Chapitre 7: nouveau quotidien
Le temps passe si vite et en même temps parfois si lentement… Je suis incapable de dire depuis combien de temps je suis prisonnier de Maîtresse Irène. Deux semaines? Peut être… Impossible de le savoir. Petit à petit je sens que je perds prise avec mon ancienne réalité afin de mieux intégrer celle que je vis présentement. Cette nouvelle réalité commence lorsque le réveil se déclenche. Ce n’est pas une alarme stridente et désagréable comme celle que j’utilisais, juste le bruit de l’écoulement de l’eau. Lorsqu’elle se déclenche je sais maintenant que je peux somnoler dans mon lit encore quelques instants, c’est agréable de se prélasser avec dans le creux des oreille le bruit tranquille de l’eau qui s’écoule. De toutes manières depuis que j’ai été enlevé mes nuits sont courtes et hachées. Je me réveille souvent à bout de souffle, persuadé que tout ceci n’est qu’un cauchemar et que je reprends conscience, que je m’éveillé à la réalité. Hélas la sensation si particulière de la nuisette avec laquelle je dois dormir me rappelle systématiquement à l’ordre.
Une fois réveillé je me lève et quitte ma chambre de bonne sobrement meublé mais qui a l’avantage d’avoir une petite salle de bain avec une douche et des toilettes indépendant. Bien pratique étant donné ma situation. Une fois descendu au premier étage je le traverse sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller madame qui dort encore dans sa chambre. Puis je descend le second escalier avant d’arrive au rez de chaussé. Là je rejoins la cuisine en passant devant le donjon et met de l’eau à bouillir dans une petite casserole avant de lancer la bouilloire pour préparer le thé. En attendant que l’eau soit chaude je sors du frigo la pâte à pancakes, j’en prépare deux que je tartine de sirop d’érable pendant que le bacon cuit sur le feu. Une fois l’eau porté à ébullition dans la casserole je met un oeuf dedans et bascule un sablier (je n’ai toujours pas d’autre moyens pour surveiller l’heure). En attendant que l’oeuf soit prêt je mets le thé à infuser et prépare le plateau pour apporter le petit déjeuner. Une fois que tout est prêt je m’accorde le temps de me rincer un peu dans la salle de bain, je me sèche en vitesse et vais servir Maîtresse Irène en ne portant que ma nuisette.
Je toque deux coups à la porte si elle ne me répond pas je repasse un peu plus tard et sinon j’entre dans sa chambre. La moquette au sol est chaude et agréable pour mes pieds nus. Tandis qu’elle se redresse je dépose le plateau au niveau de ses jambes. Elle sourit toujours tendrement en me voyant dans cette tenue. De temps en temps je sens ses doigts effleurer ma peau à travers la nuisette, c’est un contact qui m’électrise à chaque fois mais je fais comme si de rien. Tandis qu’elle déjeune j’ouvre volets, rideaux et fenêtres puis j’attends à genoux en positions d’attente (les mains posées sur la nuque et les bras aussi tendus que possible) face à son lit en la laissant savourer son petit déjeuner.
Une fois qu’elle a finit de manger je débarrasse et redescend faire la vaisselle dans la cuisine où j’en profite pour grignoter moi aussi un peu. Quand la vaisselle est faite, essuyée et rangée je remonte dans ma chambre pour arriver dans ma salle de bain et prendre une douche. Le fait de ne pas avoir le droit de fermer la porte pendant que je me lave me perturbe beaucoup… Mais je parviens néanmoins à me laver puis je m’étale la crème que Maîtresse m’a acheté. Elle empêche mes poils de repousser mais doit être appliquée quotidiennement. Le temps que Maîtresse Irène achève de se préparer je mets une musique et m’étends sur mon lit ou m’assoit derrière mon bureau pour écrire. Et là c’est le premier passage vraiment stressant de la journée. Car à tout moment une des chansons que je mets peut me faire penser à mon ancienne vie et là je fond en larme. Quand Maîtresse arrive et me voit ainsi je tente de sécher mes yeux mais à chaque fois je sais qu’elle comprend. Pourtant elle n’a jamais menacé de me priver de mes musiques. Au contraire elle aime bien mes goûts apparemment. Elle sait qu’elle ne peut pas me prendre dans ses bras alors elle reste simplement là, le temps que ça passe. Puis lorsque c’est terminé elle me tends les bracelets de poignets et de chevilles que je dois porter durant toute la journée au cas où elle voudrait rapidement m’immobiliser. C’est toujours difficile pour moi comme étape, surtout depuis que je dois me les mettre moi même. Elle le sait mais son regard m’encourage.
