Auteur : Jeanpas
Je m’appelle Jean. J’ai cinquante-six ans et je suis marié à Rose, avec qui je vis depuis 1981. Autant dire que nous avons vécu l’essentiel de notre vie d’adultes ensemble. Nous sommes tous les deux très fusionnels et nous n’avons jamais senti le besoin d’aller chercher ailleurs.
Nous avons trois enfants, deux garçons et une fille dont les âges s’échelonnent entre vingt et un et vingt-huit ans. Ils ont quitté la maison, l’aîné travaille à l’étranger, les deux autres suivent des études longues dans d’autres villes. J’ai bossé longtemps dans la pub, mais il y a deux ans, la boîte qui m’employait a fermé ses portes. J’ai choisi de changer de branche et de suivre une formation de menuisier. Depuis, j’ai passé un CAP et je travaille en intérim pour prendre de l’expérience dans mon nouveau métier.
Depuis quelques semaines, j’ai trouvé une entreprise qui m’a embauché dans le cadre d’un emploi en CDD. J’interviens sur des chantiers de construction de logements neufs pour installer les ouvertures, portes et fenêtres, autant extérieures qu’intérieures. L’équipe est réduite, nous ne sommes que trois et le travail est intensif. Le chef de travaux, Marc a le même âge que moi. L’autre ouvrier, Bernard, est plus jeune, peut-être trente-cinq ans. J’apprécie de travailler avec eux, ils sont sympas et impliqués dans le boulot.
Il est d’usage de prendre un pot le vendredi à la débauche pour fêter la fin de la semaine. C’est pour ça que, de temps en temps, Marc et moi, on va faire quelques courses dans une grande surface voisine. Un jeudi, nous sommes tombés nez à nez avec mon épouse accompagnée d’une de ses amies, je leur ai présenté mon collègue. J’ai remarqué qu’il semblait très intéressé par Rose, mais comme je venais de lui dire que c’était ma femme, je ne pensais pas qu’il puisse se faire des idées sur son compte.
Le lendemain, il m’a quand même demandé si j’avais les coordonnés de la copine que nous avions rencontrée au Carrefour. J’ai d’abord cru qu’il parlait de l’amie de Rose, avec qui elle faisait ses courses, mais de fil en aiguille, j’ai compris qu’il parlait bien de Rose elle-même, qu’il n’avait pas compris que c’était mon épouse et qu’elle lui avait beaucoup plu. Il m’a demandé son téléphone, ce qui m’a bien amusé et m’a donné envie de lui faire une blague. Je lui ai donné le numéro de Rose, imaginant sa tête lorsqu’il comprendrait qu’elle était ma femme.
Le soir même, j’en parlais à mon épouse, en lui expliquant le quiproquo et la surprise qu’il aurait quand il l’appellerait. Elle me reprocha un manque de respect vis-à-vis non seulement de Marc, mais aussi d’elle. Après avoir pris conscience du côté malsain de la blague, je lui ai présenté mes excuses et lui ai promis d’en parler à Marc dès le lendemain. Oui, mais suite à un gros problème avec l’élévateur qui nous permet de monter les portes par l’extérieur, notre journée a été complètement chamboulée et j’ai totalement oublié ma promesse.
La vie a continué, le printemps s’approchait et le beau temps nous faisait du bien à tous. J’ai été surpris que Marc quitte le chantier le plus vite possible presque tous les jours. On n’avait quasiment plus l’occasion de prendre notre pot de fin de semaine ! Je le trouvais plus joyeux, presque rayonnant. Je lui ai posé quelques questions, mais il restait évasif et ne nous disait rien de ses activités.
Lorsque je rentrais à la maison, Rose était rarement là. Depuis une dizaine d’années, elle n’a plus d’activité professionnelle, mais une myriade d’occupations, avec ses copines ou dans une association pour laquelle elle est bénévole. Je trouvais quand même que depuis quelque temps, elle rentrait de plus en plus tard. Je lui en fis le reproche un soir ou elle rentrait alors qu’il était huit heures passées.
