Une feuille blanche est infiniment blanche parce que pour chacun de ses atomes elle représente tout l’univers. L’humain la perçoit comme un récipient qu’il doit remplir. Il la perçoit ainsi à cause des expériences qu’il a déjà eu avec d’autres feuilles blanches. C’est l’histoire d’un type condamné sans fin à écrire dans un livre infinie sans couvertures, un livre sans début et sans fin ; dès qu’il remplit une page il passe à une autre, dès qu’il finit une autre page il passe encore à une autre, ainsi de suite, inlassablement. S’il s’arrête d’écrire, il meurt. Chaque page du Livre Infini représente la vie d’un humain : elle contient son nom ou ses noms, ses prénoms, ses pseudonymes, son caractère, son époque, sa duré de vie, ses accomplissements…. Dans le Livre Infini il existe des milliards de pages blanches, des milliards de pages qui ne contiennent qu’une ligne, des milliards de pages qui ne contiennent que deux lignes, des milliards de pages qui ne contiennent que trois lignes, des milliards de pages qui ne contiennent que quatre lignes, ainsi de suite, le maximum de lignes étant deux cent lignes. Chacun d’entre nous est à la fois l’auteur et le sujet de sa vie dans le Livre Infinie. C’est ce que pense Valentin Lorenzo.
Il s’engluait dans l’un de ces sommeils désagréables le retournant sans cesse sur son matelas. « C’en est fini de Johnson ! On ne se reverra plus… » Étrangement, pour Valentin Lorenzo, Rodriguez Johnson vivait encore, son âme elle existait toujours, la certitude que son ami pouvait encore cogner sa porte restait réalisable. Une nouvelle fois il se retourna. Assouvi, il acheva sa sieste. Il se colla à la fenêtre aux vitres transparentes puis ouvrit son espace aux bruits et aux odeurs d’un après-midi buenos airien. Devant sa fenêtre ouverte au troisième étage d’un immeuble qui en comptait quatre Valentin Lorenzo totalement nu constata qu’à l’extérieur les voitures roulaient, les passants vaguaient à leurs occupations, les maisons affichaient toujours leurs couleurs vives et attractives, le monde semblait indifférent.
Valentin Lorenzo se dirigea vers la salle de bain. Il se lava. Lorsqu’il finit il se vêtit d’une chemise blanche, d’un jean noir, des converses noires et blanches. Il ramassa une toile blanche au format A4. Il prit un couteau de poche qu’il dissimula dans une poche. Il sortit. On vivait fin janvier ; la chaleur latine transperçait Buenos Aires. Valentin Lorenzo atteignit l’Estadio Alberto J. Armando, populairement connu sous la désignation La Bombonera ( la boite à chocolat ). Une foule de supporters bruyants occupait l’endroit où il peindrait son dernier tableau.
Passarela Magali habitait Recoleta quartier riche de Buenos Aires ; son appartement nichait dans un immeuble d’une douzaine d’étage. Travaillant comme galeriste elle collectionnait les tableaux comme les conquêtes ; Passarela Magali ne croyait ni au mariage ni au concubinage elle ne se consacrait qu’à son travail et de temps en temps elle s’offrait du bon temps avec pléthore d’amants et d’amantes qui la plupart exerçaient dans l’art ou dans la politique. Valentin Lorenzo restait l’un de ses favoris non parce qu’il était virile au lit mais parce qu’elle jugeait qu’il était le peintre le plus talentueux de sa génération. Chacun de leurs ébats sexuels finissait dans son journal intime qu’elle écrivait pour la Postérité. Chaque fois qu’elle le prenait avec son gode elle avait l’impression « de sodomiser toute une époque ». Ils s’étaient connus quelques années auparavant lors d’un gala sur la Peinture Contemporaine Argentine organisé par le ministère de la culture. Après un verre quelque jour plus tard, un tango quelque semaine plus tard, trois tableaux pour la galerie de Passarela Magali, ils étaient devenus amants.
Valentin Lorenzo sonna. Malgré le fait qu’il possédait les clés de l’appartement il lui tenait toujours à cœur de se faire ouvrir la porte par
Passarela Magali une sorte de rituel contre l’investissement et contre l’attachement. Un instant il pensa qu’elle n’ouvrirait pas, un instant effrayant ! Pourtant il avait pris soin au téléphone de la prévenir de sa venue ; Passarela Magali était une femme très mouvante, peut-être avait-elle oublié sa venue ou peut-être se trouvait-elle derrière la porte en compagnie d’un autre ? Tout était possible ! La porte s’ouvrit dévoilant une trentenaire Blanche aux longs cheveux blondis et à la poitrine moyenne. Ils s’échangèrent un baiser sur le seuil puis la porte se referma derrière eux.
