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Anne fatale

Anne fatale



Nous avions repéré ce petit parc. Nous éprouvions tous la même répugnance à suivre les autres et à s’enfermer dans ces endroits confinés et qu’on appelle cantines. Réfractaires aux réflexes grégaires, nous avions formé à la hâte ce trio : une fille, deux garçons. En même temps nous devinions que les propos de table échangés là-bas tourneraient inéluctablement autour des détails du stage. Bref munis d’humbles sandwiches, nous nous trouvions bien sous ce soleil d’un été indien. Et pour ne rien gâcher la comparse féminine était jolie et mon autre compagnon avait je crois des vues sur elle.

Elle s’appelait Anne. Elle dégageait immanquablement une sensualité mystérieuse. On décelait un pouvoir immense en elle. Il était concevable qu’on ne sorte pas impunément de ses bras. En un mot elle était l’archétype de la femme fatale. Pour cela je m’en défiais instinctivement me contentant d’admirer de loin le phénomène et la témérité du compagnon que ce péril tout au contraire exaltait. D’une certaine façon nous étions tous deux aux opposés. Il était autant tête brûlée que j’étais morne et timoré. Anne nous en plaisantât dès le premier jour. Elle était affublée d’un singulier équipage.

Je ne montrais nul dépit à être réduit de la sorte à un faire-valoir. A être ainsi instrumentalisé par un apprenti Don Juan. J’avais pris le parti d’en rire. Je me moquais autant de mon rôle que de celui de ce casse-cou. En fait j’étais épaté, fasciné du spectacle de ce gars qui ne me ressemblait en rien réalisant sous mes yeux des actes dont je n’étais capable. J’assistais en direct à un début d’exploit : l’assaut d’une forteresse sûrement inexpugnable. Anne la coquine en coin, examinant sur mon visage les effets de ce combat et de ce spectacle, pouvant espérer que j’en pourrais être un jour, le scribe.

Il n’est pas inconcevable que ces deux-là aussi pervers avaient besoin d’un tiers pour cela. Ajoutez aussi ma propre perversité en terme de voyeur. Je m’imaginais volontiers en cameraman filmant leurs scènes de marivaudage ou de sexe. A un certain moment tous deux m’avaient oublié, zappé. Les acteurs s’exprimaient devant moi comme au naturel. Elle s’enveloppant dans le nuage de sa cigarette. Lui assénant ses tirades plus sottes les unes que les autres. Elle ne l’en décourageant pas et émaillant cela de sourires voire de petits rires fusants. C’était pour le coup attristant.

Vite il me parut qu’il courrait à sa perte et à un cuisant échec. Il n’en persévérait pas moins à la manière d’un suicidaire que révulse la tentation lâche du rebrousser-chemin et de l’humiliation. Notre fanfaron les derniers temps repartant à l’assaut dans un style plus lancinant et mécanique. Les coups du boxeur portaient moins et se perdaient dans le vide. La miss semblant se lasser de ce torero minable. Elle témoignait par des mimiques dépit et énervement. Peut-être eût-elle voulu que j’intervins et mit à la raison mon camarade. Il est dur de signifier à quelqu un, la fin de la partie.

Un matin au stage, je m’aperçus de l’absence du copain. Je jetais à l’autre bout de la salle vers la miss, un regard étonné. Je vins naturellement à elle le midi. Prévenant mon interrogation et d’un ton sans appel elle balança : « Tu n’es pas près de le revoir. Il a écourté son stage. Il a invoqué que son patron le réclamait. » Elle me signifiait que tout cela n’était que prétexte et qu’elle en était cause. Je crus qu’elle allait renoncer à ce que nous allions au parc et que je devrais me résoudre à suivre les autres à la cantine. Elle dit pourtant : « Tiens-moi tout à l’heure compagnie. Veux-tu bien ? »

Je n’avais jamais envisagé que je pus être seul, en tête à tête avec elle. Ce vis-à-vis menaçait d’être émouvant et redoutable. Son vœu que je l’accompagnas le midi sonnait comme un devoir auquel on ne pouvait déroger. Je me torturais déjà l’esprit de ce dont nous allions parler. Je crus devoir évoquer le souvenir de notre ami commun et qui s’était défilé. Sûrement aurais-je à prendre sa défense et à justifier. Ce plaidoyer me parut commode pour occuper la pause et donner le change et soutenir toute une conversation avec la belle. En même temps tout cela était angoissant et empli d’inconnu.