Elle ne me répondit pas vraiment, partit prendre sa douche pendant que je préparais le dîner.
Quand elle est revenue, je la sentais plongée dans ses réflexions et même carrément absente. Nous avons mangé rapidement et au moment où j’allais allumer la télé pour voir le programme, elle est venue se mettre devant moi et m’a dit :
— Jean, il faut qu’on parle. Ou du moins, il faut que je te parle.
— Oh, là tu m’inquiètes, qu’est-ce qui se passe ?
— Le mois dernier, tu as fait une blague idiote à Marc, ton collègue de chantier. Tu devais lui expliquer et je sais que tu ne l’as pas fait. En fait, Marc m’a appelé et m’a proposé de prendre un pot tous les deux en ville. En discutant, il m’a dit que c’était toi, mon soi-disant « pote », qui lui avais donné mon numéro. J’étais en colère après toi, tu m’avais promis de lui en parler et tu ne l’avais pas fait. Maintenant, ça retombait sur mes épaules et c’est moi qui devais me taper de lui apprendre que tu t’étais foutu de lui ! Sur un mouvement de mauvaise humeur, j’ai accepté son invitation et nous nous sommes retrouvés à la Coupole pour discuter un peu. Il s’est montré d’une gentillesse et d’une drôlerie qui m’ont désarmée. Je n’ai pas eu le courage de lui dire que j’étais ta femme. Lui m’a raconté sa vie, la perte de son épouse, le travail, les amis. Il m’a raconté deux ou trois bourdes de chantier où tu n’es pas toujours à ton avantage. On s’est retrouvés comme ça depuis près d’un mois et c’était très agréable.
Sauf que la semaine dernière, en se promenant, on a pris une averse brutale qui nous a trempés jusqu’aux os. Comme il habite juste à côté, je l’ai suivi chez lui pour me sécher la tête et si possible mettre mon pantalon et mon pull dans son sèche-linge.
Il avait une idée derrière la tête, bien sûr, et je m’en doutais bien, mais j’étais sûre de ne prendre aucun risque. Il a été gentil, prévenant, puis pressant et je me suis rendu compte qu’il me plaisait. J’ai fait l’amour avec lui. Il a su me faire tout oublier. Pourtant, le véritable problème c’est que je crois qu’il est amoureux de moi et aujourd’hui, il m’a demandé de venir vivre avec lui.
Rose semblait prête à se mettre à pleurer. Elle serrait ses bras croisés devant elle et semblait toute recroquevillée. Moi, j’étais foudroyé, le ciel venait de me tomber sur la tête, toutes mes pensées s’entrechoquaient sans que j’arrive à y mettre de l’ordre. J’avais compris qu’elle m’avait trompé, mais qu’elle trouvait que ce n’était pas le plus important. Donc, elle semblait envisager de me quitter pour aller vivre avec lui ?
— Est-ce que tu l’aimes ? Et moi, qu’est-ce que je suis dans tout ça ? Tu veux me quitter ?
— Non, je t’aime. Je veux vivre avec toi, mais je crois que je l’aime aussi. Tu m’as demandé plusieurs fois si je voulais faire participer un autre homme à nos plaisirs sexuels et j’ai toujours refusé, je t’ai même menacé de tout arrêter si tu insistais. En fait, aujourd’hui je sais que je peux coucher avec un autre homme que toi, il faut juste que j’en sois amoureuse. Maintenant, ma connerie est infiniment plus grave que ta blague, je ne sais plus comment m’en sortir.
Nous avons toujours été très traditionnels dans notre manière de faire l’amour. Nous préférons en général être dans un lit, par confort et nous aimons pratiquer différentes positions. Pourtant, même si nous passons pas mal de temps en préliminaires, elle n’aime pas trop la fellation et ne veut pas entendre parler de sodomie. Très classiques, mais très bon !
