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La Bacchante

La Bacchante



Après l’obtention de mon bac, j’ai eu envie de faire des études d’art. Malheureusement mon père, homme plutôt pragmatique, me déconseilla cette voix arguant que ce genre d’étude était une voie directe pour le chômage. À contrecœur, je décidai de m’inscrire dans une école de commerce. Cependant, mon père consentit à me payer des cours de dessin afin que je perfectionne mon art. Dès le mois de septembre, je m’inscrivis dans les cours d’Art de Virginie Bouchain. Je ne connaissais cette artiste que de réputation, mais je savais qu’elle serait la meilleure personne pour me faire progresser dans le dessin.

Je me rendis donc à mon premier cours de dessin tout confiant avec l’assurance de progresser rapidement. Situé au cœur du quinzième arrondissement de Paris, l’atelier était un ancien garage qu’on avait transformé en œuvre d’art géante. Sur le portail, on avait peint le « Bain à la grenouillère » de Claude Monet et deux sculptures représentant des femmes nous accueillaient dans la cour. Rasséréné par le spectacle qui s’offrait à moi, je sonnai à la porte.

— Qui est là ? me dit une voix de femme
— Je suis monsieur Thomas Lelièvre, je viens pour le cours.
— Entrez.

Quand j’ouvris la porte, je fus saisi par l’apparence de Virginie Bouchain. C’était une femme qui devait avoir une quarantaine d’années mais qui avait réussi à conserver la beauté de ses vingt ans. Elle avait de longs cheveux noirs, portait une longue robe noire d’inspiration victorienne et tenait dans sa main gauche un fume-cigarette. Assis sur un fauteuil en osier, elle m’observa d’un regard intense que je ne pouvais soutenir.

— Asseyez-vous, me dit-elle en m’indiquant un tabouret.

Se mouvant d’une manière très théâtrale, elle posa devant moi un chevalet.

— Alors, par quoi voulez-vous commencer ?
— J’ai un problème avec l’anatomie humaine. J’ai du mal à dessiner le corps humain.

Sans me répondre, elle sortit d’un sac un dessin qu’elle posa à côté de mon chevalet. C’était « La Bacchante », un célèbre nu de Gustave Courbet.

— Essayez de reproduire ce dessin, je jugerais après de votre niveau.

Je sortis mes crayons et m’attelai sans hésitation aucune à la tâche. Bien que je sois sûr de moi et de mes coups de crayon, je n’arrivais pas à me concentrer sur le dessin. Madame Bouchain assise sur son fauteuil en osier fumait avec son fume-cigarette, elle m’observait toujours avec ce regard intense. Je ne sais pas pourquoi, mais il y avait quelque chose d’étrange dans ce regard. Était-ce son rimmel, son noir à lèvres ? J’étais envoûté et ne pouvais m’en détacher. Péniblement, je glissai quelques formes subrepticement sur le dessin et au bout d’une trentaine de minutes, je parvins tant bien que mal à finir la reproduction. Toujours dans sa démarche théâtrale, madame Bouchain se dirigea vers moi pour voir ce que j’avais dessiné. Regardant mon dessin le sourcil haut perché, elle me dit :

— Vous n’avez pas assez observé le dessin, le corps de votre reproduction est difforme et la tête est trop petite par rapport au reste
— Je n’ai jamais travaillé l’anatomie en reproduisant un dessin, je suis plutôt doué dans la reproduction de modèle.

Même pas dix secondes après que j’aie prononcé ma phrase, elle laissait glisser sa robe le long de son corps et se rasseyait sur son fauteuil en osier. Prenant la pose, elle me regardait toujours de son regard intense.

— Maintenant, dessinez-moi.

De tous les modèles que j’avais peints au cours de mes années d’artiste, madame Bouchain était sûrement celle qui avait le corps le plus magnifique et ce, malgré son âge. Une taille très fine, deux petits seins ronds et fermes et une vulve bien duveteuse. Autant, j’avais eu beaucoup de difficultés à reproduire le tableau de Courbet, autant là je dessinai le corps de madame avec une facilité déconcertante. En moins d’une demi-heure, j’avais fini. Madame Bouchain, toujours nue, se leva pour voir mon travail et autant dire que le résultat la laissa bouche bée.

