Auteur : L’artiste
M’installant confortablement sur mon canapé, je positionne le PC sur mes genoux, pose mes pieds sur la table basse qui me fait front et place dangereusement mon verre de café juste à côté.
Rêvassant, je vapote un peu… arrêter le tabac n’est pas aisé. Une musique d’ambiance en fond sonore, je saisis mon café, en bois une petite gorgée, il est encore très chaud alors, je le repose. L’inspiration me venant peu à peu, je pianote quelques mots, quelques phrases et une introduction au fantasme que j’élabore prend doucement forme.
J’adore savoir Claire, ma princesse, la femme que j’aime, celle avec qui je partage mon existence et à qui je donne tout mon amour, dans d’autres bras. Cela fait quelques années déjà qu’elle fréquente occasionnellement d’autres hommes. Je l’ai tellement harcelée avec ça et j’ai tant expliqué mon désir d’être cocu, qu’elle a fini par, timidement, se laisser tenter et s’est décidée à fréquenter, de temps en temps, un de ses anciens amis devenu depuis un amant qu’elle ne voit qu’occasionnellement. Très rarement… effectivement, bien trop peu souvent à mon goût ! J’aimerais la savoir encore, bien plus libre et coquine, bien plus infidèle.
Donc forcément, une histoire candauliste sortie de mon imagination prend fatalement peu à peu forme lorsque la sonnerie me signalant l’arrivée d’un SMS résonne dans la pièce. Je tente de me saisir du smartphone, oups… mon café était à deux doigts de tomber, je le replace de façon plus sécurisée et ça y est, je m’empare enfin de l’appareil et ouvre le message entrant… il s’agit de Claire !
« Coucou, mon cocu ! Que fais-tu cet après-midi, mon cœur ? »
Il est rare que Claire trouve le temps d’envoyer des messages lorsqu’elle est au boulot. Son « cocu » m’interpelle, voire m’inquiète légèrement, mais le « mon cœur » me rassure malgré tout. Je m’empresse de lui répondre.
« Coucou ma puce, un problème ? »
« Absolument pas ! Je viens juste de recroiser mon client. Rappelle-toi…, le londonien qui me faisait des avances…
« Ah oui, je vois ! et alors ?
Claire travaille dans un hôtel chic du bord de mer. Elle m’avait déjà parlé de cet Anglais, ainsi que de la cour, très directe, que ce dernier lui avait faite, il n’y a que quelques mois, lors de son dernier séjour. Je l’avais alors incitée, puisqu’il était plutôt mignon, me disait-elle, de se laisser aller, mais indignée, elle s’était contentée de me répondre qu’elle ne mélangeait jamais plaisir et travail. « Il peut aller se rhabiller », avait-elle rajouté sèchement !
Un nouveau message entrant :
« Eh bien, il m’a donné le numéro de sa chambre en me faisant un sourire ravageur. Il m’a bien sûr invitée à le rejoindre. »
« Ah, cool ! Mais vu que tu es là à parler avec moi, je suppose que tu l’as une fois de plus remballé ? »
« Pas vraiment…
À la lecture de son dernier mot, un frisson me parcourt l’épiderme et mes pulsations cardiaques s’accélèrent.