Portant un pantalon en lin blanc et un t-shirt de même couleur l’homme tient entre ses mains les épaules de la femme vêtue d’un débardeur rose vif et d’une jupe courte qui libère ses jambes claires. Leurs lèvres se séparent.
-T’embrasses qui d’autre comme ça ?
Il demande. Elle sourit.
-Personne… que toi.
Elle murmure. Il ne la croit pas.
-T’es jaloux ?
Elle demande. Il ne sait pas.
-Non.
Elle ne le croit pas.
-Je n’embrasse personnes d’autre comme toi.
Comme principaux ornements de la chambre, un grand lit en bois, une télévision plate sur table basse, une commode. Et tandis que leurs bouches s’entre-mangent elle lui ôte son t-shirt blanc il se retrouve le torse nu d’une blancheur brusque lorsqu’on la compare à celle solaire des autres argentins, blancheur de son clos appartelier.
Elle introduit la main dans le froc du mâle. Ses doigts roses se referment autour du pénis durci. Tout le corps de l’homme raidit sous son audace. Elle le pousse ! Il s’écroule sur le matelas. Elle lui retire son pantalon en lin blanc et son caleçon. Encore habillée de sa courte jupe blanche et de son débardeur rose elle monte sur lui puis elle s’assoit sur ses cuisses. Ses ongles roses saisissent le pénis raide qu’elle masturbe et de l’autre main elle caresse la lune mâle, l’entre fesse, en mouvements courbes.
-Je t’encule avec quel gode aujourd’hui ?
-Le rouge !
-Ce serait bien s’ils faisaient des godes aux couleurs nationales.
-Imagine un gode aux couleurs de l’Arabie Saoudite. Il serait déclaré haram dès sa conception ! Moi ça me ferait mouiller de me faire enculer par le gode argentin.
-Moi, c’est le gode nigérian qui me trempe !
Elle se leva, quitta le matelas, se débarrassa du débardeur rose et de la jupe blanche au coin du lit. En ensemble slip blanc et soutient gorge blanc elle ouvrit la commode puis y sortit un gode harnais rouge en cuir qu’elle enfila. Elle rejoignit l’homme étendu de dos sur le matelas. Elle s’agenouilla, au pubis le phallus synthétique en érection. Elle plia les jambes de l’homme puis elle rabattit ses mollets contre ses cuisses poilues. Elle rapprocha le gode du pénis : « regarde ! Ma bite est plus longue et plus grosse que la tienne ! » Elle tint en main les deux sexes, elle frotta le gode contre le pénis, elle aimait ça, humilier ses amants les plus soumis avant la sodomie.
Elle crachat puis étala sa salive le long du gode. On ne pouvait pas faire plus bio ! L’homme écarta grandement les jambes lui offrant son fondement. Les ongles roses lui saisirent l’arrière des cuisses puis d’un coup de rein souple et profond elle introduisit le gode dans son ventre. Elle entama les va et vient doux. Il ferma les yeux d’aise. Il déposa les mains sur les cuisses de celle qui le sodomisait. Le gode glissait vite entre ses fesses. Le lit gémissait les plaisantes brûlures contre son anus.
Valentin Lorenzo provenait d’une famille bourgeoise de Buenos Aires : son grand-père paternel fils d’un propriétaire terrien et son père grand avocat toujours en fonction ; politiques et diplomates se comptaient en grand nombre chez sa mère. Dès sa naissance son père le destina entrepreneur mais Valentin Lorenzo dévia artiste peintre. Tout avait commencé dans la librairie personnelle de sa mère lorsque Valentin Lorenzo y avait découvert Don Quichotte, les classiques Français, Shakespeare ; durant l’adolescence il s’était essayé comme on s’essaye aux jongles au football à la Littérature ; il s’était jugé bon mais perfectible ; il s’était mis à écrire beaucoup de poèmes et quelques proses ; durant cette période il était tombé en adoration des auteurs étrangers et avait porté un désintérêt vaniteux pour les auteurs de son pays. Et puis vers la fin de l’adolescence le moment de la destinée décisive il avait découvert Jorge Luis Borges. Il lui vint qu’après Borges il ne pouvait plus y avoir de réel écrivain Argentin. Borges avait tout défriché.Valentin Lorenzo âme aux principes aussi bancales que fussent-ils se lança dans la peinture.
