La caresse d’un regard
Dans la salle d’attente, Odile ne se sentait pas très à l’aise. Elle repensait à ce qui avait provoqué sa visite. À cette peur absurde et soudaine que son stérilet ne soit plus efficace… et plus encore à ce qui avait suscité cette inquiétude.
Elle repensait à cet instant sur la plage à la Baule, alors que ses enfants jouaient à une certaine distance d’elle ; au regard de ce jeune garçon qui se posait sans détour et si souvent sur ses seins.
Elle se rendit compte alors que cette seule pensée lui avait apporté une chaleur qui n’avait rien à voir avec celle du soleil. Ses rayons caressaient son corps ainsi impudiquement offert au regard si pesant de ce bel inconnu, et elle s’en découvrait un peu honteuse mais surtout très fière. Si fière que malgré ses quarante ans elle puisse provoquer un tel intérêt chez un si beau jeune homme.
Et puis il y eut cette pensée un peu folle et absolument nouvelle pour elle depuis qu’elle avait commencé ses vacances. Elle se mit à croiser à plusieurs reprises le regard de ce jeune éphèbe qui aurait presque pu être son fils, et même à le soutenir plusieurs fois pendant quelques secondes…
Son audace insensée ne s’arrêta pas là. Au moment d’enduire ses seins, qu’elle sentait terriblement excités sous la caresse de ses doigts, elle se mit à plusieurs reprises à le dévisager, sans cesser d’accomplir ce geste qui pour la première fois n’était plus pour elle tellement innocent.
Une fois ce rituel accompli, alors que son bel admirateur ne l’avait plus quitté des yeux, elle s’allongea, tout en plaçant sa tête sur ce petit coussin qui lui permettait de constater que l’attention de son voisin ne s’était pas relâchée. Elle regarda alors sa poitrine ample et souple comme peut l’être celle d’une mère de famille qui a déjà allaité par deux fois. Mais elle reconnut à peine le galbe de ses seins.
Ils étaient plus clairs que le reste de son corps, car elle ne les avait pas livrés immédiatement aux ardeurs du soleil. Ils avaient légèrement rougis sous l’effet du massage qu’elle leur avait prodigué, sans trop sans rendre compte, d’une façon plus longue et soutenue que d’habitude. Surtout, ses bouts de seins se dressaient désormais avec une arrogance impudique et cette vision associée au fait qu’elle croisa à nouveau le regard du jeune homme, la fit soudain rougir.
Elle se rendit compte immédiatement que cette réaction était due à l’excitation soudaine qui avait envahi son corps tout entier.
Sans même la contrôler, elle eut cette vision si inhabituelle chez elle, qui s’était cru jusqu’ici d’une fidélité irréprochable, de ce beau jeune homme s’approchant brusquement pour téter l’un de ses mamelons, tout en glissant sa main sous l’étoffe qui recouvrait son sexe afin de le caresser.
Et puis il y eut cette image plus forte encore du membre qu’elle avait furtivement aperçu, tendu sous le maillot, et qu’elle vit littéralement la pénétrer, comme si tout cela était soudainement réel…
Elle fut prise brusquement d’une peur panique en réalisant que si les conditions l’avaient permis, c’est à dire s’ils avaient été seuls sur la plage… elle n’aurait pas pu résister et se serait livrée entièrement et sans retenue aux ardeurs de ce mâle qui la désirait de façon si évidente et si forte !
Elle se redressa avec une certaine précipitation, comme pour chasser ces idées coupables de son esprit, et appela ses enfants.
C’était un peu comme si leur venue devait rétablir l’équilibre de sa vie jusqu’ici réglée avec une telle évidence…
Elle n’eut pas le courage de regarder une nouvelle fois le jeune homme, mais son regard à lui ne quitta plus ses pensées.