Cela me fit drôle de m’acheminer avec elle vers le parc. L’autre nous manquait tel un bras fantôme amputé qui vous fait mal. Je marchais à ses côtés légèrement en retrait. Je me berçais du son de ses escarpins sur le sable. Jamais une musique ne m’avait autant pénétré les entrailles.
Elle était à moi seul destinée. Elle signifiait que j’étais en première ligne et entrais dans une troublante intimité avec elle. Ressentait-elle l’événement de même façon que moi ? Peut-être me faisais-je illusion. Elle avait peur de la solitude et avait recours à moi comme en simple sigisbée.

A présent je pouvais goûter sa ligne unique et sinueuse de hanches, son petit cul adorable moulé en une jupe courte et ses jambes infinies juchées sur de noirs et sévères escarpins. Notre ancien ami avait craqué pour cela. Il n’avait jamais obtenu d’autres faveurs que de contempler cela de loin la désirant en vain. Sans doute devrais-je me résoudre à une même réserve et rétention. Prêtre eunuque je ne devais adorer l’idole et la déesse qu’à respectueuse distance. Trop heureux qu’elle eût condescendu que je lui reste maintenant comme un dernier soutien. Elle se posa sur un muret.

Il y avait une chaise de fer mangée de peu de rouille. J’y apposais sans façon mon auguste derrière. Elle avait commencé de fumer. Des volutes montaient dans le ciel. Le silence empli du cri des oiseaux devait être comblé cependant par quelques paroles. Je crus devoir entamer la conversation et évoquer le sort de l’ami. Je débitais d’un ton geignant nombre de bêtise et gagnait déjà à l’agacer. Soudain me jetant un regard de mépris, elle dit : « Tu défends ce con ? Sais-tu qu’il disait pis que pendre de toi ? « Penaud je baissais la tête. Je savais tout cela. J’étais impardonnable.

Il était évident qu’elle voulait passer à autre chose et tourner la page. Elle avait vraisemblablement relégué notre ancien ami dans un juste état de néant. J’encourais de l’y suivre si je persistais à ressusciter son triste personnage. Elle ruinait en un instant mon projet de soutenir la conversation par cet unique sujet. Piteux à présent je regardais mes pieds. Le silence empli des cris d’oiseau reprenait le dessus. Tout conspirait à la méchante ironie. Assurément en déduirait-elle que j’étais un triste sire, un fâcheux. Elle recruterait un autre peut-être pour les derniers jours.

Levant la tête je vis qu’elle avait entre temps dévoré son sandwiche. Elle se frottait nonchalamment les mains l’une contre l’autre. Manifestement elle ne me tenait rigueur de mon mauvais départ. J’ose dire qu’il lui était insignifiant que je ne fus médiocre ou pas. Je n’existais pas. J’étais le mannequin, le faire-valoir. Elle esquissait même un sourire vague adressée à je ne sais qui. Il est vrai que le soleil était doux, agréable. Il était naturel de s’y complaire et d’être au diapason. J’admirais cette faculté de la femme à vivre dans le présent et de zapper les importuns et les chagrins.

Noter que les fois précédentes je demeurais toujours de biais vis-à-vis d’elle laissant à notre ancien ami d’être en face pour déployer le jeu de leur séduction. J’étais cette fois en semblable position, je découvrais notamment un aspect de ses jambes remarquables et que celles-ci décroisées pouvaient vous livrer impunément au regard, l’entrecuisse. Pour le dire rapidement on distinguait nettement la culotte qu’elle portait ce jour-là. Le copain m’avait raconté maintes fois qu’elle jouait de cela. Qu’elle savait susciter en vous une érection irrépressible. Je pus ce jour-là vérifier ce phénomène.

J’avais un mal fou à détacher mon regard de ce spectacle. Son sourire maintenant illustrait mon embarras voire mon désarroi. Elle m’allumait sans fard. Sa culotte était blanche. On percevait dedans une chatte lourde sûrement sensuelle. C’était limite obscène. J’étais choqué qu’elle ne fut pas animée de l’élémentaire pudeur qui lui eût intimé de refermer sitôt ses cuisses. Au contraire elle demeurait ainsi me toisant du regard. Ses paroles alors ajoutèrent à la confusion m’expliquant : « Que notre ancien ami n’était qu’un vicieux, un porc. Que cela la choquait. »

J’étais ébahi d’une telle mauvaise foi et effronterie. La garce, c’ était elle. Lui n’avait été qu’une victime, une dupe. Elle l’avait attiré dans ses filets tel l’araignée pour le mieux dévorer ensuite. Sûrement encourrais-je le même sort. Il m’était temps encore de fuir. Vous imaginez cependant que je demeurais là fasciné, tétanisé. En pierre changé par une jolie méduse. Elle aimait vérifier ce pouvoir, cette puissance sur tous les mâles. Peu eurent la présence de s’arracher et de fuir en un instant. Une indicible curiosité de la suite leur soufflant de rester et de jouer leur risque.

