Tout a commencé à ma naissance, il y a déjà 35 ans. Lorsque, dans une clinique à Rabat, la sage-femme me posa, encore tout gluant, sur le ventre de ma mère en lui annonçant qu’elle venait de mettre au monde un beau garçon, ses sourcils se froncèrent. Elle s’approcha de moi pour m’examiner avec minutie.
– Madame, je suis allée peut-être un peu vite en vous disant que vous veniez de donner naissance à un beau garçon. Indéniablement, c’est un garçon : il en possède tous les attributs mais… c’est aussi une fille en même temps. Je savais que cela se produit parfois, mais c’est la première fois que je vois un cas comme celui-ci dans cette clinique. C’est extrêmement rare, cette particularité est dénommée hermaphrodisme.
Ainsi donc, j’étais un cas… Mes parents me déclarèrent à l’état civil comme étant de sexe masculin, mais avec un prénom : Karim qui peut devenir un jour Karima ou Leila. Combien de fois m’ont-ils emmené en consultation chez des spécialistes de renom, à Rabat et à Casablanca ! Mais ils obtenaient toujours la même réponse : il leur fallait choisir entre l’un et l’autre sexe. Et, lorsque leur choix serait fait, une intervention chirurgicale (suivie de longs traitements à base d’hormones) me ferait acquérir les caractéristiques d’un seul sexe, au détriment de l’autre : mais ce choix serait définitif, irréversible.
Fort heureusement, mes parents ne voulurent rien m’imposer avant que je sois en âge de choisir moi-même si je voulais devenir une fille ou un garçon. En attendant, ils m’élevèrent comme si j’étais un garçon, puisque c’est cet aspect de mon sexe qui était le plus apparent.
Vers l’âge de 12 ou 13 ans, la curiosité me poussa à explorer mon anatomie intime. Lorsque mes parents me laissaient seul à la maison, je m’enfermais dans la salle de bain et, accroupi au-dessus d’un miroir posé à plat sur le carrelage, je prenais plaisir à observer la configuration particulière de mes organes sexuels. J’avais une verge qui (bien qu’encore assez petite) se développait depuis quelques années ; ce n’était déjà plus un zizi de gamin. Mais juste en dessous, à sa base, une fente se cachait derrière l’espèce de sac qui contenait mes petites boules.
J’avais remarqué que, lors de ma toilette, le passage du gant sur cette fente me procurait une chaleur diffuse dans le ventre ; c’est pourquoi j’avais l’habitude d’insister tout particulièrement sur cet endroit pour ressentir ce trouble qui m’intriguait. Mais, ce jour-là, accroupi au-dessus du miroir, je décidai de me passer du gant et de frotter directement ma petite fente avec mes doigts. La sensation était encore meilleure qu’avec la pièce de tissu… Plus je grattais cet endroit-là, plus il me démangeait. Ma fente s’ouvrait sous le frottement acharné de mes doigts qui se mirent à glisser. Le miroir me renvoya l’image d’une sorte de bouche dont les lèvres étaient rendues brillantes par le liquide qui s’en écoulait. Cette vision m’inquiéta et j’arrêtai de m’astiquer la fente, même si mon corps me demandait de continuer.
Parfois, mon zizi me surprenait en devenant toute dur. Lorsque j’en parlai à mes copains, ils m’apprirent, en se moquant de ma naïveté, que je « bandais », et ils me demandèrent si je me « branlais ». Je n’avais jamais entendu parler de ça. Ils me dirent alors comment faire pour qu’elle gicle en me donnant du plaisir ; ils nommaient cela « décharger ». Ils me donnèrent envie d’essayer de le faire. Dès qu’il me fut possible de me retrouver seul, après m’être enfermé dans la salle de bain, je suivis les explications de mes copains pour essayer de me « branler ». Je « bandais » déjà, rien qu’en pensant au plaisir que j’allais connaître…
J’entourai ma verge de mon pouce et de mon index, créant ainsi une sorte de bague que je fis coulisser d’avant en arrière le long de mon petit membre, qui devint encore plus rigide. Je ressentis une sorte d’agréable picotement à son extrémité (mes copains appelaient cette partie le « gland »). Ces mêmes copains m’avaient dit que pour bien se « branler », il fallait tirer en arrière la peau qui le recouvre pour le dégager. J’essayai de le faire, mais l’ouverture de cette peau était trop étroite pour que je puisse me « décalotter », comme ils disaient ; je ne pouvais découvrir mon petit gland que sur une longueur d’un centimètre environ, mais sans pouvoir aller plus loin.