Refusant d’apprendre, de savoir, et de découvrir les classiques de la Peinture il se mit directement à peindre ! Comme peintres il ne connaissait que Picasso à cause des publicités et des conversations. Il s’ordonnait un devoir absolu de ne rien savoir sur les peintres qui l’avaient précédés. Ainsi, en était-il persuadé, lorsqu’il peignait, il peignait avec son amas pure, sans influences polluantes. Ses tableaux étaient de tous genres d’écoles, certains, réalistes, d’autres impressionnistes, d’autres abstraits, d’autres abstrait-réalistes, Valentin Lorenzo peignait comme il voulait, il s’en foutait des écoles de Peinture, des catégories, il les considérait toutes comme essentiellement marketings. Pareillement aux artistes undergrounds respectés et connus par les puristes du genre mais pas encore mainstream son nom montait. Des galeries le voulaient pourtant Valentin Lorenzo les boycottaient estimant qu’il n’avait plus besoin depuis l’explosion d’internet de prostituer son art mais de temps en temps il déposait un tableau dans la gallérie de Passarela Magali parce qu’elle était une amie. La plupart de ses tableaux il les vendait directement aux collectionneurs sur son site internet, il gagnait bien, ses peintures lui permettaient de payer le loyer, les habits, la bouffe, choses assez incroyables qu’il jugeait prodigieux ! Malgré cela Valentin Lorenzo ne se sentait pas heureux.
Le d****au national argentin flottait sur le préau du grand édifice jaune et bleu. Dans les rues aux alentours une foule aficionados en maillot jaune et bleu aux couleurs de Boca Junior convergeait vers la Bombonera en chantant au rythme d’une fanfare. Les riverains des maisons en bois très coloriées autour du stade introduisaient leurs têtes hors des cadres des fenêtres pour observer le spectacle habituel des jours de matchs : des supporteurs mangeant l’asado auprès des cuisiniers de rues experts en barbecues et grillades cuits sur le trottoir, des forces anti-émeutes sur chevaux ou sur pieds prêts à intervenir avec leurs boucliers et leurs matraques etc.
La feuille blanche et rectangulaire en main Valentin Lorenzo porta son bras libre sur sa carotide. S’aidant des doigts il pressa l’artère. Elle enfla puis gonfla pleine de sang. Il plaça la feuille horizontalement devant lui. Il se courba. Il introduisit la main dans la poche où attendait un couteau de poche. Il allait s’en saisir lorsqu’un choc interrompu son geste. La feuille se retrouva au sol. « Sorry! Sorry ! » se lamentait un jeune homme Blanc qu’accompagnait un autre Noir. Ils s’étalaient en excuses dans un anglais au fort accent niais. Le Noir tendit la feuille à Valentin Lorenzo. Il la saisit. Une empreinte de pied la tachait en plein milieu. « we have one tickey. If tou want you can come with us ! You can see the match with us. It is the tickey of our friend. He can not be here because he drunk like fuck. He sleeping in the hotel. We want give the tickey to girls, chika ! Chika ! But nobody want to join us in the Bombonera. If you want, comes with us ! It a gifl of sorry ! Our sorry ! »
C’est ainsi que Valentin Lorenzo se retrouva dans la Bombonera au milieu des supporteurs de Boca en compagnie de deux touristes ; l’un s’appelait Quentin, l’autre Mathieu ; au milieu du brouhaha et de la clameur populaire tous deux semblaient chez eux ; ils criaient et chantaient comme au Stade de France ; ils les trouvaient incroyables ; il se dégageait d’eux une force vitale qu’il avait lui aussi contenue avant ; sans doute parce qu’ils venaient de lui sauver la vie il les aimaient ; et tout ça ils ne le sauraient jamais. La tragédie humaine.
Dans le barrio La Boca se situait l’appartement de Valentin Lorenzo au deuxième étage d’un immeuble qui en comptait quatre. Comme tous les habitations du quartier le bâtiment où habitait Valentin Lorenzo exposait une couleur vive contre la pauvreté et pour les touristes.
Le salon simplement aménagé servait aussi d’atelier ; le matériel de peinture se composait : d’une bâche transparente protectrice au sol s’étendant sur toute la zone atelier, de porte-tableaux, de toiles vierges, de pinceaux, de chiffons, le tout occupant 50% de l’espace. Les autres 50% d’espace libre contenait un grand fauteuil en cuir vert. La plupart du temps Valentin Lorenzo le passait à peindre ; quand il ne peignait pas il parcourait les galeries et les marchés pour surveiller la concurrence ; si en France tout le monde est écrivain en Argentine tout le monde est peintre.