« Comment ça, pas vraiment ? »
« Eh bien, il est vraiment charmant et ses manières de gentleman ne manquent pas d’attiser ma libido, alors j’hésite ! Je lui ai donc seulement dit que j’allais y réfléchir. »
« Mais tu ne bosses pas, là ? »
« J’ai un trou de deux heures dans mon planning et un autre qui me démange. Je ne reprends le taf qu’à 16 h, ça me laisse du temps devant moi ! Et puis, le faire poiroter un peu ne lui fait pas de mal… il ne s’agirait pas non plus qu’il s’imagine que je suis affamée ! »
« Tu comptes donc le rejoindre ? »
« C’est tentant, mais… »
« Mais quoi ma puce ? »
« Ben toi… je m’inquiète pour toi ! Es-tu bien conscient que si je commence à prendre l’habitude de m’accorder ainsi quelques extras, vu toutes les occasions que je pourrais avoir, tu n’as pas fini d’être cocu et les cornes ne sont pas toujours très faciles à porter. Es-tu sûr de bien l’accepter ? »
« Ne t’inquiète pas pour ça mon ange, je peux t’assurer que j’en serais ravi ! »
« Peut-être, mais je ne suis pas si angélique que cela… il faut quand même que je te dise… »
« Me dire quoi ? »
« Certes, je t’ai déjà trompé quelques fois, mais je n’ai encore jamais pris mon pied dans d’autres bras… »
« Oui… et alors ? »
« Alors, je t’assure pourtant que je croise plein d’hommes qui me plaisent et attisent ma libido. De plus, lors de mes rares infidélités, bien que je n’aie jamais joui, j’ai malgré tout éprouvé à chaque fois bien plus d’excitation que ce que je n’en ai maintenant avec toi. »
« Oui… et donc ? Où veux-tu en venir ? »
« Eh bien, je me dis que si je finis par me libérer totalement et que j’en viens à prendre mon pied…, tu risques fort d’en pâtir énormément. »
« Je t’assure que ce ne sera pas un problème, ma puce. Tant que tu me permettras de me branler en t’écoutant me narrer le plaisir que tu prendras, tout va bien ! »
« Es-tu sûr que c’est tout ce dont tu as besoin ? »
« En fait, non ! »
« Quoi non ? Qu’attendrais-tu en retour ? »
« Que tu me donnes, aussi, tes pieds à embrasser ! »
« Alors, OK ! »
« OK quoi ? »
« OK… je l’ai assez fait patienter ! »
« Hum… Amuse-toi bien, ma puce, je t’aime ! »
Aucune réponse ne m’est retournée. Quelles étranges sensations… Je stresse, j’angoisse, je transpire, un nœud se forme dans ma gorge, mon cœur bat la chamade et pourtant… ma queue est étriquée dans mon slip. Claire, ma femme, mon ange, mon amour est certainement en train de pénétrer dans la chambre de cet homme qu’elle ne connaît qu’à peine pour que ce dernier lui donne, à n’en pas douter, la réciproque. Elle va assurément se donner à lui et une pointe de jalousie me tiraille malgré tout. L’angoisse monte et pourtant… qu’est-ce que je suis excité !
Je repose mon téléphone à mes côtés, me « re » saisis du PC et tente de poursuivre l’écriture de l’histoire, du fantasme, qui m’animait il n’y a pas un quart d’heure. La réalité dépasse cette fois la fiction… je ne me rappelle plus du scénario qui germait dans mon esprit, j’efface les premières lignes.
Mon sexe, comprimé dans sa cachette commence à me faire mal… je déboutonne mon pantalon et libère la bête, qui se déploie tel un polichinelle sortant de sa boîte. Mes idées sont embrouillées. Une multitude de pensées impures parcourent mon esprit et comme le feraient des images subliminales, apparaissent en flash, puis disparaissent aussitôt pour laisser place à de nouvelles plus perverses encore que les dernières.
Un coup de téléphone me sort de mes rêveries : belle-maman ! Décidément, elle est toujours là au bon moment, je décroche malgré tout. Elle s’inquiète au sujet de l’organisation de l’anniversaire à venir de son petit-fils puis nous échangeons un instant sur tout et rien… Quelques nouvelles concernant la santé, la météo… enfin, elle raccroche ! Même ma belle-mère n’aura pas réussi à amoindrir la trique qui anime mon pénis surexcité, je fais tomber le futal et me rassois. Mince, mon café est froid !
Un coup d’œil à mon portable afin de surveiller l’heure… trois quarts d’heure se sont déjà écoulés depuis le dernier message de ma belle. Je me caresse doucement le sexe. Je ne le branle pas… non, je l’effleure tendrement dans l’unique but de peut-être, dissiper la jalousie et la peur qui m’habite. C’est ce que je voulais pourtant ? Mais pourquoi ? Quelles drôles de raisons font que je suis si angoissé ? Peut-être qu’une nouvelle frontière vient d’être franchie et qu’une existence inconnue se profile à l’horizon. Il est après tout, tout à fait naturel d’avoir peur de l’inconnu… heureusement, ma trique me rassure, l’excitation éprouvée me confirme que c’est ce que je souhaitais… il ne me reste plus qu’à espérer ne m’être pas trompé ni leurré concernant mes désirs les plus profonds. Un doute m’envahit pourtant !