Pourtant, j’étais tellement excité que je voulus faire comme les grands, pour me « branler » aussi bien qu’eux. Je me mis à tirer de plus en plus fort sur ma petite peau et, tout à coup, je ressentis une vive brûlure : mon gland apparut entièrement, totalement dégagé de son enveloppe protectrice. J’avais réussi ! Ma peau s’était resserrée derrière mon gland et le faisait gonfler ; sa surface satinée prit une couleur de plus en plus sombre, passant du rose pâle pour atteindre une teinte violet foncé. Je pouvais voir une goutte de liquide transparent perler à son extrémité.
Je repris mes mouvements alternatifs le long de ma petite bite, ce qui me fit éprouver des sensations voluptueuses, accompagnées d’une tension interne qui se faisait de plus en plus importante, aussi bien dans mon bassin que dans mes jambes, qui se mirent à trembler. Je continuai à caresser ma verge jusqu’à ce que de violentes contractions de tout mon corps me fassent expulser avec force quelques jets d’un liquide blanchâtre et épais qui atterrirent sur le carrelage de la salle de bain, tandis qu’un plaisir immense montait du creux de mes reins pour venir exploser sous mon crâne. Je crus m’évanouir, tellement c’était fort ! C’était donc ça, jouir…
Depuis cette expérience, je me suis branlé souvent, très souvent même, pendant quelques années. Ma verge s’était considérablement allongée et elle me procurait des jouissances inexprimables. Cependant, je conservais au fond de moi le souvenir de ce trouble qui m’avait envahi lorsque je m’étais frotté la fente, sans toutefois atteindre l’orgasme que je sentais venir. Je sentais confusément qu’un plaisir encore plus grand que celui que m’apportaient mes branlettes était possible en combinant des caresses sur ma bite (qui était devenue assez longue pour que je puisse l’appeler ainsi) avec d’autres sur ma fente. Je résolus de tenter une nouvelle expérience.
Courbant ma bite vers le bas, j’amenai mon gland préalablement décalotté en contact avec ma fente que j’avais caressée pour la rendre humide. Cet attouchement me fit instantanément éprouver un frisson de plaisir. Je commençai à frotter mon gland entre ces lèvres qui s’écartaient sur son passage ; et comme le liquide visqueux qui s’en écoulait favorisait le glissement, mon gland s’introduisait de plus en plus profondément entre les replis de chair palpitante. Il pénétrait dans une chaleur moite, douce comme du velours, qui l’enrobait de toute part en le pressant voluptueusement… Le plaisir naissant augmenta mon désir de m’enfoncer encore plus loin dans ce doux fourreau. Je me levai du canapé pour m’asseoir sur un support plus ferme : une chaise, en l’occurrence. Dans cette position, le poids de mon corps exerçait une pression suffisante pour permettre à ma verge de pénétrer plus profondément pour découvrir des endroits encore inexplorés de mon anatomie.
Je ressentis une légère douleur lorsque mon gland franchit une barrière qui faisait obstacle à sa progression, mais ce désagrément fut largement compensé par le plaisir qui s’ensuivit presque immédiatement. Ma verge, recourbée, coulissait en moi en me procurant d’ineffables sensations ; mais peut-être que mon plaisir provenait également du soyeux fourreau qui la compressait… Je ne pouvais pas déterminer avec précision l’origine de ces délicieuses sensations qui m’emportaient de plus en plus loin. Assis sur cette chaise, j’étais en proie à des soubresauts qui enfonçaient encore et encore mon zizi dans mon vagin ! Une vague de jouissance me submergea, me faisant longuement hurler de plaisir et je retombai, anéanti, sur mon siège.
Par la suite, ce ne fut qu’en de très rares occasions que je me branlai, préférant le plaisir extraordinaire de me baiser moi-même. C’est pour cette raison que je décidai de ne pas opter pour un seul sexe, au détriment de l’autre. Mon apparence extérieure restait celle d’un garçon mais, entre mes cuisses, se nichait une vulve (qui bien que dépourvue de clitoris) se gonflait sous l’effet du désir en laissant s’écouler un fluide visqueux. Comme je possédais à la fois des organes mâle et femelle, je me satisfaisais moi-même. Du coup, je ne recherchais pas d’autres partenaires, de quelque sexe qu’ils fussent.
