Perfect Mask (2ème partie)
La jeune femme partit d’un rire, un rire terrible, inextinguible. Putain la honte, pensa-t-il, je crois que je vais me pisser dessus. Il n’avait jamais été aussi humilié de sa vie.
– Je vais tout plier et ranger, ne t’inquiète pas. Je pars vite et tu n’entendras plus jamais parler de moi.
Clémentine hoqueta encore un peu avant de se reprendre.
– Arrête, dit-elle. Tu sais que tu es pas mal ?
– Sans déconner ?
– Oui. Reste un peu, ne change pas de tenue. On peut en discuter si tu veux…
Samuel se détendit.
– Quand j’étais plus jeune, ma mère s’inquiétait de voir disparaître les pages lingeries dans ses catalogues La Redoute. Je n’en avais pas l’usage habituel des autres garçons, moi, je m’imaginais à la place de ces femmes, dans leurs petites tenues.
– Tu n’as pas à en avoir honte. Maintenant que je sais tout sur toi, veux-tu que je te montre mon petit secret ?
Clémentine se dirigea vers une console surplombée d’un grand miroir garni de spots, comme on en voit dans les loges d’acteurs. Elle ouvrit un placard juste à côté. A l’intérieur, des têtes de mannequins alignées. Le plus étonnant était que, sur chaque tête était posé un masque en latex et une perruque. Ce qui frappa Samuel était le rendu incroyablement réaliste des visages. Les traits généraux, le grain de la peau même les petites rides qui garnissent les lèvres étaient reproduites avec une grande minutie. Cela en devenait presque inquiétant : à croire que l’on avait arraché la face de véritables individus pour les poser là.
– C’est mon jeu, dit Clémentine. Je peux changer d’apparence comme je veux. Japonaise le lundi, indienne le dimanche… Qu’est-ce qu’il y a ? Tu trouves cette pratique bizarre ? Tu considères que je suis cinglée ?
– Non… Pas du tout… Seulement… Belle comme tu es je ne comprends pas que tu te caches…
– Ah oui ? Et pourquoi un mec aussi canon mettrait des robes ?
– Touché.
– Tu veux essayer ?
– Pourquoi pas ?
– Assieds-toi.
Samuel prit position sur le siège. Clémentine l’examina des pieds à la tête.
– Tu es imberbe ?
– Non, je m’épile.
– Bien, nous n’aurons à nous soucier que du visage. Ces masques sont très chers, pratiquement faits sur mesure. Si nous les appliquons correctement, en fonction des muscles, comme les zygomatiques par exemple, ils permettent de retranscrire les expressions faciales. Ne fais pas ton timide, choisis, montre-moi celui qui te plait le plus.
Samuel opta pour un modèle de femme occidentale assez neutre. Il avait cherché la physionomie la plus proche possible de sa jeune patronne. Clémentine positionna le masque puis lui demanda s’il ressentait une gêne. Il lui répondit que non.
– Bien. Je vais appliquer la colle.
– De la colle ?
– Ne t’inquiète pas, ce n’est pas du cyanocrylate…
Elle lui montre un pot de vernis.
– J’utilise un produit adhésif pour maquillage prosthétique, comme au cinéma.
Une fois le masque collé les sensations étaient différentes, comme si une deuxième peau était appliquée par-dessus la sienne. Samuel sourit puis grimaça. Le masque bougeait, accompagnant les mouvements de ses muscles.
– Nous allons passer à la phase la plus importante : les finitions.
Elle appliqua du rouge sur les lèvres et un nuage d’azur sur les paupières. Sur son présentoir à perruque, elle saisit un carré court bleu avec frange. Elle le posa sur la tête de Sam et s’éloigna pour contempler son œuvre.
– Parfait ! Il ne reste plus qu’à te trouver de faux seins. Ce sera pour une autre fois.
– Et comment fais-tu pour dissimuler la limite entre la peau et le masque ?
– Tu peux porter un foulard ou un collier ras de cou.
Elle lui tendit une mince bande de cuir noir. Il l’ajusta en se regardant dans la glace. Le résultat le troublait au plus haut point. De ses lèvres en cœur, il adressa un baiser au reflet dans la glace. Il ne se reconnaissait plus. Jamais il n’aurait pensé, la veille encore, vivre un pareil rêve.
« Habille-toi maintenant » dit-elle en lui montrant une paire de bas et des porte-jarretelles assortis posés sur le lit. Pendant que Samuel parachevait sa tenue, Clémentine enfila rapidement un masque et une perruque rose, plus longue que celle de Samuel. Elle retira son slip de bain. Sam jeta un rapide regard sur sa petite chatte rasée. Elle revêtit un ensemble en dentelle blanc agrémenté de nœuds fuchsia, en harmonie avec sa chevelure artificielle.
– Yallah ! on fait la fête ! cria-t-elle.
Ils descendirent au salon. Clémentine déposa son iPad sur la chaîne hifi et le bon gros son d’un Drum
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