Toi qui veux te soumettre à une femme, oublie le consentement. Le consentement est mièvre, car il implique un regret, un abandon. Non, tu ne dois pas simplement consentir aux sévices que t’offre ta maîtresse. Tu dois les vouloir, les attendre, les désirer jusqu’au plus profond de toi, les intérioriser, et pour finir les aimer sincèrement, jusqu’à souhaiter qu’ils ne se terminent jamais. Un véritable masochiste éprouve une soif sans limite pour le calice des douleurs, et cherche constamment à en repousser les limites, jusqu’aux confins de la folie.
De même, une vraie dominatrice trouvera tant de joie dans les souffrances qu’elle t’infligera qu’elle n’y renoncera pas facilement, même si tu avais la faiblesse de lui demander de t’épargner.
Mets-toi à genoux et, humblement, supplie-la de te supplicier. Offre-toi comme un cadeau. Renonce à ta dignité d’être humain, et compare-toi plutôt à l’étron bien moulé qui sort de ses boyaux. Offre-lui des orgasmes sadiques, à tes dépens. Présente-lui le fouet, les bougies, la roulette à pointe, la cravache, la badine, les petites aiguilles qui te transperceront les zones les plus sensibles de ton corps, les électrodes qui vont électrifier tes parties intimes. Tends-lui tes poignets et tes chevilles pour qu’elle t’attache, et n’hésite pas à signaler que les liens ne sont pas suffisamment serrés. Montre-lui tes organes génitaux pour qu’elle les soumette aux pires outrages. Encourage-la à aller toujours plus loin dans ce domaine. Rassure-la quant à ses craintes de te laisser des séquelles impossibles à effacer. Répète-lui que tu acceptes tout, désires tout, espères tout, et surtout le pire. Conseille-la afin de maximiser la douleur que tu ressens.
Propose-lui d’inviter ses amies, sa famille, aux cérémonies de ton supplice. Ainsi, toute pudeur sera en tout brimée, foulée à ses pieds magnifiques que tu suceras avec délectation alors qu’elle te piétinera. Mets-toi à nu devant tout le monde. Ton chemin de croix érotique commence par l’avilissement d’être privé de tes vêtements, sous le feu de regards féminins amusés. Puis, écarte les jambes avec complaisance afin qu’elle donne de grands coups de pieds dans tes testicules si vulnérables, les orteils recroquevillés. Elle et chacune de ses convives entendront tes hurlements de douleur. Ce sera un bon début.
Ne t’offusque pas qu’elle t’agonise d’injures, toutes plus blessantes les unes que les autres. Elle a raison, puisqu’elle est ta maîtresse et que tu es son esclave sexuel. Tout ce qu’elle dit est exact, et tout ce que tu peux penser d’autre est faux. D’ailleurs, tu n’as pas le droit de penser par toi-même. Tu n’es plus que l’ombre d’une femme, la chiure d’un moucheron, un mouton de poussière qui traîne sous le canapé. Souffrir pour elle est pour toi l’unique moyen d’être un peu plus (un tout petit peu plus) que le néant absolu.
Puis viendra te temps de véritables tortures sexuelles. Ne crains rien, mais imagine le pire : celui-ci sera largement dépassé en matière de traitements horrifiques. Qu’elle donne libre cours à son imagination. Les femmes savent souvent faire preuve d’une créativité magnifique dans ce domaine, surtout lorsqu’elles veulent se venger du genre masculin à cause d’un amant dont le comportement n’a pas été adéquat. Prépare-toi à être massacré. Réjouis-t ’en d’avance. Ce sera un moment de pur bonheur.
Si tu es chanceux, ton cul sera son terrain de jeux. Elle écartèlera sa petite rosette avec un spéculum dont le fort écartement révèlera au public l’intérieur ténébreux de toi-même. Pendant ce temps, tu te tiendras docilement à genoux, face contre terre, bien cambré. Au maximum de l’élasticité de ton anus, ton trou deviendra un large gouffre dans lequel ta tortionnaire aimée pourra fourrer toutes sortes d’objets, avec ou sans lubrification – de préférence, sans. Puis elle et ses amies se revêtiront de longs et larges godes-ceinture afin de t’enculer jusqu’aux tréfonds de tes intestins. Pleure, pauvre giton, si tu as mal. Elles se moqueront de toi. Elles cracheront à ton visage. C’est au cœur de ta nuit de luxure que tu seras heureux. Alors, débordant de passion, tu bécoteras les orteils qui se présenteront à ta bouche, ceux-là même qui venaient de boxer tes boules viriles.
Lorsque tu auras atteint le sommet de la souffrance, tant physique que morale, lorsque tout ressort vital sera en toi épuisé, peut-être alors que tu auras le bonheur de constater que ton bourreau et ses complices atteindront, par la masturbation, la jouissance barbare de celles que le vice et la perversité auront menées vers toi, misérable chose molle et sanguinolente que l’on ne pourra plus qualifier d’homme. N’est-ce pas ce que tu attendais ?
L’enfer des masochistes est un paradis. À la fin de la séance, si tu survis, et bien que tu regrettes que ce soit déjà terminé, remercie-la chaudement pour avoir fait preuve de beaucoup de cruauté à ton égard. N’oublie pas de lui demander quand elle acceptera de recommencer.
Le dessin est de Bernard Montorgueil.
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