J’étais tellement obnubilé par le plaisir intense que je me donnais, que j’ai quelque peu négligé mes études. Une fois le bac en poche, je ne m’inscrivis pas à la fac. Je trouvai un job d’aide-comptable qui me permit de vivre chichement pendant quelques années, jusqu’à ce que la broîte pour laquelle je travaillais soit rachetée par une multinationale. Dans la restructuration qui s’ensuivit, je perdis mon emploi et me retrouvai au chômage. La crise qui était née en même temps que moi étais toujours là, et même bien là ! Je n’arrivais pas à retrouver de travail stable. Le temps passait. Désœuvré, je fréquentais de plus en plus les bars pour penser à autre chose qu’à ma déprime croissante.
Peu avant la fin de ma période d’indemnisation, dans un bar, un homme avec qui je discutais un soir, accoudé au comptoir, me proposa de travailler dans son établissement : un club un peu spécial où des couples faisaient l’amour dans de vastes filets accrochés en hauteur au-dessus des clients.
– T’es beau gosse, tu devrais plaire à ma clientèle. Tu verras, c’est bien payé. T’as besoin de fric, alors, baiser en étant payé, c’est pas le pied ?
J’hésitais car le fait de me donner en spectacle m’inquiétait. Mais, pensant aux factures impayées qui s’accumulaient dans mon studio, je lui donnai mon accord.
– Alors, suis-moi, je vais te montrer où c’est.
Je le suivis là où il me fit entrer dans un petit boui-boui sordide.
– Viens dans mon bureau.
Croyant qu’il allait me faire signer un contrat d’embauche, je le suivis sans méfiance dans un réduit lépreux.
– Allez, baisse ton froc, il faut que je vérifie la marchandise !
– Mais…
– Tu veux bosser, oui ou non ?
Vaincu par cet argument, je défis les attaches de mon pantalon qui glissa jusqu’à mes genoux.
– Le slip aussi.
Je m’exécutai.
– Ouais… C’est pas mal. Essaie de te bander pour voir ce que ça donne, si ça va plaire aux clients.
Bien entendu, il m’était impossible d’avoir une érection dans ces conditions.
– Tu ne peux pas bander ? Attends, je sais comment faire !
L’homme s’agenouilla devant moi et saisit ma verge pour se l’introduire dans la bouche. Il se mit à me sucer tout en faisant aller sa main le long de ma hampe qui durcit en s’allongeant. J’étais très gêné de me faire sucer par un homme (j’allais, par mégarde, dire « par quelqu’un du même sexe que le mien) mais j’appréciais les caresses qu’il me prodiguait. C’est alors qu’il empauma mon scrotum et fit courir ses doigts sur la tendre peau.
– Putain ! Mais qu’est-ce que c’est que ça ? T’es un mec ou une nana ?
Il venait, sans s’en apercevoir, d’introduire une phalange dans mon vagin qui bavait.
– Merde, alors… Une chatte ! Une chatte et une bite ! Mais qu’est-ce que t’es ?
– Je ne sais pas… Je suis né comme ça. Les médecins disent que je suis hermaphrodite.
Du coup, il s’était arrêté de me sucer. Je restais planté là, comme un imbécile, le pantalon en bas des genoux et la bite à l’air.
– On va gagner un max de fric, tous les deux ! Je connais des gens pleins de blé qui vont en claquer pour toi…
C’est ainsi que débuta ma carrière de phénomène sexuel. Certes, le boui-boui sordide de mon imprésario/maquereau était loin : je ne fréquentais que des membres de la jet-set, résidant dans des demeures somptueuses, passant de l’une à l’autre. J’étais leur jouet adulé. Jouet oui mais jouet sexuel… Tout ce beau monde usait et abusait de mon corps. Quoi de plus excitant pour ces individus blasés que de découvrir un être androgyne, mâle et femelle à la fois, capable de réaliser leurs pires turpitudes ! J’ai connu des moments de pur délire, me soumettant à des accouplements que j’aurais cru impossibles, comme cette soirée au cours de laquelle je m’étais retrouvé avec une bite dans la chatte et une autre dans le cul tandis qu’un travesti me suçait la verge tout en se faisant sucer sa propre verge par une magnifique jeune femme !
Je me dégoûtais…
En moins de deux ans, j’avais amassé un gain considérable, largement suffisant pour me mettre à l’abri du besoin jusqu’à la fin de mes jours. J’arrêtai mes frasques et revins chez moi où je fis l’acquisition d’un appartement sur la côte méditerranéenne. Je menais une existence oisive mais je me sentais tellement seul…jusqu’au jour où je fis la connaissance de Nadia qui m’accepta tel que je suis et qui est actuellement ma femme.
FIN
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