Quoi de plus banal, me direz vous, qu’un homme rentrant chez lui et découvrant son épouse dans les bras ( enfin dans les bras..!! Façon de parler..!!) de son meilleur ami ?
Et pourtant….
Il était une fois, il y a quelques mois….
En ce début février, je me sens fiévreux, malade. La grippe sévit dans nos contrées et ma quarantaine bien tassée n’a pas résistée.
Notre fille unique a grandi, ses études l’occupent à l’étranger.
Ce soir, ma femme en rentrant de son bureau , me trouvera sur le canapé, moitié somnolant.
Pour une fois, je serai à la maison avant elle.
C’est vrai qu’elle me reproche souvent de ne pas être assez présent mais mon boulot est tellement chronophage.
J’arrive donc devant notre villa, impatient d’avaler une aspirine et de me reposer.
Tiens, c’est bizarre, sa voiture est là et celle de Marc , mon meilleur ami , est garée juste derrière la sienne.
Mon esprit embrumé a du mal à réagir. Sur le coup, je ne parviens même pas à échafauder une quelconque hypothèse. Et pourtant, elle devrait être à son travail et Marc n’a aucune raison d’être la, même s’il vient souvent nous rendre visite.
Comme d’habitude, je rentre par le garage qui jouxte l’habitation et c’est en débouchant dans le couloir qui dessert l’ensemble des pièces à vivre que le cauchemar commence.
De drôles de bruits, oh combien évocateurs, sortent de notre chambre par la porte entre ouverte.
Sur le moment , j’ai du mal à réaliser ce qu’ils peuvent être .
Soudain tout s’éclaire, une brusque montée d’adrénaline fait battre mon coeur à la chamade et déchirer le voile qui obscurcissait mon cerveau.
Non, ce n’est pas possible, pas elle, pas avec lui..!!
Entre deux gémissements, je peux distinctement entendre mon épouse, la sage, la chaste , la pudique Claire dire à son amant :
» oui, encore, plus fort, vas y, c’est bon , baise moi.
Et mon fidèle ami , Marc, lui répondre:
» t’aime ça , hein, cochonne, te faire défoncer par une grosse bite
» oui, j’adore ta queue dans ma chatte »
Sous le coup de l’émotion qui s’est emparée de moi, je ne sais trop comment réagir.
D’un naturel calme, pas belliqueux pour un sou, je n’ai pas envie d’intervenir violemment, de faire irruption en criant, vitupérant , vociférant. C’est plutôt une grande émotion, une tristesse infinie qui s’empare de moi en me sachant trahi.
Je vais faire demi tour quand, une curiosité malsaine et un brin masochiste je l’avoue, me pousse à jeter un oeil par l’ouverture entrebâillée.
Sur le lit conjugal, mon épouse, à quatre pattes, se fait entreprendre par son ami qui, les mains posées sur ses hanches, la besogne allègrement.
Tout juste vêtue de bas auto fixants, elle est plus impudique que si elle était totalement nue.
Je peux voir les seins de ma femme balloter au rythme des coups de boutoir de Marc dont le visage rougi par l’effort, reflète une bestialité que je ne lui connaissais pas.
Le sexe imposant, plus que le mien d’ailleurs, de l’homme va et vient dans l’intimité de sa maîtresse qui semble prendre un plaisir non dissimulé à ce coït illégitime.
Les yeux fermés, la bouche entre ouverte, elle grimace légèrement quand elle se sent pleinement investie. Son Rimmel a coulé sur ses joues rosies.
Je remarque au passage que nulle protection ne recouvre le membre qui ressort parfois des chairs offertes, couvert de sécrétions révélatrices.
Ca et là, éparpillés sur le lit, les jouets coquins dont nous nous servons quelque fois lors de nos ébats, semblent me narguer. Je les croyais réservés à notre intimité, un autre que moi s’en est servi.
Comme hypnotisé, je ne peux détacher mon regard de cette scène dont nulle tendresse, nul érotisme ne ressortent.
