d’une bonne tête.
— Quelle chance ! Tu as la taille de Prince. C’était un sacré homme à femmes. Bon, j’adore me caresser. Si je me caresse pendant l’exercice, je pourrais bien me laisser aller à gémir un peu.
— Sans simuler hein !
— Jamais.
— Je peux, enfin, aller jusqu’au bout ?
— Dans le cas contraire je te l’aurais dit. T’en fais pas je suis pas en sucre. Bon, on arrête de parler ? J’y retourne.
— Mmmm… mmm… mmm… waouuuhh punaise qu’est-ce que tu le fais bien. Avec toi c’est les mecs qui gémissent… Hiiiinh… Vas-y caresse-toi. Ouaaais comme ça.
— Mmmm… mmm… mmm… mmm…
— Aaaaaarh…
—…Et voilà ! Au final c’était pas si compliqué. Et en plus sur la fin j’étais suffisamment émoustillée pour t’accompagner un peu dans la voix. Te voilà comblé j’espère.
— Pour ça, tu viens de rendre un homme heureux. Par contre maintenant, je peux plus te baiser.
— Pas grave, c’était sympa. Bon, on va manger ?
— Je t’invite. Dis, avant qu’on sorte… Est-ce que tu pourrais te caresser devant moi ? Finalement une si jolie voix, c’est un crime de l’entendre quand tu as la bouche pleine.
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