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Bourgeoisie provinciale

Bourgeoisie provinciale



J’avais envie de me ressourcer. Comme j’ai toujours aimé la solitude, les grands espaces, je parcourais le causse de cette région, somme toute peu touristique, mais d’une divine beauté.
Un paquetage minimum pour ne pas m’encombrer, un simple sac de couchage, le b-a-ba de rechange et quelques provisions. Et je marchais sans trop forcer, simplement pour me promener, sans aucun souci de performance. Juste ce petit crédit de 23 jours à écouler, ce temps précieux qui, je le savais, allait fondre comme neige au soleil !

Des journées sans voir personne, en toute tranquillité, des baignades en pleine nature, des crevasses à explorer. Parfois aussi quelques petits villages, il fallait bien aussi se ravitailler.

Me voici donc en cette belle journée d’été en train de dévaler les pentes abruptes d’une vallée encaissée, attiré par le bruit du torrent qui s’écoulait tout en bas. Paysage magique, c’est l’Eden retrouvé. Au fond de la cuvette, la végétation se fait luxuriante, contrastant avec l’aridité du plateau. Je décide donc d’y installer mon bivouac. Le petit torrent bien sympathique, quoique partiellement asséché, vrombit à mes pieds.
A peine mes affaires déposées, que je pars aussitôt à la découverte de mon nouveau domaine, espérant sans doute découvrir quelque grotte à explorer.
En amont, je suis rapidement coincé. La pente se fait abrupte et il y a de nombreux rochers qui freinent mon avancée. Provisoirement je laisse tomber comptant bien un jour y retourner.
Pour l’instant, je me consacre à l’autre côté, beaucoup plus accessible. Je dévale la pente à triples enjambées. Le cours d’eau, retenu par les caprices naturels du relief, fait de nombreuses petites barbotières, certaines presque assez profondes pour pouvoir s’y baigner… J’adore crapahuter à travers les rochers, intense sensation de liberté.
Et soudain, en contrebas une véritable piscine naturelle creusée à même le roc, avec une eau d’une absolue limpidité ! Putain, ça donne vraiment envie de s’y baigner !

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Je m’approche, je me déshabille, je pique un plongeon dans l’eau glacée… Dans la tenue d’Adam… Après tout je suis tout seul dans la nature et n’ai rien à craindre ni à espérer…
Et c’est alors que je remarque cette dame dans une longue robe noire assise sur un rocher en train de me regarder. La honte, elle a du me voir à poil et en train de me déshabiller. J’étais tellement convaincu de prime abord que je ne pouvais être que tout seul dans cet endroit magique que je ne me suis même pas méfié.
Je nagouille en essayant de ne me trop avoir l’air, un peu pris en défaut il est vrai.

C’est une femme mure, on dirait grisonnante, disons la cinquantaine bien tassée. D’où je suis, je ne la vois qu’à moitié, un peu aveuglé par les rayons malins du soleil déclinant. J’ignore si elle est belle ou toute ridée, je ne perçois que ses yeux tristes et son regard fermé. Je me demande vraiment ce qu’elle doit en penser.
Je me rapproche un peu pour éviter le contre-jour, par curiosité, pour savoir à qui j’ai vraiment à faire.

— Bonjour, qu’elle me fait, en ajoutant un signe de la main.
— Bonjour madame.

A y bien regarder, elle est certainement plus vieille que je ne le croyais au départ, sans doute plus près de la soixantaine, le visage fortement buriné et les traits tirés, avec un je ne sais quoi d’inflexible dans le regard.

— D’où venez-vous jeune homme ? Vous êtes ici dans une propriété privée.

C’est bien ma veine… Ce coin perdu en pleine nature et c’est privé, on aura tout vu !

— Euh… Je m’excuse, je ne savais pas…

Toujours avec la même voix cassante :

— Avant de vous baigner, vous auriez pu me demander.
— Je suis vraiment désolé Madame mais…
— Allez, n’en parlons plus, tenez-vous le pour dit. De toute façon je vous accorde mon autorisation, vous pouvez patauger tant que ça vous plaît.

Et la voici qui se lève et fait mine de s’en aller. Puis de se retourner :

— Ah si, quand vous aurez fini vos ablutions, passez donc me voir, ça me fera plaisir. J’habite sur l’autre versant. Là-bas, la maison juste derrière les arbres.

Et cette fois-ci de s’éclipser.

/—/

Je ne peux pas dire que la perspective de me retrouver face à face avec une vieille femme sévère m’enthousiasmait vraiment, je me demandais bien qu’est-ce que j’allais bien pouvoir lui raconter ! Mais bon, par politesse, il fallait bien souscrire.