Mon adorable Claire avec ses formes généreuses, sa blondeur naturelle est entrain de baiser, et c’est le terme parfait pour qualifier ce que je vois, avec Marc, son mètre quatre vingt et sa musculature entretenue.
Le rythme de l’homme ne faiblit pas, ma compagne l’encourage en poussant de longs gémissements qui, je le sais, révèlent chez elle un état d’excitation qui va bientôt l’amener à une forte jouissance
Reprenant peu à peu conscience, je me décide enfin à me retirer doucement, pour réfléchir calmement.
C’est alors que j’entends des mots qui me glacent et font monter en moi une vague de colère et de dégout :
» je te baise mieux que ton mari , hein ?
Oh oui ! Tu me fais jouir comme jamais !
Mon sang bouillonne, ses paroles me frappent en plein dans un amour propre que je tentais d’étouffer.
Plein d’une froide colère, je pousse alors la porte je leur lance un » Surtout ne vous gênez pas pour moi ! » Qui fait beugler un cri d’effroi à la gourgandine et un » Merde » tonitruant à son amant.
Un bref instant nous nous retrouvons en pleine scène d’un mauvais Feydau, la légèreté en moins.
Marc devient écarlate et son sexe redevant flasque sort de celui de ma femme.
Claire a la bouche bée, les yeux écarquillés d’une personne surprise en mauvaise posture.
Quant à moi, mon regard passe de l’un à l’autre , comme pour m’imprégner davantage de mon infortune.
Les secondes passent, le silence n’est interrompu que par le chant de la comtoise sonnant les quatre coups d’une heure pleine dont je me souviendrai longtemps.
Et je fais demi tour.
Claire me lance un :
» Pierre, attend, laisse moi t’expliquer » qui ne trouve aucun écho.
M’expliquer quoi ? Que je suis cocu ? Merci, j’avais remarqué. A quoi bon se lancer dans des explications inutiles, autant s’éviter une scène pénible .
Aujourd’hui encore, je ne peux mettre des mots sur ce que j’ai ressenti à cet instant précis.
La tension est retombée, la fièvre a repris le dessus et c’est un automate qui, mécaniquement, rejoint sa voiture.
Le monde s’écroule. Non, Mon monde s’écroule.
Une immense lassitude s’empare de moi, l’impression que tout ce à quoi je croyais n était qu’artifices et faux semblants.
Mes yeux s’embuent. Désabusé, la tête basse, je n’ai qu’une hâte, me retrouver seul dans ma voiture.
J’enclenche la première et c’est en spectateur que je me vois rouler vers la ville.
Pas un mot n’a accompagné ma retraite, pas une supplique n’est sortie de la bouche infidèle, pas un bredouillement n’a balbutié le faux ami.
Un bar, enfin…
J’ai du oublier mon portefeuille à l’agence, quelques billets traînent au fond de mes poches.
Je m’attable devant un whisky, double, sec, les yeux dans le vague, les bleus à l’âme, bien décidé à boire jusqu’à que l’ivresse me fasse tout oublier.
Le serveur remarque ma pâleur et me demande si tout va bien.
D’un sourire triste je le rassure en invoquant une fatigue passagère.
C’est un somnambule qui porte le verre à la bouche pour avaler une gorgée qui m’arrache le gosier.
Mon malaise est grandissant et, soudain, une douleur intense dans la poitrine me fait me lever en titubant pour m’écrouler violemment sur la table dans un fracas de verre brisé.
Je reprends connaissance au moment ou les secours arrivent.
Un médecin m’examine longuement, me questionnant doucement pour en arriver à diagnostiquer :
» Petite alerte cardiaque compliquée par une mauvaise grippe. On vous hospitalise quelques jours le temps de vous remettre et de faire quelques examen complémentaires. Ne vous en faites pas, ce n’est pas bien grave. Qui doit on prévenir ?
Est ce que je vais mourir ?
Oui, comme moi, mais pas dans les prochains jours, rassurez vous
Alors tant que je ne suis pas mort, il n’y a personne à prévenir.
Vous êtes sur ?
Certain
Comme vous voudrez , Monsieur ..?