Le soir dans son lit, elle se masturba longuement en essayant de reconstituer la scène impossible qui l’avait déjà entraînée dans une jouissance inattendue. Elle éprouva alors un plaisir si violent et si spontané que cette étrange idée lui traversa l’esprit et ne la quitta plus.
Elle portait en elle un stérilet depuis plus d’un an. Est-ce que celui-ci était correctement positionné ? Est-ce que l’orgasme qu’elle venait de vivre en introduisant si profondément ses doigts en elle, n’avait pas bouleversé dans son corps l’ordre des choses, à l’image de ce qui venait de se passer irrémédiablement dans son esprit ? Et ce petit objet niché dans son intimité l’aurait-il protégé d’un enfantement non désiré si elle avait été en état de céder à cet homme dans l’élan d’une fougue incontrôlée ?
Il y avait en elle, dans cette volonté soudaine de prendre rendez-vous chez un médecin, comme l’aveu coupable d’un désir qu’elle pourrait dans d’autres circonstances assouvir. Et certainement aussi le sentiment naïf de se protéger, comme si cet objet, assurément en place, devait avoir la valeur symbolique d’une ceinture de chasteté !
Ce qui est certain, c’est que l’attente dans cette salle lui parut interminable.
Le médecin qui la fit entrer dans son cabinet ajouta à son trouble car il lui fit penser à son mari, sans qu’elle perçoive immédiatement pourquoi.
Il était sans doute à peu près du même âge que lui, c’est à dire sensiblement plus âgée qu’elle. Elle venait de fêter ses quarante ans alors que ce dernier n’était pas loin de la soixantaine. Jusqu’ici cet écart d’âge ne l’avait pas gênée, bien au contraire, car il lui apportait la sécurité morale et financière à laquelle elle aspirait, mais brusquement, elle réalisa combien une distance inattendue venait de se placer entre elle et son mari !
Cet homme, elle le vit d’abord comme un homme âgé. Il ne ressemblait pas à celui qui partageait sa vie depuis près de vingt ans, car il était plutôt ventripotent et portait une barbe qui allait tout à fait avec l’image stéréotypée qu’elle aurait pu se faire d’un médecin de province. Mais quand le regard du praticien se posa sur elle en s’asseyant à son bureau, elle crut voir le regard inquisiteur de son propre mari se posant sur son corps. Celui d’un homme qui a déjà beaucoup vécu, et qui saurait lire en elle contre sa volonté même des pensées qu’elle savait si difficilement avouable.
En prenant place elle-même dans ce fauteuil qu’elle trouva bizarrement presque trop confortable, elle ne se sentait plus seulement chez le médecin, mais un peu chez un confesseur, voire un juge.
Et puis ce regard de « vieux » la renvoyait au regard si clair, vif et excitant du jeune homme si jeune par rapport à l’image qu’elle avait désormais de son propre mari.
Avant même que le médecin ne l’interroge, Odile savait que cette consultation n’aurait rien d’ordinaire…
Elle réalisa combien cette situation était pour elle étrange, en observant plus attentivement ce vieux médecin à l’allure bonhomme qui littéralement la dévisageait de haut en bas.
De ce qu’elle avait en haut, il pouvait voir son T-shirt moulant, assez peu décolleté mais qui offrait le spectacle de seins plutôt généreux que par cette chaleur d’été elle n’avait pas trouvé nécessaire de couvrir d’un soutien-gorge.
Et ce n’est que maintenant, dans la pleine lumière de son cabinet qu’elle se rendit compte de l’impudeur de ce tissu qui épousait avec trop d’évidence le contour de ses mamelons et qu’elle découvrit soudainement si sensibles.
Assise sagement au creux de ce fauteuil, telle une écolière appliquée, elle dévoilait superbement sous une jupe plissée, plutôt courte, ses cuisses minces et musclées au bronzage éclatant.