Ainsi donc, à l’heure de l’apéro, je me pointe en short dans sa gentilhommière. Elle m’ouvre carrément en tenue de soirée, jupe et tailleur, chemisier divinement brodé, maquillée, pomponnée, le grand jeu quoi. J’ai vraiment l’air d’un con en baskets mais, désolé, j’avais oublié de mettre mon smoking dans mon sac à dos.

— Voyons, entrez donc, jeune homme.

Le cadre est cossu, un intérieur bourgeois, moellons, poutres apparentes, la grande classe, à me débecter !

— Asseyez-vous, je vous prie… Que désirez-vous prendre ? Vodka, coktail… Mon défunt mari adorait le bourbon, c’est sans doute ce qui l’a tué.
— Mais vous vivez toute seule ici, dans cette vallée ?
— C’était notre havre de paix, à Georges et à moi, et je ne voudrais pour rien au monde le quitter. Quand je serai vieille et impotente, on verra, mais en attendant, tant que je suis valide, je veux y rester.
— Mais vous n’avez pas peur des rôdeurs, des brigands, des malotrus ?
— Vous êtes le premier inconnu que je vois dans les parages depuis deux ans, il faut vraiment le vouloir pour s’en approcher… Sinon les gens du village viennent souvent me rendre visite, histoire de faire trempette. C’est vrai que c’est un coin agréable et reposant… Vous aimez Litz, Bramhs, Tchaïchovsky ?

Ca ma vieille, je n’en ai pas la moindre idée. Comment lui expliquer que j’aime les rocks bien grinçants, les musiques alternatives et les murs de guitares ! Est-ce que je lui demande moi de choisir entre PJ Harvey et Oasis ? Est-ce que je lui parle du « Prehistoric Futur » de Can ou des « Fondements bruitistes ». J’ai presque envie de lui répondre André Verchuren, rien que pour me marrer, mais après tout chacun à droit à son respect.

— Vous plairait-il de rester pour dîner ? Je ne prétends pas être bonne cuisinière mais du moins ça vous changerait de la broîte de corned-beef.
— C’est que, heu, dans cette tenue…
— Allons, jeune homme, je sais ce que c’est que le camping… Je suis chez moi, ce n’est pas pareil. Vraiment, ne faîtes pas de chichi, si vous voulez rester, ce sera avec grand plaisir, je vous trouve très sympathique.

Et voilà, j’accepte. Elle me propose de me doucher pendant qu’elle prépare le repas. La maison est luxueuse, d’excellente facture, excellentes prestations comme dirait le vendeur. Meublée avec un certain raffinement, aucune surcharge, pas de mauvais goût, un luxe tout en nuances, le charme discret de la bourgeoisie provinciale.
Elle a tenu à me prêter les habits de son ex-mari. Nous faisions à peu près la même taille semble-t’il. Elle a choisi un pantalon décontract’ et une veste de sport : Je me demande vraiment à quoi devait ressembler le reste de la garde-robe du malheureux défunt ! Toujours est-il que j’impression d’être un pingouin et de me dandiner sur la banquise…

La nourriture est exquise, elle a mis les petits plats dans les grands et a sorti une bonne bouteille, au bas mot une demi-brique dans un grand restaurant, le top des tops, il faudra que je revienne fracturer la cave !
Finalement nous devisons de choses et d’autres, elle adore la littérature, classique ça va de soit mais connaît également les grands romanciers ricains, les géants, ceux auprès desquels nous ne pourront jamais être que de pâles reflets. Plus étonnant, cette vieille taupe lit Bukowsky, étonifiant ! Puis elle m’entraîne sur la pente délicate des romanciers Sud-Américains. Comme ceux-là je ne les connais ni d’Eve ni d’Adam, je préfère accepter une autre petite cerise à l’eau de vie et l’écouter parler.

/—/

Il doit bien être une ou deux heures du matin, le temps a passé très vite… Lorsque dans le flot de la conversation j’entends cette révélation vraiment surprenante :

— … d’ailleurs à tout âge on a des envies, de moins en moins faciles à satisfaire. Et moi, à 60 ans j’ai toujours envie de faire l’amour avec un jeune homme beau, vigoureux et puissant. J’ai toujours envie qu’il me prenne sauvagement et qu’il me baise comme une pute…

