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Belle plante

Belle plante



D’aussi loin que ma mémoire revienne, j’ai toujours eu un rapport sensoriel à la nature, je me rappelle quand mon père froissait dans ses mains les feuilles de myrte et me les faisait sentir, le parfum du maquis, comme aussi ces plantes en filaments qu’il y ramassait sur les plages et qu’il utilisait pour guérir telle ou telle affection.

Depuis, je laisse mes doigts saisir telle ou telle plante et la dénuder jusqu’au sommet pour la porter à mon visage et en flairer ensuite l’odeur, sans même y penser, toujours.

Ca m’est resté.

Ce matin j’ai lu cet article sur cet arum géant de Bruxelles qui fleurissait enfin après des années de refus, je me suis vue très loin en arrière, dans le jardin de mon grand-père, celui de Perros-Guirec.

Un jardin abandonné, foisonnant, habité de forces vives et obscures, d’ombres, de lumières vacillantes à travers les plantes grimpantes qui se chevauchaient, un jardin fantastique, où seul le potager était encore entretenu.

La clairière y menait mais elle était obscurcie et seul le jardinier se donnait la peine d’y aller.

Certains lieux étaient dédiés aux plantes grimpantes et aromatiques, formait des portiques échevelés, qu’on franchissait avec délices.

Mon préféré, le figuier immense, tenait de la place, j’y montait avec un livre et y passait des heures l’après-midi, les jambes étalées entre ses larges branches et observant le gonflement des fruits et leur maturation saison après saison, les branches alors s’alourdissaient et il m’était arrivé, cachée, d’y voir un jeune garçon monté sur une jument blanche y cueillir les figues à leur meilleur moment, juteuses, épanouies, prêtes à exploser.
La floraison était si généreuse qu’elles régalaient tous les gamins des environs, qui savaient où les clotûres étaient effondrées.

Et la nuit, les insomnies d’été me faisaient descendre et j’errai dans les allées, certaines fois la douche à peine prise et sans me sécher, je mettais juste une chemise pour me couvrir les épaules.

Mon cheminement à travers le jardin nocturne et ma myopie m’aidaient à y voir encore plus de fantastique, telle plante ressemblait à telle silhouette, telle statue prenait une allure encore plus sinistre, le bassin et les crapauds me menaçaient, les bruits me faisaient sursauter, je me sentais une intruse dans un univers familier qui s’ouvrait à moi mais refermait juste après sont étreinte sur mon corps, et qui finalement m’accueillait tant que j’y venais seule et offerte.

A l’arrivée au parterre des plantes hautes j’étais ivre de senteurs, de sensations, du fouet des fleurs sur ma peau, mes jambes nues et mes reins, et là je m’asseyais contre un arbre pour y faire pipi, puis me relevait, ma chemise blanche me battant les fesses.

Puis j’allais aux arum (ou semblables), gigantesques plantes vertes aux grandes corolles blanches évasées, j’ouvrais largement mes cuisses et je me juchais sur le plus haut, en pinçait la corolle blanche et me frottait dessus et me faisait pénétrer par ce sexe souple et résistant, me penchant selon son inclination, les parfums nocturnes étaient encore plus entêtants.

En le pinçant très fort, je le rendais juste assez mince pour qu’il me pénètre, qu’il pénètre ma figue grande ouverte et je le sentais s’épanouir ensuite en moi, je montais et descendais lentement sur lui tout en me caressant très doucement ce que je ne savais pas encore être mon clitoris.

La douceur de la caresse me faisant trembler des jambes et j’avais du mal à tenir debout.

Je cessais donc et m’immobilisait.

Puis je me relevais et recommençais ma douce descente vers le cœur de la fleur qui me pénétrait en se froissant et dont je sentais l’odeur se répandre autour de moi.

Mon index recommençait le tour de mon clitoris, enserrant du même coup la fleur dévorée par mon sexe trempé, je tenais bon et continuait mon tour obsédant, têtue.

Mes jambes s’affaiblissaient, je continuais, puis ma chatte se mettait à exhuder doucement son liquide.

De petits jets suintant sur la tige de la fleur dévorante qui me bouffait de l’intérieur, de plus en plus de petits tours de mes doigt sur mon bout de chair devenu gros et rouge, brûlant, puis tout contact me devenait insupportable, et dans la nuit me faisait pousser des cris de démence, je m’écroulais puis tenait, tenait, sans souffle et râlant, puis des cris de clémence et de ravissement.

Puis ma chair envahie, bienheureuse et repue rejetait la fleur meurtrie qui tombait alors, je la remettais en place jusqu’à la prochaine fois.

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