J’ai été le premier amant de Rose et le seul depuis tout ce temps. Moi, j’avais eu une copine très jeune et notre relation s’était fracassée brutalement quand on s’est retrouvés en fac, je crois que cette jeune fille avait évolué et qu’elle s’était rendu compte qu’elle ne m’aimait pas autant que moi je l’aimais. Quand on a quitté le domicile parental pour aller à la fac, on s’est installés ensemble et je pense que c’est là qu’elle a commencé à trouver notre relation étouffante. Mais, sûrement par maladresse due à sa jeunesse, elle m’a quitté dans des conditions dévastatrices pour moi.
Je me suis vengé ensuite sur les femmes que j’ai rencontrées et que j’ai collectionnées pendant deux ans. J’ai eu énormément d’aventures à cette époque, sans envie d’en approfondir une, jusqu’à ce que je rencontre une autre jeune femme dont je suis tombé fou amoureux. Plus rien d’autre n’a compté et elle m’a aimé aussi, c’était Rose.
Elle était vierge et c’est vrai que je me suis surpris, bien des années après notre rencontre, a avoir le fantasme de lui faire rencontrer d’autres partenaires que moi. Qu’elle fasse d’autres expériences, mais jamais sans que je ne sois présent ! Après tout, nous faisions toujours tout ensemble ! Elle a effectivement toujours refusé.
— Il faut que j’arrive à réfléchir. Finalement, ce n’est pas agréable de savoir que tu as couché avec un autre homme. As-tu eu plus de plaisir qu’avec moi ?
Rose n’arrivait plus à se retenir de pleurer.
— Viens t’asseoir, calme-toi. On va réfléchir ensemble à cette histoire et au moyen d’en sortir. Tu l’aimes. Mais tu veux rester vivre avec moi ? Il faut que nous lui expliquions les choses comme elles sont. Ça va être dur au chantier, mais il ne faut pas qu’il se fasse d’illusions, ou qu’il décide de te conquérir en m’évinçant ! Quelle histoire de fou. Te sens-tu capable de lui parler ou préfères-tu qu’on le voie tous les deux ? Au fait, tu m’as dit que vous aviez couché ensemble la semaine dernière, mais depuis ? Ce soir, tu es rentrée tard, tu étais avec lui ?
Rose se calmait doucement.
— Je ne veux pas lui faire de mal, il faut trouver un moyen pour qu’il ne soit pas blessé. Il en a déjà tellement bavé, dans sa vie. Oui, aujourd’hui, on était ensemble. En fait, presque tous les jours depuis mardi de la semaine dernière, on s’est retrouvés chez lui. Ce soir, ça a été explosif, j’ai complètement oublié l’heure et c’est pour ça que je suis rentrée si tard.
— Explosif ! Je ne comprends pas bien, avant de me connaître, tu n’avais jamais eu de relations sexuelles, tu m’as dit que jamais tu n’avais connu d’autre homme que moi ? Et là, avec un gars que tu connais depuis un mois, l’amour devient explosif ? Mais qu’est ce qu’il te fait de plus que moi ? Il est mieux monté que moi ? Il te caresse mieux ? Il est plus doux ? Plus brutal ? Explique-toi, merde !
Je sentais que je m’énervais et que je perdais tout contrôle. Je parlais de plus en plus fort et je devenais agité. Elle posa sa main sur mon bras pour me calmer et tenta d’éluder les questions qui me taraudaient.
— Jean, il faut réfléchir à un moyen de sortir de cette situation. Je ne veux pas vivre avec lui, c’est toi mon mari, je t’aime et je te demande de me pardonner. Je veux arrêter de coucher avec lui, mais je voudrais éviter de lui faire du mal.
— Je suis incapable de réfléchir lucidement à tout ça. J’ai besoin de boire quelque chose de fort, tu en veux aussi ?
On a pris un cognac en essayant de trouver une solution, mais Marc risquait de prendre mal nos tentatives d’explications et nous ne savions plus comment tourner les choses. Il fallait lui faire comprendre que Rose l’aimait, mais qu’elle ne voulait pas vivre avec lui et que son homme, c’était moi.