Dupond , avec un D, Jean
Votre téléphone n’arrête pas pas de sonner Mr Dupond, une certaine Claire
Voudriez vous bien me le passer s’il vous plaît ?
Et je l’éteins…
Cela fait une semaine que je suis à l’hôpital.
Je me sens bien mieux, physiquement du moins.!
Seul Claude, mon ami et associé vient me rendre visite. Normal, lui seul sait que je suis là et ce qui est arrivé. Je l’ai appelé le surlendemain de mon admission. Il a d’abord commencé par m’enguirlander avant que je ne lui raconte, pas en détail tout de même, ma triste découverte.
Son soutien est sans faille et il sait toujours trouver les mots qui sonnent juste pour me réconforter.
Les infirmières, pas toutes jolies et pas toutes sympathiques s’étonnent de l’entendre m’appeler Pierre . Cela rajoute du mystère à ma présence.
L’une d’entre elles est particulièrement agréable. Souriante, avenante, elle arrive à m’arracher un sourire quand elle rentre dans la chambre.
Son physique aussi ne manque pas de charme. On ne peut pas dire qu’elle soit d’une beauté à couper le souffle mais une grâce certaine se dégage d’elle.
Brune, la peau mate, les yeux brillant, elle rit de bon coeur découvrant des dents ivoirines parfaitement rangées.
Ses cheveux frisés sont rattachés en chignon et des mèches rebelles s’en échappent donnant une touche insoumise à une tenue qui se voudrait lisse.
Le fantasme de la soignante nue sous sa blouse n’est certainement pas étranger au fait que je puisse rêver, quelquefois, d’une aventure torride entre nous.
J’imagine alors, qu’un soir, les couloirs ayant été désertés de leur va et vient diurnes, elle rentrerait dans ma chambre et que là, lascivement , elle déferait un à un les boutons de sa blouse immaculée.
M’offrant le spectacle d’un strip tease langoureusement calculé, elle m’apparaitrait totalement nue, impudiquement désirable.
Elle s’approcherait alors de moi et prendrait ma main tremblante qu’elle poserait sur sa poitrine avant de la guider vers son ventre plat et son pubis glabre tout en me fixant de ses yeux brulants d’excitation.
Elle laisserait mes doigts écarter ses contours intimes pour atteindre son bouton, m’inciter à le titiller, tâter sa moiteur.
Puis d’un geste assuré, elle ferait glisser les draps, dévoilant mon sexe déjà en érection, tendu à l’extrême, impatient.
Sa tête, sans hésitation, se pencherait vers mon entre jambe et je sentirai sa bouche gober mon membre en une délicate fellation.
Pendant quelques minutes d’une délicieuse torture, sa langue prendrait soin de ma hampe et de mon gland gonflé m’arrachant des soupirs de félicité.
Puis , devinant mon plaisir monter, elle s’agenouillerait sur moi et ferait pénétrer mon outil raidi dans sa chatte humide qui n’attendrait que cette douce caresse.
Ses yeux rencontreraient les miens et ils s’aimeraient avant que le bonheur ne les lui close.
En quelques minutes son orgasme arriverait , entraînant le mien, mêlant nos râles étouffés.
Et enfin, souriante, émue elle poserait ses lèvres sur les miennes en me souhaitant une bonne nuit.
Hélas….
Ces pensées sont les seules qui parviennent à égayer un tant soit peu ma tristesse.
Seul, j’ai le temps de ruminer ma déception et de faire un point sur ma vie et sur mon avenir.
Jamais je n’aurai imaginé que Claire puisse me tromper.
Notre vie était calme, certes, mais je la pensais satisfaisante. Nos relations sexuelles, mêmes si elles s’étaient espacées , demeuraient fréquentes et je pouvais sentir qu’elle ne feignait pas le plaisir qu’elle ressentait.
Durant nos étreintes nous évoquions une tierce personne, par jeu, pour faire monter l’excitation mais je ne la pensais pas ouverte à ce genre de divertissements.
De mon côté, jamais je n’avais eu de relations hors mariage.