La nuit entamait son règne sur Buenos Aires lorsque Passerela Magali introduisit la clé dans la serrure. Deux rotations du poignet plus tard elle entra. Le tableau sur lequel Valentin Lorenzo s’affairait captura son regard.
-Il est trop beau tu me le donnes ?
-Désolé c’est une commande.
-Gros radin ! Je n’ai pas beaucoup de temps.
-Tu n’as jamais le temps.
-Toi aussi…
Valentin Lorenzo entra dans la salle de bain où il se fit un lavement ; petit sa mère avait l’habitude de le purger pour sa santé devenu adulte il se purgeait lui-même pour son plaisir, évolution cocasse. Propre il récupéra un godemichet dans la chambre puis retourna au salon-atelier tout nu. Elle s’y trouvait assise sur le fauteuil vert le mini short-jean qui la serrait laissait voir ses jambes claires que terminaient des converses pendant qu’un body blanc enroulait sa poitrine moyenne ses cheveux longs blondis accaparait la lumière.
« Avant de t’enculer tu vas me faire jouir avec ta langue. Déshabille-moi ! » Il rampe vers le fauteuil où se trouve assise la Dominatrice. Le chien atteint la Maîtresse. Elle tend un pied. Il le saisit. Il dénoue les lacets blancs. Il ôte la chaussure du pied. Il retire la chaussette. Il passe au pied suivant. « Suce mes orteils ! » Sa bouche accueille les orteils aux ongles roses. Sa langue se délecte de leur salinité. Elle ferme les yeux de plaisir, le voir ainsi soumis l’humidifie cérébralement. « Ça suffit ! » La bouche libère les orteils. Les ongles roses luisent.
Elle se lève. « Déshabille-moi ! » À genoux il déboutonne le short-jean de sa Maîtresse. Le short-jean glisse le long des cuisses claires. Le vagin devient visible. « Debout ! » Il se lève. Il saisit les pans du body blanc de sa Maîtresse. Elle tend verticalement les bras. Il enlève le body. Il mate les seins ronds.
« Allonge-toi sur le fauteuil ! » Ordonne-t-elle alors qu’ils se font face complètement nus. L’excitation gratte son gland ! Il se couche sur le canapé. Elle s’assoit sur son visage. En plein nez il respire le vagin de sa Maîtresse ! « Lèche-moi ! » Sa langue s’explore la fente vaginale puis revient sur le clitoris qu’elle lape. Il bande d’entendre les soupirs plaisants de sa Maîtresse aux yeux clos qui kiffe se faire lécher par ses amants ; assise sur leurs visages sa domination devient complète lorsque prisonniers de ses fesses elle les observe qui dessous elle s’efforcent par leurs langues de la faire jouir.
« Tu m’as bien fait jouir avec ta langue c’est à mon tour de te faire jouir avec mon gode ! » Elle met le godemichet en cuir. En la regardant il se masturbe : quelque chose dans les godeuses l’excite beaucoup ; voir des femmes s’accaparer des verges plus viriles que la sienne constitue une source d’humiliation en soit mais en plus quand elles l’enfilent ça vire nirvana !
Elle se tient debout sur le fauteuil alors qu’il s’y trouve assis elle le saisit par les cheveux puis elle lui enfonce le gode dans la bouche. « Suce-moi salope ! Suce ma bite ! » Il n’a vraiment pas le choix il fellationne le gode. « T’as assez mouillé ma bite. Mets toi à quatre pattes au sol ! » Il se retrouve en position a****l dans son appartelier. Derrière lui elle se courbe puis en serrant la base du gode de la main elle force son fondement. « Ouvre ta chatte salope ! » Elle lui claque la fesse ! Le gode pénètre le cul du pris qu’elle laboure aussitôt.
À chaque nouveau impact du pubis de sa Maîtresse contre ses fesses sa tête avance puis recule. Il penche le dos pour ressortir son cul et remplir son capital plaisir ! Ça offre à la godeuse des angles plus profonds permettant aussi au soumis de se masturber pendant qu’elle le sodomise. Alors que la godeuse accélère les coups de reins le soumis se branle de plus en plus vite. Lorsqu’elle lui donne l’ultime profond coup de gode, il sperme sur le carrelage.
Sur le lit comme un fantôme Valentin Lorenzo restait immobile. Ses yeux scrutait le plafond où l’obscurité se diluait. On vivait une époque où vivre et mourir n’avaient plus de sens. Comme cette fin.
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