Un message de Claire m’interrompt dans mes réflexions. Je n’en mène vraiment pas large et c’est en tremblant et timidement que j’en prends connaissance.
« Eh bien, mon cocu, n’as-tu pas trop mal au front ? Tes cornes ont incontestablement bien poussées et sont maintenant, certainement bien ancrées. »
« Déjà ? Tu as été bien rapide pour un rendez-vous galant ! »
« Il ne s’agissait pas d’un rendez-vous galant…, juste d’un plan cul, mon chou ! »
« C’était bien ? »
« Excellent ! »
« As-tu pris ton pied, au moins ? »
« Deux fois, deux incroyables fois ! »
« Tant que ça ? Toi qui me disais ne jamais jouir dans d’autres bras ? »
« Eh bien, tu vois, notre petite discussion de tout à l’heure a dû me libérer l’esprit. De plus, Brian est vraiment un excellent amant. Ma première jouissance est arrivée très vite… lui s’est montré très endurant et a pris son temps dans l’espoir de me refaire grimper aux rideaux. Sa patience a été récompensée !
« C’est super ça, ma puce ! »
« Oui, c’est vrai ! Mais il faut quand même que je te dise… »
« Quoi donc ? »
« Après mon second orgasme, comme il n’avait toujours pas joui, j’ai voulu le récompenser. »
« Que veux-tu dire ? »
« Alors qu’il arrivait au point de non-retour, cela m’a rendue triste de penser que la capote ne me permettrait pas de sentir son plaisir se répandre en moi. Je me suis donc dégagée de son étreinte pour le prendre en bouche. »
« Qu’as-tu fait ? »
« Je l’ai fait exploser entre mes lèvres. J’ai vraiment été surprise, tu sais ! tu ne m’avais joui qu’une ou deux fois ainsi depuis que nous nous connaissons et le goût, âpre et irritant de ton sperme m’avait dissuadé de renouveler l’expérience. Le sien était comme du miel et je l’ai savouré avec délectation… un vrai régal, c’était surprenant ! »
« Putain, qu’est-ce que tu m’excites, ma coquine ! J’en peux plus, j’ai trop envie de toi ! »
« Ah, non…, je suis fatiguée, moi, maintenant ! Ce soir, je compte bien reprendre des forces pour demain. »
« Demain ? »
« Oui… demain ! J’ai pris un pied d’enfer… et sur un pied, on est bancal ! Tu ne t’imaginais quand même pas que j’allais en rester là ? Brian ne part que la semaine prochaine et nous comptons bien optimiser le temps qu’il nous reste avant que ses vacances ne se terminent. »
« Mais je fais comment, moi, maintenant ? Ma queue est dure comme du bois ! »
« C’est simple, pour commencer, tu vas te branler sans attendre. Je veux que tu penses à ta petite femme chérie en train de sucer la bonne grosse queue de Brian… elle est tellement meilleure que la tienne, tu sais. Et surtout, n’oublie pas de m’imaginer le boire lorsqu’il jouira. Si tu es sage, je t’accorderai peut-être, ce soir, le privilège de me lécher les orteils ! »
Je me répands abondamment dans le creux de ma main. Je file à la salle de bain me débarrasser de cette crème épaisse et odorante avec l’aide d’un peu d’eau savonneuse. De retour dans le salon, je saisis mon portable, mais silence radio… ! Malgré quelques relances de ma part, Claire ne donne plus aucun signe de vie, elle a dû reprendre du service. J’avais peur qu’une fois ma jouissance accomplie, les hormones redescendent et accentuent l’angoisse ainsi que la jalousie qui s’étaient alors rangées en arrière-plan, mais rien ! L’amour ressenti me semble plus intense encore, heureux… béat… je me sens comblé !
Je me réinstalle au canapé. Ma tasse de café gît au sol, cassée ! Elle a dû tomber lors de ma branlette, heureusement le PC est sauf. Où en étais-je déjà ? Ah oui, Rêvebébé… mon récit, mon fantasme… mais quel fantasme au fait ? L’inspiration m’a quitté… rien de dramatique, un nouveau renaîtra certainement demain.
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