— C’est un chef-d’œuvre, cela ne vous dérange pas si je l’accroche sur le mur.

J’acquiesçai sans quitter son corps des yeux, cela faisait moins d’une heure que je la connaissais mais j’avais l’impression qu’il y avait une tension sexuelle entre nous. Je ne sais pas pourquoi, mais je l’embrassai langoureusement. Madame Bouchain me repoussa violemment et, tout en restant maître de ses émotions, elle me dit :

— Monsieur, ici j’enseigne l’art et non l’éducation sexuelle. Je vous serai gré de quitter mon cours.

Prenant mes affaires, je quittai son cours, éhonté. J’avais trouvé l’un des meilleurs professeurs d’arts de la région et ma bêtise avait sans doute gâché mes chances d’acquérir un bon niveau de dessin. Dès le soir, je cherchai un autre cours de dessin sur Paris mais la plupart étaient plus des ateliers pour des artistes confirmés. Après plusieurs recherches infructueuses, je tirai un trait sur les chances de devenir un jour un artiste de talent. Vers minuit, l’espoir revint quand je reçus un SMS de madame Bouchain :

Cours demain trois heures, ramenez vos pinceaux.

J’y croyais à peine, elle consentait à me reprendre malgré ce que j’avais fait.

Le lendemain à trois heures pile, je sonnai à la porte de son atelier. Madame Bouchain, toujours vêtue à la victorienne, m’ouvrit la porte d’un regard complice. Contrairement à ce que j’avais cru, elle semblait avoir oublié les événements de la veille.

— Désolé pour hier, lui dis-je
— Au début, j’étais remontée contre vous, Monsieur, mais en regardant votre dessin, je me suis dit qu’il était dommage de laisser partir un artiste de votre potentiel.

Elle me fit asseoir devant le chevalet, et comme la veille, elle se mit toute nue.

— Je veux que vous fassiez un autre portrait de moi nue.

Elle se rassit sur son fauteuil en osier et repris la pose. Sa pose était plus imagée que la veille et j’avais l’impression de faire le portrait d’une actrice de l’âge d’or d’Hollywood. Une fois le portrait fini, elle se pencha pour le regarder.

— Il est beaucoup mieux que celui d’hier.

Elle se penchait par-dessus mon épaule pour voir le dessin et j’avais du mal cacher une érection. Au lieu de la mettre mal à l’aise, elle en rit.

— Ce n’est pas grave, dit-elle en regardant mon entrejambe, ce sont des choses qui arrivent.

Elle s’assit sur moi à califourchon et m’embrassa langoureusement, tout en caressant mon entrejambe. Comme tout homme qui se respecte, j’étais un peu décontenancé par ce qui était en train de se passer mais je ne la repoussai pas.

— En plus d’être un artiste prometteur, Monsieur est aussi un très bel homme.

Je retirai mon pantalon et nous fîmes l’amour sur le tabouret. N’ayant pas connu beaucoup de femmes du fait de mon jeune âge, j’étais assez timide dans mes gestes. Cependant, madame Bouchain, beaucoup plus âgée que moi, me guida dans la pénétration de son corps. Quand nous atteignîmes tous deux l’orgasme, je me rendis compte que, même dans le coït, elle jouissait comme une grande dame.

Ce soir-là, nous dormîmes tous deux dans son atelier. Alors qu’elle dormait, j’eus la magnifique idée de peindre son corps sublime en sommeil. Elle ne prenait plus la pose, et je trouvais que dans cette position elle était authentique. D’ailleurs, elle me rappelait le tableau « La Bacchante » : son corps allongé de façon sensuelle, la couverture qui ne recouvrait qu’une partie de son ventre laissant apparaître sa poitrine et sa chatte, c’était magnifique.

Au lever du jour, quand je me réveillai, elle était debout nue fixant mon tableau de son regard intense.