Elle n’était pas peu fière de se savoir belle et désirable, et en même temps un peu honteuse que ce désir pour elle provienne de ce monsieur bedonnant qui était lui-même si peu désirable…
— Qu’elle est la raison de votre visite ?
Odile fut brièvement saisie d’une sourde angoisse. Mais n’était-elle pas venue ici pour « se mettre à nu », pour livrer à ce médecin ses si singulières inquiétudes ?
— J’ai peur que mon stérilet se soit déplacé…
Le regard soudain pétillant de son interlocuteur ne put lui échapper.
— Je ne voudrais pas qu’il arrive un accident !
— Je comprends bien, mais pourquoi ne pas être allé voir directement un gynécologue ?
Odile lui fit alors comprendre qu’elle n’avait pu obtenir rapidement un rendez-vous.
Il regarda alors avec une insistance gênante pour elle, l’alliance qu’elle portait…
— Votre mari aussi souhaitait votre visite ?
— Mon mari n’est pas là.
Le regard du docteur s’illumina plus encore, et c’est avec une ironie non dissimulée qu’il continua :
— Il est très difficile en effet d’obtenir actuellement un rendez-vous chez mes confrères. La période des vacances est propice aux relations plus relâchées et aux petites complications qui s’ensuivent… Vous ne pouvez pas savoir le nombre de femmes mariées ou du moins en couple qui consultent actuellement et qui sont bien embarrassées… Certaines ont contractées une maladie avec un autre que leur mari… quand ce n’est pas un « incident » aux conséquences plus fâcheuses encore !
— Je ne suis absolument pas dans ce cas-là ! Je n’ai eu aucun rapport avec un autre homme !
Mais l’énergie qu’elle déploya soudain pour se disculper de toute intention coupable fondit soudain comme neige au soleil.
— Mais l’intention vous a traversé l’esprit ! Sinon vous ne seriez pas là !
Elle n’eut pas la force de soutenir plus longtemps son regard et cette seule réponse était suffisamment éloquente.
— Ne vous inquiétez pas… Je suis là pour vous aider.
L’étrange attitude de soumission dans laquelle se trouvait soudainement Odile ne lui échappait pas. D’autant plus que c’est elle qui pris soudainement les devants pour la suite…
— Vous souhaitez que je me déshabille ?
L’homme qui était devant elle paraissait vouloir prendre une posture plus « professionnelle », plus rassurante.
— Vous pouvez garder le haut.
Il y eut un bref silence, un instant suspendu, et puis la vision bien agréable de cette femme mariée un peu coupable se levant, dénudant ses jolis pieds, faisant glisser sa jupe le long de ses cuisses, découvrant désormais totalement ses jambes superbes, pour finalement ôter sa culotte et offrir à la vue de cet inconnu son trésor le plus intime.
La toison de son sexe était taillée en un ravissant triangle qui ne dissimulait pas grand chose…
— Vous pouvez vous allonger !
Il avait dit cela d’une voix presque sèche qui contrastait avec l’attitude sirupeuse qu’il avait eu envers elle l’instant d’avant.
Ce changement de ton la troubla. Cela aurait pu la rassurer. Il n’y avait finalement dans cette situation que la présence d’un professionnel qui était là pour résoudre un petit problème… Mais elle perçut aussi dans cette fermeté une détermination qu’elle n’avait pas soupçonnée.
Elle était là, les jambes écartées, « offerte » en quelque sorte de la façon la plus impudique qu’il soit dans une attitude de soumission. Très vite elle comprit qu’elle ne pourrait pas lutter…
— Qu’est-ce qui a provoqué cette envie chez vous ?
Elle sentit alors tout le poids de son regard sur elle. Elle repensa immédiatement, en percevant la lourdeur concupiscente de ce regard lubrique, à celui qu’elle avait accueilli avec un tel plaisir sur la plage…
— Il y avait un jeune homme sur la plage… Je me suis rendue compte qu’il s’intéressait beaucoup à moi… Cela faisait si longtemps que je n’avais pas eu cette sensation !… Et puis très vite j’ai senti un désir irréfléchi monter… J’ai réalisé pour la première fois que j’avais envie de tromper mon mari !