Nous avons fini par nous coucher. Mon esprit bouillonnait à l’idée que la femme allongée près de moi se tordait de plaisir dans les bras d’un autre homme quelques heures avant ! Je ne comprenais pas pourquoi cette idée me faisait bander comme un cerf. Je me suis tourné vers Rose et je l’ai prise dans mes bras. Elle a senti mon érection et a d’abord eu un mouvement de recul.
— Tu crois vraiment que c’est le moment ? Je suis un peu déboussolée là, tu ne veux pas attendre demain ?
— C’est vrai qu’aujourd’hui, tu as déjà beaucoup donné… Non, je suis désolé, c’est assez minable comme réflexion. Je ne sais plus ou j’en suis. C’est bizarre, il n’y a pas si longtemps, j’aurais donné beaucoup pour que tu fasses l’amour avec d’autres hommes, toi qui n’avais connu que moi, mais je mesure maintenant la distance entre les fantasmes et la réalité. En fait, je suis content pour toi, tu as pu te rendre compte que tous les hommes ne sont pas les mêmes. Dis-moi, comment c’est, l’amour avec Marc ?
— Je t’en prie, tu te rends compte de ce que tu demandes ? Tu veux quoi, un comparatif exhaustif entre vos caresses, vos préférences, la taille de vos bites peut-être ? Je suis fatiguée de tout ça. Laisse-moi dormir s’il te plaît.
J’ai passé une nuit horrible et je pense que Rose n’a pas beaucoup dormi non plus. Par chance, c’était le week-end et pas de travail ni de retrouvailles désagréables avec Marc. Par contre, il fallait aller au bout des choses et trouver une solution possible.
— Tu n’as jamais dit à Marc que tu es mariée ?
— Non, j’ai toujours éludé lorsqu’il m’a questionnée sur ma situation. Il ne connaît pas mon adresse, il n’a que mon téléphone.
— Quand est prévu votre prochain rendez-vous ?
— Lundi en fin d’après-midi. J’ai refusé tout contact pendant les week-ends.
— Tu pourrais lui dire que tu es mariée, que tu as beaucoup réfléchi et que tu ne veux pas quitter ton mari. Explique-lui que la situation a dérapé et que tu ne souhaites pas continuer à mentir à l’un comme à l’autre.
— Mais oui, c’est la seule chose à faire ! J’espère qu’il va bien le prendre, je m’en veux de lui faire du mal. Je vais faire comme ça, lui donner rendez-vous à la Coupole, pas chez lui, je serai plus à l’aise s’il y a du monde autour de nous. Mince, je commence à me sentir un peu soulagée, ça doit marcher.
— En attendant, tu veux faire quoi, ce week-end ?
On est allés à la mer. Il faisait beau, nos enfants nous ont rejoints et nous avons bien déconnecté de tous nos problèmes. Le lundi, on était un peu stressés. Moi, d’aller bosser avec Marc, Rose de l’appeler pour leur rendez-vous.
La journée de chantier a été animée, nous n’avons pas eu le temps de traîner, sauf que j’ai regardé plus attentivement Marc en me demandant ce qui avait pu séduire mon épouse chez ce type-là. C’est vrai que c’est un bel homme, moins grand que moi, je mesure plus d’un mètre quatre-vingt, mais plus costaud. C’est un manuel, il a des mains comme des battoirs et un sourire sympa comme tout. Yeux bleus et cheveux châtain, comme moi, il n’a pas un poil de gras, il porte bien sa cinquantaine largement entamée. C’est vrai qu’en plus il est d’une grande gentillesse, toujours prêt à donner le coup de main, bref un gars qu’on ne peut pas détester.
Le soir, je suis rentré le premier à la maison et j’ai attendu Rose avec inquiétude. J’avais peur qu’elle retombe sous son charme et que notre couple en fasse les frais. J’ai eu un coup au cœur quand elle est arrivée, car elle avait le visage fermé, un air sombre et j’ai craint le pire pour nous deux. Je l’ai accueillie avec un sourire et je l’ai laissée s’installer. Je voulais essayer d’être calme et à son écoute.