— Il est vraiment magnifique celui-là, vous vous améliorez de jour en jour, Monsieur.

J’observai mon tableau à la lumière du jour et, sans être prétentieux, je me rendis compte que j’avais vraiment peint un véritable chef-d’œuvre. Il était même mieux que « la Bacchante » de Courbet.

— On se revoit la semaine prochaine, me dit-elle sans quitter le tableau des yeux.

Pendant toute la semaine qui suivit, j’attendis le cours avec impatience. Malgré l’âge de madame Bouchain, j’étais sûr que j’avais trouvé en elle, la femme de ma vie. En effet, elle était tout ce que je recherchais : une artiste raffiné avec un côté excentrique qui n’était pas sans me déplaire.

Enfin, le jour du cours arriva et je me présentai à la salle à l’heure dite. J’avais l’impression que cela faisait une éternité que je ne l’avais pas vu quand elle ouvrit la porte. Son fume-cigarette, ses longues robes victoriennes et ses excentricités m’avaient manqués. Lui disant rapidement un bonjour, je m’assis sur un chevalet en attendant qu’elle me précise le travail à faire. Madame Bouchain sortit un dessin de son sac, c’était encore « La Bacchante ».

— Maintenant que vous avez progressé, je pense que vous pouvez aisément reproduire ce portrait.

M’attelant à la tâche, j’épousais avec une facilité déconcertante la difficulté du tableau. Pendant ce temps, madame Bouchain était assise sur son fauteuil, fumant avec son fume-cigarette. Je ne la regardai plus, trop concentré dans la reproduction de « la Bacchante ». Ce n’était plus le modèle de Courbet que je voyais dans ce dessin, mais madame Bouchain. J’accentuai encore plus le trait de la dame du tableau pour la rendre plus sensuelle. Une fois ma reproduction finie, je la montrai à Madame. Elle sourit en regardant mon œuvre, elle avait parfaitement compris que c’était elle que j’avais représentée.

Elle ne me parla pas, ne me félicita pas, elle se contenta de regarder mon tableau en prenant une pose digne d’une grande actrice. Ce n’est qu’en regardant mon tableau que je compris pourquoi il la fascinait tant. J’avais réussi à traduire de mémoire toute la beauté de son corps. Tout y était : ses courbes parfaites, sa poitrine ferme et son regard pénétrant. En regardant le tableau, je me rendis compte que j’avais envie de lui faire l’amour. Sans doute la sensualité qui se dégageait de mon œuvre m’excitait mais je ne pouvais m’empêcher d’avoir des pensées érotiques à son encontre.

Je perçus alors, la tension sexuelle qui régnait entre nous. Nous nous jetâmes tous deux des regards coquins attendant que l’autre s’élance sur son partenaire pour lui faire l’amour. C’est madame Bouchain qui s’élança la première sur moi. Elle m’embrassa sur la bouche avec ardeur puis me poussa violemment contre le mur. Je ne résistai pas. Une fois collé contre le mur, je lui arrachai sa robe, laissant apparaître son corps nu. Rapidement, j’ôtai mes vêtements et nous fîmes l’amour sauvagement. Elle n’avait plus l’air d’une grande dame quand je plongeai mon pénis dans son vagin. Comme moi, elle était devenue une bête. Il n’y avait plus de raffinement dans ses orgasmes, elle hurlait comme un a****l.

Ce soir-là, nous ne dormîmes pas, on passa la nuit à réaliser chacun notre tour un portrait nu. Madame Bouchain était une véritable artiste, les portraits nus qu’elle réalisa étaient tellement réalistes qu’on aurait dit des photos. Une fois que nous fûmes épuisés de dessiner, nous nous étreignîmes et je lui murmurai dans l’oreille :

— Je t’aime, Virginie.
— Moi aussi, je t’aime, Thomas.

Sans nous en rendre compte, nous nous étions appelés pour la première fois par nos prénoms respectifs. Je compris alors qu’il avait plus que du sexe entre nous, c’était une véritable passion qui naissait. Une passion qui transgressait les barrières de l’âge.

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