Odile s’abandonnait totalement à cette confidence dans un état second et c’était vrai à tel point, qu’elle ne réalisa qu’à cet instant que les doigts boudinés et un peu moites du docteur s’étaient posés sur son ventre, effectuant un curieux massage qui ne semblait pas très médical !
Étonnamment, l’épouse fautive, n’éprouvait aucun dégoût à se sentir ainsi caressée par les mains d’un homme qu’elle ne désirait pas. Sa pensée était toute entière envahie par celle de l’homme a qui elle avait envie de se donner !
Le vieux docteur qui n’était pas dupe, continua à profiter de la situation en poursuivant son étrange interrogatoire.
— C’est à lui que vous pensez quand je vous caresse ainsi ?
Et pour appuyer ses propos, sa main plus pesante s’aventurait maintenant à l’orée de son nombril, à la limite du tissu qui couvrait encore sa poitrine.
Cette simple caresse provoqua soudain en elle un léger frémissement…
— Oui, je pense à lui.
Elle se sentait désormais livrée à une bien étrange confession !
— Je vais maintenant glisser mes doigts dans votre chatte et vous allez imaginer que c’est lui qui vous caresse et vous pénètre !
Ce petit jeu absurde n’avait rien pour lui déplaire…
Elle sentit alors le contact de ses doigts frôler légèrement ses poils pubiens, ce qui la chatouilla agréablement. C’est ainsi que par réflexe, mais aussi pour signifier son assentiment, elle écarta légèrement les cuisses.
La paume rugueuse et chaude de la main, s’attarda un instant sur le petit bijou de chair qu’elle avait hier soir branlé avec une telle frénésie dans ses pensées coupables.
Enfin, lorsque les doigts épais s’introduisirent en elle, enveloppés par ses lèvres intimes déjà humides et chaudes, elle eut vraiment la sensation exquise que s’était la verge de son charmant voyeur qui glissait dans son sexe.
Ce geste si simple et pourtant si peu innocent de cet homme âgé et libidineux qui engloutissait sa main dans son vagin lui procurait maintenant autant de plaisir que si elle se faisait baiser à cet instant par l’être qu’elle désirait le plus au monde !
— Je crois que je le sens là…
Tout en disant cela, elle s’aperçut qu’il ne s’appliquait pas seulement à s’assurer de la mise en place de son stérilet. Il avait aussi glissé son autre main sous son T-shirt et s’affairait maintenant à lui masser les seins sans délicatesse.
Ceux -ci étaient devenus tellement sensibles qu’elle ne put réfréner des râles de jouissances et même des petits cris qui la rendirent à nouveau un peu honteuse mais qu’elle ne pouvait de toute façon contrôler… Elle avait désormais l’impression d’être emportée dans un tourbillon, qui par paliers lui faisait accéder chaque fois à une jouissance plus intense.
Et puis, la main qui était enfouie dans son sexe semblant avoir accompli son devoir professionnel se mit à s’adonner à une toute autre besogne.
— Est-ce que vous êtes sensible à cet endroit-là ?
— Oh oui !…
Elle n’était plus désormais qu’une femme excitée qui s’abandonnait toute entière à ses caresses lubriques. Elle eut tout juste la force un instant de penser que ce point si sensible que l’expérimenté docteur avait eu la dextérité d’agacer d’une façon si directe devait être ce fameux point G, dont elle ne savait jusqu’ici s’il s’agissait d’un fantasme ou d’une réalité. Ce dont elle se souvient, c’est qu’emportée par la volupté de ces attouchements elle perdit un instant connaissance. Tout l’univers qui l’entourait parut soudain s’effacer pour ne plus laisser que cette seule image… Le visage aux contours précis, comme s’il était présent, du jeune homme de la plage dont elle ne connaissait pas même le nom !