— Comment ça s’est passé ?
— Pas très bien, il ne veut pas croire que je ne veuille plus le voir. Il est désespéré, il est prêt à me laisser vivre avec mon mari, mais il veut rester mon amant. Il m’aime et ne veut pas rompre et me perdre.
Je vois ses lèvres s’affoler, elle va pleurer.
— Et puis je l’aime aussi. Ça fait mal. Je suis désolée de te dire ça. Je ne te quitterai pas, mon amour pour toi est plus profond et plus solide, mais j’en bave quand même.
— Viens manger, on va penser à tout ça tranquillement.
Nous avons beaucoup discuté, elle m’a rassuré sur nous, notre couple et l’amour qu’elle me porte. Le soir, dans notre lit, serrés l’un contre l’autre, je lui ai posé la question qui me perturbait depuis le début de soirée.
— Si tu continuais à le voir, est-ce que tu ne risquerais pas de finir par l’aimer plus que moi et de vouloir me quitter pour lui ?
— Tu sais, Jean, je ne l’aime pas comme je t’aime toi. Je suis heureuse que tu ne veuilles pas me quitter après ce que j’ai fait. Finalement, toi tu as juste fait une mauvaise blague, mais moi j’ai couché avec lui. C’est quand même vachement plus impliquant !
— Comment je pourrais être sûr que notre couple ne risque rien si je te laissais continuer à le voir ?
— Quoi ? Tu te rends compte de ce que tu dis ? Tu parles de m’autoriser à te tromper ?
— Tu ne me tromperais pas, puisque je serais d’accord. Ce qui me retient, c’est l’avenir, la peur de te perdre. Je t’aime plus que tout au monde, je suis même prêt à te partager avec Marc si ça te fait trop souffrir de ne plus le voir. Je ne veux pas que tu sois malheureuse.
— Je suis bluffée. Jamais je n’aurais imaginé… Mais de toute façon, à part l’amour que j’ai pour toi, je ne peux donner aucune garantie sur notre vie future. Je t’aime, c’est tout.
Elle tremblait dans mes bras, collée dos à moi de tout son long et dans la pénombre de notre chambre, je distinguai la courbe de son cou sur lequel je posai mes lèvres.
— Je te fais confiance. Va chez lui de temps en temps, pas trop souvent s’il te plaît, mais reviens-moi toujours. Je serai toujours là pour toi, je t’attendrai.
Elle se détacha de moi en faisant un saut de carpe, elle pleurait et riait en même temps, se jeta sur moi et m’embrassa avec un enthousiasme incroyable. Je sentis sa langue violer ma bouche, avec un goût de larmes et de salive que j’ai adoré.
— Tu es un homme fantastique. Je t’aime et tu me rends heureuse.
— Tu te rends compte que ton attitude m’inquiète un peu ? Tu es si contente de pouvoir le retrouver ? Je ne te suffisais vraiment plus ?
— Mon chéri, avant de connaître Marc, tu me suffisais tout à fait. Le problème, c’est que j’ai eu un coup de cœur pour lui et ça aurait été très dur de ne plus le voir. Oh, comme je suis heureuse ! Merci mon amour.
— Maintenant qu’on est d’accord, je veux savoir comment s’est passé votre première fois et pourquoi tu ne m’en as pas parlé tout de suite ?
Rose se rallongea sur le côté contre mon flanc. Elle posa sa tête sur mon épaule.
— Je n’ai pas osé. J’ai manqué de confiance, j’étais déboussolée. En plus, ça ne s’était pas vraiment bien passé et je voulais récupérer un peu.
— Pas bien passé, comment ça ?