Par contenance j’avais enfin décidé de dévorer mon sandwiche tentant de regarder ailleurs que vers son sexe. Elle tirait toujours sur sa cigarette et avait commencé à interroger sur mon compte. Elle affectait de s’intéresser à ma piètre personne. L’avorton que j’étais méritait mieux que d’être méprisé. Elle n’en voulut pas moins par une perverse question me piquer tel le taon. « As-tu une copine ? « Je sursautais. Je ne m’attendais guère à une telle indiscrétion. De près ou de loin je n’avais jamais évoqué ma vie privée. Je savais qu’elle et le copain avaient un conjoint, étaient mariés.

De quoi se mêlait-elle ? Je dus avoir un regard sévère car elle baissa les yeux marmonnant : « Tu n’est pas obligé de me répondre. » Je n’en balbutiais pas moins que j’étais seul. J’inventais le conte que j’avais vécu il y a un an avec une fille. Elle ne poussa pas l’indiscrétion de savoir qui avait rompu. Il était patent qu’elle eût voulu obtenir plus sur ma vie affective et sexuelle. Celle-ci parut ne pas être flamboyante. Cela corroborait ainsi la médiocre opinion qu’elle avait de moi. Au contraire du pote, je n’étais pas un vantard affectant de jouer à Don Juan. Cela la changeait.

Durant ce bref et pénible échange, elle m’avait commencé un geste troublant de passer une main sur la face interne de sa cuisse. Le geste était lent et se comportait en caresse sur la soie d’un bas que je devinais doux, chaud et soyeux. Cette main remontant peu à peu jusqu’au à la limite et liseré dudit bas où affleurait la chair blanche, tendre et succulente. Mon érection alors s’exacerbât. Elle n’aspirait point à autre chose. Elle me signifiait sûrement que le sexe, la chair étaient nos meilleurs amis et que j’avais tort de n’y souscrire. Elle avait mille fois raison. Elle me donnait la leçon.

A présent je contemplais impunément ce spectacle sans affecter un seul instant de vouloir m’en détacher. J’assumais. Ma reddition était complète. Sa main s’apposa enfin sur son sexe et s’enquit à le caresser au travers du tissu de sa culotte. Elle se vouait devant moi à un réel plaisir. Je conçus qu’elle me voulait faire ainsi un joli cadeau. Je trouvais exorbitant de l’avoir mérité. De surcroît fut ajouté un autre geste. Elle semblait cette fois regarder ailleurs. Elle posât une jambe dessus son autre cuisse et retira négligemment son pied de l’escarpin pour le masser doucement et tendrement.

Je ne vis pas venir ce geste insolite et peut-être incongru. J’étais maintenant aux faîtes d’une réelle extase. Je trouvais merveilleux ce pied serti dans son bas de soie. Elle-même le caressant n’était pas moins dans une sorte de jouissance égale à celle qu’elle s’était peu avant procurée par le sexe. J’aurais voulu être un instant cette main blanche pétrissant le souple pied. Elle releva la tête pour me considérer tout en poursuivant son subtil massage. Son regard était triste et vide. On eût pu y voir comme une interrogation. Je me trouvais désarmé à lui répondre quelque chose.

L’escarpin dessous jonchant le sol, je fus tenté de le ramasser et de l’en chausser tel le prince charmant avec sa Cendrillon. Elle dut percevoir la tentation de mon geste car elle sourit. Elle ponctuât cela alors du propos amusé : « Veux-tu le caresser ? » Encore aujourd’hui je suis étonné de ma réaction immédiate. Je bondis c’est peu de dire en cet instant vers elle. Elle semblât ne point s’en étonner. L’avait-elle anticipé ? Elle m’abandonna avec un grand naturel ce pied que ma main à son tour pétrissait. Il était comme je rêvais doux et chaud. Part vivante de ma belle immortelle.