Oh bien sur , j’y avais songé, j’en avais eu envie, j’avais eu des occasions de me montrer infidèle.
Une de mes clientes, il n’y a pas si longtemps, m’avait demandé lui rendre visite.
Nous avions pris rendez vous pour une fin d’après midi, chez elle avait elle insisté, pour faire le point sur ses contrats.
Madame M.. était veuve, encore jeune et tout à fait désirable.
Elle m’avait reçu en robe légère qui laissait deviner ses atouts appétissants sous des dessous blancs.
Il faisait chaud en ce début juin et j’avais mis sa tenue sur le compte de la température estivale.
Plusieurs fois, j’avais senti ses genoux frôler les miens et je m’étais alors écarté pensant naïvement que je prenais trop de place sous la table.
Elle s’était absentée pour revenir, souriante, envoutante, totalement nue sous sa robe presque transparente.
C’est alors , et alors seulement , que j’avais compris que Virginie M.. désirait bien plus que connaître le montant de ses avoirs.
J’avoue avoir été à deux doigts de céder aux désirs de cette séduisante créature.
Je n’avais été sauvé que par un appel de Claire qui, me rappelant un dîner prévu ce soir là, avait fait chuter ma tension et reprendre mes esprits.
La belle cliente en avait était fort dépitée et elle m’avait fait promettre de revenir la voir prochainement, promesse que j’ai eu du mal à ne pas tenir.
Bref ,j’aimais ma femme et je ne voulais pas la trahir.
Alors pourquoi m’avait elle trompé avec Marc ? Depuis quand? Avait il été le seul à profiter de son corps ?
J’en arrivais à me demander si je la connaissais aussi bien que je le croyais. Apparemment non.
Jamais je n’avais deviné en elle la dévergondée que j’avais surpris.
Mille questions tournaient dans mon cerveau.
Un matin, le cardiologue est passé faire sa visite
» Vous sortez demain Monsieur Perron. Tout va bien, je vous conseille juste de vous ménager et de prendre un peu plus de temps pour vous.Pourquoi nous avoir donné une fausse identité ?
Pardon Doc, je voulais juste qu’on m’oublie
Des soucis ?
Problèmes de coeur »
Ca le fait rire..
Moi aussi, et ça fait du bien.
Et puis je réalise.
M…! je vais aller ou en sortant ? La pause est finie, il va bien falloir que je réorganise mon existence, trouver un appartement, refaire ma vie comme dit le poncif.
Le côté matériel au moins ne m’inquiète pas, j’ai de la chance d’avoir un métier qui me laisse à l’abri du besoin, non ce n’est pas ça qui me préoccupe, c’est le fait de le retrouver seul et ses contraintes au quotidien. On efface pas 20 ans de vie de couple d’un seul coup de baguette magique.
Claude est venu me récupérer à la sortie de l’hôpital.
Il m’a raconté sa semaine, les appels de Claire lui disant que nous nous étions » disputés » et lui demandant si il savait ou j’étais, ne croyant pas en ses réponses, la visite de la gendarmerie, à qui il a bien fallu qu’il explique la situation….
» On fait quoi maintenant ?
J’en sais rien, pose moi dans un hôtel
Tu viens chez nous quelques jours, après on avisera
Je ne vais pas déranger Marie ?
Non, tu penses , elle est au courant. C’est elle qui m’a proposé de t’en parler. Elle est très en colère contre eux, surtout contre elle d’ailleurs..
Tu peux me rendre un autre service?
Ce que tu veux
Tu téléphones à Claire et tu lui dis que je vais bien mais que je ne veux pas la voir.
T’es sur ?
Oui, pour l’instant je n’ai pas franchement envie d’une confrontation.
Ok
Ce que j’aime chez lui c’est qu’il ne pose jamais de questions inutiles. Il est direct, sans fioritures, je sais que je peux compter sur lui.
Il prend son portable
» allo Claire ? Oui c’est Claude. Pierre est avec moi. Oui, il va bien . Non tu ne peux pas lui parler.
Et il raccroche.
Ajouter un commentaire