— Eh bien, il a été charmant, vraiment. Après l’averse qu’on avait reçue en ville, on était trempés comme des soupes. En arrivant chez lui, on s’est déshabillés et on s’est retrouvés en sous-vêtements tous les deux. J’étais gênée, je n’ai plus mon corps de vingt ans et même avec la gym qu’on fait ensemble et les joggings, j’ai toujours un peu de ventre que je n’arrive jamais à perdre. En plus, j’ai quand même quelques rides qui me complexent depuis longtemps. Lui est vraiment baraqué, torse nu, il ne fait pas son âge.
Il a mis mes fringues au sèche-linge et m’a donné une serviette pour mes cheveux. J’ai essayé de me couvrir avec, mais ça l’a fait rigoler et il a tenté de me détendre en plaisantant. Il m’a félicitée pour ma forme physique et mes formes. Ensuite, il a commencé à détailler mon cou, mes seins, mes jambes et moi je me sentais toute chose de le voir tourner autour de moi. Il est comme toi, il adore mes fesses. Quand il a été derrière moi, il a mis ses mains sur mes épaules et j’ai aimé les sentir sur moi. Il m’a embrassée dans le cou, ça m’a fait fondre de douceur et de délicatesse, puis il est revenu devant moi et il a pris ma bouche. J’ai complètement craqué, on était déjà presque nus, il m’a attirée vers le lit et m’a caressée comme un mort de faim. Le problème, c’est qu’avec ses grosses mains calleuses, il m’arrachait un peu la peau !
Ça s’est gâté quand il a voulu me prendre. Je crois qu’il n’avait pas beaucoup l’habitude des préliminaires, il a voulu me pénétrer rapidement. Le problème, c’est qu’il est très gros. Enfin son machin, sa bite, quoi. Quand il a voulu me l’enfiler, il m’a fait un mal de chien. J’ai dû le calmer et lui expliquer que j’avais besoin d’un peu plus d’excitation, sinon il allait me blesser. Ça a fini par passer, mais je ne peux pas dire que ça a été le grand pied.
Enfin, depuis on s’est revu cinq fois. J’ai eu mal les quatre premières fois, il est vraiment gros, son machin. J’ai essayé de lui apprendre à me lécher bien comme il faut et il a fait beaucoup de progrès, je mouille de mieux en mieux et hier, ça a été vraiment top. Il m’a demandé de le sucer, comme toi, mais je crois que j’ai découvert quelque chose sur ce plan-là. Il faut que j’essaye avec ta queue à toi. Quand j’ai pris la sienne dans ma bouche, j’ai eu le même dégoût que pour ton sexe et puis il a appuyé franchement derrière ma tête pour s’enfoncer. Comme il est très gros, il me remplissait complètement, c’est vrai pour la bouche comme pour la chatte, d’ailleurs. J’ai sucé d’instinct en aspirant plus fort et j’ai aimé la sensation de son engin coulissant dans ma bouche. Il a joui et j’ai aimé le recevoir et tout garder. Il faut qu’on essaie ensemble.
Rose semblait s’échauffer en parlant, je me demandai si elle se rendait compte de ce qu’elle me disait, ses descriptions devenaient plus précises et plus crues au fur et à mesure de son récit. Je n’en revenais pas, elle qui n’acceptait de me sucer que du bout des lèvres, vraiment pour me faire plaisir, a aimé son sexe dans sa bouche, l’a laissée jouir et a avalé sa semence ?
Ses paroles me faisaient mal et en même temps, je bandais de plus en plus fort. J’avais glissé ma main contre son corps, d’abord sur ses hanches, puis sur son aine. Ma main s’approchait doucement de son pubis et quand elle a parlé de sa manière de sucer Marc, mes doigts son entrés dans la moiteur de son sexe. Elle était déjà mouillée, mais avec mes caresses, elle s’est mise à couler sans arrêt. Sa voix se faisait moins régulière, plus saccadée.
— Hier, il m’a prise dans plein de positions différentes, j’ai adoré. Son sexe ne me faisait plus mal du tout, au contraire ! Je me suis sentie remplie avec une puissance folle, il est d’une résistance incroyable.
