Il y a quelques mois je suis allé travailler à Calais et le soir ne sachant quoi faire, je me suis renseigné sur les lieux de drague afin de faire une rencontre éphémère, tant j’avais envie de me faire prendre par un mâle. Je ne sais si les renseignements étaient justes mais je passais un bon moment dans le parc Richelieu, lieu parait-il fréquenté en soirée, sans rencontrer âme qui vive, marchant parfois dans les rues longeant le parc, et parfois attendant sur un banc du parc lui-même. Ne voyant rien venir je repris ma voiture et m’arrêtai sur le front de mer où je fis une promenade pour me changer les idées. Je croisais de temps à autre un adepte du jogging ou une personne promenant son chien. Seul le bruit de mes talons et le grondement lointain de la mer se faisaient entendre et perdue dans mes pensées je mis du temps à remarquer un homme qui s’était approché de moi et qui me parlait. N’ayant pas saisi ce qu’il me disait je lui demandai de m’excuser et de répéter. D’une petite voix l’homme s’exécuta. Il s’inquiétait que ma tenue fut un peu légère pour la saison et que je pouvais prendre froid. Ce qui n’était pas le cas bien que ne portant qu’un petit blouson de cuir mais avec en dessous un sweater assez chaud, seul le vent passant sous ma jupe avait tendance à me rafraichir les parties génitales. « Si vous voulez j’habite en face », me dit-il en montrant sa maison, « vous pourriez venir prendre quelque chose de chaud ». Je lui répondis que je ne voulais pas l’ennuyer mais il insista me disant que ce serait avec plaisir qu’il m’accueillerait. « Je me promène tous les soirs sur la jetée » m’avoua t’il en ouvrant sa porte. Après tout un homme est un homme, pourquoi ne pas passer un bon moment avec celui-là ! Qu’allait-il arriver ? Avait-il seulement envie de se faire sucer ou voudrait-il autre chose ? J’en étais à ce genre de réflexions quand j’entrais chez lui.
La maison était coquette bien qu’un peu passée de mode. Mon hôte devait avoir dans les soixante-dix ans me dis-je en le regardant. Il était un peu trapu et bedonnant mais avait encore un beau visage. Je le suivis à la cuisine où il prépara un café, puis nous allâmes dans le salon et discutant pendant que le café refroidissait un peu, il me raconta avoir perdu sa femme depuis deux ans et n’avoir pas eu de liaison depuis ce temps. Son ton n’était pas celui d’un mâle en rut ayant ferré une proie et je restai très sage, tirant bien sur ma jupe quand j’étais assise face à lui comme une femme un peu prude. Je suis plutôt exhib mais là je ne sentais pas la nécessité de le faire. Au fil de la conversation j’appris qu’il s’appelait René et quand il me demanda mon prénom, il me dit aimer celui de Monique soulignant que comme René c’était un prénom un peu vieillot mais charmant.
Assez vite vinrent les questions me concernant, René voulait comprendre pourquoi je devenais « femme » de temps à autre. Je lui expliquais comment cela était arrivé pour moi, ce que j’éprouvais en vivant ainsi, et ce qui était touchant c’est qu’il ne posait aucune question d’ordre sexuel. Je lui demandais avec un sourire s’il avait déjà eu une relation avec un trav ou un trans. « Jamais » répondit-il un peu gêné. Je me sentais dans une impasse et pendant quelques temps nous ne parlâmes ni l’un ni l’autre.
Pour rompre le silence je lui demandais si je pouvais me servir de ses toilettes, il m’indiqua où elles se trouvaient et je partis me soulager. Quand je revins René me dit : « C’est plaisant d’entendre le bruit des talons sur le carrelage. Depuis deux ans aucune femme n’est entrée ici, vous êtes la première ». « Votre femme portait des talons ? » demandais-je. « Oui comme vous, des talons pas très haut et j’aimais entendre ce bruit quand elle marchait ». Je lui expliquai que je portais des petits talons quand j’allais marcher, mais que chez moi j’avais plus l’habitude de porter des talons de 10 cm minimum. « J’aime les talons hauts » avoua t’il. Je continuai sur ce domaine. « Que doit porter une femme pour être féminine d’après vous ? ». « J’aimais beaucoup au début de notre mariage quand ma femme portait des bas avec des jarretelles, mais très vite les collants les ont remplacés ». Je sautais sur l’occasion : « Je ne porte que des bas nylon avec des porte-jarretelles, je n’aime pas les collants qui sont ni pratiques, ni sexy ». J’espérais que cet aveu éveillerait chez lui des pensées un peu lubriques mais rien ne parut être le cas. J’en pris mon parti en me disant à moi-même que cet homme-là ne ferait rien avec moi. Je pris congé de lui, ne voulant pas l’ennuyer plus lui dis-je, et très gentleman il m’aida à enfiler mon blouson et me raccompagna à pieds jusqu’à ma voiture. « Si vous voulez que nous nous promenions tous les deux un soir vous savez où j’habite ». Je lui dis que « peut-être », il me tendit la main mais je l’embrassai sur les deux joues. Il fut surpris et me dit au revoir en souriant. Moi qui avait désiré une soirée sexe je repartais à l’hôtel sagement mais frustrée de n’avoir pu assouvir mon désir.
Deux jours plus tard, j’ai sonné à sa porte, et nous avons marché sur la jetée, mon bras accroché au sien, mais même là rien n’y fit, nous bûmes ensuite un café chez lui, mais comme précédemment rien ne se passa comme j’aurais aimé. J’étais pourtant un peu provocante, j’avais mis ma jupe en cuir avec des bas noirs Cervin assez brillants et un petit haut noir tout en dentelles qui laissait entrevoir mes gros tétons. Je me suis posé des questions. Voulait-il rester fidèle à sa femme ? Ne l’attirais-je pas ? N’avait-il plus aucune libido ? J’aurai dû tenter quelque chose mais je n’ai pas osé. On ne peut faire la putain qu’avec un homme qui a envie de baiser une putain.
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