La pomme luisait dans le panier de fruits.
Gaël préparait leurs sacs à dos pour cette randonnée de quelques heures dans la montagne. Comme tous les ans, ils aimaient profiter des couleurs de l’automne pour faire une dernière sortie avant que la neige ne les empêche d’accéder aux alpages.
Il vérifiait qu’il n’avait rien oublié et sans comprendre pourquoi, il glissa la pomme dans le sac de sa compagne.
Cela faisait maintenant plus de dix ans qu’ils vivaient ensemble. Ils partageaient leurs joies et leurs peines, leurs envies et leurs frustrations, leurs réussites et leurs échecs.
— Maud ! Es-tu prête ?
— Oui ! Juste le temps de passer aux toilettes et j’arrive.
Il déposa leurs sacs dans le coffre de la voiture qu’il sortit du garage pour l’attendre. Quelques minutes plus tard, elle monta souriante.
— C’est parti pour notre dernière balade de la saison ! dit-elle en posant sa main sur la cuisse de son ami.
— En route !
Il se gara à l’ombre des arbres jaunis par l’automne et ils entamèrent la montée sur le sentier qui traversait la forêt. Main dans la main comme les amants qu’ils ne cessaient d’être en dépit de leur plus grand chagrin.
— Tu sais j’aurais tellement aimé partagés ces excursions avec deux ou trois bambins autours de nous.
— Je le sais ma chérie, mais la nature en a décidé autrement !
-Et si nous finissions notre dossier pour adopter ?
— Je croyais que tu ne le voulais pas, que tu t’étais résignée ?
Il s’arrêta et la prit dans ses bras pour l’enlacer. « Ma chérie, tu sais bien que cela me ferait énormément plaisir. »
— Oui je le sais et je pense que je bloquais pour finir ce dossier car je ne me sentais pas prête pour être mère. Mais nous vieillissons, nous sommes maintenant sur de ce que nous avons envie.
— Tu sais que la venue d’un enfant va modifier nos vies, radicalement !
— Oui ! Bien sûr ! dit-elle en caressant son ventre plat. Je sais que je suis prête à accueillir un enfant !
Dans le sac de la jeune femme, comme si elle avait entendu ces mots et la sincérité avec laquelle Maud les avait prononcés, la pomme se mit à vibrer imperceptiblement.
Les deux amoureux sortirent du couvert de la forêt et traversèrent la prairie ou quelques champignons s’épanouissaient grâce la chaleur du soleil. Ils se dirigeaient vers une cabane de berger où ils savaient qu’ils trouveraient un point d’eau.
Cela faisait quelques semaines que le troupeau était redescendu dans la vallée. Ils étaient seuls entourés par les cimes enneigées qui fermait le cirque autour d’eux. Ils pouvaient voir les herbes plier sous le vent comme les vagues de l’océan. Dans le ciel quelques vautours planaient à la recherche de leur prochain repas.
Ils s’installèrent sur des rochers surplombant la petite source d’eau claire tout en savourant leurs sandwichs. Ils mangeaient en silence pour s’imprégner du calme et de la sérénité de l’endroit.
— Tu n’as pris qu’une pomme ? demanda Maud en la prenant au fond de son sac.
— Non ! Enfin j’étais sûr d’en avoir pris une pour chacun.
— Ce n’est pas grave, dit-elle. Nous allons la partager.
Elle la tendit à Gaël qui sortit son couteau de sa poche et commença à trancher la pomme.
Il fut surpris par la fermeté du fruit mais il parvint à le couper. Il pouvait sentir les effluves de pommes, cela le mit dans une sorte de béatitude qu’il ne comprenait pas. Il donna sa part à la jeune femme qui aussitôt croqua à pleine dent dans sa moitié.
Elle avait à peine fini de mordre que les deux amants furent entouré d’une nuée rouge. Ils étaient enivrés d’extase. Les yeux rouges et brillants, Maud approcha son visage de celui de Gaël. Leurs lèvres se soudèrent et ils roulèrent dans l’herbe. Pris d’une frénésie sensuelle, leurs vêtements ne tardèrent pas à finir en éparpillés autours d’eux.
Maud allongée sur le dos écarta les cuisses avec plaisir lorsque le bas ventre et le sexe érigé de Gaël se présenta devant la grotte trempée de désir prête à accueillir le nectar de l’homme.
L’homme et la femme bougeait à l’unisson. Au plus profond des corps, les micro-robots issu de la pomme modifièrent quelques détails infimes.
Quand il se répandit dans le sexe de sa femme leurs cris de plaisirs se mêlèrent aux sons de la nature qui les entourait. Une vibration d’extase dont ils étaient le centre se propageait autour d’eux et un ovule se libéra des tréfonds de Maud.
Epuisés par cet orgasme qui les avait transpercés, ils mirent du temps à réaliser ce qu’ils avaient fait. Ils se sourirent, Gaël essuya une trace rouge au bord des lèvres de celle qui allait bientôt devenir son épouse et reprirent leur promenade.
Quelques mois plus tard, dans la salle d’accouchement d’une maternité, un bébé poussa son premier cri.
La pomme attendait entre deux pierres à côté de la source.
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