Deux doigts allaient et venaient de plus en plus fort dans sa chatte. Mon pouce frottait son clito.
— J’ai senti ma jouissance venir de loin, c’est monté progressivement et, alors que j’étais écrasée sur le lit et qu’il me pilonnait par-derrière, j’ai explosé de plaisir… Comme maintenant !
Elle se tordit sous mes doigts, cria et se mit à trembler de tout son corps. Elle s’accrochait à moi comme une naufragée. J’ai plaqué ma main sur son sexe et je l’ai laissée redescendre des sommets de son plaisir.
Rose a repris sa respiration, m’a souri et m’a remercié pour tout ce bonheur donné. Moi, je me demandai si sa jouissance était venue de mes caresses ou de l’évocation de sa partie de sexe avec Marc. J’ai fini par lui poser la question.
— C’est sûr que de t’en parler pendant que tu me doigtes, ça me fait décoller plus fort. J’ai l’impression de devenir perverse. Est-ce que tu en souffres ? On ne dirait pas, à voir comment tu bandes ! Dis-moi, tu veux que je ne t’en parle plus ?
— Je ne me rends pas encore compte. J’ai peur de payer cher ce plaisir qu’un autre te donne. Comment vas-tu encore m’aimer si ta jouissance dépend surtout de Marc ?
— Tu es fou ! Je t’aime depuis bientôt trente-cinq ans. Ne prends pas ça à la légère, c’est avec toi que je veux vivre. D’ailleurs je vais te montrer que la jouissance peut être aussi forte entre nous, viens.
C’est vrai que je bandais fort. Rose s’est emparée de ma queue et m’a fait une fellation comme je n’en avais jamais connue. J’ai recommencé à la caresser et j’ai fini par la prendre en levrette, puis en missionnaire, puis je ne sais même plus comment. On a tous les deux complètement disjoncté, joui comme des jeunes mariés, non, mieux ! On se connaît depuis si longtemps. J’ai retrouvé des ressources insoupçonnées qui m’ont permis de renaître deux fois et Rose ne s’est pas plainte que mon sexe soit moins gros ou moins long que celui de Marc.
Hébétés, nous sommes allongés sur le lit, les bras en croix, les jambes ouvertes. Nos têtes se tournent au même moment l’une vers l’autre. Nous puisons toute la tendresse du monde dans nos regards. J’aime cette femme, je suis sûr qu’elle m’aime aussi. Je l’embrasse doucement et nous plongeons dans le sommeil.
Rose a continué à voir Marc pendant un an et puis il est devenu très insistant pour qu’elle quitte son mari et s’installe avec lui. C’est lui qu’elle a quitté. L’échec de ses tentatives pour la convaincre le rendait méchant et cela a achevé de les séparer. Il n’a jamais su que c’était moi, le mari de Rose. De toute façon, à la fin du chantier j’ai quitté l’entreprise qui nous employait. C’était curieux pour moi de travailler avec lui sans qu’il sache que c’est avec ma femme qu’il couchait deux fois par semaine.
Il y a quelques jours, j’ai demandé à mon épouse si ça ne lui manquait pas de ne plus avoir d’amant. Elle m’a envoyé balader en disant que je ne comprenais vraiment rien à rien. C’est probablement vrai. À une époque, j’ai cru que je connaissais les femmes, compte tenu des expériences que j’ai eues avant Rose. Aujourd’hui je sais qu’il n’y en a pas deux pareilles.
Rose m’a toujours fait l’amour comme si j’étais le seul homme de sa vie. J’ai toujours douté d’être capable de lui donner autant de plaisir sexuel que Marc, il était plus fort, plus endurant et mieux monté que moi. Grâce à lui, elle s’est découvert un goût prononcé pour la fellation aboutie dont je profite depuis. En trente et quelques années de vie commune, nous avons vécu plusieurs crises qui nous ont quelquefois plus ou moins éloignés l’un de l’autre. Notre amour nous a toujours réunis.
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