C’est une odeur un peu âcre et désagréable qui la tira ensuite de sa léthargie et elle en comprit rapidement la cause… Le docteur était toujours tout près d’elle, et elle sentait toujours sa main blottie entre ses cuisses, mais c’est un tout autre spectacle qui s’offrait à ses yeux. Il avait fait glisser son pantalon et son slip. L’odeur puissante qui parvenait à ses narines n’était autre que celle du sexe fripé et humide du vieux docteur !
Elle eut un moment de répugnance et puis rapidement, en pensant à la saveur des caresses qu’il n’avait cessé de lui prodiguer, elle pensa qu’elle lui devait bien en échange un petit quelque chose…
— Si vous le voulez, vous pouvez venir entre mes cuisses….
Elle avait fait cela presque sans y penser. Elle n’éprouvait réellement rien pour cet homme mais lui était en quelque sorte redevable de lui avoir déjà apporté un tel délice par ses seules caresses associé au regard de l’inconnu qu’elle n’était pas même certaine de revoir un jour.
Elle fut finalement étonnée et d’abord presque déçue par la réponse du médecin.
— Vous savez, je vois trop de choses pour ce qui est des maladies pour pouvoir m’introduire dans une femme, aussi belle soit-elle, sans songer à certains risques… Et puis je supporte mal les capotes !… Non, si vous voulez me faire plaisir, faites-lui plaisir à lui !
Et il montra son sexe pas très glorieux à qui il souhaitait avant tout qu’elle offre sa bienveillante attention…
Elle ne mit pas longtemps, une fois la surprise passée, à approcher sa main de la verge pendante. Le spectacle de ses longs doigts aux ongles superbement parés d’un rouge incarna ne pouvait que ravir cet amateur de sexe. Et, à peine effleura-t-elle le pourtour de son gland, que sa hampe de chair prit un peu de volume et se tendit même lentement. La femme infidèle ne pouvait qu’y voir un encouragement, et ses doigts maintenant enveloppant entièrement sa verge, commencèrent à coulisser le long de la hampe de chair en réponses aux caresses que le docteur prodiguait désormais à sa vulve…
Au bout d’un certain temps, maintenant que ses attributs étaient fièrement dressés, il approcha son gland de sa bouche pour un message qui n’était que trop clair.
Elle n’hésita pas longuement, mais pour surmonter sa répugnance, ferma les yeux afin que lui revienne l’image, ô combien plus engageante, de la plage et du sexe bandé qu’elle avait deviné sous le maillot. Elle s’abandonna ainsi à la double pénétration frénétique de son docteur obscène en ne pensant plus qu’à lui, en ne désirant plus que lui… Et jusqu’à l’accomplissement de son orgasme, cette idée s’incrusta en elle : il fallait absolument qu’elle revoit le jeune homme de la plage !
Lorsqu’elle retrouva ses esprits, ce n’était plus le goût amer de la verge du satyre qu’elle perçut dans sa bouche mais le liquide visqueux de son sperme qui s’écoulait partiellement à la commissure de ses lèvres. Elle se sentit cette fois plus dénudée qu’elle ne l’avait jamais été. Ce n’était pas que la nudité de son corps nu et souillé de la semence de cet homme… mais aussi celle de son esprit qui s’était abandonné sans détour en même temps qu’elle se livrait à la plus coupable des jouissances.
En quittant le cabinet, elle ne songeait plus qu’à cette double obsession : effacer de son esprit cette consultation et l’image même du vieux docteur et chercher par tous les moyens à revivre l’émotion de ce beau regard qui l’enveloppait, au risque de s’y consumer…
La première résolution, elle ne put s’y résoudre longtemps. Le soir même son mari l’appelait pour prendre de ses nouvelles Et s’il était hors de question pour elle de lui révéler tout de ses aventures, elle ne voyait pas comment elle pourrait tout lui dissimuler. C’était d’autant plus vrai qu’elle avait confié ses enfants à une amie pour se rendre à cette consultation qui habitait la Baule et qu’elle avait l’intention de profiter encore de ses services…
— Ah oui, j’oubliais !… Je suis allé voir un médecin !