Je n’avais cure qu’on me vit dans cette position singulière, ridicule. Grotesque devait paraître cet homme en amant zélé en train de caresser le pied de sa belle. Accroupi et fermant les yeux je me transportais tout entier et uniment en ce simple geste. Je faisais corps avec cette humble part d’elle-même. Je n’espérais pas autrement atteindre à cet espoir d’union et de fusion avec elle. Cet abandon, ce privilège seraient peut-être de courte durée. En effet elle signifia bientôt la fin de la partie en me repoussant du bout du pied. Je tombais ainsi cul à terre à la renverse dans un concert de rires.

J’en pris bien l’effet comique. La femelle un moment se débarrasse du coup du mâle devenu trop importun. Elle aspire à reprendre sa liberté, son inexpugnabilité. Je demeurais assez longtemps assis sur le sable dessous elle. Elle goûtât mon humeur et mon bon esprit. Je remontais peut-être dans son estime. J’étais un valeureux compagnon. A l’égard des passants je ne comptais nullement abandonner ma position ridicule en me relevant. Nous continuâmes de rire. Elle remit son pied dans son escarpin. Me fixant tout droit au fond des yeux, elle écarta alors ostensiblement ses cuisses.

J’étais juste à moins d’un mètre. J’avais tout le loisir de savourer avec netteté cette entrecuisse. Nul détail de la culotte ne pouvait m’échapper. Je pouvais considérer que celle-ci m’appartenait ou que du moins en avais-je droit à la vision comme celle de Dieu pour le Saint. Appliqué à contempler, je devins plus grave, plus sérieux, mon sourire s’éteignant à mesure. Le silence alentour reprenait m’introduisant à une autre concentration et un autre voyage. Je rêvais de davantage. Que j’obtins ce que recelait la culotte. Je craignais qu’on trahit cette promesse. Qu’il n’y eût plus de suite.

Elle referma ses cuisses consultant sa montre. Le stage reprenait dans un quart d’heure. Nous fîmes le chemin du retour en silence. Je ne savais à quoi elle pensait. Regrettait-elle ? Quant à moi, je ne pouvais concevoir qu’on en put rester là. Timide je marchais à quelques pas derrière elle. Elle me paraissait plus belle et inaccessible que jamais. Peut-être demain refuserait-elle à ce que je l’accompagne. En effet à la sortie du stage et tout au début du lendemain, elle ne m’adressât point la parole. Je la regardais en vain. Elle semblait m’avoir oublié, relégué au rang déjà d’inconnu.

Le midi je l’attendis à la sortie. Elle avançât vers moi sans me regarder. Je vis le moment où elle allait me dépasser sans un signe ni une parole. Puis le regard toujours droit devant elle en un souffle elle dit : « Viens. » Je la suivis spectre d’arrière. J’étais envoûté, esclave et zombie. Nous parvînmes ainsi au parc. Je m’aperçus trop tard que nous n’avions pas récupéré de sandwiches à la buvette. Me proposant de réparer, elle me fit un signe d’y aller. Son regard était triste et las comme l’autre fois. Revenant je vis qu’elle avait de nouveau déchaussé son pied de l’escarpin. Il rutilait sous le soleil.

Je m’assis face à elle déposant la nourriture sur une autre chaise. Elle tendit son pied. Elle voulait que je le masse tout comme la veille. Je m’exécutais sans bruit mais hâtivement tel le chien qu’invite à faire son maître. Je mis tout mon cœur dans cette activité. Elle fermait les yeux. Il m’indifférait toujours qu’on nous surprit ainsi tous deux. Nous étions des élus sur une autre planète voguant dans une toute autre dimension. J’étais heureux. La connivence entre nous était établi. Nous dévorâmes peu après nos sandwiches. Nous étions l’un à l’autre nouveau. Je pus peu après l’embrasser.

Ce soir-là sans difficulté elle acceptât que je la ramène chez elle en voiture. Nous nous garâmes à quelques rues de son domicile. Il faisait sombre à cette heure. Nous nous embrassâmes. Elle me suçât. Il y eût fort peu de paroles. On pouvait croire à une absence de tendresse. Ses gestes étaient lents, précis. Ainsi furent les cinq derniers jours du stage. Au jour dernier nous eûmes quartier libre l’après-midi. Elle m’entraînât à un hôtel peu loin où nous pûmes baiser. Elle exigeât que je fus sans pitié. M’offrant son cul, je l’enculais. Plus tard par SMS elle m’écrivit : « C’était très bien. Adieu ! »

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