C’est vrai que depuis un certain temps j’avais décroché et n’écoutais pas mais soudain, en l’entendant, j’ai relevé la tête pour m’apercevoir qu’elle me fixait avec des yeux étrangement pétillants… Qu’avait-elle dit ? Elle avait dit ça ? Merde, j’ai fait le calcul, j’aurais presque pu être son petit-fils. Or cette bourgeoise bon teint avait soudain envie qu’il se passe quelque chose entre nous… Je n’arrivais encore pas à y croire, je me pensais victime d’une hallucination. Réveille-toi Seb, tu n’es qu’un vaurien, pourquoi veux-tu qu’une femme BCBG s’intéresse à toi.
Sentant sans doute mon trouble et les doutes qui m’assaillaient, elle s’était soudain arrêtée de parler comme pour mesurer ses effets. Puis, consciente de sa force et de mes incertitudes :

— Vous me trouvez peut-être trop vieille pour vous, jeune homme ? Ou pas assez bien à votre goût ?

Je ne savais plus, je ne savais pas, je n’y avais même pas songé en fait. C’était une espèce de catastrophe naturelle qui s’abattait sur moi et je ne savais comment réagir ! Je voyais comme des lambeaux de ma vie se détacher de moi et me contentais d’observer passivement ce gâchis ! Ce n’est pas qu’elle m’intéressait ou qu’elle ne m’intéressait pas : C’est que je ne l’avais même pas envisagée comme objet sexuel ! Pour moi elle était asexuée et étrangère à ces choses là.

— Non, je ne vous trouve pas vieille, finis-je par dire avec une toute petite voix. Mais j’ai un peu de mal à….
— Du mal à imaginer qu’une femme comme moi puisse aimer le sexe. Mais une femme comme moi est tout à fait comme vous, de chair et de sang. Croyez-vous donc que je ne sois QUE guindée ? Ne suis-je donc qu’une image pour vous ? Ne pouvez-vous pas imaginer que moi-aussi je bouillonne ?
— Oh si bien sûr !
— Sur l’oreiller je suis au moins aussi vulgaire que tout ce que vous voudrez bien m’en montrer… On fait le pari ?

Quel curieux négoce que ce pari absurde ! Du genre tope là que je te montre que je suis au moins aussi salope que tout ce que tu as connu…

De là à se rapprocher de moi, à se toucher avec les mains, simples attouchements sporadiques mais déjà échange de chaleur. Je naviguais entre stress et désir, j’y vais, j’y vais pas, c’est son chemisier blanc qui m’a fait pencher du bon côté, qui m’a fait dire que oui, ses seins… J’avais envie d’elle, de la toucher… J’ai dégrafé un bouton lentement et j’ai glissé sur son corps chaud et provocant. Et il n’y avait dans la pièce plus aucune mamie mais simplement une femme qui avait envie, dont la poitrine brûlante battait au rythme de son cœur. Je l’ai enlacée et l’ai embrassée, nos langues se sont mêlées, on aurait presque dit une adolescente qui découvre l’amour, qui donne toutes ses aspirations dans cet abandon total que seuls les grands romantiques peuvent connaître.

Nous étions encore dans le salon, je l’ai basculée sur la banquette, prenant soin de dégrafer lentement son chemisier, de dévoiler ses formes, de me repaître de sa grâce. Mais la fièvre était plus forte, s’est emparée de nous, il a avait comme une urgence, l’envie frénétique de baiser, là tout de suite, sans plus attendre. Inutile d’être raisonnables, il serait toujours temps de l’être plus tard. Je lui ai tout arraché et, c’est ce qu’elle voulait, elle m’y encourageait, avant de plonger corps et âme sur son entrecuisse soigneusement épilée et déjà toute trempée.
Faire l’amour dans l’urgence, faire l’amour à perdre haleine, comme ça, vautrés sur le sofa, ses jambes posées sur mes épaules, ma bite profondément figée dans son intimé.

— Baise-moi, plante-toi bien à fond que je sente ta grosse pignole me labourer… J’aime que ta grosse pine bien dure me transperce… J’veux être ta chienne et que tu m’enfile par tous les trous…

Graveleuse à souhait, elle n’arrêtait plus de parler. Elle en connaissait vraiment un rayon sur les mots orduriers, j’avais rarement entendu ça de la bouche d’une gonzesse.

— J’veux que tu m’prennes dans toutes les pièces de la maison. J’veux sentir ta bite en moi, j’veux qu’elle me troue le cul, qu’elle me ramone comme une pute… comme la vieille vicieuse que je suis… et la grosse cochonne que j’ai toujours été.

Et là, dans la salle de bain méga-classe, devant les jeux de miroirs les plus surprenants, je lui trouais alternativement la chatte et le cul, en regardant ses petits nichons ramollis par les ans frétiller dans tous les sens… plus rien à voir avec la dame austère qui m’avait de prime abord accueilli !

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