— Ah bon ! Pourquoi donc ?
— Parce que j’avais peur que mon stérilet se soit déplacé.
Elle perçut le silence de son mari comme la source d’une sourde inquiétude et essaya de bafouiller quelque chose qui pourrait expliquer cette soudaine préoccupation. Mais celui-ci ne lui en laissa pas le temps.
— Tu as eu envie de me tromper ? … à moins que tu ne l’aies déjà fait !
Elle apprécia qu’il ne fût pas près de lui, car à cet instant précis, elle devait être rouge comme une pivoine.
— Qu’est-ce que tu vas chercher là ?
— Je disais ça comme ça… mais je sais que ces derniers temps je n’ai pas pu m’occuper de toi, avec ce satané travail qui me bouffe de plus en plus… D’un autre côté, je comprendrais parfaitement que passant plusieurs jours loin de moi sous le soleil, et étant naturellement désirée d’autres hommes, tu puisses, toi aussi avoir un instant envie de tromper ton mari !
— Ne dis pas de bêtises !
— En tout cas, je ne serai pas long, dès que possible, je te rejoins !
La suite de la conversation prit un tour plus banal, mais elle découvrit alors en elle cette troublante impression, qu’elle ne voulait finalement pas que son mari ne vienne la rejoindre trop tôt !
Une fois la conversation terminée, elle repensa à son ami qui pouvait bien lui rendre ce nouveau service : s’occuper une fois encore de ses enfants pour qu’elle puisse aller à la plage seule !…
Cette amie, quant à elle, n’était pas très regardante car elle n’avait jamais trop apprécié le père de ses enfants dont par ailleurs elle adorait s’occuper, n’ayant pu en avoir elle-même. Aussi le regard malicieux qu’elle lui adressa lorsqu’Odile la quitta pour se rendre sans traduire trop son impatience, vers la plage ne la surpris pas.
De honte elle n’en n’avait plus. Elle avait seulement la certitude qu’elle devait y aller. Qu’elle pourrait s’en vouloir toute sa vie, de n’avoir pas su saisir cette occasion qui peut-être ne se produirait plus, tant elle sentait désormais sur elle peser le poids de ces longues années de mariage.
Lorsqu’elle arriva et se plaça consciencieusement le plus près possible de l’endroit où elle l’avait vu, il n’était pas là. Mais il était encore tôt et la plage se trouvait à ce moment de la matinée quasi déserte.
Et puis les heures passèrent et cette journée qui lui parut être la plus longue de sa vie ! En allant récupérer ses enfants, elle ne pensait qu’à ça. Peut-être ne le reverrait-elle plus jamais ?
Et puis les jours passèrent. Cette fois, elle retournait à la plage comme aux premiers jours avec ses enfants. Des dizaines de fois, peut-être des centaines, elle crut le voir arriver au bout de la plage, pour vivre à chaque fois douloureusement cette même désillusion d’un homme qui ne lui ressemblait pas. Elle avait la sensation de revivre l’intensité des émotions adolescentes, mais elle regardait maintenant son corps de femme qu’elle percevait d’une certaine beauté encore mais qu’aucun regard d’homme ne magnifiait plus. Bien sûr, elle avait constaté que d’autres hommes l’avaient regardée avec plus d’insistance, cherchant sans doute à croiser son propre regard. Mais aucun d’eux ne lui paraissait seulement séduisant, un peu comme une femme amoureuse qui n’a d’yeux que pour un seul homme.