Une fois que je les ai enfilé elle me conduit dans son dressing spécial et me maquille, à chaque fois avec beaucoup de soins et d’attention. Je dois bien admettre que j’apprécie beaucoup cette partie, c’est très agréable de sentir ses doigts ou ses pinceaux passer avec dextérité et douceur sur ma peau. Je pense qu’elle s’en est rendue compte car elle est encore plus caressante qu’au début. Ensuite vient le moment déterminant: la tenue! Si elle me fait enfiler un uniforme de soubrette c’est que je vais passer ma journée à faire des tâches ménagère sous sa direction aussi attentive que sévère. Si elle me fait enfiler une robe alors ça veut dire que j’ai quartier libre pour la journée et dans ce cas là je n’aurais qu’à m’occuper des repas et le reste du temps je pourrais « librement » vaquer aux occupations que me permet ma détention. C’est à dire dessins, visionnage de films ou de séries (je n’ai pas le droit de rester plus de deux heures devant les écrans) et surtout écriture. Maîtresse Irène m’a aussi fait don d’un petit carnet en cuir dans lequel elle m’a conseillé d’écrire mes pensées pour extérioriser. Et là on en arrive au vrai problème de cette détention, je ne sais pas du tout sur quel pied danser…
D’un côté je lui en veux à mort de me faire subir tout ça, mais vraiment j’ai rêvé plusieurs fois de lui fracasser le crâne contre le sol. Et je reste parfaitement conscient de la situation: j’ai été k**nappé, je suis à présent séquestré et ma tortionnaire me fait endurer un sérieux lavage de cerveau. Tout ça j’en ai conscience.
Mais d’un autre côté. Irène ne m’a plus fouetté ni fessé depuis la première journée, excepté par de petits coups de cravache lorsque je fais le ménage mais rien de bien méchant. Elle s’est montrée attentive à moi (notamment en m’offrant ce carnet). Et les rares fois où elle a du me punir elle s’est contentée de m’attacher dans son donjon sur le banc à fessée et de me laisser réfléchir dans le noir. Je sens qu’elle prend sur elle parfois. Notamment il y a trois jours, lorsqu’elle a voulu m’imposer de parler de moi au féminin. Je lui ai dis que je préférais me taire. Et sa réaction a été… de me laisser faire… Elle ne m’a pas cravaché pour mon insolence ni fouetté… Nous n’échangeons donc aucun mot depuis trois jours… C’est assez étrange et même pesant. Car Irène parle bien, sa voix est agréable et sa discussion est intéressante. Surtout lors des moments où on pouvait discuter en toute sincérité. J’ai l’impression d’être un enfant qui teste les limites de ses parents… Cette situation est d’autant plus délicate que… je m’y fais… Cette vie où je n’ai pas à courir partout pour mon job, cette existence où je n’ai aucune deadline ni aucune vraie pression. Je sens que cette atmosphère a quelque chose de si sereine en dépit des apparences. Même si ça me manque beaucoup de ne pas pouvoir sortir. J’aimais beaucoup courir avant et j’ai du mal à supporter le fait de vivre cloîtré. Mais bon je suis bien prisonnier non?
Une fois le repas du soir achevé et la vaisselle rangée Maîtresse Irène attend de moi que je lui souhaite bonne nuit. Je me met à genoux devant elle avant qu’elle ne saisisse mon menton et qu’elle ne dépose une bise sur chacune de mes joues sans trop s’approcher de mes lèvres. Puis elle dépose un dernier baiser sur mon front. Là je regagne ma chambre. Et ferme ma porte avant d’aller me coucher. J’ignore complètement ce qu’elle fabrique à partir de ce moment pour une simple raison, une fois ma porte fermé un boîtier d’alarme s’enclenche. Il ne se désactivera que demain matin. La porte n’est donc pas réellement verrouillé (pour m’éviter de mourir en cas d’incendie, m’a t’elle expliqué) mais je reste prisonnier… J’ai bien souvent pensé à m’enfuir, ça a même obsédé mes premières journée. Mais admettons que je parvienne à maîtriser Irène en surpassant la terreur qu’elle m’inspire lorsqu’elle prend son regard noir. Admettons que je parvienne à sortir. Et après? Je ne sais pas où je suis (je sais seulement que c’est dans la campagne et que ça a l’air isolé). Je n’ai pas de papiers, je n’ai même pas de vêtements et je n’ai même aucune idée de la direction à prendre…
Même sans barreaux aux fenêtres je suis bel et bien prisonnier.
Trouver le sommeil est souvent difficile. Je suis un a****l sauvage qui supporte mal la captivité… Et j’ai peur. Je souffre de ne pas connaître ses projets pour moi. Mais malgré mes angoisses mes journées sont si éprouvante émotionnellement parlant que Morphée finit par me trouver.
Mais qu’adviendra t’il de moi demain?
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