Il s’écoula encore trois jours avant que son mari ne la rejoigne. Cette venue qu’elle craignait tout d’abord au moins autant qu’elle la souhaitait, finalement s’offrit à elle comme une libération. Enfin, elle pouvait repasser à autre chose, et reconstruire ce modèle de la femme mariée si heureuse avec ses beaux enfants.
Quand elle les confia quelques jours plus tard à son amie, cette fois elle ne se sentit plus coupable, car c’était pour passer une soirée dans un grand restaurant avec son mari. Main dans la main avec son mari, elle se sentait bien. Elle retrouvait cet équilibre qui lui avait tellement fait défaut.
— Alors, tu peux bien me parler des beaux hommes qui ont dû profiter de ta superbe silhouette sur la plage.
Elle eut l’impression qu’il savait quelque chose d’elle, même si elle se rendit compte que pour lui, ce n’était qu’un jeu.
Il n’avait cessé depuis sa venue de lui parler des hommes qui l’entouraient et semblaient s’intéresser à elle dès que les enfants s’éloignaient un peu sur la plage. C’était à tel point qu’elle se posa la question de sa propre attitude, se demandant si ce n’était pas lui qui l’avait trompée et qui cherchait par ce moyen à se disculper. Mais cette idée quitta bien vite son esprit. Elle se rendit simplement compte que l’aventure qu’elle avait vécue semblait se détacher d’elle à la mesure de l’insistance des propos de son mari. Comme si l’adultère n’était séduisant précisément que parce qu’il échappait à tout désir de son compagnon…
Pourtant dans ce restaurant, l’évocation d’une tromperie supposée lui fit à nouveau penser au jeune homme et elle fut surprise par le désir de le voir ici dans ce nouvel endroit, lui qu’elle n’avait pu revoir à la plage.
Ce désir se révéla rapidement sans fondement. Toutes les places étaient désormais occupées et la moyenne d’âge des clients qui l’entouraient était sans rapport avec celle de son jeune soupirant d’un jour.
Au moment de prendre la commande, elle observa son mari qui lui parut soudain si vieux et fatigué. Elle aurait tellement aimé croiser à nouveau un regard jeune… Quand il s’est adressé à lui, le serveur par sa voix claire et chaleureuse lui offrit un peu de cette jeunesse rafraîchissante… Et puis elle croisa son regard… C’était ce même regard, plus proche, plus intense et marqué comme le sien sans doute, par un état de stupeur ! Le serveur n’était autre que le garçon qu’elle attendait !
Pendant tout le repas elle rechercha ce regard qui, plus proche, lui paraissait plus beau encore qu’elle ne l’avait perçu l’autre jour. C’était un regard sombre, intense et profond dans lequel elle eut le loisir de se noyer, car il répondait à son désir en « l’embrassant des yeux » quelques fugitives secondes, pendant que son mari détournait l’attention.
Mais au fur et à mesure qu’avançait le repas, elle fut prise d’une angoisse sourde… Celle qu’il ne se passe rien, qu’elle doive à nouveau le quitter sans plus jamais le revoir, puisqu’elle devait quitter la Baule le lendemain, avec toute sa famille !
Ce n’est qu’au moment du dessert qu’il se produisit ce qu’elle n’espérait plus. D’un geste habile et délicat en lui servant un superbe fondant au chocolat, il déposa discrètement sur sa cuisse dénudée un petit billet qu’elle put lire sans même le toucher.
« Je serai dans 5 minutes devant la porte des toilettes. »
Ces quelques minutes où il lui fallut déguster ce succulent dessert en ne songeant qu’à celui plus succulent encore qui allait s’offrir à elle, lui parut interminable. Elle devait désormais soutenir le regard de son propre mari qui soudain lui sembla vide, insignifiant dans une conversation qui ne l’intéressait pas.
Finalement elle ne perçut aucun tremblement dans sa voix lorsqu’elle lui fit part de son envie d’aller aux toilettes, pas plus que dans ses gestes souples et déterminés lorsqu’elle se leva pour s’engouffrer dans le petit escalier descendant qui devait lui permettre de rejoindre l’objet de son désir.
Il était là, superbe, et son costume de serveur lui allait si bien ! Il la conduisit par la main aux toilettes des hommes. Il possédait la clé qui leur permit de s’isoler. Le seul contact de cette main dans la sienne la fit fondre de bonheur. Elle sentait déjà sa chaleur s’insinuer en elle… Mais l’un comme l’autre savaient qu’ils n’avaient pas de temps à perdre !
Elle releva prestement sa robe jusqu’à la taille, mais c’est lui qui fit glisser sa culotte à ses pieds. Il lui susurra à l’oreille qu’il regrettait de ne pas lui offrir un endroit plus romantique, mais le simple geste qu’elle fit en posant un doigt sur sa bouche, associé à un sourire radieux, lui signifia que cela n’avait finalement aucune importance.
C’est avec la même efficace complicité qu’il baissa son pantalon et qu’elle lui ôta son slip, libérant un beau sexe déjà fièrement bandé.
Bien qu’elle sache le temps compté elle ne put résister à l’envie de se précipiter vers sa bite pour la prendre en bouche et la sucer ! Elle savait quelle saveur elle voulait garder en elle après ce repas délicieux, mais qui l’avait tellement éprouvée nerveusement. Elle voulait son dessert et c’était celui qu’elle avait choisi seule, pas celui de son mari !
Elle était en train de le tromper en en tirant du plaisir parce que c’était elle qui pleinement en choisissait « la matière » et l’instant. Et le désir pervers de son mari n’avait rien à voir à l’affaire.
Lorsqu’elle laissa son beau serveur glisser en elle, les fesses nues posées sur la faïence du lavabo, elle savait qu’elle ne devait rien à son époux et qu’elle ne lui dirait rien !
Elle était maintenant en train de se faire baiser comme une vulgaire prostituée par ce bel inconnu et rien ne pouvait plus réfréner en elle la jouissance de sentir ce jeune membre fier et vigoureux coulisser dans son sexe !
D’ailleurs c’était autant elle que lui qui le baisait, le pilonnant de son bassin en cadence. Son « garçon de plage » lui avait désormais attrapé les chevilles pour relever ses fines jambes et elle sentit alors le gland turgescent se frotter au point si sensible qu’avait révélé en elle le vieux docteur, quelques jours auparavant.
L’orgasme qui s’ensuivit dépassa tout ce qu’elle avait connu auparavant.
À l’acmé de son plaisir, elle lutta jusqu’au bout pour ne pas fermer les yeux, et ne pas détourner son regard de celui de son superbe amant qui semblait lutter de même au moment de se répandre en elle. Ils se baisaient littéralement du regard tout en gardant leur corps soudés, son membre bien profond planté dans son vagin.
À cette pénétration sublime répondit celle de leurs langues enlacées…
Et puis il fallut trop vite se rhabiller et offrir une vision présentable…
Quelques instants après, elle avait rejoint son mari dans la salle et le si serviable serveur leur apporta un café.
Ils avaient à peine échangé un mot… Le garçon devait penser qu’il serait désormais facile pour eux de se revoir. Mais seule elle savait que c’était la dernière fois qu’elle pourrait se délecter de la caresse de son regard.
Lorsqu’il planta une dernière fois ses yeux dans les siens, son mari eut ces quelques mots :
— Vous permettez ?
Il approcha alors sa main de la pochette du veston de son adorable serveur pour décrocher la boucle d’oreille qu’il avait offert à sa femme quelques jours auparavant.
En portant sa main à son oreille nue, Odile sentit cette chaleur honteuse que cette fois elle ne put dissimuler à son mari.
Ces deux regards qui se posaient désormais sur elle ne firent qu’accentuer encore son rougissement !
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